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lundi, 16 décembre 2019

Affaire Méric : l’appel de Dufour et Morillo renvoyé en avril 2020

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Aristide Leucate

Article publié dans le quotidien Présent cliquez ici

« Courroye est l'incarnation de la porosité entre le parquet et le pouvoir », dixit Marianne (26 juin 2010). Décidément, la session de la Cour d’appel d’assises d’Evry démarre sous les plus funestes auspices. La présence de Philippe Courroye comme avocat général dans l’appel d’Esteban Morillo et Samuel Dufour, condamnés en 2018, respectivement à 11 ans et 7 ans de réclusion criminelle pour la mort accidentelle, le 5 juin 2013, du jeune « antifa » Clément Méric, n’est pas faite pour rasséréner la défense. L’on peut légitimement craindre, en effet, que l’ajustice prévaudra. « Magistrat contesté dans la profession » (Le Point, 6 juillet 2010), sa déontologie sera suffisamment prise en défaut pour que le dossier Bettencourt soit dépaysé vers le tribunal de Bordeaux en novembre 2010.

Courroye de transmission du pouvoir ?

Est-ce pour sa lecture très singulière du Code de procédure pénale qu’il se retrouve à requérir devant la Cour d’Evry ? Toujours est-il que ses méthodes expéditives s’illustrent dès le premier jour dans un prétoire bousculé par les grèves qui, nonobstant ses foucades dénégatives, ont fini par entraîner le renvoi du procès d’appel en avril 2020 – lors même que celui-ci était prévu pour se tenir du 9 au 20 décembre.

Qu’on en juge. D’abord l’absence du principal accusé, Esteban Morillo arguant, alors qu’il est placé sous contrôle judiciaire dans l’Aisne où il réside, d’une impossibilité matérielle et financière de se déplacer, ce qui suscite le courroux de l’avocat général éructant son mépris de classe : « « la grève, elle a bon dos ! Peut-être que dans le monde politique rêvé de M. Morillo il n’y a pas de grève, mais ici il y en a et celle-ci était annoncée. Son absence est une honte. » Il ne faut rien connaître de la France d’en bas pour oser de telles inepties. Se rendre à Paris depuis le fin fond de l’Aisne relève du parcours du combattant… Sous le coup d’un mandat d’amener, c’est entouré de deux gendarmes qu’il se présentera devant ses juges le 11 décembre. La Cour, présidée par n’obtempèrera d’ailleurs pas à la folle et inique demande d’incarcération de Morillo, jugeant que ce dernier était de bonne foi.

L’hystérisation comme tactique ?

Ensuite, la défection de nombreux témoins et experts, soit en déplacement professionnel ou eux-mêmes également immobilisés par suite de la pénurie des transports publics en grève, obligera les avocats de la défense à solliciter à quatre reprises le renvoi … et à l’obtenir, en dépit, là encore, d’un parquetier particulièrement vindicatif et de mauvaise foi. L’avocat de Samuel Dufour, Me Jérôme Triomphe, connu pour son opiniâtreté et son investissement juridique et affectif dans la sordide affaire Vincent Lambert, s’efforcera de recadrer un avocat général surjouant l’irascibilité. Assurément, flanqué d’un tel amicus curiae, les parties civiles ne manqueront pas de surjouer à leur tour, la dimension artificiellement politique d’un triste et regrettable – ô combien ! – mais banal fait divers…

12:52 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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