mercredi, 28 août 2024
Du coup de blues macronien au retour des Jacobins
Bernard Plouvier
En aucun cas, le mot « jacobinisme » n’est synonyme de centralisation. Celle-ci fut d’origine monarchique, enclenchée en France à la jonction des XIIIe et XIVe siècles par Philippe IV Le Bel (Homme) et son équipe, poursuivie jusqu’à la fin du règne désastreux du colossal mollasson Louis XVI, qui a, par sa faiblesse et sa profonde nullité, largement mérité son sort : il n’était pas fait pour être roi, mais pour être un merveilleux artisan, bon époux et tendre père de famille.
Le jacobinisme est la doctrine parlementaire, née en 1791, qui faisait des élus du domaine législatif les surveillants, voire les maîtres de l’Exécutif, en une époque où la Constitution donnait au roi des Français le droit de nommer les ministres, qui étaient des techniciens et non des politiciens.
De façon tout-à-fait abusive, les IIIe et IVe Républiques – que le millier de petits rois élus transforma trop souvent en Ripoubliques inefficaces et corrompues – furent fondées sur le principe jacobin qui permettait à tout élu, à condition d’être fortement soutenu par un groupe d’influence ou un relais médiatique, de devenir ministre un jour ou l’autre. Et pour qu’un maximum de ces augustes personnages influents puisse jouer aux excellences d’un semestre, il fallait organiser la foire connue sous l’expression : instabilité gouvernementale.
Pour le malheur des deux tiers des Français – un tiers d’abstentionnistes par mépris de la racaille politicienne et un tiers d’opposants à Sa Seigneurie -, le sieur Emmanuel Macron fut élu Jeunot Ier en 2017. Sa prestation ayant été lamentable, on pensait en finir très vite avec lui, quand un virus très peu meurtrier – sauf dans la propagande intéressée des fabricants de vaccins bizarres – lui permit de retrouver une assise. En 2022, il put jouer Macron-II, Le Retour, grâce à un discours « Je vous ai sauvés », très prisé des retraités, aimant beaucoup le plus jeune de nos Présidents.
Pourtant, ce discours ressemblait un peu trop à celui de 1958 : « Je vous ai compris », qui fut à l’origine d’un état de guerre civile. Macron recommença à faire peu et très mal, car il est difficile d’œuvrer pour une Nation, quand l’on est arrivé aux apparences du pouvoir grâce au soutien de la finance cosmopolite et de quelques très grosses multinationales. Macron-II, ce fut la négation de l’immigration-invasion et de l’insécurité publique. Et tout naturellement, le Président archi-détesté d’une majorité de Français prit 3 raclées électorales en juin-juillet 2024, suivies d’un coup de fatigue.
Car le désastre des élections européennes (en juin) avait déterminé une réaction de colère d’un individu émotionnellement immature. Le brillant énarque, très mal éduqué – il avait déclaré publiquement qu’il « avait envie d’emmerder les Français », du moins ceux qui ne vénéraient pas ses immenses qualités -, cassa son jouet (une petite majorité à la Chambre) et en appela à un électorat… qui, pourtant à l’évidence, le haïssait à hauteur des trois-quarts. Les deux baffes supplémentaires de juin-juillet désarçonnèrent Sa Suffisance, qui tenta d’amuser la galerie grâce à une présence très médiatisée aux Jeux Olympiques. Hélas, les problèmes non résolus ne s’effacèrent pas : aucun coup de baguette magique n’avait agi.
Bien au contraire, l’abominable Mélenchon – le grand vaincu des législatives : allez consulter le nombre d’élus de son petit groupe en le comparant à celui de la précédente législature – et ses très arrogantes pom-pom girls réclamèrent le pouvoir, tout le pouvoir, pour leur soi-disant Nouveau Front Populacier, qui n’avait fait que rééditer la supercherie de 1936 : en cas d’alliance républicaine des partis du centre et de gauche, ce sont les plus gueulards, les plus démagogues qui l’emportent.
Le résultat final des législatives n’a démontré qu’une chose : le caractère anti-démocratique du scrutin d’arrondissement qui, en l’occurrence, a mis en place une Assemblée qui ne peut dégager de majorité stable de gouvernement, mais peut – pour la première fois depuis 1958 – jouer à l’obstruction, à l’immobilisme, et donner libre cours aux querelles de Divas, qui sont l’essence même du jacobinisme.
On avait tort de voir en Emmanuel Macron un dictateur. C’est un « roseau peint en fer » (comme on disait autrefois en terres germaniques), soit un vrai faible qui joue au dur, mais se révèle désemparé lorsque les concurrents ne veulent plus accepter de jouer selon ses règles. Pour la première fois depuis l’instauration de la Ve République, l’Exécutif de la France est à l’encan. Et l’on assiste au déchaînement d’arrogance et de capacité de nuire des mille petits rois de nos deux assemblées.
Si par bonheur, E. Macron démissionnait, il faudrait sauter sur l’occasion pour élire un vrai chef d’État et réformer une Constitution qui n’est fonctionnelle qu’avec d’authentiques hommes de gouvernement – à défaut d’hommes d’État qui sont des exceptions - et qui n’offre pas assez d’indépendance au Pouvoir Judiciaire, d’où doit être bannie l’influence du demi-monde de la politique, des sectes et des syndicats. Le Législatif est là pour voter ou repousser des projets de loi. C’est à l’Exécutif de gouverner.
Il faut cesser le mélange des genres et en revenir aux fondamentaux, qui sont immuables et ne dépendent absolument pas du type de régime. Toutes les institutions sont bonnes si elles sont adaptées à ce qu’il y a de mieux chez l’homme ; toutes sont mauvaises lorsqu’elles laissent libre cours au malsain, au grotesque et au malhonnête.
16:13 Publié dans Tribune de Bernard Plouvier | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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