jeudi, 16 mai 2024
Vers l’interdiction de la croix celtique ?
Jérôme Bourbon, Rivarol cliquez ici
SE DIRIGE-T-ON vers l’interdiction pure et simple de la croix celtique en France ? Cela paraît délirant mais ce n’est pas hélas improbable compte tenu de la folie répressive actuelle. Après le succès de la manifestation organisée par le Comité du 9 mai en hommage au militant nationaliste Sébastien Deyzieu, mort il y a trente ans en tombant d’un toit alors qu’il était poursuivi par la police de Charles Pasqua, alors ministre de l’Intérieur du gouvernement de cohabitation dirigé par Edouard Balladur, à la suite de sa participation à une manifestation interdite contre l’impérialisme américain, le député socialiste du Calvados, Arthur Delaporte, propose dans Libération daté du lundi 13 mai d’interdire purement et simplement l’usage de la croix celtique dans notre pays. Il faut dire que le Système a été ulcéré par la réussite d’un rassemblement pacifique se déroulant sans que se produisît le moindre incident (cela change des manifestations de gauche et d’extrême gauche ou des défilés syndicaux qui ont presque toujours leur cortège de casseurs !) réunissant près d’un millier de jeunes participants en plein Paris le samedi 11 mai après que le tribunal administratif eut cassé la décision préfectorale d’interdiction de la manifestation au motif que l’arrêté du préfet portait une atteinte grave et disproportionnée à la liberté de manifester. Cet acte d’indépendance de la justice administrative étonne positivement quand on sait que cette dernière se fait trop souvent la simple chambre d’enregistrement des décisions gouvernementales ou préfectorales, on l’a vu notamment au moment des crises covidesques où elle a validé toutes les décisions liberticides de l’Exécutif portant atteinte à la liberté de circulation, de manifestation, de réunion et de culte et on s’en est également aperçu lorsqu’elle a validé à deux reprises, d’abord en référé à l’été 2022, puis sur le fond au printemps 2024, la décision de la CPPAP (commission paritaire des publications et agences de presse) de nous exclure de ses registres.
Cette décision du tribunal administratif est une victoire pour les organisateurs du défilé en hommage à Sébastien Deyzieu qui ont su trouver les arguments juridiques de nature à convaincre les juges. Mais elle est aussi et surtout un camouflet pour le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, et plus encore pour le ministre de l’Intérieur, Gérald Moussa Darmanin. N’oublions pas en effet que c’est après le défilé du 6 mai 2023 en hommage à Sébastien Deyzieu qui avait indisposé la gauche que le locataire de la Place Beauvau avait pris une circulaire ahurissante interdisant de manière systématique, à Paris et sur tout le territoire national, toute manifestation « de l’ultra-droite et de l’extrême droite ». Toute manifestation, c’est-à-dire des défilés, des colloques, des banquets, des offrandes florales à la sainte de la patrie, un hommage à un défunt dans un cimetière. Cette décision du tribunal administratif prise le samedi 11 mai 2024 au matin, quelques heures seulement avant le début du défilé pour Sébastien Deyzieu, marque-t-elle un coup d’arrêt à cette dérive liberticide du gouvernement désireux de complaire à de puissants groupes de pression, toujours les mêmes, ou est-elle seulement une victoire à la Pyrrhus qui ne changera rien sur le fond dans la durée ? Il est encore trop tôt pour le dire mais saluons pour l’heure cette humiliation pour le sinistre Darmanin. On se réjouira également que les défilés et manifestations en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc aient pu avoir lieu normalement cette année, le dimanche 12 mai, qu’ils aient pu se tenir sans encombre et n’aient pas été interdits en amont.
LA GAUCHE étant connue pour son esprit sectaire voire totalitaire, elle ne saurait bien sûr accepter que les nationalistes et identitaires puissent eux aussi défiler dans la capitale pour rendre hommage à l’un de leur camarade décédé dans des conditions dramatiques. C’est pourquoi elle propose d’aller encore plus loin dans la répression. Il n’est donc finalement pas si surprenant qu’un député socialiste ose proposer l’interdiction de la croix celtique alors même que cet emblème immémorial est au cœur de nos traditions et de nos civilisations et que, si on le voit dans tous les cimetières d’Irlande, il est aussi présent en France dans nombre de monuments, de peintures et de sculptures et notamment au faîte de certaines églises. Thierry Bouzard a précisément consacré il y a quelques années un très intéressant ouvrage à la croix celtique qui démontre de manière documentée, précise et indiscutable à quel point ce symbole est ancré dans notre histoire et répandu dans notre civilisation (NDLR SN : voir ci-dessous). L’élu socialiste Arthur Delaporte, qui se comporte en cloporte, annonce donc à Libération — qui recueille religieusement son initiative — le dépôt rapide d’une proposition de loi destinée, tenez-vous bien, à pouvoir « interdire tout symbole utilisé par des associations reconnues comme anticonstitutionnelles et contraires aux principes d’amitié contre les peuples ». Rassurez-vous, le député ne vise pas là les associations communautaires juives, de la LICRA à l’OJE (Organisation juive européenne) en passant par l’Observatoire juif de France (OJF) qui ne trouvent rien à redire, mais vraiment rien, au génocide en cours des Palestiniens à Gaza et à la famine organisée par l’entité sioniste désireuse de se débarrasser des « animaux humains » que seraient les Gazaouis selon les propos publics du ministre de la Défense israélien. Non, le député Delaporte, que les électeurs auraient dû mettre à la porte, vise là exclusivement les associations et groupements nationaux et nationalistes.
« Il faut, gémit-il dans Libé, nous protéger contre les ennemis de la République et de la démocratie. Aujourd’hui l’article R645-1 de notre code pénal interdit le “port d’un insigne ou un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle” à l’issue de la Seconde Guerre mondiale par le très contestable tribunal militaire international de Nuremberg, “soit par une personne reconnue coupable par une juridiction française ou internationale d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité”. Donc les nazis. Et uniquement leurs organisations reconnues comme telles. Résultat : on interdit la vente de drapeaux avec une croix gammée mais on peut se balader dans Paris avec une croix celtique alors que c’est aussi un symbole suprémaciste blanc, ethnodifférentialiste. Je propose donc de nous inspirer de ce que font les Allemands : interdire tout symbole utilisé par des associations reconnues comme anticonstitutionnelles et contraires au principe d’amitié contre les peuples. En changeant la loi, on pourrait interdire l’utilisation de la croix celtique puisqu’elle a été l’emblème de plusieurs groupements dissous en France. […] Il faut d’urgence muscler notre droit pour renforcer notre arsenal juridique. Pouvoir interdire ces manifestations et ces emblèmes qui participent de l’usage d’une symbolique tout en garantissant nos valeurs fondamentales. Ce qui a fait la force du nazisme, c’est aussi l’usage des symboles sur les masses. »
CE QUE le député Delaporte ne dit pas, c’est que la croix celtique n’a jamais été utilisée comme emblème par l’Allemagne nationale-socialiste et tout ramener au nazisme est grotesque et prouve de surcroît une certaine forme d’inculture, hélas très courante aujourd’hui, même chez les élus de la République. Et pour justifier cette nouvelle mesure liberticide, le député convoque sans surprise l’histoire (écrite par les vainqueurs) et la Mémoire : « Nous allons entrer dans une séquence de commémorations des 80 ans du Débarquement en Normandie. Je rappelle que la manifestation interdite du 7 mai 1994, au cours de laquelle meurt accidentellement le militant de l’Œuvre française à qui rendent hommage ces néofascistes chaque année, avait été organisée contre l’organisation des 50 ans du débarquement des Alliés, parce qu’ils ne voulaient pas que l’on commémore la fin du régime hitlérien ! Dans trois semaines, on rendra hommage à ces combattants qui nous ont libérés du nazisme. Comment accepter qu’on laisse s’afficher des symboles en plein Paris accompagnés de saluts hitlériens ? » On se demande où le député a vu dans ce défilé pacifique et remarquablement organisé des « saluts hitlériens » (il serait d’ailleurs plus juste historiquement de parler de saluts romains ou olympiques) mais, qu’importe, l’essentiel pour ces gens n’est pas de dire la vérité mais d’asphyxier sans cesse nos libertés.
Alors que les crimes et les délits, y compris les plus barbares, explosent dans notre pays, le Parlement n’a donc pas d’autre priorité que d’interdire la croix celtique. Et également d’euthanasier les vieux (et à terme aussi les autres) puisque le projet de loi appelé pudiquement sur la fin de vie va être examiné à partir de cette semaine par l’Assemble nationale. Le Parlement se garde bien également de condamner les crimes perpétrés par l’entité sioniste. Lors du dîner annuel du CRIF le 6 mai dernier, le Premier ministre Gabriel Attal, rappelant explicitement sa judéité, a justifié sans réserve l’action meurtrière de Tsahal à Gaza et n’a pas eu un mot de compassion, pas un seul, pour la population civile palestinienne martyrisée. Quant à l’Eurovision, où l’on exclut la Russie mais où Israël est membre de plein droit (l’entité sioniste serait-elle géographiquement en Europe ?), ce qui a suscité fort heureusement en Suède où se tenait cet événement certaines réactions outrées compte tenu des crimes commis par un Etat sioniste, terroriste, assassin et voyou, elle a fait étalage de mauvais goût, de pornographie, de satanisme (la chanteuse irlandaise était ainsi grimée en sorcière avec un accoutrement effrayant) et d’homosexualisme, le chanteur suisse qui a gagné la compétition, Nemo, se définissant comme non binaire (Libé salue avec enthousiasme « le monde queer de Nemo »). Pauvre Europe ! Jusqu’où est-elle tombée ?
Face à toutes ces immondices, recommandons-nous de sainte Jeanne d’Arc, fêtée dimanche dernier, et de la Vierge Marie, la vraie première Dame de France célébrée tout particulièrement en ce mois de mai qui lui est consacré, « le mois le plus beau » comme nos pères le clamaient dans un cantique populaire, simple et attachant.
Editorial de Jérôme Bourbon publié dans le n°3614 (15 mai 2024) de l'hebdomadaire Rivarol.
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