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mardi, 14 octobre 2025

Badinter au Panthéon, une comédie profanatrice

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Éric Delcroix

Éric Delcroix est juriste, essayiste et écrivain, auteur de Droit, conscience et sentiments. Dans cette tribune, il évoque l’entrée au Panthéon de Robert Badinter, qu’il a connu en tant qu’avocat.

Polémia

Vendredi 10 septembre, en soirée, s’est déroulée la fausse entrée de feu Robert Badinter au Panthéon. Cette cérémonie, présidée par le président de la République, s’est tenue en présence de la veuve et de la famille du défunt. Nos dirigeants ont voulu faire une icône de celui qui a aboli la peine de mort en France, dont nos Républiques avaient été, il est vrai, trop prodigues (1793… 1944… 1962…). Notons que, contrairement à la rumeur persistante, Badinter n’a nullement dépénalisé l’homosexualité, celle-ci l’ayant été dès notre premier Code pénal, en 1791 : il a seulement aligné le détournement de mineur pédérastique sur celui des hétéros. Mais mon propos est ici de dénoncer cette cérémonie, à laquelle se pressait tout le gratin républicain et mondain de l’heure, en ce qu’elle avait de détestablement grotesque.

Tout d’abord, que signifiait l’instrumentalisation solennelle d’un cercueil vide, porté tout au long de la rue Soufflot par des gardes républicains, puisque la famille du défunt ainsi honoré n’avait pas voulu que la dépouille de l’ancien garde des Sceaux quittât le cimetière de Bagneux (où sa tombe a été scandaleusement profanée par on ne sait quel odieux imbécile) ? Certes, il y a un précédent, savoir le cas de l’artiste de music-hall (à chacun ses héros…) Joséphine Baker, dont les héritiers n’ont pas voulu non plus que le corps soit distrait de la tombe où elle repose depuis des décennies. Depuis quand a-t-on besoin d’un cercueil pour aller inscrire, avec la gravité qui sied, le nom d’un mort sur un cénotaphe ? Cela me paraît indigne, ce que la famille Badinter, assistant à l’hommage ambigu, n’a apparemment pas ressenti comme tel…

Ensuite, il m’est apparu choquant de voir les marches du Panthéon recouvertes d’un gigantesque tapis figurant le drapeau français bleu-blanc-rouge, drapeau passant ainsi de « l’étendard sanglant » de la Marseillaise à l’état détestable de paillasson républicain. Illustration de ce sens commun qui se perd dans les plus hautes sphères du pouvoir et de la pétaudière qui rayonne désormais du palais de l’Élysée. Il est vrai que Jean Zay, panthéonisé lui-même en 2015, ne voyait dans notre drapeau national qu’un « torche-cul ». Que l’on soit ou non habité par la mystique républicaine, on ne peut pas oublier aussi légèrement tous les soldats français et autres citoyens héroïques morts sous les trois couleurs.

Nous avons ainsi assisté, diffusée par les télévisions, à une comédie profanatrice de la mémoire d’un défunt porté dans un cercueil vide et du respect dû au drapeau national. Au passage de cette boîte, contenant sans contenu, les badauds applaudissaient le néant, qui peut donc avoir de l’emphase. J’espère ne pas avoir été le seul à voir que le roi, comme dans le conte d’Andersen, était nu… Le sens commun, le bon goût et le sens du sacré semblent avoir totalement disparu de notre République en capilotade.

Je détestais celui qui fut mon confrère Badinter, contre qui j’ai croisé le fer deux fois au prétoire et qui n’avait pas un comportement franc, mais qu’il repose en paix dans son cimetière de banlieue. L’inscription de son nom au Panthéon, dont on aurait bien pu se passer, ne justifiait pas qu’il fût, ainsi que notre drapeau, utilisé dans un cérémonial ridicule et en soi profanateur.

Source Polémia cliquez ici

16:13 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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