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lundi, 04 août 2014

Egypte : SISSI IMPERATOR !

P1020959.JPGLe bloc notes de

Jean-Claude Rolinat

Né en 1954 à Gamalya, un quartier pauvre  à l’Est du Caire, le nouveau Raïs égyptien (guide) de la nation, a été élu en mai dernier par 98 % des 47 % qui se sont exprimés, débarrassant ainsi – définitivement ? – le pays de la dictature religieuse des Frères Musulmans.

Pourtant, tout avait commencé par une lune de miel entre cet homme plutôt introverti, réputé bon musulman et dont l’épouse ne sort que revêtue de l’abaya, et Mohamed Morsi le Président élu à la suite de la révolution qui avait renversé Moubarak. Et puis tout a basculé lorsque plus de 30 millions d’Egyptiens sont descendus dans la rue, dans tout le pays, pour conspuer Morsi et exiger le départ des Frères Musulmans qui avaient trusté tous les pouvoirs.

Investi du poste de ministre de la Défense et de commandant en chef par Morsi lui-même  qui n’avait rien vu venir, le nouveau Maréchal Sissi, soutenu par ses pairs du Conseil Supérieur des Forces Armées, appuyé en coulisse par le vieux Maréchal Tantaoui provisoirement écarté, avait franchi le Rubicon : arrestations de milliers de Frères Musulmans à commencer par le Président, instauration de la Loi martiale pour une durée indéterminée, jugements expéditifs condamnant à mort de nombreux Frères. Résultats des courses ? Les jeunes activistes du mouvement « Tamarrod » (rébellion), les Coptes, les milieux d’affaires tout comme les guides, les armateurs de bateaux fluviaux, les chameliers et autres fellahs vivant du tourisme ont applaudi.

Washington, toujours dans les nuages, appuyant naïvement dans un premier temps le gouvernement des Frères Musulmans, a rétabli son aide annuelle estimée à 950 millions d’Euros. Le secteur du tourisme, sévèrement touché par la crise, qui était passé de 8 à 4,2 millions de dollars de chiffre d’affaires, ne pouvait que se réjouir de la nouvelle donne, tout comme Israël qui voit la perspective d’une menace supplémentaire s’éloigner sur son front sud. Le petit peuple,  avide de sécurité et d’emplois, applaudit, pour l’instant.

La nébuleuse activiste islamiste n’en a pas pour autant dit son dernier mot. Des attentats perdurent contre les forces de l’ordre, notamment dans le Sinaï contigu au désert israélien du Néguev. Et le règlement final de la question palestinienne qui enflamme à juste titre la rue arabe – surtout lorsque l’on assiste au désastreux « spectacle » de la bande de Gaza – n’apparait même pas à l’horizon diplomatique. Mais l’Egypte, par sa démographie galopante, est le premier pays du monde arabe. L’Arabie Saoudite, pourtant très sectaire et religieusement bornée, tout comme les Emirats Arabes Unis et le Koweit, assurent une aide substantielle à « leur grand frère », ne serait-ce que pour l’aider à payer sa facture énergétique.

Le Royaume de Ryad – plus hypocrite que lui tu meurs ! – joue ainsi sur les deux tableaux : d’un côté il soutient les régimes et les soulèvements islamistes, de l’autre il stabilise un pouvoir « laïc », autant qu’on peut l’être en terre d’islam. Avec Sissi Imperator, pour l’instant, tout le monde y trouve son compte : les monarchies arabes du golfe qui tremblent devant l’Iran chiite, les occidentaux qui fermeront les yeux sur les accrocs déchirant les fameux « droits de l’homme », et Israël qui va continuer impunément son occupation de ce qu’il appelle la « Judée » et la « Samarie », en fait l’Etat-croupion de la Cisjordanie palestinienne. Rien ne semble bouger dans le panorama proche oriental.

Pourtant, des secousses telluriques inenvisageables il y a quelques temps, semblent se dessiner. Ryad s’eninquiète devant le rapprochement USA/Iran, l’Irak explose – les Kurdes auront avant dix ans, leur Etat avec l’agrément, hier impensable, de la Turquie ! – et Bachar gagnera, in fine, en Syrie. Et l’Egypte, qui n’a connu aucun pouvoir civil depuis la chute du Roi Farouk en 1952, Neguib, Nasser, Sadate, Moubarak se succédant, continuera d’élire avec des scores « soviétiques » les généraux qui occuperont le Palais d’Héliopolis.

14:01 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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