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mardi, 20 mai 2014

Nouvelle « loi famille » : des apparences de vertu…

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Gabrielle Cluzel

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La famille, on le sait, c’est l’enfant battu du gouvernement. Le souffre-douleur, sur lequel on cesse de s’acharner quelques temps quand, après un gnon plus gros que les autres, la maîtresse a fait les gros yeux, mais auquel on revient dès que celle-ci a le dos tourné. Avec plus de prudence. Rien que des pinçons sous le pull qui ne se voient pas.

Arrive à l’Assemblée un nouveau texte : l’autorité parentale et « l’intérêt de l’enfant ». La précision dès l’intitulé, on le voit, cherche à convaincre… La garde alternée et le statut des beaux-parents, sujets épineux, s’appellent désormais « double-résidence de l’enfant » et « mandat d’éducation quotidienne ». Exit PMA et GPA, mais il n’est pas exclu qu’un jour ou l’autre elles-aussi reviennent, repeintes de frais, sous les noms pimpants – par exemple – « d’accompagnement à la conception » et de « délégation de grossesse ».

Et tout cela, comme d’habitude, a des apparences de vertu. Il faudrait un statut du beau-parent pour faciliter la vie quotidienne. Sur une radio, un beau-père vient témoigner : il a aidé sa femme à élever ses trois filles sans rencontrer le moindre problème. Le journaliste lui rive son clou d’un ton ferme : Oui, mais quid de l’urgence médicale ? L’auditeur s’arrête, interdit, c’est vrai qu’il n’y a jamais été confronté. Ce n’est pas tous les jours, n’est-ce pas, que l’on emmène sa belle-fille mourante à l’hôpital. Mais quelle sorte de médecin refuserait de soigner un enfant en danger au motif que l’accompagnateur n’aurait pas de « statut » ? C’est qu’il ne faudrait plus confier sa progéniture à personne, ni grands-parents, ni baby-sitter, ni nounou, ne jamais la déposer à aucun goûter d’anniversaire ni partir en voyage.

Ce n’est donc pas d’un statut pratique dont a besoin le beau-parent, mais d’un statut symbolique, un statut social, la reconnaissance de tout le mal qu’il se donne… un statut pour lui, en somme, et nullement pour l’enfant, qui se verra doté, à son corps défendant, d’un parent supplémentaire « low cost » venant interférer dans des décisions d’éducation déjà compliquées à prendre à deux. Et si d’aventure ce nouveau parent social se brouillait avec le parent biologique, gardera-t-il malgré tout son statut – avec le risque qu’au fil des unions, il faille réunir un vrai conseil d’administration pour décider du choix du lycée ? Ou sortira-t-il de la vie de l’enfant aussi arbitrairement qu’il y est rentré ?

La double-résidence, également, semble relever de la justice… la justice façon roi Salomon, coupons l’enfant en deux, ce sera d’une équité rigoureuse pour chacun des deux parents. Mais ce nomadisme perpétuel, avec le doudou, la brosse à dents, le pyjama toujours dans le cartable, quel adulte le supporterait ? Et le père et la mère sont-ils par nature si interchangeables qu’ils puissent se substituer l’un à l’autre sans dommage ?

Sans doute, et on peut le comprendre, nombre de pères souffrent de ne pas voir assez leur enfant, n’admettant pas que l’égalité des sexes s’arrête à la porte du juge aux affaires familiales.

Sans doute, et on peut le comprendre, les parents rêvent d’une famille recomposée « Ricoré », où l’on pourrait réparer une erreur de casting passée, et créer des liens de papier à défaut de liens de sang entre ceux que l’on aime.

Mais si Salomon, justement, en son temps, avait eu raison ? Si le signe d’un amour véritable n’était pas la justice, mais le sacrifice ? Le sacrifice de soi pour son enfant ?

Mais si tout cela, surtout, en confortant la confusion entre père et mère, en instituant la « parentalité pour tous » afin d’ouvrir à tous vents les frontières de la famille qui ne relèvera plus du droit du sang mais du droit du sol, visait encore une fois à « sniper » une institution aux valeurs par trop réactionnaires ?

11:36 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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