jeudi, 04 décembre 2025
Culture et médias : la fin du monopole politiquement correct ?
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Thierry DeCruzy
Baisse générale des subventions
Les associations se lamentent sur la baisse de leurs subventions. L’Etat et ses relais n’ont plus les moyens d’entretenir leurs clientèles. Malgré des budgets considérables, les médias échouent à mobiliser la population. Un exemple, en mai dernier, TF1 parrainait la Soirée de l’engagement dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris, dorures, buffet, spectacle, personnalités « inspirantes », dont une ancienne ministre, avec Hapsatou Sy et Rokhaya Diallo, Nour… Jean-Luc Romero, président du Groupe SOS qui a fait fortune sur la nouvelle pauvreté des années Mitterrand, tenait un discours convenu sur l’accueil de l’autre, la lutte contre les discrimination et autres valeurs fortes. L’assistance ne dépassait pas les 400 personnes et au bout d’une heure aucune collecte de fonds n’avait encore été lancée, signe que ce n’était pas la priorité. Pourtant invitante, la maire de Paris ne s’était même pas déplacée. Cette débauche de moyens publics est à comparer avec les Nuits du Bien Commun organisées depuis 2017, dans 15 villes de France. A Paris, les donateurs sont réunis à l’Olympia (jauge 2000 places). Dénoncées, ces collectes de fonds sont les cibles de campagnes médiatiques largement relayées… qui n’ont jamais dissuadé les donateurs, bien au contraire. Le rapprochement est éloquent entre l’abondance de moyens d’Etat à l’Hôtel de ville de Paris et une opération sur des moyens privés.
Culture : financements privés mieux que subventions
Financé à l’origine par une de ces levées de fonds, le spectacle musical Notre-Dame de Paris a été lancé avec les bénévoles en 2023 au Palais des Congrès de Paris. Deux ans plus tard et pour répondre au succès, les bénévoles sont devenus professionnels et se produisent dans les Zenith de France, sans aucune subvention. Ces artistes formés au Puy-du-Fou montrent qu’il est possible de financer un spectacle sur des fonds privés, donnant ainsi une édifiante leçon à des professionnels de la culture qui ne vivent qu’accrochés à des subventions.
Le film Sacré-Cœur montre que le cinéma peut exister sans subvention et produire un film qui touche un public, malgré ou grâce aux attaques qui le visent : interdiction d’affichage dans les métros et les gares, interdiction de projection à Marseille condamnée par le Tribunal administratif. Les polémiques contribuent à pousser l’audience d’un film dénigré, voire ignoré des médias ordinaires. Ces crispations traduisent le désarroi de sentinelles idéologiques démunies face à la contestation de leur hégémonie.
Le phénomène est similaire pour les médias d’Etat. Régulièrement secoués par des scandales dont les responsables ne sont pas sanctionnés, inondés de subventions insuffisantes à maintenir leur train de vie, ils sont incapables de s’adapter aux évolutions de la clientèle. Il suffit d’observer comment les kiosques à journaux parisiens se sont transformés en magasins de souvenirs, reléguant la presse à un rôle d’accessoire.
Les familiers de Polémia se souviennent du Bobard d’Or décerné à l’AFP en 2025, avec un Bâillon d’Or pour l’ARCOM, « l’autorité publique indépendante garante de la liberté de communication », comme c’est indiqué sur son site.
Les chiffres officiels des audiences ne doivent pas tromper. Comptabiliser la clientèle des brasseries et des EHPAD dans lesquels sont installés des écrans peut entretenir l’illusion, mais il est des signes autrement révélateurs. Depuis la garde à vue de Delphine Ernotte en juin et l’affaire Legrand-Cohen en septembre, les médias subventionnés sont entrés dans une zone de turbulences. En plus du rapport de la Cour des comptes, les indicateurs sont inquiétants, ainsi la chute d’audience de France Inter avec 500 000 auditeurs perdus en 1 an ou sur TF1 une baisse des recettes publicitaires de 10 à 15 %, de plus France Télévisions (budget de 3 milliards d’euros par an) doit gérer pour 2026 une baisse de dotation publique actuellement annoncée à 65 millions d’euros, assortie d’un effort de 150 millions d’euros pour absorber le déficit 2025. Les salariés ont de quoi s’inquiéter. Du côté de la dissidence, Pierre-Alexandre Bouclay, président de Radio Courtoisie, révélait que 10 millions d’euros lui avaient été proposés pour racheter la radio, car son audience ne cesse de progresser, même avec ses fréquences limitées. Les chiffres n’ont rien de comparable, mais ils éclairent les tendances.
Médias : la créativité est dans la dissidence
En effet, la dissidence fait preuve de créativité dans un contexte économique particulièrement défavorable. De nouveaux titres ont lancé des formules innovantes, uniquement sur des financements privés. Bolloré et Stérin sont régulièrement dénoncés, alors que de nombreux projets s’appuient en réalité sur une multitude de petits donateurs privés qui ont montré leur résilience à les soutenir. Un exemple de ces formules, le trimestriel de 150 ou 180 pages relayé par des vidéos en ligne et des sites d’actualités. L’argent ne coule pas à flots, les moyens sont comptés, mais les journalistes sont motivés et ne ménagent pas leurs peines. Les lecteurs, et les abonnés, suivent, délaissant les formules dépassées. Question de s’adapter, les subventionnés sont à la peine.
Dans les médias on ne joue pas à armes égales, car les administrations donnent souvent l’impression de sortir de la neutralité de rigueur. Très en pointe, la Commission paritaire des agences de presse, un service dépendant du ministère de la Culture, délivre une attestation indispensable pour accéder aux tarifs postaux de presse, être distribué dans les points de vente et bénéficier de la défiscalisation des dons. Ses décisions sont opaques et pourraient relever de la sanction politique. Ainsi France-Soir avait déjà perdu sa reconnaissance comme organe de presse en septembre 2023, il la récupère en justice pour la reperdre en juillet 2024, une procédure de contestation est toujours en cours. Autre cas, suite à des plaintes de SOS Racisme et SOS Homophobie (classées sans suite), La Furia a perdu la sienne en juillet dernier, excluant le titre de nombreux points de vente. Une question écrite d’un député RN à la ministre de la Culture début novembre est en attente de réponse. Hors cadre réglementaire, ce couperet est devenu à périodicité variable, anciennement délivré pour 5 ans, il est maintenant accordé pour 1 an ou plus, c’est selon.
Si cela ne suffisait pas, les banques interviennent sournoisement en fermant arbitrairement les comptes bancaires. C’est pratique, aucune justification n’est requise. Les titres les plus exposés sont devenus performants dans ce nouvel exercice de la recherche d’une banque d’accueil, délai 1 mois maximum.
Sortie du tunnel en vue ?
Ces artifices échouent à museler les journalistes dissidents et mieux encore ne dissuadent même pas des jeunes de s’engager dans le combat périlleux pour la liberté d’expression. En 2005, l’ancien dissident soviétique Vladimir Boukovski comparait l’Union européenne à l’Union soviétique. Comme le montrent les quelques exemples présentés, les autorités françaises sont contestées dans leurs bastions historiques que sont la culture et les médias. La veille de la chute du Mur, personne ne voulait y croire. Le nouveau Mur est en train de tomber.
Source : Polémia - cliquez ici.
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Les vierges de la démocratie progressiste

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées
Le vent d’ouest s’était levé tôt ce matin, un vent saumâtre qui remontait les quais du port du Guilvinec avec un bruit d’écailles froissées. Je m’étais réfugié au bar des Brisants, à la pointe de Lechiagat, cette presqu’île où la terre hésite avant de replonger dans le vide. Derrière la vitre, l’élévateur à bateaux, immense carcasse bleue dressée vers le ciel, m’apparaissait comme un menhir d’acier, un dieu moderne dressé contre le ciel, comme si les hommes avaient voulu rivaliser avec la mer, toujours souveraine.
Je lisais, dans le calme battu par les rafales, une longue enquête publiée par Joel Kotkin et Samuel J. Abrams dans RealClearInvestiga
Je relisais certains passages comme on remonte une sonde métallique du fond de l’eau, avec inquiétude, car ce qu’ils décrivaient aux États-Unis n’a rien d’un phénomène lointain. On en devine déjà les secousses en Europe, dans nos universités saturées de discours de déconstruction et dans les métropoles où l’individualisme devient religion civique.
L’article de Kotkin et Abrams montrait comment les femmes célibataires et sans enfants votent massivement pour le Parti démocrate, à près de soixante huit pour cent selon les sondages de CNN. Cette adhésion ne relève pas seulement de la question de l’avortement ou d’un progressisme pavlovien, elle s’inscrit dans une transformation plus profonde.
Les auteurs soulignent que ces femmes sont les premières victimes d’un basculement intellectuel survenu au sein de l’université américaine. Une révolution tranquille, dont les campus ont été le laboratoire puis le tremplin. Les études de genre explosent, les facultés se féminisent, la pensée critique se transforme en un catéchisme où l’homme hétérosexuel devient figure du mal. La famille traditionnelle est implicitement présentée comme suspecte, la maternité comme une entrave, le mariage comme un archaïsme.
C’est ainsi que se fabrique un type d’individu parfaitement conforme à l’idéologie dominante, une femme disciplinée par les injonctions du féminisme universitaire. Elle ne croit plus aux hommes, ne croit plus en la complémentarité, ne croit plus au foyer, ne croit plus à la transmission, et parfois ne croit plus en la réalité biologique qui l’habite.
Elle croit en revanche au salut politique, à la mobilisation permanente, au rôle nourricier de l’État. Elle devient la consommatrice idéale des récits progressistes, celle que nourrit le désir d’appartenance, cette sève psychologique si profondément féminine dont les propagandes modernes savent tirer parti. Le féminisme y trouve ses meilleurs bataillons.
Je contemplais l’élévateur bleu, immobile dans la bourrasque, et je pensais à ces femmes en apparence si libres, mais prisonnières d’un modèle de vie où la liberté est confondue avec la solitude.
Car les chiffres que rapportent Kotkin et Abrams sont implacables.
L’Amérique compte quarante deux millions de femmes adultes vivant seules, et une femme sur six atteint la fin de sa vie féconde sans avoir connu la maternité. Le nombre de foyers sans enfants explose, tandis que les grandes métropoles deviennent des archipels d’individus isolés.
Ces femmes ont été encouragées à renoncer à tout ce qui fut longtemps une part stable de la condition féminine, non par contrainte mais par pression culturelle. L’université les a formées à penser que la maternité les diminue, que l’homme est un adversaire ou un prédateur, que la famille est un piège, et que le bonheur se trouve dans la profession, l’indépendance, la cause.
Elles l’ont cru.
Et puis le temps passe. On ne rattrape jamais ce que l’on n’a pas vécu. On se retrouve à trente cinq ans dans un studio de Manhattan, à quarante cinq ans dans un immeuble de Boston, à cinquante ans dans un quartier gentrifié de Los Angeles, avec un chat, des diplômes et un laboratoire intérieur silencieux. On se découvre mortelle. On se demande qui viendra au cimetière.
Les sociétés qui promeuvent cette trajectoire sacrifient des générations entières sur l’autel d’un progressisme abstrait. Elles transforment la psychologie féminine en une mécanique électorale.
En Europe, ce glissement est déjà visible. Les grandes villes françaises, allemandes, suédoises, sont devenues des habitats pour femmes seules, diplômées, progressistes, travaillant dans les métiers du soin, de l’administration, de la culture, toutes professions dépendantes d’un État toujours plus vaste. Elles votent pour le système qui garantit leur indépendance matérielle et leur solitude organisée.
Cette nouvelle classe féminine joue contre elle même. Elle marginalise les hommes, réduit le désir masculin à une menace, pathologise la différence des sexes, et croit servir sa liberté en détruisant les structures qui l’ont portée. C’est un phénomène que Spengler aurait sans doute lu comme un signe du Fäulnis, une décomposition lente du tissu vital des civilisations.
Pourtant, au pays de Lechiagat comme à travers l’Europe, je vois aussi autre chose. Je vois des femmes qui refusent ce destin stérile. Je vois celles que les journalistes de gauche appellent avec mépris les trad wives, les épouses traditionnelles, les femmes qui revendiquent la maternité comme une joie, la famille comme une cathédrale, l’homme comme un compagnon et non comme un ennemi.
Je vois des femmes jeunes, lucides, qui observent le naufrage démographique de l’Occident et comprennent que la liberté ne se trouve pas dans la solitude mais dans l’engagement, dans le don de soi, dans la construction patiente d’un foyer. On trouve sur Instagram un joli reflet de cette tendance dans memoires de campagne, un blog personnel d’une mère de famille que je suis régulièrement.
Je vois des militantes de droite, des Européennes, des Américaines, qui défendent la famille, la transmission, l’enracinement. Elles savent qu’elles portent en elles la possibilité d’une renaissance. Elles ne sont pas des victimes, elles sont des fondatrices.
Et au fond, une consolation demeure. Les idéologies gauchisantes ne font pas d’enfants. Elles parlent, elles manifestent, elles s’indignent, mais elles ne se reproduisent pas. Elles s’éteignent naturellement, comme une braise pauvre dont personne ne veut raviver la lumière.
Le vent frappait toujours la vitre lorsque je refermai mon ordinateur. L’élévateur bleu se dressait, stoïque, face à la mer. Il m’apparaissait comme l’image inverse de notre époque, une structure solide qui soutient les bateaux au moment où ils quittent l’eau, un bras d’acier tendu pour éviter qu’ils ne s’écrasent.
Je me disais qu’il faudrait peut être des femmes de cette trempe pour relever nos nations.
Source : Breizh-Info, cliquez ici.
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