vendredi, 25 mars 2011
Le père Michel Lelong : en soutane et en babouches...
Par Robert Spieler
Article publié dans Rivarol n°2991 du 18 mars 2011 :
Le père Michel Lelong est ce prêtre catholique, proche de la sensibilité traditionaliste, qui témoigna en faveur de Maurice Papon, dont il célébra les obsèques et qui apporta son soutien, aux côtés de l’abbé Pierre, à Roger Garaudy lors du scandale qui suivit la parution de l’ouvrage Les Mythes fondateurs de la politique israélienne. Ce curieux personnage est aussi devenu une cheville ouvrière du dialogue entre Rome et la Fraternité Saint Pie X.
Né en 1925 dans une famille de sensibilité traditionaliste et résistante, il découvre sa vocation en 1940 après avoir vu l’Appel du silence, un film relatant la vie de Charles de Foucault. Ordonné prêtre à Carthage en 1948, il devient père blanc, obtient une licence d’arabe et vit près de vingt ans en Tunisie. Il est chargé en 1975 du dialogue islamo-chrétien, dans le cadre du conseil pontifical pour les dialogues interreligieux et fait paraître plusieurs livres dont J’ai rencontré l’islam et L’islam et l’Occident. Il fut chroniqueur régulier de l’hebdomadaire Famille chrétienne, dans les années 1985, dénonçant le relativisme doctrinal, le laxisme moral et les abus liturgiques, citant régulièrement Joseph Ratzinger. Il intervient aujourd’hui régulièrement sur Radio Courtoisie.
Un étrange prêtre
Son interview, parue dans le bimensuel Flash du 10 février, laisse pantois. Voilà ses propos : « Si dans les prochains mois, l’islam politique arrive au pouvoir (dans les pays musulmans), cela ne sera pas une difficulté pour les chrétiens. Il faut, comme au temps du Prophète, que les chrétiens jouissent d’une liberté religieuse complète (…). Chrétiens et musulmans peuvent vivre ensemble, mais à la seule condition que le gouvernement se réclamant de l’islam soit fidèle aux principes islamiques ». Poursuivons : « Les chrétiens ont tout avantage à des gouvernements islamo-conservateurs. Les chrétiens ne peuvent que se réjouir d’un gouvernement se référant à la foi en Dieu. Un gouvernement musulman peut apporter avec les minorités chrétiennes, plus de justice… » Et de citer en exemple le Hezbollah au Liban, le Hamas en Palestine et l’AKP d’Erdogan, au pouvoir en Turquie, sans oublier le Hamas algérien, qui participe au pouvoir. Les chrétiens persécutés ou massacrés en Irak, en Indonésie, en Egypte ou au mieux traités en dhimmis apprécieront la hauteur de vue du père Lelong.
Mais lisez attentivement la suite : « Quant à ceux qui prétendent que le Coran est un message de haine, cela veut tout simplement dire qu’ils ne le connaissent pas ou l’ont lu de travers. Les versets « violents » du Coran sont liés à un contexte historique très particulier, comme ceux de la Bible, dont les Prophètes ne prêchaient pourtant pas la violence. Le Coran, comme le disait Benoît XVI, est un recueil de valeurs appelant à la justice, à la miséricorde, comme les Ecritures saints pour les chrétiens ». Le Coran ne véhiculerait pas des appels à la haine ? Haine à l’encontre des juifs, des chrétiens et des athées. Les versets tels « Tuez les tous » ne seraient pas des appels à la haine ? Et où est la place de la femme en terre d’islam ? Quant à comparer les contextes dans lesquels apparurent la Bible et le Coran pour « expliquer » les versets violents, il s’agit soit d’une profonde méconnaissance de la réalité du Coran, soit d’une colossale malhonnêteté. Or, il est impossible que le père Lelong ignore que le Coran est sensé être la Parole de Dieu apportée directement sur terre par l’ange Gabriel (nous y reviendrons en conclusion). A ce titre, son interprétation, contrairement à celle de la Bible, est rigoureusement interdite et punie de mort, de même que l’apostasie.
Le père Lelong reste sur une ligne constante : la défense déférente et même admirative de l’islamisme. Il affiche son admiration pour Tarik Ramadan, se prononce contre l’interdiction de diffusion en France de la chaîne libanaise al-Manar, proche du Hezbollah, s’en prend aux « prédicateurs du nouvel esprit de croisade » qui dénoncent le « péril musulman », fait l’apologie de la « tolérance » (???) des premiers califes vis-à-vis des minorités religieuses, et s’est bien entendu rendu au Congrès de l’UOIF. Il estime, en 1995, dans les colonnes du Monde, que les islamistes algériens sont des interlocuteurs dignes de confiance. Il salue comme « un signe de vitalité de la religion musulmane (?) l’existence de l’ « organisation de la conférence Islamiste », qui regroupe les pays islamiques les plus radicaux… On pourrait multiplier les exemples de propos qui dépassent l’entendement. La violence terroriste, les atteintes à la dignité humaine ? Aucun rapport avec l’Islam ! « La violence terroriste, les prises d’otages, les atteintes à la dignité humaine, sous quelque forme que ce soit, sont des actes absolument contraires à l’éthique coranique : celle-ci, en effet, appelle le croyant à l’équité, à la miséricorde, au respect envers tout homme –et toute femme- ainsi qu’à la fraternité entre les races ». Sic…
Le père Lelong tente, avec une perversité totale, de faire l’amalgame entre les trois religions monothéistes, expliquant que « comme le christianisme et le judaïsme », l’islam ne s’identifie pas à une dimension politique, et que « comme eux, il est un message religieux ». Monstrueuse absurdité, puisque chacun sait que l’Islam est une religion totalitaire, une Weltanschaung, une vision du Monde qui englobe aussi le champ du Politique. Le père Lelong ne recule devant aucune forgerie. Il ira jusqu’à écrire : « …Si les Européens avaient mieux connu le message coranique et la personnalité du prophète Mahomet, les traditions et les valeurs de la communauté musulmane, ils auraient découvert que le patrimoine éthique et spirituel de l’islam était une réalité très proche de la civilisation chrétienne… » !!!
L’invasion musulmane de notre terre est bien entendu, pour lui, une chance. C’est l’occasion « d’accueillir les évènements comme un appel à mieux se connaître et à se comprendre ». Il sait se retrancher habilement derrière la déclaration conciliaire « Nostra Aetate » de Vatican II qui comportait l’appel suivant : « L’Eglise regarde avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant , miséricordieux, tout puissant qui a parlé aux hommes (…) Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le passé, et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’ à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ». Il parcourt la France pour « aider les Français à dépasser les réactions de peur, adopter une attitude sereine et juste à l’égard des musulmans : leur relation à Dieu, les rites et les prières, les coutumes et les croyances, leur patrimoine éthique, culturel et spirituel… ». On croirait lire un extrait du Camp des Saints de Jean Raspail, où les collabos qui avaient encouragé et aidé l’invasion furent, au demeurant, les premiers à être abattus par l’envahisseur.
Quelles peuvent être les motivations du père Lelong ? On est en droit de se poser sérieusement la question. Est-ce sa haine d’Israël qui l’amène à se retrouver aux côtés des pires islamistes ? Est-ce une sorte de masochisme pervers ? Il est impossible, comme nous l’écrivions, qu’il ne connaisse pas la réalité de ce qu’est le Coran. Le père Lelong se comporte comme un agent d’influence islamiste en France. Conscient ou inconscient ? Est-il fou ou s’est-il secrètement converti à l’islam ? La question mérite d’être posée très sérieusement.
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