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samedi, 08 décembre 2012

Présumé mauvais contribuable...

Randa Philippe août 2010 Portrait.jpgLa chronique de Philippe Randa

Parlerait-on tant de la Suisse s’il n’y avait pas son gruyère moins troué qu’ailleurs, ses chocolats réputés fins, très fins, se mangeant sans faim et ses banques aux secrets si facilement objets de tous les fantasmes ?

Aux uns et aux autres d’y goûter les plaisirs que leur permettent leurs moyens. Nul doute que ceux du ministre socialiste Jérôme Cahuzac lui auraient permis de goûter aux premiers par gourmandise et au dernier par une prudente gestion d’une partie de ses revenus, mise ainsi à l’abri de la voracité du fisc français. Comme actuel ministre délégué au Budget, il est désormais bien placé pour le vérifier.

La supposée découverte de ses petits arrangements bancaires défraie depuis quelques jours le landernau politique : l’ex-député a-t-il oui ou non détenu un compte aux pays des Helvètes, comme le premier fraudeur fiscal venu ?

Le site Mediapart l’affirme haut l’internet et fort d’une conversation téléphonique enregistrée à l’insu du plein gré de ce présumé mauvais contribuable ; l’intéressé nie plus vigoureusement qu’une pucelle dont on remettrait la vertu en question et pour défendre son honneur, dépose une plainte pour diffamation.

Fin du premier acte médiatique. Un second se jouera très probablement dans un semestre ou deux, soit de toute façon l’année prochaine désormais et ne retiendra l’attention que quelques secondes aux Journaux Télévisés ou par quelques articulets dans la presse écrite. Très probablement, une amende va être infligée au « site d’information et d’opinion à l’accès au contenu disponible uniquement via internet, proposé par le biais d’un abonnement payant », tel que se définit Mediapart.

Une amende de quelques milliers d’euros pour marquer le coup et faire vivre (faut bien !) les avocats des deux parties, prélevée sur un chiffre d’affaire de quelque 5 millions d’euros environ pour 2012.(1)

Au prix de la promotion publicitaire par la quasi-totalité des médias nationaux et une bonne partie d’internationaux, il est certain que l’opération a bien plus rapporté à Mediapart que les intérêts éventuels du bas de laine supposé que monsieur Cahuzac aurait pu soustraire à l’avidité de Bercy.

Évidemment, il y a l’autre éventualité, celle que la preuve de l’existence du compte en banque soit finalement apportée. Non seulement monsieur Cahuzac serait reconnu mauvais contribuable, mais également menteur patenté, qui plus est dans l’enceinte du parlement français. Il ne s’en relèverait sans doute pas.

Mais gageons qu’il s’agit là d’une hypothèse peu envisageable. Pour que l’actuel ministre délégué au Budget ait assuré devant les représentants élus de la Nation qu’il n’avait pas possédé de compte à son nom, c’est sans doute vrai ; à moins qu’il ne soit fou, mais les hommes politiques, même socialistes, le sont rarement. Si, si, on vous assure !

Mais la question qui n’a pas été posé, semble-t-il, mais qui est pourtant évidente dans ce genre d’affaire, c’est que si l’intéressé n’a peut-être jamais détenu de compte à son nom, est-ce qu’un de ses parents proches – père, mère, fils, filles, épouse, frère ou sœur, neveu ou nièce, ex-épouse, beaux-parents, grands-parents, etc. – n’en aurait pas possédé un par hasard ? Pour lequel, par exemple, l’ex-élu socialiste du Lot-et-Garonne, attentif, aimant et attentionné, aurait pu avoir tenu la conversation qu’on lui prête ? Et dans laquelle, sa langue ayant fourché – ça arrive à tout le monde ! – il aurait parlé de « son » compte ?

Le chansonnier Jacques Mailhot a définit le secret bancaire comme un jeu de piste mis au point par les banquiers suisses pour distraire les douaniers français quand ils ont le stress.

Mais aujourd’hui, mondialisation oblige, ce fameux compte bancaire non déclaré à l’Union des banques suisses (UBS) de Genève et clôturé en 2010, aurait été transféré à Singapour.

C’est loin, Singapour ! Aussi loin que le Japon où l’ancien président de la République Jacques Chirac aurait, lui aussi, détenu un compte. C’est en tout cas ce qui s’était dit et redit du temps de son règne à l’Élysée. Avec les conséquences qu’on a vu… De quoi rassurer monsieur Cahuzac.

Note
(1) « Le chiffre d’affaires de Médiapart dépassera en 2011 la barre des 5 millions d’euros, en hausse de 66 % sur un an. Le résultat net atteindra 500 000 euros. Mediapart compte aujourd’hui 58 000 abonnés individuels nets actifs et payants, selon différentes formules d’abonnements mensuelles ou annuelles. Ces abonnés génèrent 95 % du chiffre d’affaires, le reste venant de la revente de contenus. (…) Nous visons en 2012, avec prudence, une progression identique à 2011 » (« Comment Mediapart est devenu rentable » interview d’Edwy Plenel à www.challenges.fr).

15:59 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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