dimanche, 17 septembre 2023
France-Allemagne, un marché de dupe
Roland Pietrini
Le pseudo couple franco-allemand a du plomb dans l’aile, l’un des partenaires qui avait oublié qu’il était sinon marié, au moins fiancé, pour le meilleur et pour le pire, donne depuis fort longtemps des coups de canif dans le contrat.
En France, nous avons, in extremis, échappé au pire ; le changement de pied afin de préserver l’héritage nucléaire, fruit de plus de cinquante années d’effort, on le doit, pourquoi ne pas le dire, à la guerre en Ukraine et à ses conséquences immédiates, la fermeture du robinet du gaz russe et du pétrole. Cet électrochoc salutaire, machiavélique, puisque la cause est celle d’un conflit, a soudain révélé que le nucléaire était un atout pour la France et qui fallait le conserver, voire le développer. « Que la lumière soit ! Et la lumière fut ». Alléluia !
Ah, l’Europe de la défense !
Dans le domaine de l’Europe de la défense sur fond de conflit en Ukraine, les coups de canifs se sont transformés en coup de sabre. L’Allemagne recule dans tous les domaines ou paralyse tous les projets. Le dernier en date consiste à signer dans le dos (le nôtre) un accord avec l’Italie, l’Espagne et la Suède pour développer un nouveau char de combat. Quid du MGCS ? Quant au SCAF, en dépit des affirmations du ministre Lecornu, l’Allemagne achètera américain comme les autres « européens », et la France, capable de construire seule le successeur du Rafale, fait semblant de croire encore à ce projet. Avec le Rafale 5 et le Neuron, le plan B est sous nos yeux. On en parlera après les élections européennes.
Après l’abandon des principaux programmes franco-allemand, Tigre, Avion de patrouille maritime, nous découvrons la réalité du jeu de nos amis allemands. Ils souhaitent casser ce qui reste de nos industries performantes afin de satisfaire son allié outre-Atlantique. Car en réalité, nous sommes en confrontation directe avec les États-Unis pour les principaux marchés, dans 4 domaines essentiels de la défense ; l’aéronautique avec le Rafale, la construction navale avec nos sous-marins et frégates, et les missiles.
Ces capacités dérangent hautement nos meilleurs amis, les États-Unis et l’Allemagne, qui souhaitent, en réalité, prendre le leadership en Europe. En réalité, la véritable guerre d’influence entre deux conceptions du monde se joue en Europe, avec l’OTAN comme joker pour les Etats-Unis.
Sans la France, l’Europe serait intégralement américaine. L’Allemagne, qui n’a aucune politique étrangère, sauf celle de son industrie, est, avec la Pologne, le meilleur allié de l’oncle Sam. La conséquence est qu’il faut tuer les velléités d’indépendance de la France et sa volonté de construire une Europe intégrée forte, pour laquelle je ne milite pas, mais pour d’autres raisons. Il est vrai que, comme disait Charles Pasqua, « quand on a de tels amis, on n'a pas besoin d’ennemis ».
La France sans Dassault, Safran, Thalès, Naval Group, pour ne citer que quelques-unes de ses entreprises majeures appartenant à la BITD, et ses PME performantes, se trouverait encore plus fragile qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le combat est engagé ; il sera sans merci et dépasse celui de la simple concurrence. Les États-Unis ne veulent pas d’une Europe forte. La France, en tout cas son président actuel le souhaite, elle devra payer ou se soumettre.
Attendre les élections européennes de 2024
Sur les sujets les plus médiatisés, ceux du SCAF et du MGCS, deux programmes structurants pour l’avenir du successeur du Rafale et du char Leclerc. L’Allemagne défend uniquement son industrie, mais, surtout, fait figure de cheval de Troie de l’industrie américaine et... israélienne, laquelle est en partie américaine.
Sauf inconscience de la part de nos dirigeants ou aveuglement, je ne peux croire à une telle hypothèse, les discours seront les mêmes sur l’air de « Ah ! Ça ira, ça ira. » Qui sera pendu à la lanterne ?
En réalité, pour le président Macron, l’urgence est d’attendre le résultat en 2024 des élections européennes, en feignant de ne pas voir que la France est de plus en plus seule.
Le néant stratégique allemand se concrétise par la soumission de l’Europe aux diktats américains, ce qui est conforme aux idées de la coalition SPD, Verts et F.D.P, qui ne parlent pas de « l'autonomie stratégique européenne » – mais qui insiste sur le fait que l'OTAN est et sera la « condition indispensable de la sécurité » de l'Allemagne. On ne peut mieux dire.
Cela ne serait pas si grave, si ce n’est que la France, avec le départ du Royaume-Uni, est désormais seule en Europe à vouloir faire barrière à la puissance allemande : laquelle est soumise. C’est l’histoire du serpent qui se mort la queue.
L’aveuglement coupable
Alors, une seule question se pose, ne serait-il pas temps de recouvrer notre capacité à choisir d’autres partenaires, dont la Grèce, l’Inde, au Moyen-Orient, certains pays de l’Est, hors la Pologne, par exemple, sans brader notre souveraineté ?
Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que l’Europe est désormais soumise, plus que jamais, à un seul partenaire ; les États-Unis, qui mènent une seule politique, parfaitement cohérente, celle de leurs propres intérêts.
Parmi ceux qui veulent défendre l’Europe, on trouve plus que des idiots utiles des États-Unis, des complices. Les États-Unis veulent une Europe partenaire, c’est-à-dire aux ordres, pas une Europe puissance. Idée défendue par un seul dirigeant actuel. Emmanuel Macron, qui, en se couchant aux diktat européen, paradoxalement mène une politique brouillonne, contraire à l’objectif qui est le sien.
Nos choix stratégiques, qui reposent sur deux piliers essentiels – la dissuasion nucléaire et l’indépendance énergétique, grâce au nucléaire civil complétée par des énergies renouvelables –, est en danger. L’aveuglement coupable, feint ou réel, de nos dirigeants est funeste.
« Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : "L’Europe, l’Europe, l’Europe", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien... » Ainsi parlait le général de Gaulle, répondant à Michel Droit, le 14 décembre 1965, entre les deux tours de l’élection présidentielle.
L’Europe de 1965 était une garantie de paix, un projet de progrès dans le respect des Nations. Celle d’aujourd’hui, à 27, est devenue un enjeu qui échappe aux nations européennes.
Cela va sans dire, mais encore mieux en le disant !
Source : Factuel
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Vichy et la Shoah, où comment les falsificateurs « occultent » les occupants nazis
Michel Festivi
Toutes celles et tous ceux qui souhaitent comprendre ce qui s’est réellement passé, pour les juifs français et étrangers durant les quatre années où notre malheureux pays fut en partie puis totalement occupé par les armées de la Wehrmacht, doivent impérativement lire le livre : Histoire d’une falsification, Vichy et la Shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif, aux éditions l’Artilleur, publié cette année. Cf la recension fort complète faite dans Synthèse Nationale n° 64 de l’été 2023 par André Posokhow.
Maître d’œuvre de cet ouvrage remarquable, l’Historien Jean-Marc Berlière s’est fait assister dans cette tâche salutaire par Emmanuel de Chambost et René Fievet. Pour ceux qui connaissent cette période, Jean-Marc Berlière n’est pas un inconnu.
Professeur émérite à l’Université de Bourgogne, et très grand spécialiste des questions de police, JMB, agrégé d’Histoire, cofondateur de l’institut HSCO, « pour une histoire scientifique et critique de l’occupation », a publié des dizaines de livres sur les polices au long de l’Histoire, et notamment sous l’occupation et des ouvrages qui mettent à mal la vérité officielle du PCF pendant cette période, comme l’Affaire Guy Môquet-Enquête sur une mystification officielle, en 2009 chez Larousse, avec son compère Franck Liaigre.
C’est sans doute ce qui lui a valu des attaques scandaleuses de la part des historiens des doxas.
Dans ce livre d’une minutie chirurgicale et étayé de documents imparables, JMB démontre dans une première partie éblouissante, intitulée très justement : « Remettre l’Histoire en place », que depuis 20 ou 30 ans, certains Historiens de Cour et des médias, la plupart des journalistes et hommes politiques incultes, ont carrément voulu nier le fait central que tout cela se passait sous le joug de l’occupant nazi qui dictait sa loi en Zone occupée (ZO), et tentait par le chantage et les pressions, de la dicter en Zone non occupée (ZNO).
JMB établit, que malgré une xénophobie certaine de Vichy, -mais qui remontait aux années précédant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, avec Daladier et Reynaud, (internements administratifs dès la fin des années 1930 des juifs étrangers et des « indésirables » dans des camps d’une insalubrité absolue)- le régime de l’Etat français a par son action politique et bureaucratique, entreprit de faire en sorte que les juifs français ne soient pas pour la très grande majorité d’entre eux, emportés par les occupants, vers les camps d’extermination.
Il fait litière d’un autre mythe, ressassé perpétuellement par des pseudo-historiens et des journalistes incultes, que jamais Vichy n’accepta que les juifs puissent porter l’ignoble « étoile jaune ». Bien au contraire Darnand en 1941, puis Laval à son retour aux affaires en avril 1942 s’y opposèrent vigoureusement.
Finalement, la 8ème ordonnance allemande du 29 mai 1942, obligea les juifs de la ZO uniquement, à la porter à partir de l’âge de 6 ans. Jamais cette étoile ne fut portée en ZNO, même après l’invasion de la Zone libre le 11 novembre 1942.
Car en Zone Occupée, de par la convention d’armistice, les nazis disposaient de tous les pouvoirs dévolus à la puissance occupante, selon d’ailleurs, les termes mêmes de la convention de la Haye sur le droit de la guerre. (Article 43 de la convention de la Haye de 1907).
En réalité, et JMB l’explique fort bien, les historiens de la doxa -(le livre donne en page 131 une définition utile du terme doxa : « ensemble de propositions dans un domaine particulier qu’il est interdit de contester » - ont fait, ont raisonné comme si la France n’avait pas été vaincue et ne s’était pas retrouvée sous la servitude nazie, une sorte de Vichy électron libre dans une société de liberté !
Ainsi donc, les juifs français ont échappé à près de 90% à la déportation. Reste le problème ô combien douloureux des enfants juifs français, soit environ 8000 qui ont été déportés. Mais comme l’indique JMB en page 58, la loi de 1927 sur la naturalisation, ne faisait devenir français les enfants nés en France de parents étrangers qu’à leur majorité fixée alors à 21 ans. Seuls les enfants nés en France de parents dont l’un d’eux au moins était né en France, devenait français dès sa naissance.
Sans, bien au contraire passer sous silence, l’antisémitisme de Vichy et ses lois d’exclusions que furent le statut des juifs du 3 octobre 1940, outre la loi complémentaire aggravante du 2 juin 1941, JMB nous enseigne que : «cette distinction entre juifs étrangers et juifs français (bien dans la logique xénophobe de Vichy),- les archives le démontrent par la multiplicité des accrochages entre l’administration française d’un côté et les responsables locaux du SD de l’autre-….fut un réel obstacle à la déportation des seconds, même si ce principe a connu bien des exceptions… » et même si la survie des juifs français a dépendu d’explications multifactorielles, comme le courage de beaucoup de futurs « justes », le courage de biens des policiers ou gendarmes, de l’existence de refuges etc…
Comme il le soutien, et comme l’ont oublié beaucoup : « l’historien n’est ni un juge, ni un avocat, ni un professeur de morale, encore moins un donneur de leçons a posteriori » page 65. En tout cas, si 75% des juifs au Pays Bas ont été exterminés, en France c’est 75%, qui dans des conditions extrêmement difficiles ont pu survivre. Cf RCF Radio, 17 juillet 2023.
06:49 Publié dans Michel Festivi | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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