jeudi, 25 avril 2024
Un grand entretien avec Filip Dewinter sur Breizh-Info
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Propos recueillis par Lionel Baland
Filip Dewinter est premier vice-président du Parlement flamand de Belgique et la figure de proue du parti nationaliste flamand Vlaams Belang. Il est également conseiller municipal à Anvers (Antwerpen). Lionel Baland l’a rencontré et interrogé pour Breizh-info lors du congrès des nationaux-conservateurs Natcon 2 à Bruxelles.
Breizh-info : Pourquoi êtes-vous venu ici à la réunion des nationaux-conservateurs ?
Filip Dewinter : Je pense qu’il est important que les nationaux-conservateurs, mais aussi les tenants d’autres tendances, puissent se rencontrer et échanger des idées. L’important est de trouver un consensus sur celles-ci, ainsi que sur les stratégies, à la veille des élections européennes et que ces forces identitaires, conservatrices, nationalistes et autres soient unies au sein du Parlement européen, ce qui n’est pas, en ce moment, le cas. En effet, différents groupes existent et j’espère que toutes ces forces pourront être ensemble et que nous pourrons devenir les deuxièmes, voire, peut-être, les premiers, au sein de cette assemblée. Des réunions comme celle d’aujourd’hui sont donc importantes, car elles accueillent des personnes issues de différents pays, mais surtout de diverses tendances politiques. Des Européens, mais aussi des Américains et d’autres, peuvent trouver un moyen de s’entendre et, pour cela, il faut se parler, échanger des idées, se rencontrer. Nous le faisons ici.
Lors des élections du 9 juin 2024, pour les parlements flamand, belge et européen, sur quelle liste serez-vous présent ?
Je resterai au Parlement flamand, qui est pour notre parti nationaliste flamand, le Vlaams Belang, le seul légitime. J’en suis actuellement le premier vice-président et j’espère, si le scrutin confirme les scores qui nous sont attribués au sein des sondages d’opinion qui nous donnent premiers en Flandre, être, peut-être, candidat à la présidence du Parlement flamand.
Cette fois, vous ne serez pas tête de liste, mais dernier ?
Oui, je suis dernier sur la liste. Je suis un ancien de notre mouvement et cela veut dire que je n’ai plus l’ambition d’en être le président ou la figure de proue, mais seulement de le soutenir avec la popularité dont je dispose encore. Cependant, je serai tête de liste lors des élections communales [municipales] à Anvers en octobre.
Que se passera-t-il si les deux partis nationalistes flamands Vlaams Belang et N-VA disposent ensemble, à l’issue du scrutin, d’une majorité ?
Alors, il faudra briser le cordon sanitaire [qui frappe le Vlaams Belang].
Contrairement à ce qui est prétendu, je n’ai pas l’impression que nous sommes dans une démocratie. Et pas seulement dans le cadre de ce que nous vivons aujourd’hui. Deux salles prévues consécutivement afin d’accueillir l’événement ont été dans l’impossibilité de le faire suite à des pressions politiques et ce jour encore le bourgmestre (maire) de Saint-Josse-ten-Noode Emir Kir, qui est d’origine turque et qui est dirigé par l’AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdoğan, a annoncé, dans des médias belges, qu’il va tenter de tout faire pour interdire ce rassemblement, aujourd’hui, et encore plus demain, alors que la présence du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, du ministre israélien Amichai Chikli et de l’ancien Premier ministre conservateur polonais Mateusz Morawiecki est annoncée.
Mais le fait que ce rassemblement se tienne dans une des communes de la région bruxelloise constitue une victoire pour la démocratie car je tiens à rappeler que, un an auparavant, j’ai tenté deux fois de faire un petit tour dans des communes de la région bruxelloise comme Saint-Josse-ten-Noode et Schaerbeek avec mon grand ami [le président du parti patriotique anti-islamisation néerlandais PVV] Geert Wilders. Nous étions dans l’impossibilité de le réaliser à cause de bourgmestres comme Monsieur Kir et d’autres. Le fait que cette conférence se déroule à Saint-Josse-ten-Noode est symbolique.
L’autre élément anti-démocratique est le cordon sanitaire qui frappe le Vlaams Belang et qui rend les élections inutiles, car les électeurs savent que, même si ce parti arrive premier et obtient un très haut score, il sera exclu du pouvoir à cause des partis anti-démocratiques qui vont perdre les élections, mais seront au pouvoir après celles-ci. C’est la folie totale ! C’est une démocratie bidon installée pour faire plaisir à la population, pour lui faire croire qu’elle a quelque chose à dire, mais, en fait, avec le cordon sanitaire, les élections sont inutiles.
Le côté positif de ces élections est qu’elles permettent de s’exprimer, mais tout le monde sait d’avance que si le Vlaams Belang l’emporte électoralement, il ne sera pas au pouvoir.
Nous avons en Belgique un Premier ministre, Alexander De Croo, dont le parti libéral représente, dans les sondages, 7 % des électeurs en Flandre. Le parti donné comme étant le plus petit dans les enquêtes d’opinion a la possibilité de disposer du poste de Premier ministre. C’est la démocratie « à la Belge » !
Si la N-VA forme une coalition gouvernementale à la région flamande avec le Vlaams Belang, la N-VA ne sera-t-elle pas, elle aussi, placée sous cordon sanitaire par les autres partis politiques aux autres niveaux de pouvoir : belge, provincial, communal ?
J’ai l’impression que la N-VA hésite. Différentes tendances existent en son sein. Une, sous la houlette de Theo Francken, désire briser le cordon sanitaire, travailler avec le Vlaams Belang, réaliser une alliance avec ce parti, car ces gens savent que, s’ils ne le font pas, ils seront dans quelques années, eux aussi, sous cordon sanitaire. Une autre, sous la direction de Bart De Wever, qui est le président de la N-VA [et maire d’Anvers] et qui était autrefois un nationaliste flamand – Je connais bien ses parents qui étaient des électeurs du Vlaams Belang – est sur une autre ligne. Bart De Wever, qui est devenu un politicien comme les autres, désire conserver son poste de bourgmestre d’Anvers. Il collabore avec les socialistes, voire avec les écologistes, afin de rester au pouvoir et de ne pas conclure une alliance avec le Vlaams Belang.
C’est la folie totale. Et c’est aussi la raison pour laquelle la N-VA ne va pas gagner les élections car cette formation politique est ambiguë. Ce parti se prétend conservateur, nationaliste flamand, anti-woke, …, mais, dans la pratique, travaille avec les socialistes, comme à Anvers.
Comment expliquez-vous la chute des démocrates-chrétiens et des libéraux ?
Ce sont des partis traditionnels qui ne correspondent pas à la réalité de la société d’aujourd’hui. Ces clivages gauche/droite d’un point de vue économique et social, communistes/capitalistes ou socialistes/libéraux ne sont plus prégnants. La nouvelle différenciation est celle décrite par Samuel Huntington dans son ouvrage Le Choc des civilisations. La nouvelle confrontation politique a lieu entre, d’un côté, ceux qui défendent une identité et, de l’autre, les mondialistes, les wokistes, les multiculturalistes, … Sur ce nouvel axe, les démocrates-chrétiens, les libéraux, et même les socialistes, n’existent plus. Ce sont de nouveaux partis politiques qui représentent cette confrontation, qui est aussi très présente dans les villes, dans les quartiers, dans les rues, parmi la population. L’islamisme, le multiculturalisme et tout ce qui leur est lié constitue la plus grande menace pour les personnes, mais aussi pour le porte-monnaie. Pour cette raison, je pense que les partis traditionnels sont finis. Les nouveaux partis personnifiant le clivage entre identité et mondialisme, entre nationalisme et multiculturalisme, sont ceux qui ont le vent en poupe.
Les socialistes s’en sont un peu mieux sortis !
Oui, avec 14 à 15 % ! Le Parti socialiste a connu des scores de 25 à 30 % dans le passé. Ces formations politiques sont devenues très médiocres. En Flandre, les libéraux sont donnés à 7 %. Les démocrates-chrétiens, qui avaient 25 à 30 ans auparavant 30 à 35 %, sont donnés à environ 10 à 12 %. Les partis traditionnels sont sur la fin. Ils n’existent plus. Le futur est, d’une part, aux partis défendant une identité et, d’autre part, aux partis multiculturalistes.
En Flandre, le Parti du travail de Belgique (PTB) est-il aussi un parti multiculturaliste ?
Oui, très multiculturaliste et fortement en faveur de l’islam. C’est incroyable ! C’est un parti communiste. Je pense que c’est le seul parti maoïste qui existe encore ouvertement en Europe. Ils sont ouvertement islamistes, car ils savent que, dans la ville où j’habite, Anvers, 27 % sont musulmans, dont 54 % des enfants qui fréquentent l’école primaire. Cela signifie que l’avenir de la Flandre et de grandes villes comme Anvers, Bruxelles et tant d’autres en Europe, c’est l’islam !
Le Vlaams Belang arrive désormais aussi à faire des voix dans les campagnes, dans les villages !
Oui, autrefois, le point fort était dans les grandes villes. Désormais, il se trouve dans les villages autour de celles-ci. Au sein des villes, 25 à 30 % sont des musulmans et 40 à 50 % des immigrés. Les Flamands de souche sont devenus une minorité dans leurs propres villes, certainement dans les écoles, mais aussi parmi l’ensemble de la population. Pour cette raison, il est difficile de trouver des électeurs pour le Vlaams Belang dans ces endroits. Les Flamands quittent les grandes villes en direction de la campagne et, là, de nombreuses personnes disent que ce qui s’est passé à Anvers et à Bruxelles ne doit pas avoir lieu chez nous. Dans les villes, le vote est offensif. Dans les villages autour, le vote est défensif.
Bruxelles compte de nombreux problèmes. Ceux-ci ont tendance à se diffuser vers le Flandre.
Bruxelles est la capitale de la Belgique, de l’Europe et aussi de la Flandre. Elle est notre fenêtre sur l’Europe et même sur le monde et nous ne pouvons pas l’abandonner, même si seulement 5 à 7 % des habitants y parlent encore le néerlandais. Nous sommes devenus une toute petite minorité à Bruxelles. Même les francophones y sont minoritaires. Bientôt, les musulmans y seront majoritaires. Dans des communes de la région Bruxelloise, comme Saint-Josse-ten-Noode, Schaerbeek, Molenbeek – la capitale du djihad en Europe – et d’autres, les musulmans représentent la majorité des habitants. Le maire de Saint-Josse-ten-Noode est élu à la suite d’un vote ethnique et religieux.
Pourquoi les musulmans votent-ils pour le Parti socialiste et pas pour une formation politique représentant les Marocains, les Turcs ou les musulmans ?
Car le Parti socialiste est devenu une organisation politique turque, marocaine, musulmane. La stratégie des Frères musulmans consiste aussi à ne pas vouloir de partis musulmans, arabes, turcs ou marocains. En effet, ils désirent s’infiltrer partout, via les partis traditionnels, dans les arcanes du pouvoir et dans les institutions. Disposer de ses propres partis durerait, à leurs yeux, trop longtemps.
À Anvers, la ville dont vous êtes conseiller communal, le trafic de drogue pose un problème ?
Oui, énorme. Des attaques à la grenade ont lieu. La mafia de la drogue s’est substituée aux autorités. Je dis souvent : « L’imam et le boss de la mafia de la drogue ont remplacé le commissaire de police et le bourgmestre dans notre ville. » Ces mafieux disposent de leur propre système juridique, tiennent des quartiers entiers, collectent des « impôts », … La situation est ainsi. Plus rien n’est possible à Anvers, sans que la mafia n’en prenne le contrôle.
Vous avez rencontré des problèmes graves de sécurité ?
Oui, j’ai été visé par des attentats. J’ai eu de la chance. Je suis encore en vie. J’ai été sous protection policière. Je pense que je vivrai sous la menace pour le reste de mes jours.
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