Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 17 novembre 2012

Revue de presse : Haro sur la gifle !

boisart%20gifle.png

Fabrice Madouas

Source Valeurs actuelles cliquez là

Sa condamnation avait ému les Français. Le maire de Cousolre a été finalement relaxé. Éduquer des enfants, c’est aussi faire preuve d’autorité.

C’est un témoignage précieux de l’état d’esprit des Français : les lettres adressées à Maurice Boisart, le maire de Cousolre, une petite ville tranquille de l’Avesnois, quasiment sur la frontière belge. Maurice Boisart est cet élu qui a vécu un calvaire judiciaire pour une banale histoire de gifle : « Le 24 août 2010, un jeune de Cousolre, que je connaissais bien, escalade un grillage pour récupérer un ballon. Je le sermonne, il me provoque et m’injurie. Et là, réflexe, je le gifle. […] L’affaire est enclenchée, elle ne s’arrêtera pas », résume-t-il dans un livre qui vient de paraître, Tout ça pour une gifle (Éditions Jacob-Duvernet).

Les parents portent plainte pour “violence par personne dépositaire de l’autorité publique”. Ils contestent la version du maire : leur fils ne l’aurait insulté qu’après avoir reçu la gifle. En février 2012, Maurice Boisart est déclaré coupable par le tribunal correctionnel : 1 000 euros d’amende avec sursis, 250 euros de dommageset intérêts pour “préjudice moral”, sans compter les frais de justice ! « Désagréable impression que l’époque est faible, réagit-il. Sous prétexte d’être pacifiste, on est laxiste. Sous prétexte d’être humaniste, on verse dans le ridicule. »

Le 10 octobre, la cour d’appel de Douai décidera quand même de le relaxer, les juges estimant qu’il avait apporté « une réponse adaptée à l’atteinte inacceptable portée publiquement à l’autorité de sa fonction ». N’empêche : deux ans de procédure pour une gifle ! « À l’évidence, l’événement a dépassé ma modeste personne, écrit Maurice Boisart ; je suis en quelque sorte devenu le porte-drapeau de tous les adultes en butte à des adolescents mal élevés et insolents. »

Une “époque faible” qui confond pacifisme et laxisme

Des lettres, des e-mails, des fax, le maire de Cousolre en a reçu des milliers, de personnes indignées par sa condamnation en première instance. Pères et mères de famille, grands-parents, professeurs, proviseurs, conseillers principaux d’éducation, responsables associatifs… Un abbé déplorant que les édiles soient « trop exposés aux frasques d’une violence purement gratuite ». Un major de gendarmerie qui le félicite pour son « comportement courageux et exemplaire ». Un chef d’entreprise du Calvados « outré du manque de politesse » et lassé « des gens peu motivés pour le travail ». Un agriculteur à la retraite, un « fils de poilu de 1914-1918 », un « collectif de mamans et d’enseignantes ». Et beaucoup d’élus, bien sûr.

« Des Français “qui en ont marre de voir dégrader les biens publics qui sont payés avec nos impôts”. Des Français qui ont reconnu dans le jeune l’un de ces nombreux enfants rois qui embêtent tout le monde, à l’école et ailleurs. Des Français inquiets qui s’interrogent : “Comment va-t-on à l’avenir élever nos enfants” ? »

Des Français de tous bords, que le bon sens et l’expérience conduisent aux mêmes conclusions que les psychologues les plus lucides – comme Didier Pleux, qui dirige l’Institut français de thérapie cognitive. Auteur de nombreux ouvrages sur l’éducation, ce psychologue clinicien décrit dans son nouveau livre comment les enfants rois peuvent se transformer en “tyrans” pour leur entourage. Et de rappeler ce que disait Freud : « Le petit enfant est amoral, il ne possède pas d’inhibition interne à ses pulsions qui aspirent au plaisir » (De l’adulte roi à l’adulte tyran, Odile Jacob).

Selon Didier Pleux, les enfants tyrans souffrent moins de carences affectives, comme on le prétend souvent pour expliquer leur comportement et les excuser, que de “carences éducatives”. « Quand le “je” de l’enfant n’a pas été éduqué et qu’il n’a pas appris à harmoniser son plaisir avec la réalité, et donc avec celle des autres, il devient omnipotent et ne cesse de répondre à ses désirs au détriment de tout lien social. » À l’âge adulte, son « intolérance aux frustrations » risque de le pousser à la négation, voire à la destruction d’autrui.

Comment éviter que le souci légitime de soi ne se transforme en égoïsme ? La réponse réside dans l’exercice par les parents d’une autorité juste. « Non, toute autorité n’est pas malvenue, écrit Didier Pleux, et l’enfant, plus qu’un autre, doit apprendre la vie et s’il doit apprendre, ce n’est pas par le copinage, le “management participatif” ou la révolte permanente. C’est dans le respect de ceux qui connaissent mieux le réel que lui : les parents ou les tuteurs… »

« Un homme, ça s’empêche », disait le père d’Albert Camus. Un conseil rude mais sage, qui peut éviter des gifles tardives et bien des déboires à ceux qui les donnent.

14:41 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.