dimanche, 29 mars 2020
Il y a 14 ans, Jean Mabire nous quittait...
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Article publié en guise de présentation du n°9 des Cahiers d'Histoire du nationalisme en mars 2016 :
En hommage à un éveilleur de peuple
Roland Hélie, Directeur des Cahiers d'Histoire du nationalisme
Il y a dix ans, le 29 mars 2006, décédait l'écrivain et historien normand Jean Mabire. Homme d'une immense culture et aux convictions affirmées, Jean Mabire fut sans doute l'un des écrivains les plus prolifiques du XXe siècle. En quarante ans il publia en effet près d'une centaine d'ouvrages parmi lesquels bon nombre furent diffusés à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires, voire plus encore.
Dans les années 60 et 70, il était encore possible d'aborder certains sujets historiques qui sont aujourd'hui tabous ou sous la haute surveillance des censeurs de l'idéologie dominante. C'était le cas par exemple de la Seconde Guerre mondiale qui fut l'une des matières de prédilection de Jean Mabire. Je me souviens de l'époque où chacun de ses livres, dès leur parution, étaient en vitrines de toutes les librairies de France sans que cela n'offusque personne. Il faut dire que Mabire avait l'art et la manière de redonner aux bannis de l'Histoire l'honorabilité qu'ils n'auraient jamais dû perdre. Voilà pour ce qui est de l'historien.
Mais Jean Mabire était aussi un militant. Très jeune, il s'intéressa à la politique et, dès l'après guerre, il prit fait et cause pour la Normandie, région sacrifiée de ce que l'on appelle "la Libération", dans laquelle sa famille avait ses racines. Déjà, avant l'heure, Jean Mabire était un identitaire.
Son attachement à la Normandie le rapprocha évidemment de la cause européenne. En fait, il fut l'un des premiers à imaginer un nationalisme qui dépasserait le cadre strict de la nation française pour se rallier à la dimension civilisationnelle européenne. Ce n'est pas un hasard si Mabire collabora à Défense de l'Occident, la revue de Maurice Bardèche. Plus tard, il sera le rédacteur en chef d'Europe Action, le mensuel de Dominique Venner, qui marqua une véritable rupture au sein du mouvement nationaliste et qui donna plus ou moins naissance, au lendemain de mai 1968, à ce que l'on appelle aujourd'hui "la nouvelle droite".
Mais, au-delà de l'Histoire et de la politique, Jean Mabire avait aussi de nombreuses autres passions. Celle de la mer en particulier. Plusieurs de ses livres lui sont consacrés mais nous éloignons là du cadre des Cahiers d'Histoire du nationalisme.
Ce qui était surtout frappant chez Jean Mabire, c'était sa capacité d'écouter les autres. Il avait été de tous les combats et il ne cherchait jamais à imposer son point de vue ou son expérience aux jeunes militants qui venaient le voir. Il les écoutait car il savait que, même s'il y a des côtés récurrents dans l'Histoire, chaque génération vie une aventure différente. Ce qui était le plus important à ses yeux, c'était le socle commun qui devait perdurer. C'est sans doute pour cette raison qu'il s'employa toute sa vie à rétablir l'Histoire à travers ses écrits pour que les futurs militants reçoivent une autre version de celle-ci. Une version plus conforme à la réalité que celle imposée par les tenants de la pensée unique.
Voilà au moins une des raisons pour lesquelles nous ne pouvions pas laisser passer ce dixième anniversaire sans consacrer un Cahier d'Histoire du nationalisme à cet infatigable éveilleur de peuple qu'était Jean Mabire.
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