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mercredi, 23 octobre 2024

TRIBUNE LIBRE - Prise de conscience, effort et redressement, ou renoncement, immobilisme et chute : il n’y a pas d’autre alternative !

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Didier Lecerf

Bien que le gouvernement Barnier soit loin d’être idéal, il a de bonnes chances de durer plus longtemps que d’aucuns peuvent le penser.

Rappelons brièvement la situation.

D’abord, à l’issue des dernières législatives, les profondes fragmentation et division de la population ont trouvé tout naturellement leur traduction, sur le plan politique, dans l’atomisation de la représentation nationale et, conséquemment, l’absence de majorité de gouvernement. Ainsi, le palais Bourbon compte désormais onze groupes politiques (auxquels il faut ajouter les non-inscrits) et trois grands blocs, parmi lesquels aucun n’atteint la majorité absolue de 289 députés : le bloc de gauche, 192 élus ; le bloc centriste (du centre-gauche au centre-droit), 206 ; le bloc de droite nationale, 141. Résultat : jusqu’en juillet prochain, le pays se trouve, de fait, dans une impasse politique qui, de plus, pourrait bien déboucher, à terme, sur une crise institutionnelle…

Ensuite, alors que le pouvoir se trouve sur cette ligne de crête, soutenu par seulement 200 députés au maximum (la motion de censure LFI a obtenu 197 voix), avec deux blocs en embuscade, sur sa gauche et sur sa droite, et donc dans l’obligation de rechercher le plus petit commun dénominateur par le compromis, le consensus, la dette publique atteint la somme considérable de 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7% du PIB, après le "dérapage" du premier trimestre 2024 : +58,3 milliards contre +6,4 milliards au dernier trimestre 2023, soit 9 fois plus ! Pire, la confiance des marchés dans la capacité de la France à maîtriser ses finances menace d’être ébranlée davantage encore par les affrontements, les atermoiements actuels à propos du budget, ainsi que par les choix qui résulteront des débats en cours. Déjà, le taux d’emprunt à dix ans de notre pays dépasse ceux de l’Espagne et du Portugal et ne se trouvent plus qu’à 0,16% de celui de la Grèce…

Mettons les pieds dans le plat : la France a besoin d’un gouvernement, d’un minimum de stabilité, et le gouvernement Barnier, dans sa configuration présente, est, pour l’heure, le seul que nous sommes en mesure de nous offrir ! Il est la conséquence de la composition de l’Assemblée nationale, le résultat des rapports de force au sein de l’hémicycle. Il est à la fois un pis-aller et un moindre mal. S’il tombe, quel autre prendra sa place ? Un gouvernement de gauche, mené par LFI, avec 192 députés ? Inacceptable ! Un gouvernement RN-UDR, soutenu par 141 députés, mais rejeté par les 398 autres ? Impensable !

Ainsi, actuellement, il n’y a pas d’autre équipe à espérer que celle, hétéroclite et imparfaite, rassemblée par le nouveau Premier ministre. Et il n’y a pas d’autres axes à attendre que ceux qu’il a définis lors de son discours de politique générale. Cette situation bloquée résulte des discours mis en œuvre par les partis politiques, les médias, les élites… Elle est le fruit de leurs insuffisances, de leur propagande, de leurs mensonges (merci au front républicain), de leurs petits calculs et intérêts partisans. Mais aussi de nos abandons, de nos renoncements, de nos peurs, de nos petites lâchetés et… de notre dernier vote.

Après des décennies d’insouciance, d’inconséquence, de politique du chien crevé au fil de l’eau, voici l’état d’urgence. Nous sommes arrivés au moment où, collectivement, gouvernement et citoyens, nous devons prendre nos responsabilités, faire les bons choix, être prêts aux efforts, voire aux sacrifices nécessaires. Au nom de l’intérêt supérieur de la patrie, de l’intérêt de nos enfants et des générations futures. Déjà, il y a quatre-vingts ans, le colonel de La Rocque nous exhortait au ressaisissement : « Les longues déchéances de la communauté tout entière ne se rachètent pas, n’autorisent pas de relèvement sinon par la vertu d’un long effort de la communauté entière. (…) Dieu n’accorde les miracles qu’aux grands sacrifices. (…) Notre patrie ne regagnera son pain, avec le salut, qu’à la sueur de son front, qu’à la sueur du front de tous ses fils (…) ».

Nous voici à la fourche : la voie du redressement ou celle du déclin et de la chute…

Seulement, formons-nous encore une communauté ? Sommes-nous encore une nation ? Sommes-nous encore capables d’un effort collectif, patient et soutenu, au service de l'intérêt général ? Sommes-nous encore prêts à nous montrer à la hauteur de nos ancêtres et de tout ce qu’ils nous ont légués ?

De toute façon, les réponses à ces questions, nous les aurons très vite, et nous saurons alors à quelle sauce nous allons être mangés… Soit nous prenons en main notre destin, avec courage, soit d'autres en décideront pour nous, à notre place...

20:06 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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