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lundi, 18 août 2025

Emmanuel Macron, l’eurolâtre

New York : une sculpture représentant Poutine juché sur un char apparaît en  plein Central Park | Euronews

Synthèse nationale

Sur le site du Monde, on peut encore lire un article d’Antoine Flandin mis en ligne il y a quatre ans, le 8 janvier 2021, sous le titre : « Le général De Gaulle, grand inspirateur d’Emmanuel Macron ». Avec cette précision : « Depuis son élection, le président puise dans le mythe gaullien pour projeter l’image d’une France unie et d’un État fort, d’une puissance mondiale et d’un chef incarnant l’autorité ».

Quatre ans plus tard, en cet été 2025, au moment où le président de la République rejoint Washington, en compagnie d’Ursula von der Leyen et quelques chefs d’État et de gouvernement européens, le caractère saugrenu, pour ne pas dire grotesque, de l’analyse (qui déjà semblait évident en 2021, mais l’est plus encore aujourd’hui) nous interpelle grave.

Bigre ! Fichtre ! Saperlipopette ! Jupiter, le képi deux étoiles à l’envers, se coulant - et flottant - dans la veste du général, tendant ses bras en V vers le ciel et s’écriant : « Je vous ai compris »  ! Cet aspect du personnage (d’importance) nous aurait-il échappé ?

Il nous semblait pourtant, à rebours de la thèse originale du papier du Monde, que "Manu", généralement, a plus à voir, pour ce qui est de la pensée, avec Jean Monnet, le compulsif "fusionneur de nations", qu’avec le "Grand Charles" ; et qu’en fait de gaulliste, on a surtout affaire à un eurobéat. Son engagement quasi obsessionnel au service de l’Union européenne, cet autre "machin", frise même l’eurolâtrie. Au point de lui faire oublier qu’« on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités » (comme le rappela De Gaulle au journaliste Michel Droit en décembre 1965).

« L’Europe, l’Europe, l’Europe ».

Depuis la première élection d’Emmanuel Macron, en 2017, et tout au long des sept années qui l’ont suivie, les maux, les fractures, les difficultés du pays se sont aggravés. Aujourd’hui, la cote du "Bas de Hurlauvent" est inversement proportionnelle à sa faconde, au montant de la dette, au nombre des défaillances d’entreprises, des délits, des crimes, des rafales de Kalachnikov ou encore des arrivées de migrants. La population balance entre le fatalisme, le renoncement pur et simple, la déprime (sous anxiolytiques, shit ou cocaïne) et la colère. Mais face à la situation, inquiétante et plutôt anxiogène, la réponse du volubile Élyséen demeure imperturbablement la même. Consubstantielle à sa personne, elle est, encore et toujours, celle que dénonçait jadis De Gaulle : il saute « sur sa chaise, comme un cabri, en disant : "L’Europe, l’Europe, l’Europe" ».

Emmanuel Macron : « La France ? Quésaco ? ».

En fait, si l’on reprend les propres mots de Michel Debré dans ses mémoires, trente ans avant l’accession à la présidence d’Emmanuel Macron, l’« idéologie » et l’« école » du "Mozart de la finance" sont celles « des transferts de souveraineté ». Leur objectif,  « sous couvert de supranationalité, c’est-à-dire du dépérissement de la Nation », est de « priver la France de la maîtrise de son destin ».

Pour l’actuel président, en effet, manifestement, cette dernière est dépassée. Elle  n’existe plus, voire n’a jamais vraiment existé : pas de culture, d’histoire, de singularité françaises. Il a déjà tourné une page qu’il n’a que parcouru sans vraiment en saisir le contenu. Lui, il est dans le provisoire, le mouvant, le fluide, le fuyant. Aussi ne s’intéresse-t-il qu’à la République et l’Union européenne, deux constructions politiques façonnées par l’idéologie dominante, ouvertes à tous les vents du progressisme, en construction permanente, évolutives et découplées des notions de continuité, de peuple, d’identité, d’ancrage dans une terre, une culture, des traditions. Bref, deux contenants dans lesquels on peut déverser, mêler, quand on veut, ce que l’on veut et qui on veut ou plutôt, qui se présente...

Le projet d’ Emmanuel Macron est aux antipodes de celui du gaullisme en tant que "nationalisme apolitique" mâtiné de catholicisme social, défenseur de la souveraineté et porteur d’une certaine idée de la France. Aussi Michel Debré, s’il revenait d’entre les morts, serait-il sans doute bien étonné - voire indigné - que le nom de l’actuel occupant de l’Élysée ait pu être ainsi associé par certains à celui du fondateur de la Ve République.

Sous Macron, une République plus très gaullienne ni même française.

Remontons encore une fois le temps. Nous sommes en juin 1988, un mois et demi après la réélection de François Mitterrand face à Jacques Chirac. Dans le numéro 7 du Choc du Mois, le journaliste national-catholique Éric Letty s’interroge : « Que reste-t-il du gaullisme ? ». Pour répondre à cette question, il commence par rappeler les cinq principes dont se réclament les thuriféraires du général, « tels qu’ils ont été énumérés par Bruno Mégret », huit mois plus tôt, « au cours d’un colloque des Comités d’Action Républicaine » (des principes, précise Letty, « qui n’ont pas été uniquement édictés par De Gaulle, qu’il n’a même pas été le premier à rédiger – toute l’œuvre du courant nationaliste depuis le XIXe siècle en témoigne – mais qu’il a été l’un des derniers à énoncer »).

Premier principe, « lié à l’idée de destin » : « L’histoire (…) est le fruit de la volonté des nations et celui qui a la charge de la nation doit incarner cette volonté ».

Deuxième principe : le « peuple souverain » ; ce dernier doit « pouvoir s’exprimer par-delà les appareils et les notables, au travers d’une authentique démocratie de participation dont le référendum est la plus haute expression ».

Troisième principe : « L’État doit être suffisamment fort pour imposer l’intérêt général » ; ce qui implique « le rejet du régime des partis et du système des lobbies ».

Quatrième principe : « L’État doit incarner la nation, s’enraciner dans l’identité nationale. Pour cela, il doit être puissant, refuser de se soumettre ou de s’inféoder à l’étranger ».

Cinquième principe : « La dimension historique de la France doit être prise en compte parmi ceux qui mènent sa politique ».

Une fois ces cinq principes rappelés, faisons en 2025 ce que Letty a fait en 1988. Demandons-nous s’ils ont été, s’ils sont respectés. Existe-t-il une volonté nationale particulière et Macron l’incarne-t-il ? Non. Le peuple souverain peut-il s’exprimer par-delà les appareils et les notables ? L’opinion majoritaire est-elle prise en compte ? Non. L’État est-il suffisamment fort pour imposer la volonté majoritaire, l’intérêt général, et empêcher le régime des partis, le système des lobbies ? Non. L’État s’enracine-t-il dans l’identité nationale, refuse-t-il de se soumettre à l’étranger ? Non. Enfin, l’actuel pouvoir prend-il en compte la dimension historique de la France ? Non, encore non, définitivement non.

Dès lors, la conclusion s’impose d’elle-même : le « petit malin » (dixit Trump) Emmanuel Macron est aux préceptes gaullistes - ou gaulliens - ce que ses ex-ministres Marlène Schiappa et Bruno Lemaire sont à la littérature. Huit ans après sa première élection, la France est même aux antipodes de ce qu’elle était au début des années 1970 : sa souveraineté est en lambeaux ; son État, sans vision ni volonté, est affaibli ; son administration, pléthorique, est impotente ; sa société, ouverte aux quatre vents, est morcelée et divisée ; sa puissance est en déclin, son crédit limité et son influence en berne… Emmanuel Macron se rend à Washington, mais son rôle se limitera à l’espace (restreint) que Trump voudra bien lui laisser pour s’ébattre !

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