dimanche, 10 août 2025
La gauche et l'extrême gauche adorent tripatouiller l’histoire…
Synthèse nationale
En cette période de vacances estivales, et à l’occasion de la sortie du dernier numéro de la Revue d’Histoire Européenne (RHE), consacrée à La face cachée de la Résistance, nous mettons en ligne un large extrait d’un article que notre camarade Maurice Bernard a consacré, il y a quelques mois, à l’instrumentalisation de l’histoire, à des fins politiques, par la gauche et l’extrême gauche (n°68 de la revue Synthèse nationale, hiver 2024-2025).
Rappelons le contexte. Nous sommes en octobre de l’année dernière. La sortie du livre de Jordan Bardella (Ce que je cherche, éditions Fayard) s’accompagne d’une de ces polémiques devenues "obligatoires" dans notre pays dès lors qu’on est en présence d’un événement concernant le "camp du mal". En l’occurrence, il s’agit de l’annonce d’une campagne d’affichage publicitaire pour l’ouvrage en question dans une centaine de gares SNCF, soit 3,3% seulement des quelque 3 000 que compte le réseau ferré !
À cette nouvelle, le "camp du bien", conditionné, entre en crise et se mobilise.
C’est ainsi que l’inénarrable "insoumis" Thomas Portes publie sur twitter une courte vidéo appelant le "front du refus" à faire pression pour empêcher la commission du sacrilège : « Jamais l’extrême droite et Jordan Bardella ne seront les bienvenus dans les gares françaises. Les cheminotes et les cheminots se sont construits dans la Résistance, se battant contre le fascisme. Plus de 7 500 cheminots (et les "cheminotes", alors ? NDLR) sont morts sous les bombes des nazis. L’ancien secrétaire général de la Fédération des cheminots, Pierre Semard, a été fusillé en 1942. Et en 1944, les cheminots ont lancé la grève insurrectionnelle au moment où les fondateurs du Rassemblement national collaboraient avec l’Allemagne nazie. Jamais nous n’accepterons les affiches de l’extrême droite et de Jordan Bardella dans les gares françaises ».
Réagissant à ces propos du député "éléfiste", Maurice Bernard écrit alors, entre autres, dans Synthèse nationale :
« Le camarade-député Portes est un apparatchik au parcours balisé. (…) Par conséquent, s’il ne connaît pas forcément sur le bout des doigts les classiques de la pensée marxiste-léniniste, en bon "mutin de Panurge", il les met en pratique avec zèle.
C’est ainsi que conformément à la 11e des 21 conditions de Lénine, il appartient, sans états d’âme, à un groupe parlementaire "subordonné" de fait "à la direction du Parti", dont "les éléments peu sûrs" (en l’occurrence Corbière, Garrido, Autain, Ruffin, etc.) ont été "éloignés", et dont les membres restants "(soumettent) toute (leur) activité aux intérêts d’une propagande et d’une agitation réellement révolutionnaires".
Or, on le sait, lesdites "propagande et agitation révolutionnaires", dans le domaine historique, consistent tout particulièrement à préserver le roman communiste concernant l’attitude du Parti avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Et par opposition, à noircir du même coup les prises de position, les engagements - réels ou supposés – de ses adversaires d’alors - et de leurs successeurs -, désignés comme "fascistes". Il s’agit de maintenir vivante, à tout prix, la légende dorée, orthodoxe, écrite par le clergé de l’ex-secte moscoutaire et défendue jalousement par ses ouailles de combat (dont Portes fait partie). Une légende sur laquelle repose en grande partie l’influence de l’extrême gauche dans la France d’après 1945.
Avec son envolée, le député "insoumis" démontre qu’il connaît son petit catéchisme rouge, à défaut de respecter la vérité historique. Son contenu, en effet, appelle quelques remarques et rectifications.
Les faits historiques sont têtus
D’abord, de 1940 à 1944, la France, parce qu’écrasée en mai-juin1940, était militairement occupée par les Allemands (et les Italiens), en partie jusqu’en novembre 1942, en totalité après cette date. Par conséquent, la SNCF et la grande majorité de ses quelque 500 000 employés, qui ont bien dû continuer de travailler, n’ont eu d’autre choix que d’obéir aux ordres de l’occupant (participant ainsi à son effort de guerre et… de déportation). Seule une minorité s’est engagée activement dans la Résistance…
Ensuite, dans l’ouvrage de Cécile Hochard, Les cheminots dans la Résistance, paru en 2011 (La Vie du Rail), il est dit que "1.106" cheminots sont "morts en déportation ou disparus", que "502" ont été "fusillés" et que "39" sont "décédés de causes diverses après leur arrestation". Quant au site de la SNCF, il nous apprend, sans plus de précisions, qu’en tout, "10.000 cheminotes et cheminots sont morts au combat, sous les bombardements (en particulier anglo-américains, NDLR), fusillés ou en déportation"… Le croisement de ces deux sources nous permet donc d’estimer le nombre des cheminots tués au combat ou sous les bombardements à environ 8.000. Dès lors, on voit mal comment les seules bombes allemandes auraient pu en tuer, comme l’a affirmé Portes, "plus de 7.500" (ce qui ne laisserait que 500 victimes pour les combats – en particulier ceux de mai-juin 1940 : entre 70.000 et 90.000 morts français – et pour les bombardements anglo-saxons – environ 60.000 morts français)…
Enfin, Pierre Semard, l’ancien secrétaire général des fédérations CGT et CGTU du rail (et membre du comité central du Parti communiste), a été arrêté sous la IIIe République finissante, le 20 octobre 1939, - et condamné à trois ans de détention - pour infraction au décret-loi du 26 septembre précédent prononçant la dissolution des organisations communistes (en réaction à la signature du Pacte germano-soviétique). C’est donc en tant que membre d’un parti "allié" de fait de l’Allemagne nazie (jusqu’en juin 1941) qu’il se trouvait en prison (du fait des autorités républicaines françaises), et en tant qu’otage qu’il a été fusillé à Évreux, le 7 mars 1942 (comme vingt-cinq autres personnes le même jour), à la suite de deux séries d’attentats, et non en qualité de résistant.
Il y a quelques décennies, une blague mettait en scène un court dialogue entre un député et son jeune enfant :
- Le père : À ton âge, j’aurais eu honte de mentir de la sorte.
- Le fils : Et à quel âge as-tu cessé d’avoir honte ?
Manifestement, cela fait quelques années que Thomas Portes a fini d’avoir honte…
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