mardi, 28 mai 2019
UNE ELECTION PEUT EN CACHER D’AUTRES
Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat
Alors que tous les regards étaient, à juste titre, braqués sur les scores des uns et des autres aux élections européennes, tant en France même que chez ses voisins, deux autres consultations électorales sont passées, presque, inaperçues.
La première, c’est l’élection du nouveau Congrès de Nouvelle-Calédonie et des trois assemblées provinciales de ce territoire d’outre-mer. La seconde, est l’élection municipale à Barcelone où Manuel Valls s’est fait durement rosser.
A Nouméa, dimanche 12 mai, dans la foulée du référendum du 4 novembre 2018 où le « oui » à l’indépendance a frôlé les 44 %, les indépendantistes pensaient gagner la compétition électorale pour le renouvellement du Congrès de Nouvelle Calédonie et des trois assemblées provinciales nées des accords de Matignon. Pari raté, ce sont les « loyalistes » qui continueront de détenir la majorité territoriale. Ce qui est intéressant à noter, c’est le basculement qui s’est opéré au sein de la majorité, redessinant la carte politique de « La Grande terre ».
C’est ainsi que la coalition « L’Avenir en confiance » regroupant 3 partis, les Républicains calédoniens, le Rassemblement « les Républicains » et le Mouvement populaire calédonien, a emporté 16 sièges sur 54. Elle pourra compter, toutefois, sur l’appui de groupes minoritaires, comme par exemple, l’Eveil océanien, 2 élus, issu des communautés wallisiennes et futuriennes, ou de Calédonie ensemble, 7 élus (-8 !). Le FLNKS, le cartel indépendantiste, totalisant pour sa part 26 conseillers, pas suffisant, à deux voix près, pour construire une majorité. Un basculement s’est opéré au sein du camp « pro-Français » où la coalition « l’Avenir en Confiance », conduite par la blonde Sonia Backès, 43 ans, une syndicaliste aux ascendants portugais, a quasiment remplacé les sortants de « Calédonie ensemble » dirigés par Philippe Gomes. Un glissement inquiétant pour cette formation dont se réclament la présidence du Congrès, celle de la province sud (Nouméa), ainsi que les 2 députés et un sénateur sur 2 de l’île ! Dans la province du Sud, « l’Avenir en confiance » est désormais seule à la manœuvre avec 21 sièges sur 40 postes d’élus locaux. Dans la province du nord, acquise aux séparatistes, « Calédonie ensemble » n’obtient aucun siège, tandis que le PALIKA de Néaoutyne obtient 38,5 % des suffrages, et que son rival au sein du FLN KS , l’Union calédonienne, en enregistre 36 %, pourcentages assurant à ces deux formations l’assurance de gouverner ensemble contre les « loyalistes ». Lesquels, conduits notamment par Alcide Ponga, maire de Kaouaoua, 12,2% , ont amélioré leurs résultats de +3 points . La province des îles, - Ouvéa, Lifou, Maré-, totalement acquise aux séparatiste,- on se souvient de la tragédie de la grotte d’Ouvéa-, restant totalement, elle, entre les mains du FLNKS.
Les méthodes de gouvernement et l’usure du pouvoir auront eu raison des sortants. Sonia Beckès, désormais la « grande prêtresse » du camp loyaliste, s’est félicitée de ces résultats qui mettent sa formation en position de force pour négocier avec Paris et le FLNKS les suites des accords de Matignon et de Nouméa. Il parait évident que l’on s’oriente, à terme, vers un nouveau référendum, jusqu’à ce que les sécessionnistes du FLNKS le gagnent ! C’est la maladie des « démocrates », faire voter les peuples jusqu’à obtenir satisfaction ! Mais, comme on le voit en Grande-Bretagne, ça ne marche pas toujours ! Question de temps, comme en métropole avec l’immigration musulmane, la démographie jouant sa partition. A propos de partition, compte-tenu de la carte électorale et de la répartition des populations, c’est probablement la solution qui émergera du dossier calédonien, à moins que le gouvernement français contemporain, comme son prédécesseur gaulliste dans les années 1960, n’impose le bradage de TOUTE cette ancienne colonie française. Economiquement, ce serait une solution suicidaire pour toutes les parties, le nickel étant un enjeu stratégique et Nouméa, capitale de ce territoire de 240 000 âmes, étant la vitrine de la France dans le Pacifique : prendre un café crème et des croissants place des cocotiers, est une amusante expérience pour le métropolitain fraichement débarqué, de même que photographier de belles vaches normandes à la robe noire et blanche, s’ébattant dans une végétation tropicale !
Une autre solution semble pointer son nez, souvent discrètement évoquée, le statut « d’État associé », comme les îles Cook ou Niue par exemple, par rapport à la Nouvelle-Zélande. Mais, quel que soit le menu qui s’imposera, l’essentiel à notre sens, est que l’on ne nous fasse pas revivre un autre scénario algérien, et que la solution retenue soit la plus « française » !
ADIEU BARCELONE ?
Manolo était venu dans la capitale catalane en conquérant, on allait voir ce que l’on allait voir. Patatras, les électeurs de la grande métropole ibérique n’ont pas voulu de cette greffe venue de l’Essonne, et on les comprend.
Manuel Valls qui avait échoué à être le candidat du parti socialiste lors de la dernière élection présidentielle française, élu député de justesse dans son ancienne circonscription du 91, s’était rallié au camp macroniste, dans l’espoir, sans doute, d’obtenir un hochet digne de sa qualité d’ancien Premier ministre (2014-2016). Macron n’avait pas la nécessité de s’encombrer de ce rescapé du naufrage socialiste.
Manuel Valls, que j’avais observé au Conseil régional d’île de France à la fin des années 1980, fraichement naturalisé d’ailleurs, était un peu « l’homme à tout faire » de Lionel Jospin. Constatant après le cataclysme de 2017, que son avenir politique n’était plus en France, il rompait alors les amarres, changeait de vie et de femme, se séparant de sa violoniste d’épouse !
Revenant dans la ville de son enfance, - son père, Xavier, était un peintre catalan connu et pas forcément classé à gauche -, vivant en couple avec Dame Suzana Gallardo, une riche héritière d’un groupe pharmaceutique, il décidait de se lancer à la conquête de la mairie de Barcelone. Etourdi, sans doute, par les encouragements d’un clan de « bobos » déconnectés de la réalité catalane, il s’y voyait déjà, « en haut de l’affiche ».
« Trop Français » pour les uns, « trop Espagnol » pour d’autres, « parachuté » pour tous, Manolo et le parti Ciudadanos, libéral-libertaire, hostile à l’indépendance de la Catalogne n’avait, objectivement, aucun chance de gagner. Pourquoi s’est-il imposé ce challenge ? Le verdict du dimanche 26 mai était sans appel.
Avec 13 % des voix des Barcelonais, Valls était largement distancé par Ernest Maragall, 21 %, candidat de la Gauche républicaine catalane (ERC) et par Mme Ada Colau, maire sortant, soutenue par Podemos, extrême-gauche, juste derrière. Tirant les leçons du scrutin, Valls déclarait que sa liste était loin de ses attentes.
Cette candidature improbable à une élection municipale dans une grande métropole européenne après une carrière politique de plus haut niveau a–t-elle un sens ? Ayant promis « quoiqu’il arrive » qu’il resterait à Barcelone, Manuel Valls, après avoir été le numéro 2 à Paris, devra se contenter d’un obscur strapontin de conseiller municipal d’opposition. S’en contentera-t-il ? On sait ce qu’il en est des promesses de politicards. La suite des aventures de Manolo au prochain numéro…
10:54 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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