mercredi, 03 décembre 2025
La Charte de Munich de 1971 mise en lambeaux 50 ans après !
François Floc'h
Suite aux propos délirants d’Emmanuel Macron pour annoncer sa volonté de "labelliser" les diffuseurs d'informations, les commentaires vont bon train sur les plateaux télé et dans les salles de rédaction. Dans le camp médiatique conservateur, l'inquiétude est grande de voir la liberté éditoriale être verrouillée par l’État à travers des officines créées à cette fin.
Mais jamais, ces intervenants, journalistes ou commentateurs, ne font référence à la Charte de Munich signée en novembre 1971 qui traite de la déontologie journalistique. Cette charte semble totalement ignorée de ces professionnels (*). Et pourtant, elle énonce simplement, en termes clairs, les dix devoirs et les cinq droits des journalistes.
Pas étonnant que ce code professionnel soit mis au rencart tant il a été mis en lambeaux au fil des ans. Par les journalistes eux-mêmes, par les lois liberticides votées, la main sur le cœur, par les députés ! Mais aussi par les juges des différentes instances juridiques nationales et supranationales.
Il n'est donc pas nécessaire d'en commenter le contenu. Pour prendre conscience du saccage volontaire de cette charte, il suffit simplement d'en citer le contenu !
Les dix devoirs du journaliste
Chaque journaliste doit :
1 – Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.
2 – Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique.
3 – Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents.
4 – Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents.
5 – S’obliger à respecter la vie privée des personnes.
6 – Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte.
7 – Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement.
8 – S’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information.
9 – Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs.
10 – Refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
Les cinq droits de la charte
1 – Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.
2 – Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de son entreprise, telle qu'elle est déterminée par écrit dans son contrat d'engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale.
3 – Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience.
4 – L'équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute décision importante de nature à affecter la vie de l’entreprise. Elle doit être au moins consultée, avant décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste.
5 – En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique.
En 1971, cette charte fut signée par les syndicats de journalistes des 6 pays du Marché commun, par la Fédération internationale des journalistes, par l'Union nationale des syndicats de journalistes français.
En 2009, pour contourner cette charte, un autre projet de code déontologique fut présenté par dix "sages" cornaqués par Bruno Frappat du Monde qui n'a jamais brillé par sa neutralité journalistique.
Et aujourd'hui, c'est le grand gourou Macron qui cherche à museler la libre parole. Pour que personne ne puisse dévoiler ses turpitudes ?
(*) La Charte de Munich, j'en ai appris l'existence en 2006 lorsque j'ai porté plainte contre deux journalistes de Ouest France pour défendre la mémoire de mon père. Ils ont été relaxés ! Dans ma grande naïveté, je n'avais pris conscience de l'efficacité des guillemets pour créer de fausses citations et se dégager ainsi de toute responsabilité !
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