lundi, 12 mai 2025
INDE/PAKISTAN : « Tour de chauffe » ou hache de guerre enterrée ?
Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat
Pour la énième fois depuis leur indépendance, les deux pays se sont affrontés aux frontières du Cachemire. Il est probable que seule la possession de l’arme nucléaire par les deux parties a retenu la main de leurs dirigeants respectifs.
Le front s’est soudainement embrasé après l’attentat islamiste du 22 avril dernier ayant causé la mort de 26 personnes dans la ville indienne de Pahalgam. Pressentant des représailles de la part des autorités de New-Delhi, le représentant d’Islamabad aux Nations-Unies alertait, dans la foulée, la communauté internationale, du désir de vengeance de l’Inde et de l’imminence d’une attaque de l’Indian army.
Cette dernière ne pouvait pas ne pas riposter, d’une façon ou d’une autre, à cette provocation pakistanaise. Provocation dont il n’est pas certain qu’elle ait été volontaire, les mouvements terroristes séparatistes du Cachemire indien lui échappant parfois, peu ou prou. Le pays des « hommes purs », dirigé par Shebaz Sharif - frère cadet de Nawaz, leader de la Ligue musulmane -, a immédiatement réagi en affirmant que le Pakistan « est uni derrière ses courageuses forces armées prêtes à protéger chaque centimètre carré de la patrie ».
Tirs d’artillerie, échanges de missiles et raids aériens ont ponctué une semaine de combats de basse intensité, aucun des deux rivaux ne voulant s’embarquer dans un conflit majeur, qui ne pourrait aboutir qu’à la mutuelle destruction des deux nations, chacune possédant l’arme suprême. (Mais l’expérience nous enseigne que l’on sait quand commence un conflit, et que l’on ignore quand il cessera !)
Le Cachemire, une vieille pomme de discorde
Au moment du partage sanglant de l’Empire des Indes britanniques entre Hindouistes et Musulmans en août 1947, la Principauté du Jammu et Cachemire - dont la population était majoritairement musulmane -, fut arbitrairement rattachée à l’Inde le 27 octobre suivant, car le maharadjah Hari Singh, de confession hindouiste, en avait décidé ainsi. Les troupes indiennes arrivèrent juste à temps pour sauver sa capitale, Srinagar, assiégée par des envahisseurs islamistes cornaqués par des officiers pakistanais.
Toute la portion de territoire cachemiri restée aux mains des insurgés musulmans et de l’armée pakistanaise, fut placée sous contrôle du Pakistan sous le nom « d’Azad-Cachemire » à compter du cessez-le-feu intervenu seulement en janvier 1949 !
Depuis cette époque, la tension n’a jamais cessé dans la région, et une rébellion récurrente agite le Cachemire sous administration indienne, soutenue par la population pakistanaise de l’Azad Cachemire. Face aux risques de troubles graves et à la menace de subversion, le gouvernement indien révoqua le 5 août 2019, le statut d’autonomie, qui avait fait de cette région un État membre comme les autres, de l’Union indienne.
Ce nouvel épisode de fièvre entre les deux parties, n’est certainement pas le dernier, ni le premier. Il faut se rappeler qu’en 1971, l’Inde encouragea l’explosion du Pakistan pour mieux diminuer ses capacités de nuisance, un État alors divisé en deux parties, séparées de plusieurs milliers de kilomètres - capitales respectives Karachi et Dacca -, et facilita la création dans sa zone orientale , du Bangladesh, République souveraine et distincte du Pakistan. Toujours la fameuse application du « diviser pour mieux régner » !
Mais le gouvernement d’Islamabad dispose d’au moins deux leviers d’action contre son voisin : les 14 à 16 % d’Indiens de religion musulmane qui vivent au cœur du pays, et une kyrielle de mouvements terroristes séparatistes actifs ou plus ou moins mis en veilleuse – Front de Libération du Cachemire, Harkat-al-Jihad islami, Lashkar-e-Toiba, Jaish-e-Mohamedi, etc. -, tandis que New-Delhi peut à tout moment agiter le spectre du détournement des eaux de l’Indus. Un fait nouveau et inédit, les deux capitales ont suspendu leurs traités bilatéraux. Tout ceci n’augure rien de bon dans le sous-continent indien. Affaire à suivre, comme on dit….
15:41 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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