lundi, 10 mai 2021
Panorama historique du nationalisme belge d’expression française
Georges Feltin-Tracol
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Le public français se détourne souvent de son voisinage immédiat. Cette ignorance atteint aussi l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne qui ne regarde ses homologues étrangers seulement quand leurs nombreux ennemis médiatiques et universitaires les critiquent. Quand on aborde la Belgique, l’attention se focalise, aujourd’hui, sur le Mouvement national flamand et, hier, sur le rexisme de Léon Degrelle. Or, l’activisme nationaliste y reste bien vivace en Belgique, y compris, malgré des conditions éprouvantes pour militer, en Wallonie.
Acteur historique du nationalisme-révolutionnaire outre-Quiévrain et fondateur du mouvement Nation, Hervé van Laethem supervise le n°19 des Cahiers d’histoire du nationalisme plus que jamais fidèles à leur vocation de raconter l’histoire à l’endroit. Il est en effet temps de se pencher sur notre propre histoire politique et de laisser dans leur miasme conformiste des experts pontifiants qui profitent de la « bête (immonde) » (tout en méprisant leur objet d’étude).
Hervé van Laethem avertit qu’il ne s’agit pas d’un travail encyclopédique, « mais simplement un survol d’une histoire somme toute assez dense et foisonnante (p. 8) ». Il précise aussi se limiter « essentiellement aux groupes les plus radicaux (p. 8) ». Il se contente enfin de la partie francophone de la Belgique. Il signale toutefois que des liens se tissent très tôt entre des groupes wallons et quelques mouvements flamands. Tous les francophones ne rêvent pas de transformer la Belgique en bastion septentrional de la latinité…
Engagé très jeune dans des formations radicales, Hervé van Laethem se souvient de hautes figures militantes telles Jean-Robert Debbaudt (1921–2003) ou Bert Eriksson (1931–2005). Il explique par ailleurs que l’histoire des forces nationalistes francophones en Belgique est compliquée. Vieille terre d’immigration italienne, puis nord-africaine et turque, la Wallonie et Bruxelles demeurent encore des fiefs du Parti socialiste, un parti hautement corrompu qui camoufle ses turpitudes financières par des prises de position qui feraient passer Martine Aubry et Benoît Hamon pour de pâles centristes tirant vers la droite… Les autorités politiques, judiciaires et policières ainsi que les journalistes font en outre leur maximum pour entraver le développement des campagnes nationalistes radicales aussitôt tournées contre l’immigration de peuplement, la corruption politicienne et la soumission à l’OTAN.
C’est dans des conditions guère favorables que les militants agissent avec plus ou moins de succès. Hervé van Laethem estime que le militantisme de rue est une excellente école de formation pour de futurs responsables politiques qui, une fois élus, sauront maintenir leurs positions. Il insiste sur l’influence, volontaire ou non, du voisin français sur de nombreux groupes belges. Une association Pour un Ordre nouveau se développe en Wallonie et à Bruxelles. À Charleroi se monte un mouvement appelé Occident ou bien s’active plus tard un Front de la Jeunesse très inspiré par le Parti des forces nouvelles (PFN). Il mentionne aussi des « groupes folkloriques n’ayant existé que de manière éphémère (p. 51) » : National paria (sic !), la Ligue civique belge ou le Faisceau belge. Il revient sur les multiples péripéties et autres métamorphoses – scissions du Front national belge, une « pâle copie du FN de Le Pen, sans réelle vie politique interne, mais très vite gangrénée par des magouilles, délits ou escroqueries politiques (p. 56) ».
Il aborde très rapidement une action occulte et déstabilisatrice de l’État profond. Au milieu des années 1980, la presse dénonce le Westland New Post (« Nouveau Poste de l’Occident ») comme une organisation paramilitaire prête à fomenter des attentats, voire un coup d’État. Il s’agit en fait d’« une construction des services de renseignement belges destinée à manipuler et à utiliser des idéalistes radicaux déboussolés par les procès qui avaient affaibli le Front de la Jeunesse (p. 63) ». Se voulant positif, l’auteur n’en écrit pas plus. Or, cette manipulation politico-policière relève des opérations clandestines du réseau Gladio – Stay Behind conçu par l’OTAN et dont l’affaire jamais élucidée des « Tueurs du Brabant » serait plus ou moins une conséquence connexe.
Hervé van Laethem s’intéresse surtout à trois principaux mouvements marquants. Jeune Europe de Jean Thiriart d’abord, une solide et redoutable école militante dont l’anti-américanisme virulent conduisit en Belgique et en Italie certains cadres motivés dans les rangs de l’extrême gauche armée… Le VMO (Ordre militant flamand) « apparaît dès 1948 (p. 67) » et associe engagement nationaliste flamand et préoccupations sociales. Dès les années 1970, en dépit de la vive querelle linguistique fomentée par les politiciens, le VMO aide des groupes wallons. Journalistes et renseignements généraux remarquent « la présence de nationalistes flamands venus, en Wallonie, prêter main forte à des nationalistes francophones (p. 73) ». Vers 1985, le VMO monte même une section francophone à Bruxelles. Une grande première ! Son activisme redouté suscite la répression inouïe du Régime au point qu’il existera trois VMO successifs. Sa disparition favorisera l’émergence de L’Assaut, bientôt « le groupe activiste le plus “dur” qu’ait jamais connu la Belgique francophone (p. 85) ». L’une de ses actions les plus marquantes provoquera « la disparition de SOS Racisme–Belgique (p. 86) » en 1989 ! L’Assaut annoncera le mouvement Nation.
L’auteur publie douze pages de « Mémoires de prison ». Il fut en effet incarcéré à titre préventif et pour des raisons politiques du 22 mars au 5 mai 1992. Il décrit ses quarante-cinq jours de détention. Son séjour en prison le renforce dans sa conviction de l’inanité de la société multiculturelle. S’il traite souvent des liens et des échanges mutuels avec les nationalistes flamands, il tient à saluer la mémoire de Sébastien Deyzieu. Militant de l’Œuvre française qui manifeste en 1994 contre l’impérialisme yankee, Sébastien Deyzieu est pourchassé par la police de Charles Pasqua, « fait une chute mortelle du cinquième étage (p. 169) » et décède « deux jours plus tard, le 9 mai (p. 169) ». Depuis cette funeste date, chaque année, de nombreux militants commémorent ce martyr du peuple et de la nation. Il eut « la volonté de combattre le Système. La volonté de rappeler que l’impérialisme américain a toujours été et reste un des plus dangereux adversaires du nationalisme européen (p. 174) ».
Ce dix-neuvième Cahiers d’histoire du nationalisme résume bien l’existence mouvementée et tumultueuse des forces nationalistes en Belgique d’expression française, une véritable école d’énergie. Il est du devoir de tout bon Européen d’en prendre connaissance. Sa lecture en est profitable, car la guerre continue plus que jamais contre les Régimes cosmopolites décadents.
Les mouvements nationalistes en Belgique. De 1950 à 2000, Hervé van Laethem (sous la direction de), préface d’Éric Vuyisteke, Cahiers d’histoire du nationalisme, n°19, Synthèse nationale, 2020, 188 p., 24 €.
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01:36 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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