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mardi, 09 mai 2023

TERMINONS NOTRE RÉSEAU AUTOROUTIER

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Scipion de Salm

Membre du Bureau politique du Parti de la France

Plusieurs dizaines de millions de Français utilisent la voiture dans leurs déplacements quotidiens, que ce soit pour le travail, les loisirs - y compris les clubs sportifs des enfants, indispensables à leur éducation -, bien souvent les courses familiales. Beaucoup de nos compatriotes des classes populaires et moyennes ont été obligés de fuir les trop fameuses banlieues grand-remplacées, et bien des quartiers centraux aussi désormais ; on ne peut pas vivre, et encore moins élever ses enfants dans des environnements qui ne sont pas sûrs. De même, les transports collectifs, quand ils existent, outre leur lenteur, sont souvent mal fréquentés. Dans les lointaines périphéries des villes, toujours des bassins d’emploi, la voiture est tout simplement indispensable. C’est à plus forte raison vrai pour les Français néoruraux, qui, tout en appréciant le cadre de vie, ont été aussi souvent contraints à cette migration intérieure. Or, les 39 millions de voitures qui circulent en France, soit une quantité absolument massive, et appelée à le rester durant un moment dans tous les scénarios réalistes d’avenir, sont l’objet d’une excommunication majeure par l’intelligentsia écologauchiste dominante. En parler positivement, manifester de la bienveillance envers les automobilistes et leurs difficultés, est considéré quasiment comme une indécence. Telle n’est pas la position, bien au contraire, du Parti de la France.

La France dispose, héritage des années 1960-1980, d’un réseau autoroutier à peu près complet et cohérent. Il s’agirait pourtant de l’achever enfin véritablement, ce qui rendrait un grand service à plusieurs millions de nos compatriotes pour les quelques sections manquantes. Or, presque tous ces projets ont été abandonnés les uns après les autres depuis 2010. Parmi les rares rescapés, l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres est désormais menacée par les manifestations violentes des écologauchistes. Parmi les projets abandonnés, et à l’utilité immédiate évidente, on mentionnera l’autoroute A24 Amiens-Lille, via Arras et Lens, trou noir singulier du réseau, ou l’A31bis, entre Nancy et Luxembourg, via Metz, qui doublerait une A31 dangereuse, ou l’A51, entre Grenoble et Sisteron, qui permettrait surtout en traversant les Alpes de soulager l’axe rhodanien saturé, et enfin l’A45 entre Lyon et Saint-Etienne, qui serait fort utile dans une région densément habitée, et typiquement peuplée de Français fuyant des environnements urbains devenus impossibles.

L’État trouve toujours des dizaines, des centaines de milliards, pour des dépenses douteuses ou absurdes, de la Covid aux plans-banlieues. Le Parti de la France propose une saine gestion de notre pays, des économies massives, à commencer par les 120 milliards d’euros annuels nets du coût de l’immigration. Les économies réalisées permettront de baisser les impôts des Français, et d’investir les quelques milliards nécessaires pour achever enfin notre réseau autoroutier national tout en supprimant les péages, insupportable racket des automobilistes.

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mardi, 24 janvier 2023

Sortie demain, mercredi 25 janvier, dans toute la France, du magnifique film "Vaincre ou Mourir"

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Voici l'article consacré à ce film publié dans le n°62 (hiver 2022-2023) de notre revue Synthèse nationale cliquez ici qui sort cette semaine.

VAINCRE OU MOURIR

OU LA GESTE DE CHARETTE

Scipion de Salm

Nous avons assisté le 8 décembre à une avant-première de « Vaincre ou Mourir », adaptation cinématographique du spectacle historique du Puy du Fou. Le film est parfaitement réussi, et a été réalisé dans un fort bon esprit. Il sera sur les écrans en France le 25 janvier. La sortie est à ne pas manquer.

Vaincre ou Mourir, réalisé par Vincent Mottez, assisté de Paul Mignot et Nicolas de Villiers, a reposé dans sa matière sur le Roman de Charette (Le Rocher, 2012) de Phlippe de Villiers. Ce qui distingue logiquement, avant tout, ce film est son âme, fidèle au spectacle et au livre. Au-delà du chevalier de Charette, il rend un bel hommage aux Vendéens, des Français héroïques, enracinés, ô combien, dans leur province et notre passé national le plus authentique.

UN CONTEXTE HISTORIQUE DRAMATIQUE, FIDELEMENT RENDU

Nous rappellerons le contexte historique, délibérément occulté par la République depuis l’été et l’automne 1794. Dès ce temps, la réaction thermidorienne, après le renversement de Robespierre (26-27 juillet), a fini, à juste titre, par trouver la politique de Terreur appliquée à la Vendée en 1793-4 d’une cruauté et d’une inhumanité totalement indéfendables, y compris du point de vue révolutionnaire. Un carton expliatif avance 80 000 victimes pour le génocide vendéen ; c’est une estimation très prudente, avec un total réel facilement du double ; soit un massacre général du tiers ou de la moitié de la population collectivement visée, une proportion énorme ; si le terme « génocide » a été inventé dans les années 1930, pour le génocide arménien, le terme « populicide », pour désigner la même chose, est lui d’époque, et a même été inventé spécifiquement.

Les Vendéens ont refusé en mars 1793 la Révolution française, à un des pires moments, celui de la Convention. Cette assemblée constituante républicaine était composée par des idéologues dangereusement excités, et au nom de principes formellement généreux, pacifiques sinon pacifistes, bellicistes et destructeurs, par la force la plus tyrannique, de toutes les oppositions intérieures ou extérieures. En février 1793, la Convention a commis la folie, après des succès limités contre la Prusse et l’Autriche à l’automne 1792, de déclarer la guerre à à peu près toutes les puissances européennes, dont la première puissance navale, financière et économique, le Royaume-Uni. Il n’est pas étonnant, que, les choses tournant mal aux frontières, la Convention ait lancé une des premières opérations de mobilisation générale de l’Histoire de France. Même sous les guerres de Louis XIV, un siècle plus tôt, des volontaires principalement étaient recrutés.

Aussi, la Vendée, paradoxalement le département créé en 1790 - sur le Bas-Poitou historique -, élargie aux cantons voisins au Sud de la Loire et jusqu’au Thouet, affluent de la Loire, à l’Est, a refusé cet enrôlement forcé, et mené au nom de la plus détestable des causes. La République avait guillotiné Louis XVI en janvier 1793, et pourchassé depuis plus d’un an les prêtres « réfractaires », ceux refusant de prêter des serments d’allégeance à la Révolution, serments interdits par le pape Pie VI. C’était un autre temps, où il y avait de bons papes défendant vraiment la foi catholique, ce qu’on est obligé de préciser 60 ans après la catastrophe de Vatican et sous le règne du dangereux gauchiste François. La Révolution avait profité en Vendée à une mince frange supérieure de la bourgeoise locale, acheteuse à vils prix de « biens nationaux », soit les propriétés ecclésiastiques et nobiliaires confisquées, et elle seule.

Les paysans vendéens se sont donc rassemblés en une « armée catholique et royale ». Le titre était un programme explicite. Malheureusement, elle a disposé de moyens très réduits, en armes comme munitions ; et les paysans, mêmes courageux, n’étaient pas des soldats entraînés. Les paysans ont plus ou moins forcé, par la pression morale, les nobles, souvent des officiers expérimentés des armées du roi, à les encadrer. Charette a donc été pris ainsi. Bien que marin, sachant commander un navire et pas a priori une petite armée terrestre, il a fait preuve de talents tactiques, voire stratégiques, remarquables.

Le courage de Charette n’a pas aveuglé son esprit, toujours lucide. Cette insurrection devait très mal se terminer, ce qui n’a pas manqué. Mais on ne saurait lui reprocher de la lâcheté, jamais. Cette lucidité s’est manifestée dans le choix des tactiques de guéilla, en évitant autant que possible les batailles rangées, où les Bleus étaient avantagés ; sur le plan stratégique, il a compris immédiatement la folie suicidaire de la Virée de Galerne, vaste sortie de la Grande Armée Vendéenne de la Loire à la Manche, d’octobre à décembre 1793, pour finir anéantie. Il a donc refusé d’y participer.

De 1793 à 1795, Charette a tenu un bon tiers de la Vendée contre les attaques meurtrières, volontiers génocidaires - massacre systématique de tous les civils croisés en Vendée - des Bleus. Il a accepté en 1795 une paix provisoire, pas respectée par les Bleus, et, homme d’honneur, a probablement été manipulé par des cyniques, qui auraient été jusqu’à lui promettre la libération de Louis XVII, à cette occasion. En 1796, se sachant condamné, il n’a pas refusé, avec panache, de livrer un ultime combat. Il a été fusillé à Nantes le 29 mars 1796.

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mardi, 10 janvier 2023

Redécouvrir Homère...

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Scipion de Salm

Tout Homère est un ouvrage épais au titre ambitieux. Il propose tout d’abord l’œuvre d’Homère reconnue par les historiens et philologues sérieux, soit l’Iliade et l’Odyssée. On les relit toujours avec plaisir et profit.

Puis, suivent de nombreuses histoires complémentaires grecques antiques édifiées autour de la matière troyenne. Les attributions en sont plus problématiques pour les plus anciennes, tandis que des auteurs plus récents ont signé de leurs noms leurs développements de l’univers homérique. En effet, Homère a décrit dans ses deux longs poèmes fondamentaux un an du Siège de Troie, celui de la colère d’Achille, et ses conséquences, dans l’Iliade, et les pérégrinations d’Ulysse, de manière relativement concise, dans l’Odyssée.

Des épisodes fameux comme la mort d’Achille, la Prise de Troie, n’y figurent pas. Or, ce corpus immense, comprenant tous les registres, de l’épopée à la parodie et au roman d’amour, a pour l’essentiel disparu. Les fragments proposés n’en sont que plus précieux. Les traductions sont de qualité. Les commentaires sont pertinents et intéressants.

 

Tout Homère, Hélène Monsacre (direction), Albin Michel, Belles Lettres, 2019, 1300 pages, 35,00 €

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mardi, 13 septembre 2022

Gambetta, le principal fondateur de la Troisième République

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Gérard Unger, qui est tout sauf de nos amis, pour le moins, mais s’avère malgré tout un historien sérieux, vient d’écrire une bonne biographie de Léon Gambetta (1838-1882). Cette vieille gloire de la Troisième République (1870-1940), dont le nom est toujours porté dans toute la France par tant de places, boulevards, avenues, rues, est paradoxalement à moitié oublié. Dans les écoles, on n’enseigne plus Clovis, Louis XIV ou Napoléon, alors Gambetta…Il n’y en a, au mieux ou au pire, que pour les héros de la Résistance de la deuxième guerre mondiale, juxtaposés bizarrement avec de nouvelles références féministes (Simone Veil) ou « woke » (Rosa Parks). Jean Moulin est donc encore en principe connu, mais le grand ministre Gambetta qui s’est opposé à l’invasion allemande de l’automne 1870, est décidément devenu bien obscur.

Gambetta, originaire du Sud-Ouest (Cahors), a possédé de réels talents multiples, avec une vraie culture, un don pour les grands discours, et, peut-être, en distinguant sa personne, négligée, de son œuvre, un certain sens de l’organisation. Avec d’autres, mais toujours au premier plan, de l’automne 1870 à 1877, il a su imposer une forme républicaine à l’Etat en France. L’exercice n’était pas évident. Il a su saisir l’opportunité du désastre de Sedan, avec la capture de Napoléon III, pour imposer un gouvernement provisoire républicain, le 4 septembre 1870, puis, progressivement, la République. Il a acquis un grand prestige personnel en refusant d’abandonner la lutte dès septembre 1870, et rassemblé des armées de secours pour délivrer Paris assiégé. On sait que ce fut un échec au final, avec toute une série de défaites en janvier 1871. Mais enfin, la chose méritait d’être tentée.

Dans ces années 1870 décisive, Gambetta a su diriger le parti républicain (informel), conquérir des électeurs toujours plus nombreux, assurant des victoires nettes aux législatives de 1876 et 1877, et joué très habilement des divisions de ses adversaires. Il a rassuré la majorité encore paysanne de la France en dessinant une république protectrice de la propriété, et prônant non une révolution sociale mais une prudente méritocratie. Gambetta a su creuser un fossé large, et définitif (jusqu’en 1900 ou 1914, voire 1936), ou du moins perçu comme tel, avec les socialistes, qui avaient effrayé toute la France avec leur expérience tragique de la Commune (printemps 1871). Il a manipulé à la chambre des députés légitimistes, nombreux dans l’assemblée de 1871, qui se croyaient habiles à se livrer à des jeux parlementaires tordus en s’alliant à l’occasion aux républicains contre les orléanistes et les bonapartistes, leurs partenaires naturels et déclarés. Les républicains ont été beaucoup plus malins que les « royalistes », ou plutôt « conservateurs » -ce serait plus approprié-, de façon générale.

Gambetta n’est pourtant jamais devenu président de la république, et n’a dirigé qu’un gouvernement très éphémère (73 jours, novembre 1881 à janvier 1882), qui n’a strictement rien fait. Tous ses amis politiques républicains, méfiants, craignant une évolution vers un pouvoir personnel du plus doué d’entre eux, ont veillé à ce qu’il en soit ainsi, promouvant plutôt des personnalités plus ternes comme Jules Grévy et Jules Ferry. Mort jeune, d’une petite santé et d’excès alimentaires -les repas pantagruéliques du temps-, il a rassemblé des foules considérables à son cortège d’enterrement civil, encadré par des francs-maçons en grande tenue.

Sans douter une seconde de son patriotisme français, ce qui a parfois été fait légèrement du fait d’ancêtres paternels italiens, on n’oubliera jamais que Gambetta n’était pas de notre camp, avec un anticléricalisme intransigeant -camouflant mal un anticatholicisme pur et simple d’athée- et ces fameux « principes de 1789 » (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen), d’une dangereuse démagogie. Leurs applications tardives toujours plus radicales nous ont menés où nous en sommes. Gambetta et ses amis républicains des années 1870 se sont certainement trompés de bonne foi, si l’on ose dire, mais enfin ils se sont trompés manifestement, sur l’avenir désirable pour la France et les valeurs pouvant le fonder.

La biographie, qui redonne vie au personnage, et à des années décisives et un peu oubliées de notre Histoire, est vraiment intéressante à lire.

Gérard Hunger, Gambetta Perrin 2022, 420 pages, 25,00 €

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lundi, 18 juillet 2022

Parmi les lectures conseillées par Scipion de Salm : Harald à la Dent Bleue...

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Scipion de Salm

Harald à la Dent Bleue est un héros national danois, hélas mal documenté. L’effacement de sa mémoire officielle imposée par son fils Sven à la Barbe fourchue (986-1014), qui l’avait renversé, a été efficace.

Son surnom unique n’est plus compris. Il a régné sur le Danemark probablement de 958 à 987. Il a fait rentrer son pays dans le monde européen postcarolingien, avec l’adoption de structures administratives, religieuses - chrétiennes -, économiques - monnaie royale -, importées. Une politique identique a été menée exactement en même temps en Pologne et en Hongrie.

L’ouvrage propose donc une forme d’enquête historique autour de cette figure de transition fondamentale, « Viking, roi, chrétien ». Il a été un grand roi du Danemark, fortifiant sa frontière méridionale face à l’Allemagne ottonienne, à la fois modèle et danger redouté. Il a mené de grandes constructions utiles et de prestige dans son royaume, notamment dans sa capitale Jelling. Il a contrôlé en partie la Baltique et la Mer du Nord.

Une triste fin a occulté un règne impressionnant.

Harald à la Dent Bleue, Lucie Malbos, Passé Composé, 2022, 286 pages, 22,00 €

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mercredi, 22 juin 2022

Les bonnes et... les mauvaises lectures de Scipion de Salm

NOTICES POSITIVES :

• Les derniers païens, les Baltes face aux chrétiens, XIIIe-XVIIIe siècle

download-1.jpgSylvain Gougenheim est probablement un des meilleurs historiens médiévistes contemporains de langue française. Il est resté célèbre pour avoir osé contredire courageusement des idées extravagantes dominantes, comme le fait que tout (culture, science, etc.) nous viendrait des Arabes en Espagne, ce qui est absurde. Ici, il s’interroge sur un sujet très peu connu en France, les pays baltes, au sens large, soit la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, et leur moyen-âge. Ces pays sont entrés tardivement dans l’Histoire, avec l’écriture, qu’à partir du XIe siècle au plus tôt. Pour leurs voisins allemands, scandinaves, polonais, ou russes, ils sont alors des sauvages païens -pléonasme dans leur esprit, qui mérite une critique historique, bien menée-. Des croisades, menées principalement menées par les chevaliers teutoniques, et les porte-glaives, ont imposé leur intégration, difficile, dans l’Europe médiévale, via la conversion, plus ou moins forcée, au christianisme. Ce fut un processus difficile, complexe. Mais enfin, le niveau de civilisation a progressé, avec des villes et des bâtiments en dur, et, à l’exception des Vieux-Prussiens absorbés par les Allemands (expulsés du reste en 1945), ces peuples ont survécu. Les Lettons ont même absorbé leurs voisins. Ce livre est passionnant.

Sylvain GOUGENHEIM, Les derniers païens, les Baltes face aux chrétiens, XIIIe-XVIIIe siècle, Passés/Composés, 2022, 445 pages, 24€

•  Georges Bidault, de la résistance à l’Algérie française

download-2.jpgGeorges Bidault (1899-1983) avait tout pour devenir un personnage majeur du panthéon officiel républicain. Successeur de Jean Moulin à la tête de la résistance intérieure (1943-1944), il a été par la suite un des personnages majeurs de la IVe république (1946-1958). Il a partagé les idées moyennes de son temps, avec un antifascisme obsessionnel - dès les années 1930, et y incluant, bien à tort, Maurras et Vichy -, une volonté de progrès social - ce qu’on ne lui reprochera pas bien sûr -. Sa participation à la démocratie-chrétienne, idéologie du reste seulement à moitié avouée dans son cas comme celui de ses amis dans la France très laïque, n’y aurait rien changé. En outre, elle a disparu sans postérité réelle, la religion catholique ayant été changée après Vatican II (1962-1965), et les chrétiens de gauche, peu nombreux et influents, refusant toute filiation avec les démocrates-chrétiens, tout comme d’ailleurs à l’autre opposé politique ou religieux nos amis traditionnalistes. Les ultimes restes de la démocratie-chrétienne ont été dissous sans gloire dans le macronisme. 

Georges Bidault, tout sauf de nos amis politiques donc, a pourtant eu une révolte d’honnête homme en avril 1962. Non, la façon dont de Gaulle a abandonné l’Algérie, suite aux Accords d’Evian de mars 1962, évidemment absolument pas respectés dès l’origine par le FLN, lui a paru inadmissible. Il a eu des termes très vifs, et mérités, pour le pouvoir gaulliste durant ces semaines critiques, avec l’exil forcé des Pieds-Noirs et le massacre des Harkis restés sur place et abandonnés aux égorgeurs du FLN. Son biographe et admirateur, M. Tardonnet, fait tout pour minimiser ce geste et sa portée. A ce moment, il était certes trop tard pour sauver l’Algérie française, ce qui n’était pas strictement ce que voulait Bidault, ni même diriger l’OAS, en pratique démantelée par les barbouzes en mars-avril 1962. Bidault a bénéficié d’une transmission in extremis de ses pouvoirs de direction de l’OAS par le général Salan arrêté, décision purement théorique, jamais sollicitée par l’ancien résistant, ni formellement acceptée. Il en est résulté des années d’exil, notamment au Brésil. 

Enfin, Bidault n’a jamais compris ce qui lui est arrivé, n’a cessé d’invoquer les mânes de la Résistance, et s’est pourtant retrouvé parmi les « fascistes » maudits. Non, Bidault n’a jamais été fasciste, n’a pas dirigé d’OAS clandestine (imaginaire), n’a pas co-fondé le Front National en 1972, etc. Durant les quinze dernières années de sa vie, il a essayé a contrario de réintégrer la France officielle, issue de la Résistance, sans y parvenir. A défaut d’être vraiment intéressant en lui-même, Bidault est une curiosité de notre Histoire, à découvrir dans cette biographie de qualité, bien que fort hagiographique. 

Maxime TANDONNET Georges Bidault, de la Résistance à l’Algérie française Perrin, 2022, 360 pages, 23,50€

NOTICES NEGATIVES :

• Artémise

download-3.jpgArtémise était une reine de Carie, région hellénisée d’Asie Mineure, soumise à l’Empire perse, qui a participé à l’expédition contre la Grèce en -480. Elle a combattu à Salamine, en dirigeant en personne la petite escadre d’Halicarnasse, son port-capitale. Elle est surtout connue par deux paragraphes, pas très clairs comme souvent, d’Hérodote, précisément originaire d’Halicarnasse. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce personnage, du moins son contexte historique très particulier. Or, ici, il est finalement peu question d’Artémise, mais est proposé sur plus de 400 pages un délire, à la mode de notre triste époque, sur le gender dans l’Antiquité grecque. Artémise a été simplement l’exception confirmant la règle : les femmes ne font pas la guerre, ni de politique, en Grèce antique. Non, les Grecs, pas des pasteurs moralistes victoriens certes, distinguaient quand même bien les hommes des femmes, sans difficultés. Quelques poètes ont bien déliré sur leur envie de violer des androgynes, ce qui ne prouve rien sur l’état réel des mentalités collectives…Il reste donc à écrire une vraie biographie d’Artémise.

Violaine SEBILOTTE-CUCHET Artémise, Fayard, 2022, 440 pages, 24€

• Les Conquistadors

download-5.jpgLes Conquistadors sont les explorateurs, conquérants, colonisateurs, espagnols du Nouveau Monde. Un historien mexicain propose une série de visions des plus connus, Colomb, le découvreur des Antilles en 1492, Cortès, le conquérant du Mexique en 1521, Pizarre, celui du Pérou en 1532, ainsi que quelques autres. L’ouvrage a eu un prix aux Etats-Unis ; voici donc comment l’Histoire est écrite là-bas pour la grande vulgarisation. C’est assez déconcertant, car il s’agit d’un hybride bancal, juxtaposant des quasi-biographies écrites par l’auteur, et des commentaires de textes de ces personnages, reprenant certaines de leurs expressions, sans vraies citations. Sont aussi mêlées une prise de distance juste, contextualisant les personnages dans leurs époques, aux critères moraux autres, et quelques jugements péjoratifs de moraline progressiste contre des colonisateurs. Il faudrait plutôt décidément reproduire les textes, intégralement, ou par larges extraits continus, puis les commenter à la suite ; ceux de Colomb et Cortès sont en outre très bien écrits. Sans être vraiment faux, ce livre est donc décevant. 

Fernando CERVANTES Les Conquistadors, Perrin, 2022, 580 pages, 27€

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jeudi, 26 mai 2022

Henry Kissinger, le diplomate du siècle

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Les lectures de Scipion de Salm

Henry Kissinger, né juif allemand en 1923 - d’où un accent prononcé obstiné -, a été le célèbre conseiller principal pour les affaires étrangères, puis ministre, du président états-unien Nixon (1969-1974). Il a été une vedette médiatique à son époque, chose très rare dans sa fonction ; ses prédécesseurs et successeurs immédiats ont été tous oubliés.

L’auteur est un diplomate français, qui a rencontré le personnage, et l’admire. Le livre, certes intéressant, donne quand même beaucoup dans l’hagiographie, pas toujours inspirée ou justifiée. Il n’en reste pas moins que Kissinger, universitaire brillant, a marqué son époque, et a essayé, avec courage, en dépit de quelques contradictions, de promouvoir une école réaliste pour les affaires étrangères. Rien n’est plus dangereux pour la stabilité du monde, la paix, que les croisades idéologiques. Sur ce point, il a eu parfaitement raison.

Dans ses fonctions, Kissinger a négocié, peut-être au mieux dans des circonstances difficiles, le retrait états-unien du Viêt-Nam, et le rapprochement avec la Chine continentale communiste, manœuvre réaliste par excellence.

Henri Kissinger, Gérard Araud, Tallandier, 2021, 330 pages, 20,90€

 

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