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mardi, 30 avril 2013

L'union nationale ? Oui. Mais contre les politiciens !

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Nicolas Gauthier

Boulevard Voltaire cliquez ici

S’il est connu pour fort mal gouverner, force est d’observer que le système se défend avec une habileté des plus rouées. D’où ce sondage sorti du chapeau, dimanche dernier, nous assurant, à en croire Le Journal du dimanche, que 78 % des Français appelleraient de leurs vœux « un gouvernement d’union nationale », dont le Premier ministre idéal serait le pittoresque François Bayrou. Le bidule rassemblerait donc droite et gauche – mais évidemment pas le Front national ; bref, une gauche et une droite dont les meilleurs techniciens feraient don de leur personne à la France en ces temps de crise.

La publication d’un tel sondage est peut-être à mettre en regard avec celui publié le même jour par Ouest France, selon lequel 70 % des mêmes Français redouteraient « une explosion sociale ». Un peu comme si cette classe politique décrédibilisée et en passe de se voir honnie tentait une ultime opération de sauvetage. Cette martingale, son homologue italien vient de la mettre en œuvre avec son nouveau gouvernement de coalition emmené par le nouveau Président du Conseil, Enrico Letta, qui succède à Mario Prodi, ancien employé de la banque Goldman Sachs.

Comme un Raffarin, un Fillon, un Ayrault ou naguère un DSK, Letta est un homme interchangeable, un homme sans visage : ancien de la Démocratie chrétienne devenu chef de file du Parti démocrate, il oscille entre centre-gauche et centre-droit sans jamais se départir de son cap : l’Europe supranationale.

Ainsi, ses premières déclarations sont-elles parfaitement univoques, assurant que son gouvernement est « européen et européiste » et que ses premières visites officielles seront pour « Bruxelles, Berlin et Paris ». Paris, c’était d’ailleurs sûrement une clause de style… Car le plus important demeure bien ceci : « La réponse aux problèmes de l’UE réside en une plus grande intégration menant vers une Europe fédérale » ; en un mot comme en cent, il s’agit là de rassurer les marchés financiers. Et de ne surtout pas fâcher l’Allemagne. Allemagne dont la chancelière, Angela Merkel, demeure populaire, à en croire un autre sondage, cité par Le Figaro, « parce qu’en temps de crise elle a surtout défendu les intérêts du peuple allemand »… Fort bien, mais voilà qui devrait déciller les yeux des naïfs persuadés que les véritables décideurs de l’Europe défendent les intérêts de « tous » les peuples européens.

En attendant, une large partie de l’UMPS s’inquiète que l’on puisse froisser la puissante Allemagne. Bizarre, en d’autres temps, on attendait au moins que la guerre ait été perdue avant de collaborer…

En France, que cette « union nationale » soit ou non instaurée, peu importe, le gouvernement de François Hollande continuant de mener la même politique, celle d’Enrico Letta aujourd’hui, celle de Nicolas Sarkozy hier. Le tout, évidemment avec l’actuelle complicité à peine tacite de la droite. D’ailleurs pourquoi exiger avec tambours et flonflons une « union nationale » existant déjà, sauf qu’elle n’a de « nationale » que le nom ?

En Italie, le peuple a tranché. À sa façon. Alors qu’à Rome, Enrico Letta prêtait serment devant le Palais Chigi, siège de la présidence du Conseil, un Calabrais, maçon au chômage depuis trop longtemps, quitté par sa femme et n’ayant plus le droit de voir son enfant, a ouvert le feu et, visant probablement Enrico Latta, n’a heureusement blessé que deux gendarmes et une passante.

Les services de polices ont aussitôt évoqué un « acte isolé », et c’est manifestement le cas. Mais cet « acte isolé » peut aussi être considéré comme signe avant-coureur : après tout, le printemps arabe n’a-t-il pas démarré en Tunisie par un autre « acte isolé » autant que désespéré ? Et Marianne de nous apprendre que, chaque année, 1.200 patrons de PMI et de PME se suicident en même temps qu’ils déposent le bilan. Un jour viendra où ce ne sera pas sur leur tempe qu’il dirigeront le pistolet…

Le principe des révolutions, c’est qu’on sait rarement quand elles viennent et d’où elles surviennent. Mais quand elles arrivent, il est souvent trop tard pour jouer les étonnés.

08:56 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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