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jeudi, 10 mars 2022

Les russes boucs émissaires universels

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Etienne Defay

 L’invasion militaire de l’Ukraine par les forces armées russes a provoqué une mobilisation internationale inégalée depuis des décennies. Pour certains, la situation a des allures de guerre froide ressuscitée avec le retour de lz menace des chars russes qui « sur ordre du Kremlin peuvent franchir le Rhin » pur reprendre la chanson du chateur antisoviétique Jean-Pax Méfret.

Mais la situation est loin d’être comparable. Seule l’Ukraine est concernée et l’empire soviétique, du moins l’emprise de la Russie sur les pays de l’Est, se réduit comme peau de chagrin. Autre différence profonde, l’omniprésence des réseaux sociaux permet à l’opinion publique de suivre cette guerre en temps réel. En suivant les bons canaux et les bons réseaux, on peut suivre cette guerre comme on le ferait d’une série américaine. Las. Les injonctions émotionnelles ont pris le pas sur le recul et la raison. Entre les traditionnels va-t-en- guerre du centre-gauche qui préconisent une guerre totale face à la Russie comme ils avaient incité à intervenir en Libye avec le succès qu’on leur connaît et les ministres bien à l’abri derrière un studio de radio annonçant à qui voulait l’entendre que nous mènerions une guerre économique, force est de constater que la raison a déserté.

On soutient l’Ukraine comme on a boycotté les JO de Pékin, marché pour le climat, milité pour les trois doses de vaccins, lutté contre le retour des heures sombres et la menace fasciste. En bref, on a besoin de cause pour maintenir un pouvoir en place. Cette cause, aujourd’hui c’est le bouc émissaire, à l’ instar des lapidations publiques où chacun pouvait apporter sa pierre à l’exécution, il fait bon de se montrer en train de persécuter du Russe. Ainsi, chez nos voisins belges, on coupe les bourses des étudiants russes. A Toulouse, on pousse le directeur d’un théâtre à la démission en voulant le forcer à prendre position. On déprogramme le Bolchoï, on menace les restaurants russes, on lance des cocktails molotov contre leurs institutions. Au nom des droits de l’homme, on exclut la Russie de la Coupe du monde de football devant se jouer au... Qatar ! Il n’est venu à l’idée de personne que le simple fait de jouer au Qatar était une gifle administrée à ces mêmes droits de l’homme. Mais ce n’est pas tout, les chats russes sont privés de compétition internationale et les athlètes handicapés de ce pays privés de Jeux paralympiques. Au nom du bien évidemment.

Dans ce contexte, la commission européenne par la voix d’Ursula von der Leyden a interdit sur le territoire européen la chaîne RT et le média Sputnik. En cause ? Le fait qu’ils seraient un vecteur de la propagande russe. Passons sur le fait qu’en matière de propagande, le service public français n’a rien à envier au Kremlin pour nous interroger sur les motivations.

Comment reprocher à un pays son régime autoritaire en prenant des décisions de censeurs ? Comment ne pas s’interroger sur ces dizaines de journalistes professionnels sans emploi du jour au lendemain et marqués à vie du sceau de la trahison ? « J’ai perdu 90 % de mes revenus, globalement mes confrères de la presse mainstream me recommandent de changer de carrière » confie, abattu, l’un d’entre eux. Il est à l’évidence plus facile de martyriser des journalistes et des athlètes handicapés qu’affronter l’armée russe. Il est plus facile d’appeler les Français à se priver de chauffage depuis une station de ski huppée que de se retrouver face à un char...

Source : Présent 10/03/2022

09:25 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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