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vendredi, 26 avril 2024

L’UE va-t-elle réussir son coup d’État ?

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Bernard Germain

Lorsqu’en novembre 2023 j’ai publié mon livre « L’Union européenne : en sortir… au plus vite », on pouvait lire en page 264 :

« La commission des affaires constitutionnelles (AFCO) au parlement européen vient de voter, le 25 octobre 2023, un projet de réforme des Traités européens qui transformerait officiellement l’UE en un État.

Oui, vous avez bien lu. Si cette mesure en mise en œuvre, l’UE deviendra un État.

Ce qui effacerait du même coup l’existence des nations européennes. Imaginez les conséquences. »

À l’époque le projet de commission des affaires constitutionnelles (AFCO) de l’UE était passé sensiblement inaperçu et peu de monde n’en avait mesuré la gravité ni même la portée.

Ce projet du 25 octobre 2023 est en fait le retour du projet de Walter Hallstein (premier président de la Commission européenne), l’un des fondateurs de l’Europe par ailleurs connu pour avoir été un nazi notoire ayant rédigé en 1938 le projet « Das neue Europa » (La nouvelle Europe) pour le chancelier Adolf Hitler.

Lorsque Walter Hallstein publia un projet d’Europe fédérale en 1965, il provoqua la colère de De Gaulle et une terrible crise s’enclencha dite crise de la « chaise vide ». C’est à dire que la France refusa de siéger dans les instances européennes tant que ce projet fut maintenu.

Le Général eut gain de cause et la crise se dénoua par les accords de Luxembourg et l’instauration d’un droit de veto pour les pays membres de l’Europe (la CEE à l’époque). De Gaulle aura même la peau de Walter Hallstein qui devra quitter ses fonctions à la tête de l’Europe en 1967.

N’oublions pas qu’avant, il y avait déjà eu la crise de la CED (Communauté européenne de défense) en 1954 qui devait aboutir à la création d’une armée européenne. Le traité instituant la CED sera rejeté par l’Assemblée nationale française le 30 août 1954. Ce qui sonnera le glas de ce projet.

On peut donc constater que depuis le début de la construction européenne, deux lignes politiques inconciliables s’affrontent :

  • une ligne pour la construction d’une Europe fédérale ce qui implique la disparition des États qui la composent et leur relégation au rang de régions ou province ;
  • une ligne pour l’édification d’une Europe des nations, dans laquelle chaque pays garde son indépendance et sa souveraineté nationale.

C’est à la lumière de ces éléments qu’il faut regarder le projet mis au point par la commission des affaires constitutionnelles (AFCO) en octobre 2023. Disons le tout net : si ce projet devait aboutir, ce serait une authentique révolution. En effet les conséquences en seraient innombrables et de la plus grande gravité.

Ainsi, si l’Europe devient un État et que les pays qui composent actuellement l’UE perdent à cette occasion leur statut d’État, quelles en seraient les conséquences ?

  • Chacun des 27 ne pourraient plus avoir de politique étrangère individuelle, c’est l’Europe qui parlerait au nom de tous.
  • Il n’y aurait donc plus besoin d’ambassades ni de consulats dans les pays étrangers. C’est là qu’on est en droit de se demander si Macron n’avait pas déjà une idée derrière la tête lorsqu’il a supprimé le corps des diplomates en France en 2022… (ainsi que l’ENA et le corps préfectoral).
  • Chaque pays n’aurait plus besoin d’avoir une armée pour défendre ses frontières. C’est l’Europe qui défendrait ses frontières extérieures. Il faudra donc mettre en place un projet actualisé équivalent à ce qu’avait été celui de la CED en 1954.
  • Etc.

Restent en plus quelques problèmes des plus épineux, notamment :

  • Va-t-on mutualiser l’arme nucléaire française et en faire une arme « européenne » dont l’exécutif européen aurait les codes ?
  • Le siège de la France au conseil de sécurité de l’ONU va-t-il aussi être cédé à l’Europe ?

Jeudi 25 avril 2024, le président Emmanuel Macron a fait à nouveau un discours sur l’Europe à la Sorbonne.

Près de deux heures de discours. Il n’est donc pas possible de le reprendre en détail. En revanche, on peut dire sans crainte de se tromper que son discours était entièrement orienté vers l’instauration de cette Europe fédérale et que la disparition de la France ne lui pose manifestement aucun problème. Macron a tout fait pour qu’on le perçoive comme le meilleur des européens.

Faut-il y voir une stratégie pour postuler à la présidence de l’Europe lorsqu’il quittera l’Élysée ? Nombreux sont ceux qui le pensent.

Au passage on me permettra une remarque : si ce bouleversement devait intervenir avant la fin de son mandat et qu’à cette occasion la France disparaissait comme nation… il n’y aurait plus d’élection présidentielle en 2027. Donc plus de problème Marine Le Pen, ni de menace de voir se mettre en place une politique un tant soit peu opposée à ce que veut imposer l’Europe.

Il n’y aurait plus non plus de possibilité d’actionner l’article 50 du TFUE (accord de Lisbonne) puisque les pays n’existeraient plus. L’article 50 permet de sortir de l’Europe comme les anglais l’ont fait. Chacun pourra donc mesurer l’ampleur des problèmes que pose ce projet de transformation de l’UE en État à part entière. Mais ses promoteurs se heurtent à deux problèmes majeurs.

Tout d’abord, la quasi totalité des pays de l’ex-Europe de l’Est sont contre ce projet. En effet, ils se souviennent ce qu’ils ont vécu sous la domination de l’empire austro-hongrois puis sous le joug imposé par l’Union soviétique. Ils n’ont donc aucune envie de recommencer une expérience de ce type avec l’Union européenne. Ces pays sont profondément attachés à leurs identités, leurs cultures et leurs nations. On peine donc à croire qu’ils vont accepter la projet d’Europe fédérale.

Le second problème est d’ordre démocratique. Peut-on imaginer qu’un projet bouleversant à ce point les peuples et les nations du continent européen puisse se faire sans interroger les populations concernées, notamment par la voie d’un référendum dans chaque pays membre de l’UE ?

Peut-on aussi imaginer que l’UE prétende qu’un tel projet puisse être imposé sans qu’il y ait accord à l’unanimité des peuples à travers les référendums nationaux ?

Je suis de ceux qui pensent que cela ne dérangerait pas plus que cela les dirigeants actuels de l’UE qui ont montré à de multiples reprises qu’ils n’ont que faire de l’opinion des peuples. D’ailleurs comme je le rapporte dans mon livre les principaux dirigeants considèrent que l’UE est « un despotisme éclairé ». Reste que je vois mal les peuples accepter sans réaction la disparitions de leurs nations. Les désirs de l’UE sont une chose mais la possibilité de les mettre en œuvre en est une autre.

Notons que les choses sont peut-être en train de bouger. En effet, Le Figaro du 23 avril 2023 annonce que cinquante personnalités lancent un appel concernant le projet d’Europe fédérale et appellent à organiser un référendum sur ce sujet qui engage la souveraineté de la France. Cela sera-t-il repris largement ?

Sur ce plan, on ne peut qu’être perplexe devant le fait qu’aucun candidat à l’élection européenne du 9 juin ne se soit emparé du sujet jusqu’à présent alors qu’il devrait être l’un sinon le plus important des thèmes dans cette campagne.

Quant aux peuples ce sujet est de toute première importance et il faut absolument un référendum sur ce projet d’Europe fédérale. Il serait temps que les patriotes et défenseurs de nos nations et cultures européennes veuillent bien s’intéresser au sujet et surtout agir contre ce projet scélérat de l’UE afin de faire capoter.

C’est l’existence même de la France qui est en jeu.

Plus que jamais d'actualité, lisez et faites lire le livre de Bernard Germain :

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Mercredi 1er mai : Marion à Domrémy

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25 avril 1974 – 25 avril 2024 : les œillets sont bien fanés !

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Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

Gouverné tant bien que mal par Marcelo Caetano, qui avait pris la suite d’Antonio de Oliveira Salazar, empêché par une congestion cérébrale d’exercer le pouvoir depuis le 25 septembre 1968, et décédé le 27 juillet 1970, le Portugal, fièrement, restait la seule puissance occidentale encore maitresse de ses colonies.

Un vaste empire qui faisait la fierté des Lusitaniens, mais qui coûtait cher, même si les ressources naturelles de ses provinces d’outre-mer étaient prometteuses. Dans l’ombre, la taupe marxiste était à l’œuvre, et sapait tant à l’intérieur qu’à l’extérieur la volonté de résistance du pays. De plus en plus de Portugais quittaient le pays pour échapper au long service militaire imposé à une jeunesse éprise des leurres de la société de consommation.

En Angola, l’UNITA de Jonas Savimbi et le MPLA d’Agostinho Neto, menaient la vie dure à l’exercito, comme le FRELIMO de Samora Machel au Mozambique, ou le PAIGC d’Amilcar Cabral en Guinée Bissau, tous mouvements soutenus les uns par l’URSS, les autres par la Chine rouge. En Guinée justement, le général De Spinola, sorte de pro-consul aux pleins pouvoirs, constatait avec amertume que l’effort de guerre s’essoufflait, et qu’il était peut-être temps d’envisager un autre scénario que la « portugalisation » intégrale des provinces d’outre-mer. Il exprima ses vues dans un livre retentissant, « Portugal e o futuro » - « le Portugal et son avenir » -, qui allait servir de détonateur au golpe des capitaines du MFA, le Mouvement des Forces armées, une organisation tapie dans l’ombre, largement gangrénée par les communistes clandestins du camarade Alvaro Cunhal, installé bien tranquillement à l’étranger. (Ce qui en dit long sur la supposée implacable « efficacité » de la PIDE, la police politique de l’Estado Novo, ce dernier fondé en mars 1933, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution élaborée par le « petit » professeur de droit de  Coimbra !)

Les termites rouges étaient à l’oeuvre

Déjà, au cours d’une réunion clandestine qui s’était tenue le 24 novembre à Estoril, un lieutenant-colonel s’était écrié, « Nous sommes étouffés par un régime qui nous mène à l’abîme, à la défaite, comme d’ailleurs tous les régimes fascistes… ». Le grand mot avait été lâché. Et, dès lors, les officiers du MFA garderont dans le vocabulaire de ce mouvement, ses structures et ses méthodes, ce parfum de « gauchisme » jusqu’à ce que d’autres militaires -  ceux notamment du régiment de commandos d’Amadora -, n’écrasent dans l’œuf, le 25 novembre 1975, une tentative de coup d’état communiste. La vérité, c’est que l’armée portugaise, dont les deux-tiers de ses 200 000 hommes étaient en lutte dans les colonies contre les guérillas marxistes - armée soutenue du bout des lèvres par ses alliés du Pacte atlantique dont la France ayant fourni des Noratlas, des hélicos Alouette et des blindés légers -, était à bout  de souffle.

De Spinola, à l’instar d’un De Gaulle avec l’AOF et l’AEF, proposait une nouvelle communauté luso-africaine, basée sur l’autonomie de ses États et leur parfaite égalité. Mais il était trop tard. Trop frileux sans doute, le professeur Caetano n’avait pas tenté l’expérience.

Le 25 avril 1974 à l’aube, 3 000 soldats dispatchés par le major Otelo de Carvalho, le cerveau du complot - qui fera encore parler de lui en purgeant une peine de quinze ans de prison, peine rabotée par les socialistes à sept années -, convergeaient sur Lisbonne, et occupaient un à un tous les lieux de pouvoir. La radio annonçait le putsch et, après une courte résistance, la Garde nationale républicaine (GNR) se rendait, tandis que les unités non concernées par la conjuration, comme l’équipage de la frégate Gago Coutinho, embusquée sur le Tage, refusaient d’ouvrir le feu sur leurs frères d’armes. Le président de la République, l’amiral Américo Tomas, comme le président du conseil Marcelo Caetano, réfugiés à la caserne do Carmo, celle de la GNR, se rendaient aux officiers insurgés, et étaient expulsés manu militari vers l’ile de Madère, avant de gagner le Brésil, leur lieu d’exil.

De Spinola, lui aussi, sera exilé

Propulsé sur le devant de la scène, le général De Spinola était nommé président provisoire. Une armée usée par près de treize années de guerre, plombée par ses 8 000 morts, mettait « crosse en l’air ». La population laissait déborder sa joie, lassée par ces années d’un interminable conflit colonial, couvrant ses centurions d’œillets, cette belle fleur qui allait fleurir au bout des fusils ! Elle oubliait soudainement tout ce qu’elle devait au salazarisme – grandeur du Portugal, solidité de l’escudo, paix civile, stabilité gouvernementale, probité de son fondateur qui mettait le « spirituel » au-dessus du « matériel » , espoir d’une vie nouvelle outre-mer, gagée toutefois par les incertitudes politiques -, pour n’en garder que les aspects les plus négatifs : modicité du niveau de vie, manque de liberté d’expression, épée de Damoclès du service militaire…

C’est bien connu, les révolutions dévorent leurs auteurs. À son tour, le « général au monocle » - celui qui avait été un observateur militaire d’un Portugal  neutre sur le front de l’Est -, allait être remercié, et partir, lui aussi, en exil au Brésil. Les jeunes officiers portugais, issus majoritairement des classes populaires qui avaient eu la chance d’accéder à l’université, allaient traitreusement offrir l’Afrique portugaise aux marxistes angolais, mozambicains et guinéens, sans aucune contrepartie.

Un espoir de renouveau ?

Depuis, en métropole, les gouvernements se sont succédé, d’élection en élection, à la recherche d’une majorité stable, socialistes et centristes se repassant, alternativement, la « patate chaude », les premiers trainant dans leur sillage un lourd parfum de corruption. Ce qui a sans doute permis à CHEGA (« Ca suffit »), une nouvelle formation de droite nationaliste emmenée par son chef, le charismatique André Ventura - ancien présentateur-vedette à la télévision -, de ravir dernièrement 48 sièges de députés sur les 230 du parlement de Lisbonne. CHEGA  est devenu, avec 18,1 %, la troisième force politique du pays. Clin d’œil de l’histoire ou promesse de retour aux sources ? Seul l’avenir le dira.


Pour en savoir plus, lire « Salazar le regretté », du même auteur, un ouvrage publié aux éditions « les Bouquins de Synthèse nationale » cliquez ici

12:40 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat, Un peu d'Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Séisme chez les collabos après la sublime question de Marion : “Où est la maman ?”

MARION OSE DEMANDER QU’UN ENFANT AIT UNE MAMAN

C’est le scandale du jour ! Elle a osé ! Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux Européennes, a osé, dans un tweet de 4 mots, poser la question : où est la maman ? Les faits : deux millionnaires homosexuels, le styliste Simon Jacquemus et son mari se sont vantés d’avoir acheté des jumeaux, Mia et Sun, presque sur catalogue.
 
Cela a suffi pour que toute la bien-pensance, gouvernement compris, tombe sur la belle Marion. Clément Beaune, militant homosexualiste haineux, a glapi : “C’est dégueulasse” ! La nunuche Prisca Thévenot a juste oublié que la GPA était toujours interdite en France, et que Macron avait même dit : « Pendant mon quinquennat, la GPA restera interdite en France. C’est une question d’éthique et de dignité ». Toute la gauche wokiste est tombée sur Marion, lui reprochant même d’être hostile au mariage homosexuel. Notons le courageux soutien de Jean-Philippe Tanguy, du Rassemblement national, à Marion.
Invitée chez Pascal Praud pour donner son point de vue, Marion a été sublime, expliquant qu’elle aurait protesté de la même façon si cela avait été un couple hétéro qui avait transgressé la loi, et réaffirmant fortement que le corps de la femme et les utérus ne sont pas des marchandises.
 
Lire Riposte laïque cliquez ici

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10:37 Publié dans Européennes 2024 | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

"Europe, civilisation des libertés !", intervention de Jean-Yves Le Gallou au colloque de l'Iliade du 6 avril dernier

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Co-fondateur de l’Institut Iliade, Jean-Yves Le Gallou est essayiste et ancien haut fonctionnaire. Membre du GRECE en 1969, il co-fonde en 1974 le Club de l’horloge. Il est président du groupe FN puis du MNR au conseil régional d’Île-de-France de 1986 à 2004, et député européen de 1994 à 1999. En 2003, il crée Polémia et il anime également l’émission de critique des médias I-Media sur TV Libertés.

Son intervention au colloque de l'Iliade cliquez ici :

Je vais vous faire une confidence. Je vais vous raconter à quoi Romain et moi avons passé cette dernière semaine de préparation du colloque. Cette semaine, toutes les trois heures, nous sommes allés sur le site de la préfecture de police pour vérifier qu’il n’y figurait pas d’arrêté d’interdiction de notre colloque. Il n’y a pas eu d’interdiction de notre colloque et c’est heureux. Mais le simple fait que la question ait pu se poser, le simple fait qu’il ait pu être envisagé qu’un colloque intellectuel comme celui-ci soit interdit, montre l’ampleur des menaces qui pèsent sur les libertés françaises et les libertés européennes aujourd’hui. Cette interdiction potentielle est à mettre en perspective avec la vague d’interdictions bien réelle de manifestations, la vague de dissolutions, la vague de détentions arbitraires qui ont eu lieu au cours de la dernière année.

C’est aussi à mettre en perspective avec trois propositions de loi en cours de discussion au Parlement. Enfin, quand je dis en cours de discussion, j’exagère, puisqu’on s’achemine vers des votes à l’unanimité. Je vais vous les énumérer rapidement. Et puis nous rappellerons ce que sont les libertés européennes et en quoi elles peuvent nous inspirer aujourd’hui. D’abord, il y a un projet, un premier projet de loi, qui vise à compléter la loi Pleven par l’ajout d’un interdit supplémentaire, à savoir la discrimination capillaire. Je dois dire que ça me sidère un petit peu puisqu’il y a quatre ans j’avais prévu d’organiser le 1ᵉʳ avril 2020 une manifestation parodique précisément contre la discrimination capillaire. Mais ce qui était un « 1ᵉʳ avril » il y a quatre ans est une proposition de loi votée en première instance aujourd’hui. Certes, cela vise davantage à protéger les jeunes rastas noirs que les vieux hommes blancs chauves. Mais enfin, l’esprit des lois est là. Ça, c’est la première loi. La deuxième loi, c’est un nouveau dispositif qui crée un délit d’outrage en ligne pour tout ce qui porte atteinte à la dignité d’une personne et présente à son égard un « caractère injurieux, dégradant ou humiliant », ou crée une « situation intimidante, hostile ou offensante », c’est-à-dire une définition extrêmement large de ce nouveau délit pénal. Et puis il y a le sommet, déjà voté en première instance à l’Assemblée nationale, à l’unanimité : c’est la création d’un délit d’opinion privé. La correctionnalisation des propos privés, c’est-à-dire l’extension de l’ensemble du dispositif de la loi Pleven aux conversations privées – entre amis, en famille – qui est a été votée en première lecture à l’Assemblée nationale. C’est l’interdiction, la pénalisation, la criminalisation de la blagounette.

Certes, et ce n’est pas une consolation, il n’y a pas qu’en France qu’on connaît une telle évolution liberticide. En Écosse, J. K. Rowling, la mère d’Harry Potter, a expliqué qu’elle risquait sept ans de prison – oui, vous avez bien entendu, sept ans de prison – puisqu’elle refusait la loi faisant de la négation de la transidentité un délit. En Allemagne, la présidente du Bundestag a demandé à l’Office fédéral de protection de la Constitution, c’est-à-dire la police politique, de contrôler le choix de leurs assistants par les parlementaires de l’AfD, ce qui est la négation de la démocratie représentative. Dans le même temps, le gouvernement a engagé 400 procédures disciplinaires contre des policiers pour délit d’opinion identitaire. Je pourrais aussi citer la Pologne où on prévoit une loi contre les discours de haine dans le but de protéger la propagande LGBTQ X, Y, Z. Trois ans de prison ferme. Je pourrais citer la Belgique, les Pays-Bas. Partout en Europe, c’est la nuit qui tombe sur les libertés.

Alors, comment appelle-t-on un régime où la liberté d’expression est réprimée ? Comment appelle-t-on un régime où des interdits professionnels sont mis en place en fonction des opinions ? Comment appelle-t-on un régime qui abolit la distinction entre le domaine privé et le domaine public ? On appelle cela un régime totalitaire, ou, pour reprendre le titre du livre de l’essayiste Mathieu Bock-Côté, un « totalitarisme sans le goulag ». Alors comment faire face ? Comment réagir ? Eh bien, en retournant à la source des libertés européennes à l’aube grecque, de la pensée aux discussions de l’Académie, à la fondation de la rhétorique, c’est-à-dire à l’organisation de la libre confrontation des opinions et au développement de la disputatio. À l’origine de l’essor de la pensée européenne.

Voici ce qui est au cœur de la pensée européenne : en dehors des dogmes religieux, ne peut être dit vrai que ce qui peut être librement contesté. Je précise : la proposition A peut être dite vraie, mais uniquement si elle est confrontée à la proposition non A et qu’elle en sort victorieuse ou en tout cas et uniquement à cette condition. Je vais donner, au risque de choquer, un exemple concret. Je croirai personnellement à la thèse de l’origine anthropique du réchauffement climatique le jour où, dans la dizaine de disciplines qui concernent le climat, les recherches critiques sur la thèse officielle seront financées et publiées, autant financées et publiées que les recherches conformes à la doxa. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Un chercheur américain qui a publié un article dans la revue Science (à propos de l’origine des feux de forêts en Californie) a déclaré : « Je n’ai pu le publier que parce que j’ai biaisé les résultats. » Donc, en l’état actuel, on ne peut pas dire que la thèse du réchauffement d’origine anthropique soit scientifique. Ce n’est rien d’autre qu’un millénarisme, une hérésie millénariste. Et d’ailleurs, il y a dans les tuyaux la préparation d’un adjuvant à la loi Pleven visant à interdire le « déni climatique » (sic). C’est le retour de la « science officielle » comme à la belle époque du lyssenkisme, sous Staline. Alors il faut retrouver les libertés académiques, retrouver les libertés universitaires, retrouver les libertés publiques. Il y a 30 ans ou 40 ans, il aurait été impensable d’avoir à tenir un tel discours tellement ces exigences-là paraissaient évidentes.

Alors, continuons notre retour aux sources et revenons à la distinction entre le public et le privé. Le dictateur romain Sylla, précurseur d’Auguste, avait fait adopter une loi, une lex Cornelia, qui réprimait les violences et les injures au domicile. Mais il avait exclu des poursuites les membres de la famille et les proches parce que l’État n’avait pas à entrer dans le privé. L’État n’avait pas à entrer dans la maisonnée. Et cette loi a inspiré beaucoup d’autres lois successives aux différentes époques de l’histoire. Elle a contribué à fonder une distinction essentielle entre le domaine public et le domaine privé. Bref, il ne faut pas faire entrer l’État dans l’espace privé comme il est en train d’y entrer par la loi que j’ai évoquée, de criminalisation des propos privés. Comme il y entre aussi par l’intermédiaire de toute une série de réglementations sur ce qu’on peut ou doit faire à l’intérieur de son domicile pour respecter des normes de plus en plus nombreuses et tatillonnes. Quand on accepte cela, on va dans le sens du totalitarisme. Alors, il faut libérer le domicile et les relations à l’intérieur du domicile des contraintes de l’État.

Continuons d’aller aux sources. Eh bien, les sources, ce sont aussi les leçons du Moyen Âge. Pour le grand historien Fernand Braudel, du ve au xve siècle il y a un mot qui traverse toute la dynamique économique et sociale de l’Europe.

Ce mot, c’est les libertés. Pas la liberté, les libertés : liberté des villes, libertés universitaires (qui sont aujourd’hui en voie de disparition), liberté des corporations, liberté des terres, les alleux. Quand vous vous promenez en France, vous trouvez partout des bourgs, des lieux-dits qui s’appellent Les Allues, Les Alluets. Des toponymes qui renvoient à cette période d’émancipation des terres. Alors cette idée de liberté, c’est une idée de libertés au pluriel. C’est une idée très féconde pour faire face à la normalisation, au retour du jacobinisme contre les libertés locales et à la concurrence dans le domaine agricole des petites exploitations avec les latifundia. Les réglementations sont écrites et faites par les grosses unités, les multinationales en particulier. Il faut en dispenser les petites unités. Et, comme dans cette période finalement féconde (contrairement à ce qu’on a pu en raconter à certaines périodes) du Moyen Âge, cet âge des libertés, l’heure est aux franchises. Franchises pour les terroirs, franchises pour les communes, franchises pour les petites et moyennes entreprises, franchises pour les écoles.

Continuons d’aller aux sources avant de conclure. Aller aux sources, c’est aussi se rappeler l’histoire de la liberté de la presse. Toute la lutte du XIXᵉ siècle en France et dans les pays voisins tourne autour de la lutte contre la censure qu’on appelait « Anastasie » avec ses ciseaux. Quand Polignac, ministre de Charles X, a voulu rétablir la censure par des ordonnances, il a déclenché la révolution de Juillet contre la censure. Mais la liberté de la presse a connu encore différents avatars. Sous la monarchie de Juillet, sous le Second Empire, sous les débuts de la Troisième République, il y eut régulièrement le retour de la censure. Il faut attendre la grande loi de 1881 pour fonder durablement la liberté de la presse. Son article 1 est simple et merveilleux. Il faudrait y revenir, voici son texte : « La presse et l’imprimerie sont libres. » C’est ce qui est resté la règle, en dehors des périodes de guerre, jusqu’en 1972. Année funeste où a été votée la loi Pleven, première étape d’un resserrement progressif puis d’une disparition des libertés. D’abord par l’extension progressive de son contenu en France, l’extension des incriminations – j’en ai cité quelques-unes – et par son imitation dans la quasi-totalité des pays européens. Face à l’extension permanente de nouveaux sujets de poursuites, il faut, là aussi, un choc de liberté. Aujourd’hui, l’Europe a besoin d’un double choc, d’un choc de liberté et d’un choc d’identité. Ces deux chocs sont liés car il n’y a pas d’identité européenne s’il n’y a pas de liberté européenne, et il n’y a pas de liberté européenne sans identité. Liberté et identité, c’est le combat central. Nous ne pouvons sauver l’une que si nous sauvons l’autre. Les deux sont liées. Nous devons retrouver les sources, les fondements des libertés européennes.

Toutes les interventions au colloque de l'Iliade du 6 avril 2024 cliquez là

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