mercredi, 18 juin 2025
Jérôme Guedj ou les manipulations d’un grand hypocrite de la politique
Michel Festivi
Dans un discours délirant et emphatique à souhait, voire ridicule par bien des aspects, Jérôme Guedj a, lors du dernier congrès socialiste, traité Jean Luc Mélenchon « de salopard antisémite », provocant le désarroi des socialistes fauristes qui ont été sommés par le grand Timonier et ses lieutenants, dont l’inénarrable Manuel Bompard, d’émettre des excuses publiques. Comme à son habitude, Olivier Faure, qui ne peut survivre politiquement que grâce à LFI les a très courageusement renvoyés dos à dos. Guedj a effectué un rétropédalage, hier, en s’excusant du terme « salopard », indiquant que le qualificatif « d’antisémite », se suffisait à lui-même.
Au-delà de cette polémique intra-gauchiste, qui ne peut, nous, que nous réjouir de voir ainsi des vrais-faux amis de 30 ans s’étriper de la sorte publiquement, Jérôme Guedj se paie à peu de frais une virginité anti-Lfiste, alors qu’il fraie avec le mélenchonisme depuis des lustres, reprenons le fil de cette histoire.
Adhérent du PS depuis 1993, Guedj se situe immédiatement dans le courant le plus à gauche, La gauche socialiste, fondée justement par Mélenchon, et devient son assistant parlementaire. À noter que Julien Dray fera aussi partie de ce courant et que l’an passé, il a aussi écrit un livre à charge sur le même Mélenchon. Les gauchistes se mangent entre eux. Quelle délectation !
Guedj a toujours milité le plus à la gauche possible du PS. Il a toujours combattu Manuel Valls par exemple, qui se situait, lui, à la droite du PS et qui multipliait les propos anti-islamistes. Guedj deviendra porte-parole de Benoît Hamon, c’est tout dire. Il est élu député de l’Essonne en 2022, comme candidat de « la nouvelle union populaire écologique et sociale », donc allié avec LFI. Il fera toujours partie des députés socialistes ultra favorables à l’union de la gauche avec LFI, regrettant même qu’il ne put y avoir de listes communes aux élections européennes de juin 2024.
Certes à partir du 7 octobre 2023, ses positions vont sensiblement évoluer, traitant les Lfistes « d’idiots utiles du Hamas ». Il se porte pourtant candidat en 2024 dans le cadre des accords du Nouveau Front populaire, refusant contradictoirement de porter les couleurs de cette coalition, c’est ainsi, que son ancienne suppléante Hella-Kribi-Romdhane, sera candidate contre lui, soutenue par le France insoumise. Il sera réélu contre une candidate RN, avec le report des voix de LFI, car son ancienne suppléante pourtant arrivée en deuxième position, s’était retirée et avait appelé à voter pour lui. Mais peut-on considérer que Guedj, aurait découvert tout récemment que Mélenchon était « un salopard antisémite » ? À l’évidence non.
C’est là que l’hypocrisie politique est à son comble. Déjà, en septembre 2024, Mélenchon avait invoqué le terme fallacieux et inacceptable « de génocide » à propos de l’action d’Israël contre les terroristes du Hamas. Dans les mêmes moments, le chef des insoumis avait durement attaqué le ministre délégué chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, suggérant que la judéité de ce ministre, en ferait un allié sans condition de Benjamin Netanyahu, sans que Guedj n’intervienne, comme il vient de le faire. Cela à l’opposé de la ministre Maud Bregeon qui avait traité ces attaques de Mélenchon « de sous-entendus nauséabonds ». Termes repris par plusieurs personnalités politiques comme Yaël Braun-Pivet, Aurore Berger etc...
On se rappelle aussi que Mélenchon, le 22 octobre 2023, avait twitté à propos de la présidente de l’Assemblée nationale, qui s’était rendue en Israël, aux lendemains du pogrom génocidaire du Hamas, qu’elle avait « campé à Tel-Aviv ». Imaginons cela dit par un RN !
Pourtant, déjà en 2013, lors d’un congrès du Parti de la gauche, Mélenchon n’avait pas hésité à évoquer en ces termes Pierre Moscovici, alors ministre de l’économie : « qu’il a un comportement de quelqu’un qui ne pense plus en français... ». Qu’a fait à l’époque Guedj ? Imaginons un seul instant la même déclaration dans la bouche d’un RN ! D’aucuns avaient invoqué « un vocabulaire digne des années 30 ». Scandaleusement, Mélenchon avait osé affirmer qu’il ne connaissait pas la religion de Pierre Moscovici ! En 2020, à une réponse à une question d’Apolline de Malherbe sur BFMTV, qui lui demandait si les policiers devaient rester les bras en croix devant les racailles de banlieues, il lui répliquera cette phrase qui en dit long sur sa mentalité profonde : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix, mais je sais qui l’y a mis, parait-il, se sont ses compatriotes ». Là encore imaginons les mêmes mots tenus par un RN, un Reconquête... Le scandale aurait duré des semaines et aurait tourné en boucle sur toutes les chaines du système. Que la classe politique et médiatique peut-être patiente et complaisante avec ce phénomène de la gauche extrême !
Toujours sur BFMTV en octobre 2021, à propos d’Éric Zemmour, Mélenchon énoncera : «il reproduit beaucoup de scénarios culturels liés au judaïsme » ! Ensuite, Mélenchon a défendu la publication des affiches de son parti, à connotations antisémites, représentant Cyril Hanouna le visage caricaturé dans les mêmes traits antisémites que celles de l’hebdomadaire nazi Der Stürmer de Julius Streicher. Là encore, pourquoi Jérôme Guedj n’a pas émis les imprécations qu’il vient de proférer ? Plus encore, Mélenchon insulte et menace, c’est son ADN. Sur France 3, le 16 mars 2025, il répliquait un « taisez-vous » tonitruant au journaliste qui l’interrogeait sur ces affiches, rajoutant mielleusement « il va falloir vérifier tout le temps la religion des gens que l’on caricature ! ». Lui, le féru d’histoire, a même voulu nous faire accroire, qu’il ignorait tout, des affiches nazies des années 1930 et 1940 !
Comme l’écrira, une fois n’est pas coutume un éditorial du Monde, le 21 mars 2025 : « Il ne cesse, à des fins électorales, d’adresser des clins d’œil à la partie de la population qui, y compris dans les quartiers populaires, est sensible aux préjugés antijuifs, cela s’appelle jouer avec le feu... ». Cet édito revient sur la longue tradition antisémite des gauches : « en feignant d’ignorer que ses dérives - (celles de JL Mélenchon) - évoquent de plus en plus celles de certains leaders des gauches de l’avant-guerre. Des aventures qui se sont toujours terminées dans la marginalité et le déshonneur ».
C’est encore Le Monde, qui le 5 janvier 2024, dans un article de Sandrine Cassini avait écrit « le fondateur de la France insoumise a multiplié en dix ans, des propos empruntant aux stéréotypes antisémites ». Dès lors, les imprécations fourbes de Jérôme Guedj sur l’antisémitisme de JL Mélenchon, sont autant d’hypocrisies déplacées que simulées, pour faire du buzz, pour se poser en parangon des vertus « républicaines ».
Guedj fait partie de toute cette équipe sournoise de la gauche socialiste, communiste et même de la macronie et de certains LR, qui ont bien profité politiquement de l’appel au front républicain, pour faire barrage au RN en n’hésitant pas à s’allier avec LFI ou à s’acoquiner avec ce mouvement. Qu’aujourd’hui, il feigne de découvrir « l’antisémitisme » de JL Mélenchon, n’est qu’une posture, une simulation de plus. N’en soyons pas dupe, même si sur le fond, il a totalement raison.
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