Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 07 juin 2024

À propos de ces listes dissidentes (ou pas…)

image.png

La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Suite de la chronique publiée la semaine dernière sur ce site cliquez ici

La précédente chronique n° 117 s’intéressait à la plupart des trente-sept listes présentes pour l’élection européenne du 9 juin prochain. Depuis se retrouve en lice une trente-huitième liste. En effet, le 23 mai dernier, le Conseil d’État validait « Liberté démocratique française » animée par Patrice Grudé.

Les commentateurs politiques rangent cette nouvelle liste qui prône la démocratie directe parmi les héritiers des Gilets jaunes. L’intention est sympathique, mais sans démopédie effective et à l’heure des réseaux sociaux omniprésents qui phagocytent le temps de lecture devant un imprimé et de l’analphabétisme scolaire des jeunes générations, cet objectif louable se révèle irréaliste et même contre-productif. Il faut balayer l’image idyllique de la Suisse référendaire. Bien des votations marquées par une abstention élevée entérinent en Helvétie le politiquement correct.

La liste de Patrice Grudé peut concurrencer « France libre » conduite par le chanteur Francis Lalanne avec l’humoriste Dieudonné à la troisième place. Tous deux souhaitaient faire des spectacles communs dans les salles Zénith de France. Le Régime a empêché cette représentation festive. Il a en revanche réussi à les réunir sur la même liste. « France libre » met en transe les journalistes de BFM TV quand les deux artistes se filment dans une cellule et que Dieudonné qualifie l’Europe de « fosse à merde ». En 2019, Francis Lalanne dirigeait déjà « Alliance jaune » qui se revendiquait des Gilets jaunes. Elle ne récolta que 121 209 suffrages, soit 0,54 %. Le parcours politique du chanteur vedette des années 1980 est sinueux. Longtemps proche de l’écolo-centriste Jean-Marc Governatori, Francis Lalanne a défendu en 2015 les immigrés clandestins sans-papiers. En 2022, excédé par la propagande covidienne, il apporte sa voix à Marine Le Pen. Il sera intéressant d’observer le résultat de cette liste et de le comparer avec l’audience moyenne sur Internet de ces deux protagonistes.

Les souverainistes se présentent à ces élections en ordre dispersé. Une fois encore, l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau a déposé une nouvelle liste en faveur du Frexit. Il y a cinq ans, il obtenait 1,17 %. Mais peut-on se fier à un haut-fonctionnaire issu des réseaux de Charles Pasqua et qui, pendant l’élection présidentielle de 2017, faisait sa campagne avec les drapeaux français, de la Francophonie et de l’ONU ? François Asselineau est un souverainiste qui ignore tout impératif identitaire. En 2021, il déclarait que les Français fussent bien plus proches des Maliens que des Lettons. On en reste pantois…


Militant dans sa jeunesse à Lutte ouvrière, né en Serbie alors yougoslave, Georges Kuzmanovic a monté la liste « Nous, le Peuple ». Ce proche de Jean-Luc Mélenchon dont il est le conseiller diplomatique en 2017 rompt un an plus tard avec La France insoumise parce qu’il exprimait son désaccord au sujet de l’immigration et du multiculturalisme. Ce fondateur de République souveraine collabore à Front populaire, la revue de Michel Onfray. Philosophe socialiste proudhonien qui récuse depuis 1992 le traité de Maastricht, Michel Onfray fonde en 2002 une université populaire à Caen en réponse au « traumatisme » du 21 avril et à la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle. Vingt-deux ans plus tard, invité fréquent sur CNews, Michel Onfray tient des analyses aujourd’hui assez proches du « Menhir ». Preuve manifeste de son erreur de jugement politique. Georges Kuzmanovic s’inspire-t-il de l’Allemande Sahra Wagenknecht qui vient de créer un mouvement de gauche anti-immigration et anti-guerre ? On notera qu’au sein de « Nous, le Peuple » figurent le prince Murat et diverses personnalités néo-bonapartistes. Cette liste tente principalement à rassembler les nationaux-républicains de gauche.

Son pendant à droite s’appelle « Rester libre » d’Édouard Husson, historien et patron d’émission sur Radio Courtoisie. Il refuse toute avancée fédéraliste de la construction européenne. Il rejette en particulier le projet du Belge Guy Verhofstadt adopté par le Parlement dit européen sortant, qui donnerait à l’Union le statut d’État fédéral croupion des États-Unis d’Amérique et du sinistre Bloc occidental atlantiste.

La liste d’Édouard Husson concurrence celle des Patriotes de Florian Philippot qui a fait pour la circonstance une alliance avec l’ancien député sarkozysto-zemmouriste Jean-Frédéric Poisson, président de Via, la voie du peuple. Outre une réaffirmation inébranlable de promouvoir le Frexit, l’ancien numéro deux du Front national entend dépasser les 0,65 % de 2019. Il manifeste souvent contre les mesures covidiennes liberticides, l’Apartheid avec le « pass » sanitaire et la paix immédiate en Europe. Florian Philippot n’a jamais ménagé sa peine en organisant des manifestations contre la tyrannie plus que balbutiante. Toutefois, à l’instar des listes mentionnées dans la présente chronique, le président des Patriotes pâtit de l’absence de relais dans l’audio-visuel et du dénigrement systématique des « chiens de garde » médiatiques qui osent le qualifier de « complotiste » ! Nul doute que Florian Philippot a démontré un vrai courage au cours des quatre dernières années. Cependant, son discours républicain nationiste fleure bon l’apologie centralisatrice des « hussards noirs de la IIIe République ».

Des listes exposées aujourd’hui, celle qui a le plus de possibilités d’obtenir quelques élus est Reconquête ! avec, pour tête de liste, Marion Maréchal. Cette dernière a montré au cours de cette campagne une belle pugnacité et un vrai talent dans la réplique incisive et percutante. Néanmoins, au risque de chagriner les amis de Synthèse nationale, voter pour cette liste n’est pas envisageable. Certains colistiers n’hésitent pas à traquer en région les militants les plus déterminés sous prétexte d’écarter de ce jeune parti tout profil un peu trop radical. Placé en quatrième position, Nicolas Bay, qui après son départ du RN siégeait chez les non-inscrits, a rejoint le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE). Ce groupe eurosceptique fondé par les tories britanniques et les Polonais de Droit et Justice (PiS), a une charte ouvertement atlantiste. Le Monde du 6 avril 2019 rapportait les propos de l’ancien président du parti européen CRE, le Tchèque Jan Zahradil, assurant que « Marine Le Pen n’est pas assez atlantiste et elle est trop protectionniste ». « Cela ne passerait pas en Pologne », expliquait pour sa part Ryszard Legutko, le chef de la délégation européenne du PiS, qui pointait aussi l’héritage politique de son père, jean-Marie Le Pen. Ce sentiment a-t-il changé ? Il faut en douter d’autant que ni le libéralisme conservateur, ni le bellicisme atlantiste ne sauveront la civilisation albo-européenne de tous les périls actuels et à venir.

La morne campagne de 2019 eut sa bouffée d’air frais apportée par la liste de la Reconquête de Vincent Vauclin, alors responsable de La Dissidence Française. Sans grands moyens, elle obtint 0,02 % (4 569 voix sans compter les bulletins annulés pour divers motifs fallacieux). En 2024, la belle surprise s’appelle « Forteresse Europe » de Pierre-Marie Bonneau. Précisons à toute fin utile que l’avis du chroniqueur n’engage ni Radio Méridien Zéro, ni les revues et sites auxquels il a l’honneur de contribuer. Il s’exprime maintenant à titre strictement personnel.

La liste de Maître Bonneau synthétise les propositions des autres listes vues précédemment. Elle les sublime même sur la voie cohérente de l’indépendance nationale, de l’enracinement dynamique, de la justice sociale et de la liberté médicale. Son intitulé n’est-il pas d’ailleurs un clin d’œil à l’« Europe cuirassée » de Maurice Bardèche ? Ajoutons que son symbole est superbe. Cela change des logos abscons. Le programme de « Forteresse Europe » a une tonalité à la fois française et européenne qui ne laisse pas indifférent tout ethno-différencialiste convaincu.

Certes, en désaccord avec cette chronique, des amis répondront par des considérations tactiques et tenteront de justifier le vote utile pour tel ou tel. L’élection du 9 juin n’a qu’un seul tour. Ce scrutin offre la possibilité de voter pour ses convictions et de se faire plaisir. Bien sûr, « Forteresse Europe » n’aura aucun élu. Mais imprimer chez soi son bulletin et le mettre dans l’urne constitue une réelle jubilation civique. Ce vote sera aussi un formidable bras d’honneur adressé à tout un système mortifère. Chaque vote pour « Forteresse Europe » indiquera dimanche une volonté de construire un bastion continental libéré. Et puis, si vaincre est nécessaire, combattre l’est plus encore. Les quatre-vingt-un membres de « Forteresse Europe » en sont un parfait exemple de militantisme et d’engagement.   

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°118, mise en ligne le 6 juin 2024 sur Radio Méridien Zéro.

NDLR SN : nos lecteurs le savent, Synthèse nationale est un espace de libertés ouvert à toutes les sensibilités de la "droite nationale non-reniée". La présente prise de position aux élections européennes de notre Ami Georges, même si nous ne la partageons pas, est tout à fait respectable et sincère. Voilà pourquoi, au-delà de toutes les aimables précautions qu'il prend à notre égard, nous la publions bien volontiers.

R H 

01:07 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.