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mardi, 11 novembre 2014

Tribune libre : « L’EUROPE PUISSANCE » NE SE FERA PAS SUR LES CADAVRES DES ETATS NATIONS

3912090810.2.JPGJean-Claude Rolinat

On peut comprendre les aspirations identitaires des Basques, des Catalans, des Ecossais, des Flamands pour ne prendre que ces exemples européens où de fortes minorités sont à la pointe du combat séparatiste. Il n’en est pas moins vrai que l’échec récent des deux (1) consultations écossaises et catalanes sanctionne cet élan vers l’atomisation des vieilles nations européennes.

Entre l’impératif de l’intégrité territoriale et l’ardente exigence identitaire, il y a, heureusement, des alternatives à la sécession,  laquelle  est  génératrice de guerres et de désordres comme nous avons pu le constater lors de l’éclatement de feu l’Empire Austro-Hongrois. Sans oublier, plus récemment, la mort de l’ex-Yougoslavie. Loin de moi l’idée de vouloir cadenasser des peuples dans un carcan étatique considéré comme une prison. Mais l’histoire est là, cruelle. Tous les historiens sérieux savent que si  l’Autriche-Hongrie s’était réformée sur une base fédérale, reconnaissant à chaque nation le droit d’avoir son Etat dans la Fédération impériale, les prédateurs de l’Ouest comme de l’Est n’auraient pu  occuper, dissoudre et recomposer à leur gré ce vaste espace géographique. A quoi ressemble la Bosnie, éclatée entre trois identités, alorsqu’elle était une République unitaire membre de la Fédération yougoslave ? Si cette dernière a violement explosé, c’est en raison de la domination serbe exercée sur les autres peuples fondateurs qui manquaient d’air. D’où la nécessité, pour les Etats Nations, de reconnaitre les spécificités politiques et culturelles de leurs minorités ethniques et autres.

D’une certaine façon, le Danemark avec les iles Féroé et le Groenland, la Finlande avec les iles Åland, le Portugal avec Madère et les Açores ou l’Italie avec le Haut  Adige,  sont des exemples  à suivre. On peut même aller plus loin, l’essentiel étant que le continent européen ne se morcelle pas encore plus. « L’Europe aux cent drapeaux » serait pain béni pour le globalisme mondialiste  et ses collabos bruxellois, qui n’auraient plus face à eux de grands blocs chargés d’histoire et pesant encore, quoiqu’on en dise, d’un certain poids économique et culturel.( La France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Espagne, ce n’est tout de même pas rien !). A cet égard d’ailleurs, la domination de l’anglais dans le monde scolaire  européen est  regrettable : quid du Français – universel – ou du Portugais parlé au Brésil et partiellement en Afrique ? Alsace, Normandie, Bavière, Sarre, Piémont, Algarve ou Jutland ne pèseraient rien sur la planète. Pas plus ou pas moins que 5 millions d’Ecossais ou 5 à 6 millions de Flamands coupés des Pays-Bas ou de la Wallonie. Justement, la devise de la Belgique est « L’Union fait la force ». Mais elle ne peut correspondre à un réel contenu que si les peuples qui composent un plus grand ensemble peuvent s’épanouir librement, disposant à travers d’organes étatiques de compétences reconnues, mais bordées, laissant à l’échelon supérieur la monnaie,  (aujourd’hui, avec l’Euro, c’est un débat !), la défense et la diplomatie.

La solution, à mon sens, aux problèmes nés de certains irrédentismes, passe par l’égalité des droits, l’autonomie interne des composantes d’une Fédération et, aussi et surtout, à l’ accès de ces dernières  aux institutions communes. Ce qui ne marche pas et ne marchera pas au niveau des 28, peut et doit fonctionner dans le cadre d’un Etat largement  décentralisé ou fédératif. Les exemples dans le monde, certes plus ou moins réussis, ne manquent pas. Toutefois, les  grands acteurs sur la scène mondiale sont des Fédérations : Etats-Unis, Russie, Inde, Brésil, Canada (2), Mexique, Australie etc…(3) Et aucune de ces nations n’a l’intention de se diluer dans un « machin » contraignant, pas plus qu’elles ne sont prêtes à accepter une partition. Le regrettable abcès ukrainien créé par les Occidentaux et alimenté par les Russes ,est emblématique de ce qu’il ne faut pas faire : nier les spécificités ethnolinguistiques d’une partie de son peuple. Si la raison et la sagesse l’avaient emporté, il y a longtemps que les russophones ukrainiens auraient leur Etat au sein d’une Fédération ukrainienne.

Moralité, à chaque niveau de souveraineté, des compétences exclusives. Et le rassemblement autour d’un plus grand ensemble historique n’en sera que plus renforcé. Le principe de subsidiarité est, et sera, de plus en plus un recours.

Notes

(1) Catalogne, en gros : 80 % de « oui » sur 40 % de votants ne font pas une majorité. Que pensent, que veulent les 60 % d’abstentionnistes ? A. Mas, Président de la Généralitat, n’a pas gagné son pari.(Même si les médis disent le contraire).

(2) Tant que le Québec et son peuple canadien   français ne seront pas mis sur un pied d’égalité avec la composante d’origine britannique de la Fédération canadienne, cette dernière sera boiteuse et les séparatistes québécois  fondés à demander l’indépendance.

(3)  La Chine, pays communiste, est la grande exception. Elle a des soucis à se faire avec les minorités tibétaines et surtout avec les musulmans du Sinkiang comme avec les résistants de Hong-Kong.

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