samedi, 15 mai 2010
Mieux se connaître : un entretien avec Robert Spieler...
Nous publions ici un entretien avec Robert Spieler, Délégué général de la Nouvelle Droite Populaire, réalisé le 3 mai 2010, avec Franck Abed, directeur du site Génération FA8.
Bonjour. Tout d’abord serait-il possible que vous vous présentiez à nos lecteurs ne vous connaissant pas encore ? De même pourriez-vous nous décrire rapidement votre parcours intellectuel et politique ?
Militant nationaliste dès l’âge de 17 ans, je fus membre d’Ordre nouveau puis du Parti des forces nouvelles. Fondateur en 1981 de Forum d’Alsace, le club d’opposition le plus important d’Alsace (nous reçûmes Raymond Barre, Alain Griotteray, Philippe Malaud, Serge Dassault, Julien Freund, Pierre Debray-Ritzen, etc…), je décidai en 1985 de revenir vers l’action politique. Jean-Pierre Stirbois me proposa de mener les listes du FN, en 1986, aux élections législatives et régionales. Je fus élu député et conseiller régional, et compris très vite le népotisme et le culte de la soumission au chef, de ce mouvement, ce que je ne pouvais accepter. Je quittai en 1989 le FN, pour créer le mouvement régionaliste Alsace d’Abord qui obtint de beaux succès (2 élus aux Régionales de 1992 avec 5,6% des suffrages, 3 en 1998 avec 6,5% et zéro en 2004, malgré une forte progression (9,5%), du fait du changement de scrutin.
Persuadé que le combat de libération devait s’élargir au niveau national et européen, je me retirai d’Alsace d’Abord et décidai, avec Roland Hélie, Pierre Vial, François Ferrier, Luc Pecharman et Jean-Claude Rolinat de créer la Nouvelle Droite Populaire en 2008. La NDP se situe résolument dans le camp nationaliste et européen, refusant le Système et s’opposant au libéralisme mondialiste.
Sur le plan intellectuel, la lecture de l’hebdomadaire Rivarol joua un grand rôle dans ma jeunesse, ainsi que Nietzsche, Montherlant, Drieu, Brasillach, Ernst von Salomon, et aussi les publications de la Nouvelle Droite.
Comment est né le projet SEMIS Diffusion ? Quels sont vos moyens, vos partenaires, vos objectifs ?
Semis est née de l’idée que les porteurs de mémoire, de réflexion et d’action de notre camp devaient laisser une trace audiovisuelle dans l’Histoire. Pierre Sidos et Pierre Vial sont les premiers. Nous avons aussi édité un DVD consacré à l’histoire de la République sociale italienne et préparons l’histoire du journal Rivarol. La librairie Primatice, Philippe Randa et Xavier Verdavoine sont les partenaires de Semis.
Pour quelles raisons avez-vous décidé d’interroger Pierre SIDOS en premier ? Qu’avez-vous retenu de principal au cours de ce long et intéressant entretien ?
Pierre Sidos est présent depuis si longtemps dans le combat nationaliste qu’il pouvait apparaître, à mes yeux en tout cas, comme un dinosaure antédiluvien. Or j’ai découvert un homme remarquable de lucidité, d’humour, de fidélité, de courage, qui laissera sa trace dans l’histoire du nationalisme. Je suis heureux de pouvoir y contribuer.
Il y a plusieurs moments forts dans le film : celui où il raconte la mort de son père, fusillé à la Libération, et qui demande, avant de mourir, à ses fils de le venger. Mais aussi l’épisode poujadiste, la guerre d’Algérie, Tixier-Vignancour, Le Pen, etc… Passionnant.
Vous avez dirigé Alsace d’Abord durant plusieurs années. Que vous inspire les résultats obtenus par cette liste aux élections régionales ?
Je me suis totalement retiré d’Alsace d’Abord il y a deux ans, après en avoir été le Président durant vingt ans. Le résultat des élections régionales n’est certes pas ridicule (4,98%), mais en net retrait par rapport à 2004 (9,42%) où je menais la liste. Jacques Cordonnier, qui m’a succédé, a commis une grave erreur : rechercher la respectabilité, vouloir recentrer le mouvement, se situer essentiellement sur des thématiques autonomisantes, fuir tout discours trop radical, trop d’« extrême-droite ». Eût-il choisi comme affiche de campagne l’Alsacienne en tchador qui nous avait permis de dépasser la barre des 5% en 1992, alors que nous étions inconnus, qu’Alsace d’Abord n’aurait pas eu de problème pour atteindre ce résultat qui autorise le remboursement des frais de campagne. La recherche de respectabilité est mortelle pour les combattants nationalistes et identitaires.
Pouvez-vous nous parler de la N.D.P. ? Quelles en sont les récentes évolutions ? Quels sont les projets de ce parti politique ?
La NDP souhaite le rassemblement de la Résistance française et européenne afin que nous puissions entreprendre ensemble la nécessaire Reconquista. Nous refusons absolument que l’Alsace devienne turque, la France algérienne, et l’Europe africaine. La France doit rester française, et l’Europe européenne. Nous voulons une Europe de la Puissance qui ne soit pas inféodée aux Etats-Unis ni aux lobbys de la finance planétaire. L’Europe de la Puissance n’est évidemment pas celle des nains de Bruxelles. L’Europe doit être militaire, diplomatique et économique et établir des liens de partenariat étroits avec la Russie. Nous devons rompre avec la logique du libéralisme mondialiste et créer un espace commercial européen protégé. Les Chinois menaceront de ne plus nous acheter d’Airbus. Et alors, dès lors que les Européens, partenaires de la Russie, achèteront européen ?
Sur le plan politique, nous voulons poursuivre et renforcer notre partenariat avec le PDF et le MNR. Nous serons présents tant aux élections cantonales que législatives. Nous souhaitons aussi développer nos relations avec les partis frères européens, tels le Vlaams Belang, le Fpöe autrichien, les allemands de Pro-Deutschland, la Lega Nord, Plataforma Catalunya, etc… Unis, nous serons forts.
Sur le plan comportemental, nous insistons sur l’absolue nécessité de respecter nos différences. Nous ne sommes pas obligés d’être d’accord sur tout, mais nous devons être d’accord sur l’essentiel : l’absolue défense de nos identités.
L’élection présidentielle reste le grand moment de la vie politique française. A ce titre, envisagez-vous de vous présenter sous les couleurs de la N.D.P. ? Ou bien est-ce qu’une l’alliance N.D.P., M.N.R., P.D.F. agira en vue de présenter une candidature unique ?
Non. Notre priorité, aujourd’hui, est le développement de la NDP et la préparation, avec nos amis du PDF et du MNR des prochaines échéances électorales, cantonales et législatives auxquelles nous participerons activement.
Au sein du F.N. beaucoup espèrent que Bruno Gollnisch prenne un jour la tête du parti. Nous pensons que cette idée reste une chimère. Quel est votre avis ?
Une chimère, en effet. Marine Le Pen dispose de son nom, de son talent médiatique et de la complaisance du Système. Elle n’est pas des nôtres sur le plan idéologique quand elle prône l’assimilation des immigrés non européens dans la « République », quand elle rejette l’enseignement des langues régionales ou quand elle considère que les panneaux bilingues à l’entrée des villages bretons ou alsaciens constituent une menace pour l’unité de la « République ». Mais Zemmour et Jean-François Kahn semblent l’apprécier. Les medias lui ouvrent leurs émissions. Cela me fait penser à cette phrase de Clémenceau qui disait : « Quand je suis applaudi sur les bancs de mes adversaires, je me demande quelle bêtise je viens de proférer ».
Bruno Gollnish est un homme intelligent, courageux face à l’ennemi. Mais comment a-t-il pu laisser exclure ou partir ses plus fidèles soutiens ? Je crains que Forcari, journaliste de Libération n’ait raison quand il dit que Gollnish est un samouraï qui ne tire jamais son sabre. Et pourtant, c’est un homme bien, mais cela, hélas, ne suffira pas.
Dans les milieux dissidents, concernant la politique extérieure, plusieurs pistes sont évoquées : l’alliance atlantique, le repli de la France sur elle-même, certains parlent d’une autre Europe, d’autres évoquent un axe Paris-Berlin-Moscou, etc. Quel est votre préférence en la matière ?
Je défends évidemment l’axe Paris-Berlin-Moscou. Je rejette totalement l’ « Alliance Atlantique », c'est-à-dire la vassalisation par rapport aux Etats-Unis. Il faut être sérieux : la France seule ne peut représenter une puissance militaire, diplomatique et économique face aux Américains, à la Chine et à la montée du péril islamique. S’il venait demain aux Etats-Unis la fantaisie de bombarder la France, comme ils l’ont fait en Serbie, au prétexte que la France a engagé une politique de libération nationale, que pèserait la France seule ?
Nous voulons l’Europe de la Puissance, la renaissance européenne, dans le respect de ses Nations et de ses Provinces. L’Europe n’a bien entendu pas à se mêler des conflits du Moyen-Orient, de l’Iran ou de l’Afghanistan. Nous n’avons pas à être, ni les supplétifs des Etats-Unis, ni d’Israël.
Le 9 mai prochain il y aura plusieurs défilés organisés pour honorer la Sainte de la France Jeanne d’Arc. Cette dispersion n’est-elle pas regrettable ? Un seul défilé, ce n’aurait-il pas été d’un meilleur effet ?
Nous respectons Jeanne d’Arc, qui est un des symboles de la résistance nationale. Mais notre défilé a pour thème « Contre le mondialisme, Résistance nationale », et va au-delà d’un hommage à Jeanne d’Arc. Comme le disait Mao-Tsé-toung…, « que mille fleurs éclosent » !
En souhaitant qu’un jour elles fassent un bouquet !
Quel sera votre mot de la fin ?
Rassemblement et Résistance !
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