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lundi, 26 novembre 2012

Tribune libre / Mariage gay : à bas le libre-échange, vive le libre-échangisme !

84a5cc8eb0681dcfca827324151dccaa.jpegEric Miné

Ecrivain, homo et patriote

Source Boulevard Voltaire cliquez ici

Que le projet de « mariage gay » soit un faux nez pour un changement autrement plus profond de notre société, cela n’étonnera que les naïfs.

Qui s’intéresse peu ou prou au grand chambardement des valeurs qu’a subi la France ces dernières décennies sait bien que l’acharnement de ses dirigeants à promouvoir des « réformes sociétales » serait bien incongru si celles-ci ne s’inscrivaient pas dans cette planification niveleuse, planétaire, qui vise à imposer à tous des règles prétendument égalitaires afin d’engendrer un consumérisme effréné.

Le « mariage pour tous » n’y échappe pas. En dépossédant les « gays » de leur histoire qui les affranchissait d’un certain conformisme bourgeois, on les réduit à une part de marché bien identifiée ; ils rentrent dans le rang des petits soldats de la croissance, censée assurer bonheur et prospérité.

Que la France ne soit pas seule dans cette voie baroque, c’est logique et c’est même un des arguments avancés par les soutiens du projet de loi : regardez autour de nous tous ces pays qui ont franchi le pas !

Notons bien que ces États qui veulent obsessionnellement « marier les gays » sont aussi les mêmes qui voient la proportion des couples mariés y décroître significativement au profit d’unions libres. Chez nous, l’exemple vient d’en haut.

Car qu’en est-il au juste ? On nous explique qu’après avoir signifié l’union des familles et l’assurance de leur pérennité, le mariage consacre aujourd’hui l’amour. Mais, vidé ainsi de toute substance sociale, il est tel l’électroménager chinois : programmé pour tomber en panne. Qu’un couple s’aime, c’est tout naturel. Mais on entend par là dorénavant que le mari concilie avec son épouse le respect dû à la mère des enfants, la passion que suscite une maîtresse, et les cabrioles sexuelles qu’il n’aurait pratiquées autrefois qu’au bordel. Le mariage moderne, donc, c’est comme le café soluble, du « trois en un ». Et l’on argutie sur l’explosion des divorces ! La saveur de cette mixture s’altère bien vite décidément.

Et c’est ça qu’on nous présente comme un modèle à suivre ? C’est pour cette cause dégradée et dans un but mercantile que nous devrions pasticher l’hétérosexualité, qu’il nous faudrait nous aussi devenir pourvoyeurs de foyers fiscaux ? Du vagabondage libre-échangiste, nous voilà donc recadrés dans la grande marche civilisatrice du libre-échange !

Et si l’on élève la voix contre cette supercherie, on nous assène du poids des médias unanimes qu’on le « revendique » ce mariage, que nous aussi nous réclamons à grands cris le droit aux scènes conjugales, aux cris des bambins et au divorce. La preuve ? Les mots d’ordre de la dernière « Gay Pride ».

Vous êtes-vous déjà rendus à cette manifestation ? L’immense majorité des participants n’en attendent qu’un moment festif, quand ce n’est pas tout simplement jouissif par l’opportunité des rencontres qu’elle peut procurer. Quand on y va, ce n’est pas pour écouter s’époumoner des bobos crédules ou stipendiés d’organisations autoproclamées représentatives, c’est pour s’amuser et draguer.

Et la drague, voilà bien ce qui n’est plus sexuellement correct aux yeux de nos protecteurs-moralisateurs qui veulent nous mettre la bague au doigt ! Les « pédés » se fricotant dans les buissons, à l’affût dans les gares des appelés du contingent – ou, à défaut, de nos jours, des migrants en déshérence –, louant à l’occasion les services d’éphèbes compréhensifs, cela commençait à faire désordre. Ramenons vite tous ces homos en rut dans la voie sereine d’un foyer marital, nous aboient-ils dans les oreilles avec leur projet de loi !

Sous ce régime, Montherlant et Peyrefitte auraient fini leurs jours en prison, les lendemains de Gide ou de Genet n’auraient guère mieux valu et Pasolini aurait croupi dans une arrière-salle de MJC pour n’avoir jamais trouvé de producteur.

Alors, s’il vous plaît, législateurs du burlesque, occupez-vous plutôt de votre CAC40 et du défunt triple A et laissez en paix nos poches et nos braguettes. Restituez à Paris ses vespasiennes si vous voulez vous rendre utiles et, surtout, laissez-nous jouir de la vie à notre gré !

11:40 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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