lundi, 16 septembre 2024
Affaire Ruffin – Mélenchon : C’est limpide... donc pourquoi s’en étonner ?
Bernard Germain
Début juillet 2024, à la veille des élections législatives, François Ruffin a annoncé sa rupture avec LFI, en indiquant « si je suis élu, je ne siégerais pas dans le groupe LFI ». En fait, c’est d’abord et avant tout avec Mélenchon que le divorce était consommé.
Cela faisait des mois et même des années, que Ruffin en silence se détachait de plus en plus idéologiquement de la LFI que Mélenchon construisait adoptant et imposant au fil du temps des positions de plus en plus polémiques et extrémistes.
La campagne législative 2024, fut un calvaire pour Ruffin. Il l’a dit on ne peut plus clairement à la presse.
« Pendant trois semaines, nous avons porté notre croix, un sac à dos rempli de pierres, on s’est heurtés à un mur, à un nom : "Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon." Avec le profil de la gauche, de LFI, ces deux dernières années, je savais qu’on perdait du terrain. Mais je pensais que ma figure, localement, servirait de paratonnerre » (TF1info – 10 juillet 2024).
Terrible illusion de François Ruffin qui, à cette occasion, montre qu’il prend ses désirs pour la réalité.
En fait, Mélenchon n’a que haine et mépris pour le peuple français. En atteste, cette vidéo datant de plusieurs années, où il dit ouvertement ce qu’il pense de notre peuple : cliquez ici
Aujourd’hui, il dit exactement la même chose et confirme que sa vision du peuple français n’a pas changé. François Ruffin le confirme lorsqu’il déclare ce que Mélenchon lui disait concernant les électeurs de sa circonscription d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). « Quand il me racontait Hénin, c’était à la limite du dégoût : "On ne comprenait rien à ce qu’ils disaient…", "Ils transpiraient l’alcool dès le matin…", "Ils sentaient mauvais…", "Presque tous obèses…" »
Ceux qui auront la curiosité d’écouter la vidéo seront frappés par les arguments de Mélenchon. Ce sont mot pour mot les mêmes que ce que rapporte Ruffin. La similitude est saisissante.
Ceux douteraient de son rejet du peuple français n’ont qu’à se reporter à la déclaration qu’il a faite le 7 septembre 2024, lors d’une manifestation pour exiger que Lucie Castets soit Premier ministre.
Oubliant que des micros étaient en action, Mélenchon a indiqué sans détour : « Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers. Là se trouve la masse des gens qui ont intérêt à une politique de gauche. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps ».
En clair, pour Mélenchon ce qui compte c’est la jeunesse et les immigrés regroupés dans les quartiers des grandes villes qu’il baptise « quartiers populaires ». C’est son électorat, et rien d’autre ne l’intéresse.
Donc quand François Ruffin lui parle des « prolos » français qui vivent dans sa circonscription, Mélenchon lui montre qu’il n’en a rien à faire.
Le lecteur se demandera peut-être : « Quelle étrange orientation politique de LFI. Doit cela vient-il ? »
Pour répondre à cette question, il faut prendre en compte - pour le dire simplement - que l’histoire de la gauche a connu 3 grandes périodes.
La gauche est apparue au milieu du 19 siècle avec la révolution industrielle et la création du prolétariat regroupé dans les usines, principalement localisées dans les villes.
La gauche est restée la gauche « traditionnelle » jusqu’au début des années 1980.
Avec l’élection de Mitterrand et sa conversion au libéralisme, la gauche abandonne le combat pour le socialisme et passe à une gauche de gouvernement, basée sur les thèses libérales. C’est dans un même mouvement qu’elle construit l’Europe qui se révélera être une machine de guerre contre les nations, leurs peuples, leurs cultures et leurs identités. La vague mondialiste commence à cette époque et la gauche se convertit sans problème.
La 3ème étape aura lieu en 2011 avec le rapport « Terra Nova » (un think tank du PS) qui prône l’abandon des couches populaires comme base électorale et un nouvel électorat constitué des femmes, des jeunes, des immigrés et des toutes les minorités notamment sexuelles.
C’est ce qui sera fait, notamment grâce à François Hollande. Juste un exemple : souvenons-nous du mariage pour tous et ensuite de la Procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de lesbiennes et certainement demain l’instauration de la Gestation pour autrui (GPA), c’est à dire la marchandisation des corps, au nom de l’égalité des couples gays (hommes et femmes). Application directe de cette ligne politique qui soutient et privilégie les minorités au détriment des autres couches de la société, trop droitières.
Auparavant, la grille de lecture de la société était basée sur la lutte des classes, aujourd’hui la conversion de la gauche aux thèses de Terra Nova et son mariage avec le wokisme fait que la grille de lecture à radicalement changé.
Il n’y a plus de lutte des classes pour la gauche mais la « lutte des races » avec un ennemi unique : le blanc.
Alors évidemment François Ruffin qui habite un département où se trouvent de nombreux « prolétaires » a encore une grille de lecture totalement dépassée. C’est d’ailleurs un peu le même problème avec le PCF qui a quand même du mal à se convertir entièrement au wokisme et à renoncer à sa vision de la société basée sur la lutte des classes.
C’est pour cela que plus Mélenchon emmène LFI (et le NFP) dans la direction qu’il promeut, plus François Ruffin est mal à l’aise et a de plus en plus de difficulté à promouvoir cette politique.
Il l’a d’ailleurs exprimé très simplement : « Dans les immeubles d’Amiens-Nord quand je tombais sur un Noir ou un Arabe, je sortais la tête de Mélenchon en bien gros sur les tracts, c’était le succès presque assuré. Mais dès qu’on tombait sur un Blanc, ça devenait un verrou ».
Et le résultat de ce constat fut qu’un « désaccord électoral et moral s’est creusé avec Jean-Luc Mélenchon ».
En résumé, François Ruffin représente la « vieille gauche » et a comme électeurs les couches populaires.
Mélenchon c’est l’inverse. Il méprise et abandonne à leur triste sort ceux que Ruffin défend, et prône de se préoccuper de la jeunesse et des immigrés en appelant de ses vœux la « créolisation » de notre société afin de faire disparaître ces Français qu’il déteste tant.
Deux conceptions radicalement inconciliables qui ne pouvaient qu’aboutir à ce divorce.
François Ruffin qui n’en a visiblement pas fini avec ses illusions, s’est rendu le week-end dernier à la fête de l’humanité.
Le sort qui lui a été réservé est pitoyable. Il a été copieusement hué et largement critiqué et insulté.
La prochaine étape, c’est la « Doriotisation » de François Ruffin donc sa condamnation morale et son expulsion pure et simple de tout ce qui se réclame de la gauche. Mélenchon y veillera et gare à ceux qui ne soutiendront pas les initiatives qu’il prendra dans ce sens ou qui s’aviseraient d’afficher un soutien au pestiféré.
Cela aura aussi l’avantage de faire passer un message en interne et vis à vis des autres composantes du NFP: si vous vous mettez en travers de la route de Mélenchon, si vous ne soutenez pas sa politique et même si vous émettez simplement des interrogations ou des réserves, il vous en cuira
Quant à ceux qui sont membres de LFI, ne comptez pas sur eux pour s’indigner ou s’élever devant le traitement que va vivre Ruffin. D’abord parce qu’ils ont été soigneusement sélectionnés notamment sur un critère : n’avoir aucun passé qui leur a fait connaître l’époque où la gauche était encore un courant représentant les « ouvriers » et qui avait un programme et des objectifs à proposer.
Mais d’autre part, et surtout, parce qu’ils sont dans leur quasi totalité tout simplement ignares à un point qui a quelque chose de terrifiant.
Le député Delogu nous en a donné très récemment la preuve lors de l’entretien qu’il a accordé à Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio le 12 septembre 2024. Alors que Bourdin lui demandait ce qu’il pensait des accusations de LFI contre Ruffin, faisant le parallèle entre ce dernier et Pétain, Delogu répondit : « Je n’ai pas vu, non. Je ne connais pas tellement l’Histoire que cela, j’apprends aussi. Je ne sais pas qui est Pétain. J’ai entendu parler de lui, je sais qu’apparemment c’est un raciste... ».
Et pourtant cet individu qui ne connaît pas Pétain ne manque pas une occasion de nous parler des « heures sombres de notre histoire ».
Énorme…
Dans ce registre, à la question : « Connaissez-vous Charles De Gaulle ? » on l’imagine tout à fait répondre sans hésiter : « Oui, je prends souvent l’avion ».
Toujours est-il que tout cela a déclenché une gigantesque vague de moqueries plus cruelles les unes que les autres sur les réseaux sociaux.
Un aigle et un puits de science ce député.
Mais ce député est aussi quelqu’un qui se comporte de manière exemplaire. Peut-être que le lecteur se souvient qu’il y a quelques jours, en septembre 2024 donc, il s’est fait arrêter et verbaliser parce qu’il roulait tout simplement en contre sens dans un couloir de bus à Marseille.
Et pour terminer le tableau, nous n’oublierons pas de rappeler qu’en commission des finances à l’assemblée nationale, il s’est révélé incapable de lire la note qui lui avait été préparée, butant sur tous les mots et ne comprenant manifestement rien à ce qu’il déclarait.
Ce n’est qu’un exemple, mais ils sont innombrables maintenant à la LFI à avoir ce profil et cette envergure, comme par exemple celui qui est surnommé « Loulou la came ». Une autre référence intellectuelle.
Ce combat Ruffin – Mélenchon va bien au-delà d’un combat de personnes. C’est en fait la matérialisation de l’incompatibilité de la gauche Terra Nova avec tout ce qu’était le mouvement ouvrier (syndicats et partis).
C’est cela qui constitue le thème principal de mon dernier livre « Démasquer la gauche… cette imposture permanente » dans lequel je reviens sur toute l’histoire de la gauche et de ses différentes composantes, ainsi que des principaux thèmes qu’elle a défendu et cache soigneusement aujourd’hui.
Deux exemples ?
C’est la gauche qui a voulu la colonisation, pas la droite. Pourtant aujourd’hui elle affirme le contraire et exige que nous fassions repentance… alors que c’est elle qui devrait demander pardon pour ce qu’elle a fait.
Autre exemple : qui a mis le maréchal Pétain au pouvoir ? C’est la gauche, pas la droite. En effet c’est l’assemblée nationale et le sénat du Front populaire qui a une écrasante majorité ont voté les pleins pouvoirs au maréchal, signant par là même la fin de la république.
Mais aujourd’hui la gauche nous parle sans cesse « des heures sombres de notre histoire » pour lesquelles elle ne serait responsable de rien.
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