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jeudi, 25 juillet 2024

En mémoire de Christian Brosio, récemment décédé

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En septembre 2021, nous avons publié le premier volume de la collection "Les Grands classiques de Synthèse nationale". Il s'agissait de la fameuse "Histoire de France" de Jacques Bainville si souvent évoquée alors en référence par Eric Zemmour.

À cette occasion, Patrick Parment, directeur de la collection, avait demandé à Christian Brosio, qui nous a hélas quitté il y a quelques semaines cliquez ici, de préfacer cette édition.

En mémoire de Christian, voici le texte de cette préface : 

En 1925, le journal L’Éclair (de Montpellier) s’enquérait auprès de cent cinquante écrivains : « Quels livres recommanderiez-vous pour porter le renom de la France à travers le monde ? » L’Histoire de France de Jacques Bainville, publiée un an auparavant par Arthème Fayard, arrivait largement en tête des réponses. Déjà célèbre pour ses limpides et incisives chroniques de politique étrangère de L’Action française et ses prophétiques Conséquences politiques de la paix (1920) - où, analysant avec une minutie d’entomologiste les traités qui ont redessiné la carte de l’Europe au lendemain de la grande boucherie de 1914-1918, il décrivait, quasiment vingt ans à l’avance, la plupart des étapes du processus qui conduirait à une nouvelle déflagration -, Bainville vit, alors, grandir encore sa renommée. Touchant à la fois l’élite et un vaste public, cet ouvrage fut, d’emblée, un best-seller avec 70 000 exemplaires vendus la première année. Il devint rapidement un classique de la littérature historique, totalisant 500 000 exemplaires au fil des rééditions. Payant à titre posthume, après 1945, le crime d’avoir été Cassandre vingt-cinq ans plus tôt, c’est à son Histoire de France que, grâce à Guy Schoeller qui l’inscrivit au catalogue du Livre de poche, Bainville dut de ne pas tomber dans un oubli que les méchants petits esprits du moment eussent aimé total et définitif.

À demi occulté, tout de même, pendant plus de quatre décennies, son nom a resurgi au début des années 1990, à la faveur de la réunification de l’Allemagne, de l’effondrement de l’URSS et du détachement de ses satellites, de l’éclatement de la Yougoslavie et des nouvelles guerres des Balkans. Ayant rendu leurs lettres de noblesse à l’histoire des relations internationales et à la géopolitique, la fin de la guerre froide a, du même coup, remis sous le projecteur l’auteur des Conséquences politiques de la paix. Depuis lors, les ouvrages à son sujet se sont succédé, tandis que lui-même était republié. Une redécouverte à laquelle la présente réédition contribue, à son tour, avec bonheur.

Par sa clarté, son sens de la synthèse, son caractère pédagogique, l’Histoire de France de Bainville demeure un modèle. Certes, elle souffre d’un parti pris anti-germanique qui la fait parfois verser dans l’anachronisme. On peut regretter aussi, à bon droit, un prisme quasi exclusivement politique négligeant les grands mouvements économiques et sociaux. Mais ce défaut n’en est pas un eu égard à l’objectif de ce livre : montrer que la France est, avant tout, le résultat d’une longue et patiente construction politique, œuvre d’intelligence et de volonté rendue possible par la continuité de l’État royal. Une construction fragile, toutefois, toujours menacée par diverses forces centrifuges. Telle est la grande leçon de cette Histoire de France. Elle est magistrale. Il en est d’autres. Notamment la rupture introduite par la Révolution française et son héritier Napoléon dans l’équilibre européen par la fièvre nationalitaire qu’ils y inoculèrent. La démonstration n’a pas pris une ride. Elle est toujours à méditer.

Bonne lecture !

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11:17 Publié dans Livres, Nous avions un camarade..., Un peu d'Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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