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lundi, 08 décembre 2025

Au lendemain des disparitions de Jean-Gilles Malliarakis et de Lajos Marton, hommages et témoignages se multiplient

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Gabriele Adiolfi, No Reporter, cliquez ici

Je l’ai connu il y a quarante-cinq ans, lorsque, avec quatre autres camarades, nous nous sommes établis à Paris pour échapper à la répression politique en Italie.

Nous n’avions alors que très peu de contacts internationaux. C’est grâce à Gilbert, qui avait longtemps vécu en Italie, que, quelques mois auparavant, nous avions rencontré Jacques, Philippe et Olivier : de très jeunes militants du MNR (sans aucun rapport avec le sigle repris plus tard par Mégret). Il était le chef de ce mouvement qui devait ensuite devenir Troisième Voie.

Certains de ses militants nous accueillirent et nous apportèrent leur aide. Je le rencontrai d’abord à la Librairie Française, puis dans un bureau politique situé près de la station de métro Liège, qui, à l’époque, n’ouvrait qu’à des horaires réduits. Derrière son bureau, par sa manière de recevoir et par sa posture, il rappelait vaguement Mussolini au « Covo » de la via Cernobbio, à Milan. Du reste, Jean-Gilles Malliarakis a toujours profondément admiré Mussolini.

L’entente ne fut pas immédiatement totale, car, de tempérament réservé, il n’entrait pas d’emblée en familiarité. Pourtant, il n’hésita pas à financer trois numéros de Terza Posizione que nous imprimâmes à Paris et diffusâmes ensuite en Italie.

Nos orientations politiques, abstraction faite des spécificités de nos cadres nationaux respectifs, étaient très proches : pour l’Europe, hors des deux blocs, dans une Troisième Voie (ou Position).
Chaque matin, il enregistrait un bref bulletin politique sur le répondeur de la librairie – et du mouvement – qui se concluait invariablement par ces mots : « L’Europe sortira de sa tombe ! »

Puis je quittai Paris. En 1987 ou 1988, il lança l’une des premières tentatives de coordination politique européenne : le Groupe du 12 Mars, qui, m’a-t-il expliqué récemment, ne doit pas son nom à une référence historique, mais simplement à la date de sa première réunion. J’y participai.

Par affinités idéologiques et humaines, je suis resté très lié à plusieurs membres deTroisième Voie (parfois déjà militants à l’époque du MNR, comme Daniel Gazzola).

J’avais perdu Jean-Gilles de vue, avant de le retrouver lorsqu’il animait une émission sur Radio Courtoisie ; c’était, je crois, autour de 2008.Je n’ai pourtant jamais cessé de suivre son parcours : toujours passionné, entier, s’y consacrant corps et âme.

Il menait des combats économico-sociaux et syndicaux, poursuivant avec ténacité une ligne corporative. Il se consacrait aussi à l’étude et à l’écriture d’ouvrages d’histoire, destinés à préserver une idée, à protéger notre société non seulement d’elle-même, mais aussi de ses ennemis extérieurs.

Je dois reconnaître qu’il avait vu plus loin que moi. Dès 2008, alors que je croyais encore à la bonne foi des Russes, il soutenait qu’ils œuvraient contre nous. Il me fallut au moins sept années supplémentaires pour comprendre qu’il avait raison.

Autre sujet pour lequel les sots l’auront injustement tourné en dérision ou regardé avec condescendance : son alerte constante et minutieusement documentée sur le danger communiste. Celui-ci n’a nullement disparu : il s’est simplement transformé et a même conquis des esprits et des consciences parmi les « nationalistes ».

Je ne sais pas s’il a pu achever son livre sur la Chine, qu’il considérait comme un danger encore plus grand ; mais, en militant cohérent, entier et passionné qu’il a toujours été, il m’a confié il y a un an qu’il espérait voir l’Europe conclure un accord avec les Chinois afin de ne pas se soumettre aux chantages américains.

Ces dernières années, nous nous voyions régulièrement. Il venait souvent prendre la parole — ou simplement écouter — aux dîners organisés par les Amis de Daniel Gazzola, que nous avons créés après sa disparition soudaine en 2019.

Intelligent, cultivé, courageux tant physiquement que moralement, tenace et plein d’ironie, cet Européen au E plus que majuscule, à la fois grec et français, amoureux de l’Italie (il lisait parfaitement et parlait fort honorablement la langue de Dante, jusqu’à réciter des discours du Duce), esprit méditerranéen mais sobre, était d’une compagnie extrêmement agréable.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par les Russes, nous avions pris l’habitude de boire, à la santé de nos détracteurs, un Coca-Cola. Vous vous souvenez tous, je suppose, du délire qui s’est déclenché alors, lorsque beaucoup crurent à la propagande — d’ailleurs éphémère — du Kremlin prétendant livrer guerre au « Grand Satan américain ».

Ce n’était pas le cas, cela ne pouvait pas l’être : la réalité était tout autre. Évidemment, quiconque ne se rangeait pas du côté des Russes était supposément payé par la CIA… donc nous aussi.

Le temps est un honnête homme, et il se moque de ceux qui perdent le nord. Aujourd’hui — exactement comme nous l’avions dit dès le départ — les Russes sont ouvertement aux côtés des Américains. Peut-être que la Coca-Cola, s’ils avaient le sens de l’ironie, les autres devraient commencer à la boire. Parmi eux, soit dit en passant, j’aimerais en connaître un seul, un seul, qui ait été, comme moi, l’objet de calomnies diffamatoires de la part d’agents américains. Mais ce serait trop demander.
Nous en riions de bon cœur. La stupidité et la calomnie vont toujours de pair, et, au fond, en être la cible est presque un signe positif ; s’en offusquer, c’est manquer d’esprit.

Nous nous appelions souvent. Il me demandait toujours des nouvelles de « Giorgia», passionnément admiratif de l’action menée depuis trois ans par la Première ministre italienne. Abonné à plusieurs journaux italiens, fin connaisseur de l’Italie et du néofascisme italien — il s’est toujours enorgueilli de son combat pour la libération de Giorgio Freda, « l’éditeur emprisonné » —, à la différence du public nationaliste français, ignorant de ce qui se passe en Italie et de l’œuvre de cette grande femme, il savait de quoi il parlait. Et cela aussi — savoir de quoi l’on parle — est devenu une qualité rare, qui n’a jamais fait défaut à Jean-Gilles.

Notre dernier appel, long de 12 minutes et 31 secondes (Big Brother dans le smartphone…), remonte à six jours avant son intervention cardiaque, qui pourtant ne semblait pas présenter de complications particulières.

« Le thème de Sparte — auquel est consacré notre “colloque à table” de lundi prochain à Paris — m’est particulièrement cher. Je voudrais intervenir, si je ne suis pas mort. »
Cela devait être une plaisanterie pour dédramatiser. Et pourtant…

À présent, Jean-Gilles est lui aussi parti monter la garde auprès des luzeros, auprès des lumières célestes ; et c’est de là-haut — ou du fond de nous-mêmes — qu’il continuera de nous bénir de cette pointe d’ironie avec laquelle il a toujours embelli et allégé sa ténacité, sa philosophie, son intelligence et son savoir, toujours au service d’une cause commune, mais sans promiscuité, avec à la fois la distance et l’engagement de celui qui cherche la fusion et non la confusion.

Ce grand Grec, ce Français, cet Européen, ce camarade et cet ami ne nous manquera pas : il ne peut pas nous manquer, car il reste présent.

Pour visionner l'émission Synthèse du 29 décembre 2021 sur TV Libertés avec Jean-Gilles Malliarakis et Gabriele Adinolfi cliquez ici

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NOUS AVIONS DEUX CAMARADES

Françoise Monestier Le Nouveau Présent cliquez ici

• Jean-Gilles Malliarakis

Signe du ciel, « Mallia » — orthodoxe de rite grec convaincu — nous a quittés le jour de la Saint-Ambroise de Milan, honoré comme saint par l’église orthodoxe comme par l’église catholique, patron des apiculteurs et fin connaisseur de la littérature patristique grecque.

Cet infatigable militant de la cause nationale a toujours défendu avec passion les causes qui nous sont chères et a toujours considéré le communisme comme le pire des systèmes. En effet, il connaissait le bolchevisme sur le bout du doigt, comme le prouvent les nombreux ouvrages qu’il consacra au sujet, qu’il s’agisse des liens entre islam et communisme largement traités dans La Terreur Rouge ou des liens entre Moscou et Berlin qu’il évoque dans Le Pacte Hitler- Staline (1). Cet orateur né savait mobiliser les foules et remplissait l’amphi de Sciences Po quand la rue Saint-Guillaume n’était pas un ramassis de militants radicaux gagnés à la cause de l’islam. Jean-Gilles était surtout un homme cultivé qui aimait les livres au point d’avoir racheté la Librairie d’Henry Coston, rue de l’Abbé Grégoire et d’avoir fait de cette petite boutique un véritable bastion où se retrouvaient tous les militants parisiens, jeunes et vieux, roycos, nationalistes révolutionnaires, cathos tradis ou adorateurs de Thor.

Je l’avais connu en 1968, lors du retour d’exil du capitaine de Légion Pierre Sergent, amnistié par un certain de Gaulle. La rencontre avait eu lieu dans une forêt aux environs de Paris. Nous étions une soixantaine de militants – très peu de militantes—  à attendre l’ancien patron de l’OMJ. Jean-Gilles faisait partie de ceux-là. Je n’ai pas oublié sa fougue, son enthousiasme, la justesse de ses analyses et son talent pour mobiliser des jeunes et créer des mouvements dont nombre d’aficionados ont encore la nostalgie. J’appréciais surtout sa défense et illustration du régime des Colonels, ses liens avec la Grèce et sa parfaite connaissance de cette civilisation dont nous sommes issus. Orateur de talent, il avait choisi, à une certaine époque, de causer dans le poste, plus particulièrement à Radio-Courtoisie. Ces dernières années, il défendait une certaine forme de libéralisme économique sur son site L’Insolent qui regorgeait également de chroniques politiques dans lesquelles il menait la vie dure aux wokistes et aux responsables de toutes les dérives actuelles de notre monde à la dérive.

La veille de l’enterrement de Jean-Marie Le Pen en janvier dernier, nous nous étions réunis à une petite quinzaine pour rendre hommage au fondateur du Front national au cours d’un dîner empreint de nostalgie. Sans le savoir, c’était la dernière fois que je voyais Jean-Gilles.

• Lajos Marton

Ce même 7 décembre s’est éteint un autre et émérite combattant antibolchevique, Lajos (Louis) Marton qui, né en 1931 et officier d’aviation, avait participé en 1956 à l’insurrection de Budapest, ce qui le contraignit à fuir la Hongrie (où il devait être condamné à mort par contumace en 1959) pour rejoindre la France où il continua à mener le combat contre le soviétisme. Sa participation à l’OAS et notamment à l’attentat du Petit-Clamart dirigé contre De Gaulle en août 1962 à l’instigation du colonel Bastien-Thiry devaient lui valoir une seconde condamnation à mort par contumace. Ayant épousé une Française, et parlant parfaitement notre langue, Lajos Marton fut toutefois naturalisé en 1978. Il devait ensuite écrire deux livres, Il faut tuer de Gaulle en 2002 puis Ma vie pour la patrie en 2011,tous deux traduits en hongrois.

A Dieu, camarades !

17:52 Publié dans Nous avions un camarade... | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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