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lundi, 12 février 2024

Mayotte, et ailleurs ?

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Yves Thréard

Parti sabre au clair pour contenir la déferlante migratoire qui accable Mayotte, Gérald Darmanin dit vouloir mettre fin au droit du sol sur l’archipel. Un tabou va- t-il enfin sauter ? L’expérience commande d’attendre pour juger. À plus d’un titre, cette réforme ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de l’immigration, qui a défrayé la chronique ces derniers mois. D’abord, la fermeté affichée d’un côté est, au nom du « en même temps », compensée par une mesure de générosité : pour faire admettre une plus grande sévérité sur le front des expulsions, on se souvient que l’exécutif a sorti de son chapeau la régularisation des clandestins dans les métiers en tension. Ensuite, on l’a vu, le parcours législatif du texte peut changer pas mal de choses et déboucher sur un résultat très décevant.

Face à l’anarchie migratoire qui règne à Mayotte, une mesure peut également en cacher une autre. À la suppression locale du droit du sol, le ministre de l’Intérieur souhaite en effet ajouter l’abandon du visa territorialisé. En d’autres termes, les étrangers régularisés sur place pourront mettre, après, le cap sur le territoire métropolitain. Or de plus en plus d’Africains, venus du Mozambique ou de la région des Grands Lacs, débarquent à Mayotte. Tel un appel d’air, cette décision risque fort d’attirer encore davantage de migrants, effaçant du même coup l’objectif recherché en premier lieu. Il est à parier que l’archipel deviendrait une escale très prisée sur le chemin de l’Europe.

Gérald Darmanin veut, par ailleurs, inscrire son projet dans La nationalité le cadre d’une révision constitutionnelle. On sait la procédure longue et semée d’embûches. Le débat s’annonce houleux, en présence d’une majorité relative et tiraillée. La gauche est déjà vent debout contre ce qu’elle interprète comme une violation du principe d’égalité des territoires. Quant à la droite, elle devrait logiquement exiger que la suppression du droit du sol soit étendue à tout le pays.
À Mayotte, comme partout en France, pourquoi l’attribution de la nationalité serait-elle un dû ?

Source : Le Figaro  12/2/2024

17:52 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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