lundi, 04 janvier 2021
Sortie du n°19 des Cahiers d'Histoire du nationalisme consacré à la Belgique francophone : un entretien avec Hervé Van Laethem, son auteur
Hervé Van Laethem, en photo ci-dessus lors d'une Journée de Synthèse nationale en 2013, est un militant belge qui approche de ses 40 ans de militantisme. Président du Mouvement NATION depuis 2016, il vient de signer le n°19 du Cahier d'Histoire du nationalisme, numéro consacré à l’histoire de la mouvance nationaliste radicale en Belgique entre 1950 et 2000. A l’occasion de la sortie de son ouvrage, il a accepté de répondre à nos questions.
Propos recueillis par Basile Tomé
Hervé, pourquoi avoir écrit un tel livre ?
Avant tout, parce que je voulais transmettre une histoire. Une histoire méconnue, parfois sombre, mais toujours extraordinaire de par la somme d’engagements et de sacrifices qu’elle a générée. Une histoire qui peut paraître parfois modeste mais qui, si on y regarde bien, a malgré tout influencé certaines choses.
Aussi, car je me suis aperçu que si certains camarades avaient une connaissance parfois pointue sur l’histoire des nationalistes en France ou en Italie, ils n’avaient que peu d’informations sur l’histoire de la mouvance en Belgique.
Je voulais également parler de ces militants, souvent peu ou pas connus, qui ont pourtant sacrifié tant de choses, jusqu’à leur liberté pour certains. Et pas pour leur gloriole personnelle … J’ai essayé d’en citer nommément certains, j’en ai sans doute oublié beaucoup d’autres. Mais c’est en l’honneur de tous que j’ai voulu écrire ce livre et je leur dédie d’ailleurs…
Et enfin, je voulais aussi montrer aux militants sains que le camp nationaliste n’est pas composé que d’arrivistes, de démagogues aux petits pieds ou de « militants virtuels » dont la seule ligne idéologique consiste à s’admirer dans leurs propres selfies ou vidéos… Mais qu’il y a eu et qu’il y aura toujours en son sein, de vrais idéalistes prêts à combattre sans complexes, sans concessions et sans recherche d’un intérêt personnel. C’est ce côté-là de notre camp que je voulais montrer car trop souvent certains camarades désabusés, ce que je peux comprendre, en brossent un portrait trop négatif.
En fait, ce livre est un livre qui se veut positif et plein d’espoir. Il veut dire : « Même si le combat politique est dur ; même si comme tout entreprise humaine, on y est parfois confronté à des choses difficiles ; il n’en reste pas moins que des choses formidables aussi ont eu lieu et je le pense, auront encore lieu dans l’avenir !»
Le récit a une partie « historique », classique, mais aussi une partie composée de récits très vivants d’actions et de manifestations, n’avez-vous pas peur d’un mélange des genres ?
Ce n’est pas forcément une mauvaise chose lorsqu’on sait faire un mélangé équilibré. Il y a bien entendu, une évocation de l’histoire politique et militante de la mouvance belge. Vue pour une fois par quelqu’un de notre camp. Mais, et c’est en effet assez unique, avec beaucoup de témoignages vécus au niveau de l’activisme. Et je voulais remercier celles et ceux qui ont bien voulu me parler de leurs expériences, ce qui m’a permis de pouvoir évoquer nombre d’actions et manifestations en plus de mes souvenirs personnels.
J’ai essayé aussi d’être ambitieux sur le choix des illustrations et nombre d’entre elles sont des photos rares sinon uniques et exclusives. Bon après, certaines ne plairont pas à tous mais ici, je raconte une histoire qui, à une époque, fut je le reconnais « haute en couleurs »…
Votre analyse de certains faits et stratégies est parfois assez dure, est-ce juste une impression ?
On ne se refait pas ! Un ex-camarade français avait dit de moi que j’étais dogmatique alors que lui était pragmatique… J’ai compris plus tard en le voyant se vendre à un parti politique pour quelques fiches de paie ce qu’il entendait par là !
Pour en revenir à votre question, si j’avais fait un ouvrage bisounours, je serais tombé dans le travers inversé de ce que nous reprochons aux « spécialistes » de tout noircir pour le plaisir de noircir. Ici, je n’allais pas prétendre que tout fut pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Je reconnais que c’est bien évidemment facile de donner son avis avec le recul… Mais est-ce que pour autant, on ne peut faire une critique positive de certaines erreurs du passé ? Sans bien évidemment remettre en cause, la volonté de bien faire, le courage et l’abnégation de tous les militants de l’époque, y compris de ceux avec les choix politiques desquels, on est en désaccord.
Pourquoi avoir consacré une aussi grande place à certains groupes flamands, tels le VMO ou le NSV, que l’on peut difficilement qualifier de nationalistes « belges » ?
Tout simplement car (et c’est peu connu) dans les années 70-80, les nationalistes francophones et flamands ont eu des liens assez réguliers. Et plus tard, on peut même dire que certains groupes francophones se sont lancés par des actions en collaboration directe avec les nationalistes flamands. Il était donc difficile de parler des groupes radicaux francophones sans parler de leurs pendants flamands. Ceci dit, je n’évoque que quelques groupes, sans rentrer dans les détails du nationalisme flamand. Mouvance qui mériterait un ouvrage à elle toute seule.
Mais il est vrai qu’il vaut mieux parler ici de l’histoire des « nationalistes de Belgique » au lieu de celle des « nationalistes belges ».
En revanche, vous parlez très peu du Vlaams Blok/Belang ? Est-il possible de parler de l’histoire des nationalistes en Belgique sans presque jamais évoquer le VB ou même le FN belge ?
Il faut savoir que la première idée de cet ouvrage n’était de parler que des groupes activistes de sensibilité nationaliste-révolutionnaire. Puis, il est apparu, comme expliqué dans la réponse précédente, qu’il allait être difficile de ne pas parler de certains groupes activistes flamands. Ensuite, on s’est dit qu’on ne pouvait pas non plus faire l’impasse sur l’ensemble des autres formations politico-militantes francophones, etc… Et on a fini par écrire ce livre sur l’ensemble de la mouvance. Mais elle reste néanmoins centrée sur les groupes les plus activistes et les plus radicaux de la partie francophone du pays.
Je pense que le VB d’aujourd’hui n'est plus dans la mouvance radicale et n’a en tous cas plus grand-chose à voir avec le parti militant qui, en 1980, participait aux cortèges du VMO.
Quant au FN belge, l’expérience fut à ce point désastreuse que même si nous l’évoquons rapidement, on ne se penche guère sur cette « histoire » là !
Pour la partie de ce récit que vous avez vécu, n’avez-vous pas des regrets sur certains points ?
Je peux évidemment regretter que lorsque j’avais 20 ans, il n’y ait pas eu d’aînés respectés pour nous conseiller. Je ne dis pas que j’aurais tout écouté mais j’aurais peut-être fait certaines choses différemment. C’est sans doute pour cela qu’au sein de NATION, on donne une place aussi importante à la formation.
Pour le reste, lorsque je vois le recul de l’engagement, le niveau de répression et la disparition de nos libertés, je suis globalement content d’avoir été activiste, radical et même parfois « excessif ».
Quels enseignements y a-t-il à tirer de ce demi-siècle de « nationalisme » pour les militants du XXIe siècle ?
D’abord que, plus que jamais, nous avons besoin de mouvements politico-activistes. Si les élections ne doivent pas être ignorées, elles ne doivent pas être la seule obsession d’un mouvement. Il faut aussi être présent sur un plan activiste mais aussi social.
40 ans de parlementarisme effréné de certains nous ont amené dans un cul de sac. A force de tout miser sur « on va y arriver par les élections », la droite nationale a raté une occasion au moment où les régimes occidentaux étaient en état de choc après les progressions électorales successives des années 80-90. Elle a laissé « l’état profond » se reprendre et lui a laissé le temps de mettre en place, tous les « garde-fous » qui font qu’aujourd’hui, et alors que nos idées sont de plus en plus populaires, les forces politiques patriotiques n’ont que très peu d’influence sur les événements.
La leçon principale est donc que, si demain de nouvelles circonstances s’y prêtent, il ne faut plus hésiter à tenter notre chance d’une manière ou de l’autre ! On n’a plus guère de temps de faire dans la finesse stratégique !
Quant à moi qui ai connu 20 de ces 50 années, outre de grands et nombreux souvenirs, j’en retiens beaucoup de rencontres. Alors bien sûr, j’ai rencontré de mauvaises ou de drôles de personnes… comme j’en aurais rencontré à l’extrême-gauche ou dans les partis traditionnels (en pire). Mais j’ai aussi rencontre des gens formidables, cultivés, humbles, courageux, idéalistes, désintéressés. Certains ne firent qu’un passage, d’autres furent longtemps présents. Tous ont gardé vivante une flamme… C’est à eux TOUS que je dédie ce livre !
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samedi, 28 novembre 2020
Sortie prochaine du n°19 des Cahiers d'Histoire du nationalisme
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mercredi, 25 novembre 2020
Un grand entretien avec Franck Buleux sur Breizh-info à l'occasion de la sortie prochaine de son Cahier d'Histoire du nationalisme consacré à Pierre Poujade
SORTIE DÉCEMBRE 2020
Source Breizh-info cliquez ici
Le n°20 des Cahiers d’histoire du Nationalisme est consacré à Pierre Poujade et à son mouvement. Il a été réalisé sous la direction de l’écrivain Franck Buleux. Lionel Baland l’a interrogé pour Breizh-info.
Breizh-info.com : Qui était Pierre Poujade ?
Franck Buleux : Pierre Poujade était un militant ardent défenseur de ce qui lui était cher : la nation, la famille, le commerce. Dès son jeune âge, de tendance maurassienne, il rejoint les jeunesses doriotistes, puis s’inscrit dans la démarche maréchaliste et enfin gaulliste. Ce cheminement peut surprendre, mais cette « jeunesse française » à la Mitterrand – il est né en 1920 – correspond à ce qui lui semble le « meilleur » pour le pays. Il ne raisonne pas en termes idéologiques, mais en défenseur instinctif et intuitif de la nation. Il s’approprie, à partir de 1953, le combat des travailleurs indépendants dans une lutte contre l’État et sa fiscalité abusive, thème qui n’est jamais que la conséquence de la toute-puissance d’un système sur les citoyens (les impôts sont votés par le Parlement depuis 1790). La « jacquerie » antifiscale qu’il entreprend apportera un groupe poujadiste, en 1956, de 52 députés à l’Assemblée. Le retour de De Gaulle, deux ans plus tard, mettra fin à cette aventure que l’on peut qualifier de populisme rural traditionnel, par le refus de s’inscrire dans la modernité industrielle consumériste. À partir de 1965, avec la réélection au suffrage universel de De Gaulle, le poujadisme comme expression politique s’inscrira dans une épopée antisystème tandis que l’homme s’appliquera à se caler « dans les roues » du pouvoir, quel qu’il soit. Poujade sacrifie le poujadisme à sa propre personne, intégrant ainsi un certain individualisme assumé qu’il avait combattu 15 ans auparavant. C’est sans doute la cause de son oubli.
Breizh-info.com : Quelles sont les raisons de l’émergence de son mouvement ?
Franck Buleux : L’émergence du « mouvement Poujade » correspond d’abord à une lutte catégorielle antifiscale à partir de l’été 1953. À cette lutte corporative vont rapidement s’agréger des formes plus globales de mécontentement. La France est en train de passer au modernisme, la ruralité s’efface au profit de l’urbanisation. Il y a ce refus de la modernité capitaliste qui ne correspond pas, non plus, à l’offre communiste, par nature égalitariste et universaliste. Le poujadisme est un soulèvement populaire des classes moyennes patriotes contre cet « effet ciseau » qui s’accentue entre les systèmes capitaliste et marxiste. Poujade connaît les communistes, il les a toujours combattus : contrairement à certaines thèses, il n’a jamais eu la tentation du pire, celle de Moscou. Autour de lui et à travers la France vont s’agréger des individus et des groupes venant de différents horizons politiques ou syndicaux. Il y a, dans ce combat, une forme de volonté de conserver une France qui s’échappe, celle des zincs et des bourgs. 1956 est une période complexe, marquée par une instabilité politique et les évènements sanglants d’Algérie, pendant laquelle les Français cherchent une voie, une issue, et Poujade peut constituer cette option. Elle ne sera pas suffisamment crédible car son discours, limité trop souvent à la convocation sine die des États généraux, ne sera pas pérenne.
Breizh-info.com : Pourquoi ce mouvement s’est-il ensuite effondré ?
Franck Buleux : L’effondrement du « mouvement Poujade » entre 1956 et 1958 est net. Même si 700 000 électeurs votent pour les candidats poujadistes en 1958 (contre 2 800 000 en 1956), il n’obtient pas de représentation parlementaire. Les deux seuls députés réélus, dont Jean-Marie Le Pen, benjamin de l’Assemblée en 1956, ont quitté l’Union poujadiste pour rejoindre les indépendants ou les gaullistes. Sur ce point, la crise algérienne et l’effondrement de la IVe République profitent exclusivement à De Gaulle qui représente la sortie du chaos, à tort ou à raison, jouant sur les incompréhensions algéroises du 13 mai 1958. De Gaulle ravit la vedette à un leader qui aurait pu être Poujade mais ce dernier admire trop Mon Général pour se sentir avoir « les épaules ». Le parti gaulliste, l’Union pour la nouvelle République (UNR), est un mouvement populaire attrape-tout pour les voix nationales. Il y eut aussi des erreurs politiques chez Poujade (absence de candidature personnelle en 1956, candidature parisienne en 1957, mauvaise gestion du groupe parlementaire, allégeance supposée à De Gaulle dont il sera un « visiteur du soir », …) mais c’est surtout le retour de « l’homme du 18-Juin » qui met fin à l’éphémère aventure poujadiste. D’ailleurs, pour la plupart des cadres et des militants poujadistes, Poujade prépare l’accès au pouvoir de De Gaulle. Après tout, l’absence de parti gaulliste en 1956, après son succès de 1952 avec 22 % des suffrages, a probablement favorisé la percée d’Union et fraternité française (UFF) du « petit papetier de Saint-Céré ». Poujade était une sorte de rampe de lancement du gaullisme électoral. Les urnes, comme l’histoire, ne repassèrent pas les plats. 1956, dans l’expression de la percée poujadiste, fut unique.
Breizh-info.com : Le poujadisme a-t-il trouvé les cadres suffisants à son développement ?
Les cadres du poujadisme étaient d’abord des hommes qui faisaient allégeance à Pierre Poujade. Ils étaient des délégués de l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA), puis des autres structures poujadistes, toutes parties de l’UFF (Union et fraternité française). La plupart sont des élus consulaires (auprès des chambres de commerce et d’industrie, des chambres de métiers ou d’agriculture) qui ont peu de culture et de formation politique. Le rejet du système par le slogan expressif et vindicatif sans concession « Sortez les sortants ! » est significatif : c’est d’abord une tabula rasa des élus en place, majorité comme opposition, y compris les communistes. Au-delà des bonnes volontés, Jean-Marie Le Pen rappelle dans le premier tome de ses Mémoires, paru en 2018, le faible niveau de conscience politique des parlementaires poujadistes élus le 2 janvier 1956. Il faut aussi signaler la toute-puissance de Poujade sur le mouvement : il n’est pas candidat à titre personnel en 1956 car il estime l’être partout à travers ses « délégués ». Il pense que c’est sur son seul nom qu’ont été obtenus les millions d’électeurs. C’est probable, mais le fait de rappeler aux députés qu’ils ne sont que des « délégués » de leur mouvement pour représenter leurs électeurs, dans l’objectif de rendre leur mandat impératif, est prohibé constitutionnellement. Les socialistes et les radicaux, principaux opposants au poujadisme, le lui rappelleront, jusqu’à souhaiter l’annulation des élections de l’ensemble des poujadistes, revendication d’ailleurs satisfaite en partie via la mauvaise utilisation du système électoral des apparentements politiques par l’UFF, qui se traduira par une douzaine de députés invalidés dès le printemps 1956.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous que, si peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, une telle contestation du système a pu se développer ?
Franck Buleux : À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Libération « à la française » limite la vie politique aux mouvements issus de la Résistance (des indépendants de droite jusqu’aux communistes en passant par les démocrates-chrétiens, les socialistes et les radicaux). La culture de droite, ou qualifiée comme telle, est mise sous le boisseau et fait l’objet d’une censure permanente. Rivarol et Défense de l’Occident sont les deux revues périodiques qui parviennent, à cette époque, à maintenir le flambeau des idées non-conformistes. C’est une gageure ! Rivarol est toujours dans les kiosques et Défense de l’Occident de Maurice Bardèche, beau-frère de Brasillach, ne s’éteindra qu’en 1982. Le système politique ne permet pas une existence d’un mouvement de droite, d’ailleurs Poujade n’est pas un politique. L’assimilation du poujadisme à la droite ne se fera qu’à partir de la campagne de décembre 1955 et c’est L’Express, le journal des Servan-Schreiber, qui lancera l’hallali contre Poujade en publiant le célèbre dessin anglo-saxon, « Poujadolf » où l’on voit le boutiquier lotois inspiré par le Führer… La droitisation, la « fascisation » de l’UFF sera permanente et pérenne après la victoire électorale de 1956. D’ailleurs des hommes de droite comme Emmanuel Beau de Loménie ou Jean-Silve de Ventavon rejoindront l’UFF dans la période post-1958. La « convergence des luttes », particulièrement la défense de l’Algérie dans la communauté française, fera de l’union poujadiste un mouvement de droite antigaulliste et anti-communiste comme beaucoup d’autres, jusqu’en 1965.
Pour conclure sur ce point, c’est le thème de la fiscalité qui fera entrer ce mouvement dans le jeu politique, pas la lutte contre le communisme ou la défense de l’identité nationale. Toutefois, le temps et surtout la réaction excessive de l’adversaire, fera du poujadisme une espèce de « populisme de droite ». La diabolisation avait fait son œuvre car celle-ci a été massive contre des élus qui, pour la plupart, n’avaient pas les munitions idéologiques et le courage politique pour résister. Pour beaucoup de parlementaires élus en 1956, l’aventure politique fut de courte durée et certains en furent probablement soulagés.
Breizh-info.com : Le poujadisme a-t-il eu un héritage politique ? Porte-t-il lui-même l’héritage d’autres mouvements ?
Franck Buleux : Pierre Poujade a eu comme principal héritier Gérard Nicoud, un commerçant syndicaliste et un homme d’action. Comme lui. Il l’a soutenu, y compris en participant à sa liste lors des élections européennes de 1984, celles où la liste Le Pen émergea avec 11 % contre 0,7 % aux socioprofessionnels de la liste Nicoud-Poujade. On peut parler, ici, de la fin de l’expérience politique des socioprofessionnels après, par exemple, l’Union des Français de bon sens (UFBS) de Gérard Furnon, chef d’entreprise en conflit ouvert avec la CGT en 1978, mouvement qui présenta quelques dizaines de candidats lors des élections législatives.
Quant aux rapports entre le poujadisme et « l’effet Le Pen », il suffit de comparer, sauf exceptions, les terres d’élection. Le Front national (FN) s’inscrit dans les conséquences de la société industrielle et il lui manque au début de son éclosion le vote poujadiste, celui des bourgs et des campagnes, réputé plus conservateur. L’union de l’usine et de la boutique reste encore à mettre en place.
En revanche, le poujadisme est une expression couramment utilisée, peut-être à tort et à travers. En effet, je dissocie l’homme, Poujade, et le poujadisme. Le poujadisme est une forme de populisme mais avec une particularité essentielle, celle d’un conservatisme social. Il ne s’agit pas d’un populisme moderne qui viserait à aller dans le sens des velléités d’une population post-urbaine mais d’un mouvement de conservation des traditions. Si l’on y réfléchit, c’est plutôt un mouvement de défense de la ruralité, Poujade sera d’ailleurs battu à Paris en janvier 1957, marquant probablement comme le soutient Le Pen dans ses Mémoires, le début de sa chute électorale.
Enfin, on ne peut que constater que les premières initiatives publiques des Gilets jaunes, en novembre 2018, avaient eu pour déclencheur la lutte contre l’abus de fiscalité. Le problème de ce « poujadisme », c’est qu’il n’a pas trouvé d’incarnation ou qu’il n’en a pas voulu.
Dissocier le poujadisme de Poujade, comme je prétends le faire, est un exercice difficile car il est aussi évident que l’existence de l’un sans le déclic de l’autre reste une gageure.
BULEUX Franck (sous la direction de), Pierre Poujade. Union & Fraternité française. 1956 : ceux qui firent trembler le système, Cahiers d’Histoire du Nationalisme n°20, Synthèse nationale, Paris, 2020. cliquez ici
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samedi, 14 novembre 2020
Sortie prochaine de deux nouveaux Cahiers d'Histoire du nationalisme : l'un (n°19) sur les nationalistes belges de 1945 à 2000 et l'autre (n°20) sur Pierre Poujade
On dit souvent en France que nos amis Belges, en particu-lier les francophones, aiment imiter ce qui se passe chez nous. C’est une appréciation un peu rapide des choses. Dans cette nouvelle livraison des Cahier d’Histoire du natio-nalisme, Hervé Van Laethem, fin connaisseur du sujet et militant exemplaire de la cause puisqu’il est l’un des ani-mateurs du mouvement belge Nation, nous prouve que les nationalistes d’outre Quiévrain ont non seulement leur propre histoire, mais surtout leur personnalité.
Avec cette étude, la première publiée sur ce sujet, nous ap-prenons beaucoup sur le combat mené, dans des condi-tions souvent difficiles, par les nationalistes en Wallonie.
CHN n°19, 210 PAGES, 24,00 € (+ 5,00 € de port),
SORTIE 25 NOVEMBRE 2020
À la fin des années 1950, la France assiste, désemparée, aux prémices de la société libérale moderne. Le mode de vie importé dix ans plus tôt d’Amérique commence à faire des ravages. Les repères traditionnels sont attaqués, l’exo-de rural bat son plein et « les petits commerçants et arti-sans » sont dans la ligne de mire des banquiers qui pré-fèrent favoriser, à terme, le développement des grandes surfaces. De plus, notre Empire colonial commence à se déliter dans le sang.
Face à cette situation, un homme se lève. Il est papetier dans le Lot et, très vite, des foules immenses viendront l’écouter. En 1956, il fera élire plus de 50 députés à l’As-semblée. Cet homme, c’est Pierre Poujade. Bien qu’éphé-mère, son mouvement est rentré dans l’Histoire.
CHN n°20, 210 PAGES, 24,00 € (+ 5,00 € de port),
SORTIE DÉBUT DÉCEMBRE 2020
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jeudi, 24 septembre 2020
AVEZ-VOUS COMMANDÉ LE DERNIER NUMÉRO DES CAHIERS D'HISTOIRE DU NATIONALISME ?
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vendredi, 04 septembre 2020
Dans le quotidien Présent d'aujourd'hui : un très bel article de Francis Bergeron sur le n°18 des Cahiers d'Histoire du nationalisme consacré à Honoré d'Estienne d'Orves
Francis Bergeron Présent cliquez ici
LE FAIT QU’UN DOSSIER sur Honoré d’Estienne d’Orves ait été publié par la maison d’édition Synthèse nationale, dans sa revue Cahiers d’histoire du nationalisme, est une très bonne chose.
Ces cahiers sont tous d’excellente tenue, mais il faut reconnaître que, de Degrelle à Doriot, en passant par Drieu, la revue semblait vouée, pour partie du moins, à la réhabilitation de quelques figures « nationalistes » ayant choisi le camp allemand lors de la dernière guerre. La personnalité d’Honoré d’Estienne d’Orves vient nous rappeler que la Résistance, et tout spécialement la résistance militaire, fut un terreau d’abnégations patriotiques. Les figures des résistants nationalistes sont impressionnantes. Beaucoup d’entre eux y ont laissé leur vie. Jusqu’à une date récente, leur mémoire n’avait pas besoin d’être spécialement défendue : des timbres, des rues, des places, des lycées, des monuments, portaient leurs noms. Ils étaient honorés sans que leurs convictions ou leur passé aient quelque influence positive ou négative à cet égard. C’est leur action pendant la guerre qui était exaltée, et rien d’autre.
L’engagement dans la Résistance mise en doute ou salie
Mais les choses ont évolué. A la mort de certains de ces résistants (Jean Vallette d’Osia, Pierre Guillain de Bénouville, Henri d’Astier de la Vigerie, le colonel Rémy, notamment), leur origine droitière (le plus souvent royaliste) a été cachée ou minimisée. Parfois aussi c’est la qualité de leur engagement dans la Résistance qui a été mise en doute, ou salie par d’ignobles sous-entendus.
Mais ces derniers temps la fameuse cancel culture va encore plus loin et tente d’effacer le souvenir même de ces hommes, y compris de ceux qui ont été déportés, voire fusillés par l’occupant. Ainsi des professeurs du lycée de Carquefou, près de Nantes, ont-ils tenté de s’opposer à ce que la région donne le nom de d’Estienne d’Orves à leur établissement. Ils n’ont pas eu gain de cause. Mais pour la promotion Loustaunau-Lacau de Saint-Cyr, c’est le ministère des Armées qui a reculé. Il ne fait pas de doute que les néo-censeurs reviendront à la charge.
Honoré d’Estienne d’Orves est sans doute la plus emblématique des figures de la Résistance. Et il est donc précieux que les nationalistes de la nouvelle génération aient la possibilité de découvrir ainsi sa figure lumineuse, mais également ses convictions politiques et religieuses. Il existe plusieurs livres sur d’Estienne d’Orves : celui écrit par des membres de sa famille, celui de Guillain de Bénouville, celui d’Etienne de Montety. Et même si ces ouvrages sont un peu anciens à présent, la biographie de ce héros et ses écrits de prison sont parfaitement connus.
Ses ancêtres, héros des guerres de Vendée
L’ouvrage de Didier Lecerf est un peu différent, et très complémentaire : la partie biographique est une simple chronologie détaillée. Ses liens familiaux avec le commandant Driant d’une part, et avec les Lorgeril d’autre part, sont spécialement intéressants car peu connus. L’ouvrage rappelle aussi le pedigree d’ancêtres plus lointains, qui furent des héros des guerres de Vendée.
Mais outre une importante partie iconographique, l’ouvrage nous offre d’abord une étude approfondie sur les convictions de cet homme « de la droite catholique, monarchiste et sociale, fidèle à Dieu, à l’Eglise, à sa patrie, à sa famille ». L’ouvrage rappelle ce qu’était le catholicisme social, et donne un aperçu des grandes figures de ce courant. Par ailleurs, il raconte, à travers son parcours, le drame des hommes de la Royale (dont était issu d’Estienne d’Orves), au cours de cette période de notre histoire. C’est sans doute la partie la plus passionnante du livre.
Fidélités contradictoires
Il en est de même des rapports entre d’Estienne d’Orves et l’Etat français. La complexité de l’époque est niée au fur et à mesure que l’on s’en éloigne. Mais Groussard, Loustaunau-Lacau, de Lattre et beaucoup d’autres ont illustré ces fidélités apparemment contradictoires et interpénétrées entre la Résistance et Vichy, en tout cas jusqu’à l’occupation de la zone libre. Henri Amouroux, dans sa Grande Histoire des Français sous l’occupation, a rappelé l’histoire de ces hommes qui « portent les premiers coups aux Allemands sans pour autant se dissocier toujours du Maréchal ». Et le tout premier acte de résistance n’a-t-il pas été une manifestation nationaliste d’étudiants, à l’Arc de Triomphe, le 11 novembre 1940 ?
Didier Lecerf, dans sa préface, justifie ce cahier dans la revue de Synthèse nationale pour trois raisons que nous ferons volontiers nôtres : la « suprême leçon de grandeur » que nous donne d’Estienne d’Orves, l’appartenance évidente de cet homme « à la droite nationale, d’essence monarchiste, catholique et sociale », et enfin la démonstration, à travers son destin, de « certains réalités, loin des simplifications, des caricatures, des jugements péremptoires, à l’emporte-pièce, de notre époque volontiers manichéenne et moralisatrice ». Tout est dit.
Honoré d’Estienne d’Orves, par Didier Lecerf, Cahiers d’histoire du nationalisme n°18, 2020, 200 pages.
Lire ce numéro de Présent cliquez là
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mardi, 16 juin 2020
RAPPEL : LES DEUX PREMIERS NUMÉROS DES "CAHIERS D'HISTOIRE DU NATIONALISME" À NOUVEAU DISPONIBLES
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mercredi, 10 juin 2020
Avez-vous commandé le nouveau numéro (n°18) des Cahiers d'Histoire du nationalisme consacré à Honoré d'Estienne d'Orves ?
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dimanche, 17 mai 2020
Le Cahier d'Histoire du nationalisme n°18, consacré à Honoré d'Estienne d'Orves, sortira en fin de semaine prochaine...
Très attendu, ce Cahier n°18 cliquez ici, que nous devons à l'historien Didier Lecerf, sortira enfin dans les jours qui viennent. Il est actuellement à l'imprimerie. Initialement prévue pour la mi-mars, sa parution a dû être différée en raison de la crise sanitaire. Les choses rentrant petit à petit dans l'ordre, vous pourrez bientôt le recevoir.
Nous remercions celles et ceux qui l'ont commandé depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour leur patience et leur compréhension.
Le livre Réflexions pour un nouveau corporatisme cliquez là sera, lui aussi, disponible très prochainement.
Commander :
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Réflexions pour un nouveau corporatisme cliquez là
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jeudi, 14 mai 2020
LA RÉÉDITION DU N°2 DES CAHIERS D'HISTOIRE DU NATIONALISME, CONSACRÉ À FRANÇOIS DUPRAT, EST ARRIVÉE CE MATIN
Depuis plusieurs années, le n°2 des Cahiers d'Histoire du nationalisme, consacré à François Duprat et au nationalisme-révolutionnaire (paru en 2014), était épuisé. Bonne nouvelle, il est à nouveau disponible, dans une version "refaite à neuf" depuis ce matin. Ceux qui nous l'ont commandé ces dernières semaines vont donc, très bientôt, le recevoir. Et pour les autres qui seraient intéressés, il suffit de le commander en cliquant ici
Le n°1 des CHN, consacré à Léon Degrelle (lui-aussi épuisé et réédité aujourd'hui) cliquez ici, sortira la semaine prochaine. Quant au n°18 (Honoré d'Estienne d'Orves et la résistance monarchiste cliquez là), initialement prévu pour mars dernier, il sortira la semaine suivante. Il en sera de même pour l'essai collectif Réflexions pour un nouveau corporatisme cliquez là
Ces retards de parutions sont la conséquence de la fermeture momentanée de notre imprimerie en raison des mesures gouvernementales. Les choses devraient, petit à petit, redevenir normales. Nous remercions nos lecteurs pour leur compréhension et leur patience.
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samedi, 22 février 2020
Sortie le 1er mars prochain du n°18 des Cahiers d'Histoire du nationalisme consacré à Honoré d'Estienne d'Orves et à la résistance monarchiste en 1940
Issu d’une vieille famille de la noblesse provençale de tradition catholique et légitimiste, sensible aux idées et aux actions du catholicisme social d’Albert de Mun, descendant des généraux vendéens d’Autichamp et Suzannet et filleul du commandant Driant (le gendre du général Boulanger), le capitaine de frégate Honoré d’Estienne d’Orves peut être rattaché à la droite nationale, monarchiste, catholique et sociale.
Dans le chaos de 1940, à l’heure où « l’occupation (força) les hommes à choisir explicitement leur allégeance » (Pierre Nora), cet officier de valeur, comme bien d’autres, fit son choix. Au nom des valeurs de sa famille, de sa foi chrétienne, de l’honneur, de la patrie…, il choisit de continuer la lutte sous le drapeau français, dans les rangs gaullistes. Mais sans pour autant retirer son respect au Maréchal Philippe Pétain ni vouer aux gémonies ceux qui firent au même moment un autre choix que le sien... Ambiguïtés d’une époque…
Dans ce nouveau numéro des Cahiers d’Histoire du nationalisme, Didier Lecerf, historien de formation et militant de la cause nationale, nous invite à partir à la découverte de ce Français exemplaire, de ce patriote ardent, premier agent de la France libre fusillé par les Allemands, en août 1941. Il nous convie aussi à découvrir le milieu et l’époque qui ont contribué à sa formation intellectuelle et morale ainsi que les exemples qui l’ont inspiré.
Cahier d'Histoire du nationalisme n°18, Honoré d'Estienne d'Orves, 1940 : des monarchistes dans la Résistance, Didier Lecerf, 200 pages, 20 euros (+ 5 euros de port).
Sortie le 1er mars 2020
Commandez-le dès maintenant : cliquez ici
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dimanche, 22 décembre 2019
LE CAHIER D'HISTOIRE DU NATIONALISME N°17 CONSACRÉ À LA FANE ET AUX ULTRAS DES ANNÉES 1960-1980 COMMENTÉ PAR GEORGES FELTIN-TRACOL
Georges Feltin-Tracol cliquez ici
Pour sa dix-septième livraison, les Cahiers d’histoire du nationalisme reviennent sous la plume alerte et informée de leur directeur, Franck Buleux, sur l’histoire de la FANE (Fédération d’action nationale et européenne) qui « fut probablement l’ultime tentative, sur notre territoire, de former un parti révolutionnaire, d’inspiration nationale-socialiste européenne (p. 5) ». Hormis les articles fielleux de plumitifs engagés et les travaux d’universitaires paresseux, aucune étude sérieuse n’avait jusqu’à ce jour porté sur ce mouvement original et son principal responsable (et non son supposé « Führer »), Marc Fredriksen (18 novembre 1936 – 25 novembre 2011).
Dissoute une première fois en septembre 1980, la FANE connaîtra ensuite deux autres dissolutionssuite à l’annulation pour vices de forme par le Conseil d’État. « Sept ans pour dissoudre la FANE qui a pu ainsi se prévaloir d’avoir été dissoute par des pouvoirs de droite, comme de gauche, faisant ainsi un certain unanimité contre elle (p. 20). » Cela n’empêchera pas les médiats officiels de l’incriminer dans l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980. Franck Buleux apporte quelques révélations. S’il revient sur la scandaleuse exploitation médiatique de cet attentat, il signale que « le gouvernement islandais a aussi essayé de manipuler l’ex-FANE ou, en tout cas, son président et, au-delà, la France ! (p. 157) »
Une existence mouvementée
« Les sept années de vie de la FANE, entre septembre 1980 et septembre 1987, ont été purement artificielles (pp. 20 – 21). » C’est la raison pour laquelle l’auteur s’arrête à cette année fatidique de 1980. Il signale néanmoins que prévoyant une probable dissolution, la FANE avait suscité dès le 1erjuillet 1980 un Centre de culture européenne et des Faisceaux nationalistes européens (FNE) animés par deux sympathisants non encartés : Henry-Robert Petit et Janpier Dutrieux. Vers 1994, les FNE iront se fondre dans le Parti nationaliste français et européen de Claude Cornilleau. Marc Fredriksen en deviendra le vice-président.
La FANE a souvent suscité des controverses au sein même de la mouvance dans son sens très large, en particulier avec les formations solidaristes, puis nationalistes-révolutionnaires de Jean-Gilles Malliarakis. Cette acrimonie perdure encore aujourd’hui quand on lit les textes rageurs d’un traducteur aigri, acariâtre et atrabilaire installé au Portugal contre un historien talentueux du solidarisme et du tiercérisme…
Assez complet, l’ouvrage de Franck Buleux fournit de belles analyses socio-politiques. Outre le point de vue de Christian Bouchet et un bel hommage inédit de Paul Durand lu le jour des obsèques de Marc Fredriksen, il comporte un cahier photographique, une bibliographie et des entretiens inédits avec Paul Durand, Michel Faci et Michel Caignet. On aurait peut-être souhaité que l’auteur développât mieux les idées diffusées dans sa presse, de Notre Europe à Notre Europe combattante en passant par Les Cahiers européens – Notre Europe. Le tropisme européen est la clé de voûte programmatique de la FANE qui se désignait parfois de « nationale – européenne ».
La FANE apparaît le 8 avril 1966 par la fusion du Comité de soutien à L’Europe réelle, d’Action Occident et des Cercles Charlemagne « dont les membres sont issus d’Occident, regrettant la mise à l’écart de Pierre Sidos, leader historique (p. 11) » tout en prônant de façon paradoxale « le démembrement des nations au profit d’une fédération européenne des régions ethniques (p. 43) ». Créée en mars 1964 par des dissidents d’Occident jugés trop europhiles, Action Occident intègrebientôt Marc Fredriksen, un militant exclu de la Restauration nationale maurrassienne pour « racialisme » et « européisme ». Militait-il dans la fameuse « cellule » royaliste de Saint-Cloud qui en 1968 sera conduite par Bernard Lugan ?
Mise à l’écart, y compris chez les « maudits »
La FANE accueille entre 1966 et 1968 un groupe issu du maigre noyau militant français de Jeune Europe de Jean Thiriart, la Fédération générale des étudiants européens (FGE). Elle la quittera du fait d’un net gauchissement assumée. En 1970, la FANE absorbe Jeune Europe de Nicolas Tendler. La Fédération d’action nationale et européenne s’oppose dès le départ « à une certaine dérive occidentaliste de la droite nationale et radicale française (p. 41) », en particulier sur le philosionisme de l’opposition nationale. « La FANE se distingue des autres mouvements nationaux et nationalistes, non seulement en désignant Israël comme l’ennemi principal, mais aussi en soutenant les mouvements palestiniens, d’obédience marxiste et le plus souvent soutenus par l’Union soviétique (p. 46). »
Voilà pourquoi « avant 1979, la FANE se réclame plus volontiers d’un nationalisme révolutionnaire (p. 32) ». Dans ces milieux relativement clos, les militants de la FANE travaillent avec François Duprat et ses GNR (Groupes nationalistes-révolutionnaires) de base, d’où des références appuyées au péronisme argentin et au baasisme arabe. François Duprat assassiné en 1978, les GNR quittent un FN dont le nouveau secrétaire général, Jean-Pierre Stirbois, provient du « frère ennemi » solidariste, et rejoignent la FANE. Celle-ci s’affiche dès lors nationale-socialiste. Or, « la FANE a une particularité, elle n’a pas un tempérament, ni un comportement jacobin (p. 86) ». En effet, « la FANE ne se définit pas, à proprement parler, comme un parti politique mais se veut être le noyau du futur parti français national-socialiste, lui-même destiné à devenir la section française d’un parti européen de même nature. La FANE se veut transitoire […]. Elle se considère comme un mouvement révolutionnaire (p. 25) ». Du fait de sa constitution initiale, symbolisée par « les trois flèches traversant un cercle (ou une roue) [qui] représentent les trois mouvements à l’origine de la fondation de la FANE (p. 24) », elle « se présente […] comme une fédération, non comme un parti politique traditionnel, même si elle évolua, après l’arrivée des GNR […] en 1978, vers un parti unitaire (p. 24) ». D’où une très grandesouplesse organisationnelle et le fait qu’elle « a toujours accepté la double appartenance partisane politique (p. 30) ».
Aux élections législatives de 1978, Marc Fredriksen est candidat du FN dans la 2e circonscription de la Seine – Saint-Denis où il obtient 1,4 %. Cette candidature frontiste « était une démarche individuelle qui n’engageait pas la FANE (p. 178) », explique Paul Durand. Un an plus tard, à l’occasion de la première campagne électorale en faveur des européennes, en réponse à la liste néo-gaulliste deJacques Chirac et de Michel Debré, « Marc Fredriksen déclare préférer défendre les intérêts de l’Europe en France… que les intérêts de la France en Europe (p. 81) ». Chassés et bannis du FN, les militants de la FANE se méfient d’un PFN (Parti des forces nouvelles) bien trop proche du RPR chiraquien !
Une inflexion nationale-communiste ratée ?
La FANE veut briser la lourde suspicion qui l’entoure en prenant quelques initiatives : un Syndicat national de la presse indépendante et le Lynx Club à vocation culturelle. Dans le même temps, sous le slogan percutant de « Ouvrier fasciste, rejoins nos rangs ! », elle organise une Fédération générale des travailleurs (FGT) ainsi qu’en Seine – Saint-Denis une Union travailliste de France. « Pour la FANE, il faut reprendre le vocabulaire du gauchisme, citer Che Guevara, mais affirmer que la grille analytique du matérialisme et du capitalisme n’est pas fournie par Trotski mais par les Protocoles des sages de Sion (p. 58). » Rappelons qu’en 1979, Jean Cau publie chez Julliard un singulier ouvrage – ni essai ni roman -, Une passion pour Che Guevara. Personne ne savait alors que le jeune Guevara avait cherché à ramener au pouvoir le « général des travailleurs » Juan Peron…
Marc Fredriksen assume cette orientation à gauche contemporaine aux succès internes au sein du MSI de la ligne « gauchiste – fasciste » de Pino Rauti, y compris dans un entretien méconnu donné àL’Événement du Jeudi (n° 135, des 4 au 10 juin 1987). Le dossier porte en plein procès de Klaus Barbie sur une hypothétique « Internationale brune ». À Patrick Séry, Marc Fredriksen répond « que le mieux, à l’heure actuelle, c’est encore le communisme tel qu’il est pratiqué en URSS. […] Le communisme, c’est d’abord une erreur économique. Mais j’ai pour les communistes d’URSS une certaine admiration. Ils ont le sens de l’élite. Le Parti est censé représenter l’élite de la nation. Les dirigeants ne dépendent pas de l’opinion. Et ne rentre pas au PCUS qui veut. La sélection correspond à la noblesse de l’ancien régime. Et aux SS d’hier ». Pour l’anecdote, en dehors de certaines réponses qui tomberaient aujourd’hui sous le coup des lois liberticides en vigueur, il assure au journaliste interloqué qu’« il y a des nationaux-socialistes au PS et surtout au PC. Christian Coutard, qui est le secrétaire général des FNE, était responsable de cellule au Parti communiste ».
La FANE a-t-elle eu une postérité ? Michel Caignet dirigea de 1986 à 1993 le périodique Gaie France, « une revue pour tenter de diffuser des thématiques nationalistes et esthétisantes dans le milieu homosexuel (p. 176) ». N’y a-t-il pas ici les prémices françaises d’un « homo-nationalisme » anti-musulman surtout présent aux Pays-Bas et en Allemagne ?
Une fois encore, ce n°17 des Cahiers d’histoire du nationalisme réussit avec brio à traiter d’un sujet délicat. Saluons chaleureusement Franck Buleux pour ce beau travail d’archéologie politique !
• Franck Buleux, La FANE. La Fédération d’action nationale & européenne. Les « ultras » des années 1960 – 1980, « Cahiers d’histoire du nationalisme », n° 17, 2019, Synthèse nationale, 222 p., 20 €.
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samedi, 16 novembre 2019
Avez-vous commandé le nouveau numéro (n°17) des Cahiers d'Histoire du nationalisme ?
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samedi, 09 novembre 2019
Le n°17 des Cahiers d'Histoire du nationalisme :
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vendredi, 04 octobre 2019
Un nouveau Cahier d'Histoire du nationalisme (n°17) : La FANE et les ultras des années 1960-1980
Présentation de ce nouveau Cahier :
Le sujet est délicat mais il mérite d’être traité. Du milieu des années 1960 jusqu’au début des années 1980, divers groupements se réclamant ouvertement du “socialisme national” sévirent en France et défrayèrent la chronique. Ce fut, entre autres, le cas de la Fédération d’action nationale et européenne. Ce mouvement qui resta somme-toute assez marginal eut un retentissement considérable tant il fut présenté comme un épouvantail destiné à discréditer le combat nationaliste par la presse aux ordres de l’époque.
Pourtant, la FANE regroupait des militants sincères et courageux qui payèrent très cher leur engagement. Ils furent calomniés, persécutés et, malgrè tout, la dissolution de leur mouvement fut, à plusieurs reprises, cassée par le Conseil d’État. Quarante ans après, il nous a semblé intéressant de revenir sur cet épisode controversé de l’histoire.
La FANE et les ultras des années 1960-1990, Cahier d'Histoire du nationalisme n°17, Franck Buleux et de nombreuses contributions, 220 pages, 20 euros (+5 euros de port).
Le commander en ligne cliquez là
Sortie le 12 octobre 2019.
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dimanche, 26 mai 2019
10 JUIN 1979 : L'EURODROITE EXISTAIT DÉJÀ...
CHN n°4 : le Parti des forces nouvelles cliquez ici
CHN n°6 : Jean-Louis Tixier-Vignancour cliquez là
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mardi, 09 avril 2019
Le site québécois Cercle Jeune nation consacre un article au Cahier d'Histoire du nationalisme n°14 sur Oswald Mosley
23:14 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme, Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
jeudi, 28 mars 2019
Samedi prochain, 30 mars, Dr Merlin sera à la 3e Fête du Pays réel pour dédicacer son Cahier d'Histoire du nationalisme consacré à Corneliu Zelea Codreanu
A propos de ce Cahier cliquez là
Dr Merlin sera sur le stand de Synthèse nationale
En savoir plus cliquez ici
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mardi, 26 mars 2019
AVEZ-VOUS COMMANDÉ LE N°16 DES CAHIERS D'HISTOIRE DU NATIONALISME CONSACRÉ À CORNELIU ZELEA CODREANU ?
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samedi, 23 mars 2019
LE N°16 DES "CAHIERS D'HISTOIRE DU NATIONALISME" CONSACRÉ À CODREANU EST PARU
Le Cahier d'Histoire du nationalisme n°16 consacré à Corneliu Zelea Codreanu et au mouvement légionnaire roumain est sorti. Les nombreux lecteurs qui l'ont commandé ainsi que les abonnés aux Cahiers d'Histoire ne vont donc pas tarder à le recevoir.
Nous vous remercions pour votre patience et, nous en sommes persuadés, dans quelques jours vous serez tous enchantés en lisant cette fabuleuse aventure racontée par le Dr Merlin.
Il sera dans les bonnes librairies à la fin de la semaine.
Pour ceux qui ne l'ont pas encore commandé, il est encore temps, cliquez ici
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lundi, 11 mars 2019
Pour Nicolas Gauthier, de Boulevard Voltaire, Jean-Pierre Stirbois était le précurseur du RN actuel...
Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire cliquez ici
Il y a maintenant plus de trente ans, un funeste 5 novembre 1988, Jean-Pierre Stirbois perdait la vie dans un accident de voiture. Même si le statut de numéro deux n’a jamais officiellement existé au Front national, il l’était de fait, en sus d’être la cheville ouvrière historique du mouvement lepéniste. Poursuivant leur travail de remise à l’honneur des divers courants dissidents du siècle dernier, les Cahiers d’histoire du nationalisme ont consacré un essai des plus fouillés à cette figure politique aujourd’hui un peu oubliée.
Si l’intérêt de cet ouvrage consiste évidemment à avoir été rédigé par des témoins de l’époque, compagnons de militantisme pour la plupart, il réside aussi en ce fait voulant que l’on puisse, une fois encore, constater que l’Histoire n’est souvent rien d’autre qu’un éternel recommencement. Ainsi, l’homme qui contribue largement à professionnaliser l’ancêtre de l’actuel Rassemblement national met-il déjà l’accent sur ces deux axes majeurs que sont l’implantation locale et la nécessaire dédiabolisation de la formation en question. Nous sommes en 1983 ; comme quoi, rien de bien neuf sous le soleil.
L’implantation, c’était banal. Mais la dédiabolisation, ça l’était moins, ce, d’autant plus que Jean-Pierre Stirbois n’a rien d’un bourgeois soucieux de sa bonne réputation : il vient de la droite activiste et non point de celle des salons. L’Histoire est ironique, puisque ce sont généralement ses anciens fidèles qui reprocheront ensuite à une Marine Le Pen de mettre en œuvre cette même dédiabolisation. Autre paradoxe : cet homme, on l’a vu, issu de la radicalité, est le premier à chercher des alliances vers une droite plus traditionnelle. Ce qu’il fait avec succès à la mairie de Dreux, en 1983, en concluant une alliance de circonstance avec le RPR. Trois ans plus tard, il est encore l’un des maîtres d’œuvre du Rassemblement national première manière ; soit cette union avec les droites centriste et gaulliste ayant permis au Front national de constituer un groupe parlementaire de trente-cinq députés élus à la proportionnelle.
Pareillement, il a souvent été fait grief à Marine Le Pen de se « gauchiser » avec un programme économique dont la coloration serait à la fois trop sociale et étatique. Pourtant, elle ne fait ici que revenir aux fondamentaux historiques du Front national. Ainsi Jean-Pierre Stirbois vient-il du Mouvement jeune révolution ; mouvement qui prône une doctrine solidariste dont le maître mot, « Ni banques ni soviets », laisse augurer d’une feuille de route n’ayant que peu à voir avec le « thatchero-reaganisme » de ce mouvement, à l’orée des années 80.
Le journaliste Francis Bergeron, du quotidien Présent, et qui fit partie de la très méconnue aventure solidariste, rappelle ainsi : « Historiquement, le solidarisme développait un discours au fond assez centriste ou social-chrétien, bâti notamment par les réformistes russes et antisoviétiques, dans les années trente, une troisième voie. […] En France, le politicien radical et franc-maçon Léon Bourgeois avait posé les bases d’un solidarisme. […] Il est considéré comme le précurseur de la théorie de l’État-providence, qui fit les beaux jours des pays scandinaves, même s’ils furent atteints de fiscalisme confiscatoire, avant qu’ils ne soient noyés sous la déferlante migratoire. »
De même, on se souviendra que, lorsque Marine Le Pen accéda à la présidence du Front national, il lui a aussi été fait reproche de « bazarder » certains « fondamentaux » d’ordre moral, la « remise en cause de l’IVG » au premier chef. On constatera que ces thèmes sociétaux brillaient par leur absence dans le programme lepéniste d’alors. Invoquer la tradition d’une formation politique, c’est bien ; la connaître, c’est mieux encore.
Alors, Marine Le Pen, fille spirituelle de Jean-Pierre Stirbois ? Les auteurs de ce passionnant ouvrage ne vont certes pas jusque-là. Il n’empêche que certains parallèles, à quelques décennies de distance, demeurent pour le moins troublants.
Pour acheter ce Cahier d'Histoire du nationalisme sur Jean-Pierre Stirbois cliquez ici
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samedi, 02 mars 2019
DÈS MAINTENANT, VOUS POUVEZ COMMANDER LE PROCHAIN NUMÉRO (N°16) DES CAHIERS D'HISTOIRE DU NATIONALISME CONSACRÉ À CORNELIU ZELEA CODREANU
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samedi, 23 février 2019
Il est très attendu et il va bientôt sortir : le "Codreanu" de Docteur Merlin...
Vous pouvez le commander dès maintenant cliquez ici
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lundi, 11 février 2019
Le propulseur du Front national
Georges Feltin-Tracol Europe Maxima cliquez ici
Depuis leur premier numéro au printemps 2014, les Cahiers d’histoire du nationalisme ont enfin pris leur vitesse de croisière avec la parution d’environ deux numéros par an. Ils oscillent entre un sujet spécifique (la croix celtique, le PFN, le MSI, le NSDAP…) et l’étude biographique d’une personnalité étrangère (Léon Degrelle, le général Mannerheim, le Canadien Adrien Arcand, le Britannique Mosley, l’Espagnol Ledesmas Ramos…) ou d’une figure française (Doriot, Pierre Drieu La Rochelle, Jean Mabire, Jean-Louis Tixier-Vignancour) cliquez là.
Le n°2 des Cahiers d’histoire du nationalisme traitait de « François Duprat et le nationalisme-révolutionnaire ». En 2012, Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard écrivaient chez Denoël François Duprat. L’homme qui inventa le Front national. Les Cahiers d’histoire du nationalisme poursuivent leur intérêt « archéologique » pour le Front national et évoquent à l’occasion des trente ans de sa disparition accidentelle en novembre 1988 Jean-Pierre Stirbois, l’« homme qui organisa et lança le FN » en tant que secrétaire général. C’est en effet sous son « septennat » que le Front national cessa d’être un groupuscule pour devenir l’un des principaux partis politiques français.
Le constructeur du FN
En 1980, le FN de Jean-Marie Le Pen compte moins de 300 adhérents dans toute la France. L’élection en mai 1981 de François Mitterrand à la présidence de la République et la radicalisation droitière de l’opposition RPR – UDF vont permettre au FN de surgir sur la scène électorale. Comprenant la nouvelle donne, Jean-Marie Le Pen choisit dès juin 1981 Jean-Pierre Stirbois au poste de secrétaire général. Il remplace le national-libéral Pierre Gérard, véritable auteur de Droite et démocratie économique (1984). Cette désignation provoque le départ de la revue nationaliste issue d’Europe Action, Militant, et des nationalistes-révolutionnaires fidèles à la mémoire de François Duprat. Aux élections cantonales de 1982, si le FN ne fait que 0,2 % au niveau national, certains de ses candidats dont Jean-Pierre Stirbois à Dreux-Ouest et un autre candidat à Grande Synthe (Nord) recueillent déjà respectivement 12,62 % et 13,30 % des voix exprimés.
En devenant secrétaire général du FN, Jean-Pierre Stirbois a très tôt compris que son parti « manque cruellement de structures et de militants encadrés et formés, souligne François Monestier. […] Il se jette à corps perdu dans l’aventure et accomplit un travail remarquable avec des bouts de ficelle (p. 79) ». Il entend réussir trois objectifs précis. Il veut d’abord développer son imprimerie qui lui permet de faire vivre sa famille et qui représente un formidable outil militant à une époque où n’existent pas encore Internet et les réseaux sociaux. Son deuxième dessein vise à fortifier l’appareil frontiste. « Pour Jean-Pierre Stirbois, note Jean-François Touzé, il ne pouvait exister de réussite politique dans la durée sans organisation forte, sans structures solides, sans encadrement charpenté. Bien plus : sans appareil toutes les dérives tous les glissements politiques étaient possibles, voire probables. À l’inverse, avec une ossature ferme, toutes les stratégies et plus encore toutes les tactiques deviendraient envisageables dès lors qu’elles entraient dans le cadre de la conquête des pouvoirs, locaux comme nationaux, s’inscrivaient dans une perspective de relèvement national et étaient utiles pour atteindre les buts ultimes (pp. 97 – 98). » Il bénéficie du travail préparatoire de Victor Barthélemy (1906 – 1985). Ce proche de Maurice Bardèche, secrétaire général du PPF pendant la guerre, fut entre 1973 et 1975 le secrétaire administratif du Front avant d’en devenir le secrétaire général jusqu’en 1978. Il donna au mouvement frontiste des solides statuts largement inspirés de ceux du PCF et du PPF.
Tout aussi important est son troisième but : l’implantation locale. Jean-Pierre Stirbois souhaite rompre avec une fâcheuse manie prise par les militants. « Après chaque élection, explique Franck Buleux, chaque candidat reprenait ses activités en attendant le prochain scrutin démocratique, sans labourer le terrain électoral, principe sine qua non de développement électoral (p. 15). » Non loin de la résidence secondaire des parents de son épouse Marie-France, il choisit la ville de Dreux en Eure-et-Loire qui, à l’orée des années 1980, préfigure déjà l’Hexagone de la décennie 2010… Dès les cantonales de 1979, il récolte 8,5 % des suffrages, soit l’un des meilleurs résultats du FN. En 1982, il améliore son audience et atteint même 20 % dans les bureaux de vote des quartiers populaires de Dreux. « Cette volonté de se construire un fief électoral est une évidence pour Jean-Pierre Stirbois qui va nouer de plus en plus de liens avec la droite néo-gaulliste drouaise dans le cadre de la préparation des élections municipales de mars 1983 (p. 17). »
Pragmatisme tactique
En fin tacticien et à un moment où la droite molle commence à s’élever contre tout rapprochement électoral avec le jeune FN, le secrétaire général frontiste prône une union des forces anti-socialo-communistes à la base, dans la commune. Il cherche à contrer « la diabolisation orchestrée par les adversaires du FN ou, plus exactement, il circonscrit cette diabolisation aux forces de gauche, écrit Franck Buleux. L’intérêt de cette stratégie est que la diabolisation initiée par la gauche s’applique à l’ensemble de la droite (ou presque) et perd ainsi de sa valeur (p. 25) ». Après bien des péripéties se déroule une élection municipale partielle de septembre 1983 à Dreux au cours de laquelle la liste FN récolte 16,70 % des suffrages. Malgré l’hostilité de la direction parisienne, la liste RPR fusionne avec celle du FN et chasse le dimanche suivant la municipalité socialiste. Le « tonnerre de Dreux » fait connaître le FN à la France entière. Le 13 février 1984, Jean-Marie Le Pen pulvérise l’audience d’Antenne 2 lors de l’émission « L’heure de vérité ». En juin, aux deuxièmes élections européennes, le FN remporte dix sièges et constitue avec les Italiens du MSI le groupe des Droites européennes.
La médiatisation du FN et ses premiers succès électoraux entraînent un afflux d’adhésions. Il faut aussi s’occuper des premiers élus du mouvement. Aux cantonales de 1985, le FN décroche son premier conseiller général en la personne de Jean Roussel élu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours dans un canton central de Marseille grâce à une double investiture FN – CNIP (Centre national des indépendants et paysans). Jean Roussel gardera le canton jusqu’en 1992. À la même époque commence la crise politique en Nouvelle-Calédonie. On oublie qu’avant 1989 et la victoire de l’atlantiste Charles de Chambrun à Saint-Gilles-du-Gard, le FN eut en 1983 sa première mairie à Thio sur le « Caillou » avec le ralliement de son maire, Roger Galliot. Perdant la mairie deux ans plus tard, Thio devient ensuite un bastion indépendantiste kanak inexpugnable…
Jean-Pierre Stirbois fut-il pour autant un tenant de l’« union des droites », lui qui pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle de 1988 plaidait en Bureau politique pour un vote révolutionnaire en faveur de François Mitterrand ? On pourrait l’imaginer dans la conjoncture actuelle avec le risque élevé de faire des contre-sens magistraux ! Avant de soumettre par serment au B’nai B’rith en 1986, le RPR et l’UDF sont en 1983 – 1984 dans une vive opposition à François Mitterrand. Plusieurs laboratoires d’idées à forte inclination droitière (le Club de l’Horloge, les Clubs 89, etc.) les travaillent en interne. Le programme RPR – UDF des législatives de 1986 en matière d’immigration et de droit de la nationalité ferait pâlir de nos jours n’importe quel cacique du Rassemblement national en quête de la moindre onction de respectabilité médiatique. Pragmatique et favorable à des accords locaux avec l’opposition (l’accord de désistement réciproque pour le second tour des législatives de 1988 dans les Bouches-de-Rhône avec Jean-Claude Gaudin le prouve), Jean-Pierre Stirbois s’ouvre aussi aux « frères ennemis » nationalistes qui savent animer une section locale, diriger une fédération, répondre aux journalistes, rédiger un tract, organiser des manifestations et riposter aux attaques nombreuses d’autant que le FN manque cruellement de cadres expérimentés. Roland Hélie apporte son témoignage sur l’étonnante réconciliation entre le FN et un PFN (Parti des forces nouvelles) conscient que la dynamique électorale joue en faveur du seul mouvement frontiste. Suite à une rencontre fortuite à La Baule en septembre 1984 entre Jean-Pierre Stirbois et Roland Hélie, alors co-dirigeant du PFN rival, débute un processus de ralliement – intégration. « C’est ainsi, se rappelle-t-il, que, grâce à la clairvoyance de l’équipe dirigeante du parti et la bienveillance du secrétaire général du FN prit fin la lutte fratricide qui anesthésiait le camp national (p. 114). » À peine adhérents au FN, d’anciens militants du PFN dirigent aussitôt des fédérations départementales, se portent candidats aux diverses élections et sont même parfois élus ! Ce rapprochement suscite des deux côtés de vives réticences, y compris de Jean-Marie Le Pen lui-même avant qu’il ne convienne du bien-fondé de la démarche. Cela crée un précédent qui se renouvellera plusieurs fois, en particulier à l’égard d’anciens mégrétistes tels Steeve Briois en 2001. Jean-Pierre Stirbois partageait la même volonté que le premier PFN de Pascal Gauchon de permettre la coopération entre les droites. Le maire adjoint de Dreux, responsable de la sécurité, élu sur une liste RPR – FN ne pouvait pas condamner la présence pour les élections locales de militants du PFN sur les listes RPR…
L’héritage solidariste
En outre, sur le plan des idées, le secrétaire général du FN pouvait partager certaines analyses du PFN, lui rappelant son propre engagement solidariste. Lui même militant solidariste aux côtés de Jean-Pierre Stirbois, Francis Bergeron revient sur la première partie de la vie politique du jeune Stirbois. Héritier de l’activisme de l’OAS – Métro – Jeunes, le courant solidariste qui a placé tous ses espoirs (en vain !) en Pierre Sergent privilégie l’action anti-communiste aux idées malgré une floraison de périodiques imprimés. Pourquoi « le “ solidarisme ” au lieu du “ nationalisme ” ? Le trident au lieu de la croix celtique ? C’était un moyen, relève Francis Bergeron, pour ce groupuscule [le Mouvement Jeune Révolution], de créer une vraie et une nouvelle frontière avec l’extrême droite traditionnelle et, le plus souvent, honnie (p. 66) ». C’est le temps où s’affrontent dans une université d’Assas expurgée de ses étudiants gauchistes les solidaristes du GAJ (Groupe Action Jeunesse) aux nationalistes-révolutionnaires du GUD (Groupe Union Défense) ! Il reviendra au tournant des années 1970 – 1980 à Jean-Gilles Malliarakis d’inaugurer le tercérisme, à savoir la combinaison féconde du nationalisme-révolutionnaire et du solidarisme.
Outre de multiples changements de nom, le « néo-solidarisme » activiste se caractérise par diverses scissions ainsi que par de nombreux départs. En septembre 1977, l’Union solidariste de Jean-Pierre Stirbois intègre le FN, ce qui indisposent François Duprat et ses GNR (Groupes nationalistes-révolutionnaires de base). Cette intégration mécontente aussi certains solidaristes. « Alain Boinet et Laurent Maréchaux, eux, ne se reconnaissent pas dans ce Front national, purement politique, qui repositionne, selon eux, le solidarisme vers l’extrême droite traditionnelle. Ils rejettent le soutien de Jean-Marie Le Pen et vont rompre tout lien avec le courant politique solidariste (pp. 70 – 71). »
L’ayant connu par le truchement de son amie d’adolescence, Marie-France Stirbois, Alain de Benoist raconte que « Jean-Pierre Stirbois n’était pas passionnément intéressé par les idées. C’était un remarquable organisateur, un homme d’appareil, un politique à l’état pur (p. 53) ». Massimo Magliaro contredit en partie cette assertion. Il se souvient qu’au cours d’un repas pris à Capri, Jean-Pierre Stirbois et lui ne parlèrent « que de corporatisme. Des corporations de la Rome antique. De celle du Moyen Âge. Et puis du corporatisme fasciste, “ affaire classée ” après la Seconde Guerre mondiale (p. 117) ». « Nous nous sommes immédiatement trouvés en symbiose sur le thème de “ son ” solidarisme et de “ mon ” corporatisme, poursuit-il. Nous avions tous deux faits des parcours pour ainsi dire parallèles, caractérisés par une grande attention à l’égard des thèmes sociaux. Il était curieux, il me demandait souvent comment rendre actuelle et moderne une pensée, la pensée corporatiste, qui vient de très loin (p. 117). »
Ce quinzième Cahiers d’histoire du nationalisme constitue un hommage vibrant à une personnalité marquante de la Droite nationale, populaire et sociale. Sans l’accident tragique qui lui coûta la vie, Jean-Pierre Stirbois aurait-il formé avec Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret un redoutable triumvirat capable de dynamiser le FN et de dynamiter la droite molle, soit obtenir une avancée décisive qui ne vient, trente ans plus tard, toujours pas ?
• Franck Buleux (sous la direction de), Jean-Pierre Stirbois. De l’engagement solidariste à la percée du Front national, Cahiers d’histoire du nationalisme, n°15, Synthèse nationale, 2018, 156 p., 20 €. cliquez ici
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13:36 Publié dans Georges Feltin-Tracol, Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
dimanche, 10 février 2019
Lisez "Les Cahiers d'Histoire du nationalisme" : un devoir militant
00:48 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
lundi, 26 novembre 2018
Sortie prochaine de deux nouveaux livres à Synthèse nationale : achetez-les dès maintenant !
12:14 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme, Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mardi, 20 novembre 2018
Sortie début décembre du n°15 des Cahiers d'Histoire du nationalisme consacré à Jean-Pierre Stirbois
Il y trente ans, Jean-Pierre Stirbois disparaissait dans un accident de voiture à Pontchartrain dans les Yvelines. Il revenait à Paris après avoir tenu un ultime meeting à Dreux, la ville où il fut élu en 1983.
Venu de la mouvance solidariste, il adhéra en 1977 au Front national de Jean-Marie Le Pen. Très vite, il en est devenu le secrétaire général.
C'est lui qui élabora la stratégie consistant à concentrer les efforts militants sur quelques villes, comme ce fut le cas à Dreux, afin d'obtenir des résultats conséquents permettant l'émergeance du mouvement au niveau national. En 1983, ce fut le coup de tonnerre de Dreux et, quelques mois plus tard, la percée historique aux élections européennes de juin 1984.
C'est pour rappeler le rôle primordial qui fut le sien dans l'histoire de notre famille politique, et aussi dans celle de notre pays, que nous avons tenu à lui consacrer ce nouveau numéro, le quinzième, des Cahiers d'Histoire du nationalisme.
Contributions de : Francis Bergeron, Franck Buleux, Françoise Monestier, Philippe Randa, Massimo Magliaro, Jean-François Touzé, Roland Hélie...
Jean-Pierre Stirbois, de l'engagement solidariste à la percée du Front national, Les Cahiers d'Histoire du nationalisme n°15, Synthèse nationale, 180 pages, 20 €.
Sortie, début décembre 2018
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22:37 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mercredi, 12 septembre 2018
Dans Rivarol et dans Le Journal du Chaos de cette semaine : des articles sur le Cahier d'Histoire du nationalisme consacré à Oswald Mosley
Le n°14 des Cahiers d'Histoire du nationalisme consacré à Oswald Mosley et à l'Union fasciste britannique que nous devons à Rémi Tremblay rencontre un large succès, ce dont nous nous félicitons.
La presse nationale et non-conformiste contribue à cela puisque dans leurs livraisons de cette semaine, Rivarol (en vente chez votre marchand de journaux) tout comme Le Journal du Chaos (en ligne cliquez ici) de notre ami Patrick Parment consacrent des papiers très intéressants sur ce sujet tant décrié par les tenants de la pensée dominante. Dans un long article publié dans Rivarol le talentueux Robert Spieler résume la vie et l'engagement de Mosley.
Que nos confrères soient ici remerciés pour l'intérêt non dissimulé qu'ils accordent à nos publications.
S.N.
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samedi, 04 août 2018
À LIRE AU MOIS D'AOÛT :
08:37 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mardi, 24 juillet 2018
Parution du Cahier d'Histoire du nationalisme sur Oswald Mosley : UN ENTRETIEN AVEC RÉMI TREMBLAY, SON AUTEUR, SUR EUROLIBERTÉS
Source EuroLibertés cliquez ici
« Bien qu’il fût un homme d’action, Oswald Mosley fut aussi un homme de réflexion et beaucoup de ses idées restent d’une actualité brûlante. Au niveau économique, sa critique du libre-échangisme et de la mondialisation semble aujourd’hui quasi prophétique »
En quoi Mosley reste-t-il pertinent en 2018 ?
Outre le fait que, comme le pensait François Duprat, nous nous devons de connaître l’histoire du nationalisme, de ses échecs et réussites, pour pouvoir apprendre des erreurs et succès passés, l’étude de Mosley et de ses politiques est extrêmement importante.
Tout d’abord, bien qu’il fût un homme d’action, il fut aussi un homme de réflexion et beaucoup de ses idées restent d’une actualité brûlante. Au niveau économique, sa critique du libre-échangisme et de la mondialisation semble aujourd’hui quasi prophétique. Mais il n’a pas fait que prévoir les problèmes qui allaient surgir, il a offert des pistes de sortie et ceux qui s’opposent au mondialisme y verront des solutions concrètes pour se sortir de l’impasse actuelle. On peut facilement imaginer que, s’il n’avait pas revêtu la chemise noire avant la guerre, il serait devenu l’un des penseurs les plus influents en matière d’économie, à l’instar de son ami John Maynard Keynes.
Au niveau géopolitique aussi, particulièrement dans les dernières décennies de sa vie, il se démarqua en mettant en avant une Europe unie dans un monde multipolaire. En ce sens, il précède l’eurasiste Alexandre Douguine, et contrairement à des penseurs comme Jean Thiriart, il ne sombra pas dans la vision d’une Europe jacobine qui aurait nié les identités régionales ou même nationales. Avec l’échec de l’Europe de Bruxelles, l’alternative qu’il présente reste tout à fait pertinente.
Contrairement à ce que l’on entend parfois, Mosley était loin d’être un marginal…
Tout à fait ! Mosley était un aristocrate fort apprécié de la haute société et il se maria d’abord avec Cynthia Curzon, dont le père Lord Curzon était un homme important, ayant notamment été vice-roi des Indes. Lors du mariage, nombre d’aristocrates furent présents, y compris le couple royal belge. Dans ses premières années en politique, il était une véritable vedette de par son éloquence, sa rigueur et l’originalité de sa pensée. Tant au Parti conservateur que plus tard au Parti travailliste, il était pressenti pour un jour gouverner le Royaume-Uni. Mais, il préféra défendre ses convictions, plutôt que de se compromettre, risquant et sacrifiant sa carrière politicienne qui, aux dires de tous les historiens sérieux, l’aurait mené à de grandes responsabilités.
Il faut ajouter que même lorsqu’il quitta les partis dits respectables pour fonder la British Union of Fascists, il continua à jouir du respect d’une partie de la haute société britannique et d’une partie de l’intelligentsia.
On connaît le Mosley de l’avant-guerre, mais qu’en est-il du Mosley de l’après-guerre ?
C’est bien là un des drames de la vie de Mosley qui considérait que la période de l’après-guerre fut sa période la plus féconde et aussi, faut-il le mentionner, la plus longue. Après la guerre, durant laquelle il put lire et étudier à cause de son internement, il développa l’idée d’une « Nation Europe » basée sur un socialisme européen qui n’a rien à voir avec celui promu par les Soviétiques ou même les Travaillistes. Il développa aussi une critique constructive de l’œuvre nietzschéenne, jetant les bases d’une pensée européenne, inspirée autant par Goethe que par les philosophes grecs, dans laquelle la volonté d’accomplir devient l’ambition ultime de l’homme.
Dans le domaine plus concret et terre à terre, il fut également l’un des premiers politiciens à proposer la remigration et à entrevoir les défis démographiques et sociaux liés à une immigration de masse qui ne faisait à l’époque que débuter.
Rémi Tremblay, directeur du magazine québécois Le Harfang, cliquez ici, est aussi l'auteur d'un autre Cahier d'Histoire du nationalisme consacré à Adrien Arcand cliquez là
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