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lundi, 14 mai 2012

«L'Aube dorée» se lève sur la Grèce...

imagesCAZP3PSH.jpgPar Fabien Collet

 

Le 6 mai dernier, une autre élection a eu lieu à l'extrémité est du continent européen. En effet, les Grecs étaient appelés à désigner les 300 députés du Parlement (la «Vouli»). Comme le système politique grec est infiniment plus démocratique que la Ve République française, il y a une chambre unique et le vote à lieu à un tour, à la proportionnelle. Pour avoir des députés, il faut réunir au moins 3% des voix au niveau national.

 

Dès 2009, les nationalistes ont fait leur entrée dans l'hémicycle parlementaire grec. En effet, le «Rassemblement Populaire Orthodoxe», désigné plus couramment par ses initiales (LAOS), avec 5,63% des voix, avait 15 députés. Pendant trois mois (11 novembre 2011 au 10 février 2012), ils ont fait partie de la coalition gouvernementale avec deux ministres, entérinant ainsi certaines mesures d'austérité. Finalement, en février dernier, devant un nouveau plan massif d'austérité, ils ont préféré ne plus être associés aux décisions gouvernementales, d'autant que des élections législatives étaient prévues. Une lourde faute politique aux yeux des Grecs puisque les électeurs ne lui ont accordé, le 6 mai, que 2,90% des voix, soit un score qui les a exclus du parlement.

 

A l'inverse, un parti, Chryssi Avyi («L'Autre Dorée») a pris sa place avec brio puisque, grâce à 6,97% des voix, il a obtenu 21 députés. D'orientation plutôt nationale-socialiste à ses débuts, le parti avait cessé ses activités en 1992, avant d'être relancé en 2003 par son dirigeant actuel, Nicolaos Michaloliakos.

 

L'Aube Dorée a pour emblème la figure géométrique du méandre (qui symbolise la bravoure et le combat sans fin, selon lui), figuré en noir sur un fond rouge, et la plupart de ses militants sont des jeunes gens. L'Aube Dorée cultive la nostalgie du «mouvement du 4 août», c'est-à-dire la dictature instaurée par le général Metaxas (1936-1941) qui était assez comparable au salazarisme. Une des caractéristiques de ce régime a été sa résistance farouche à l'attaque italienne de 1941, repoussant les troupes de Mussolini jusqu'au sud de l'Albanie, puis à l'attaque allemande. Le drapeau officiel grec de cette époque (croix blanche sur fond bleu ciel) figure souvent dans les manifestations organisées par L'Aube Dorée. Il a aussi une branche à Chypre (avec pour symbole une épée). Aux élections législatives de 2009, L'Aube Dorée n'avait obtenu que 0,28% des suffrages. Mais, en 2010, son dirigeant avait été élu conseiller municipal à Athènes.

 

Le tout récent succès électoral de L'Aube Dorée s'explique pour trois raisons. La première est que le parti s'est présenté comme patriote et nationaliste, stigmatisant l'attitude de l'Allemagne de Merkel. La deuxième explication tient au fait qu'il a concentré son action sociale sur les banlieues défavorisées des villes (comme Le Pirée, à Athènes). Ses jeunes militants ont distribué des sacs de nourriture et des vêtements aux Grecs nécessiteux, ils ont aidé les personnes âgées à aller chercher de l'argent à leur banque sans se faire détrousser dans la rue, et ils effectuent des rondes dans les quartiers à forte criminalité. Une activité sociale qui a été payante puisque c'est précisément dans ces quartiers que L'Aube Dorée a enregistré ses scores électoraux les plus élevés. Enfin, Nicolaos Michaloliakos a tenu à ce que les candidats viennent de toutes les couches de la société grecque pour que les électeurs puissent s'identifier à des gens proches de leurs préoccupations.

 

Le dirigeant de L'Aube Dorée a pour principe de ne jamais accorder d'interview aux journalistes. Une règle qu'il a enfreint le 7 mai en organisant une conférence de presse. Lors de celle-ci, il a précisé que «les traîtres qui ont mené le pays à la ruine doivent commencer à avoir peur» et que les 21 députés de L'Aube Dorée ne participeront à aucune coalition. Les deux mastodontes de la politique grecque, à savoir La Nouvelle Démocratie et les socialistes du PASOK se sont littéralement effondrés avec respectivement 18,85% des voix (108 députés) et 13,18% (41 députés). Tous les autres partis (dont de nombreuses et nouvelles dissidences anti-européennes de l'un des d'eux comme les Grecs indépendants ou les gauchistes de Syrija, sorte de NPA en version grecque) sont contre les mesures adoptées par le précédent gouvernement technocratique imposé par Bruxelles et Berlin. Aucun parti n'est dès lors en mesure d'avoir la majorité ou de former une coalition. Bizarrement, quand cela ne l'arrange pas, la «si démocratique» Union européenne, et ses relais mondialistes en France et ailleurs, ne se gênent pas pour estimer que les peuples ont mal voté (cf. le traité européen rejeté par les Français, le référendum néerlandais, celui en Irlande, Irlandais qui seront à nouveau consulté le 31 mai sur l'adoption ou non du Pacte budgétaire européen, etc). D'ores et déjà, des pressions (on devrait dire du chantage) s'exercent sur Athènes pour annuler ce si mauvais scrutin et en programmer un nouveau (deux élections législatives en six mois !) vers le 18 juin. Pas sûr que les Grecs apprécient ce énième chantage européen. En réaction, ils pourraient amplifier leurs choix du 6 mai dernier.

 

L'Aube Dorée : cliquez là (en grec) Mouvement du 4 août du général Metaxas : cliquez ici (en anglais)

19:23 Publié dans En Europe et ailleurs... | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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