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vendredi, 08 mai 2009

Supporter tué au Parc des Princes : l'enquête rebondit

SOURCE : LE FIGARO

 

Julien Quemener.jpgPlus de deux ans après le drame qui avait coûté la vie à un jeune supporter du PSG, un rapport d'expertise remet en cause le déroulement des faits tel que l'a décrit le policier à l'origine du tir mortel.

                     

23 novembre 2006. Au terme du match de coupe d'Europe de football opposant le Paris Saint-Germain au club israélien Hapoël Tel-Aviv, disputé à Paris au Parc des Princes, un policier tue avec son arme un supporter du club parisien, Julien Quemener, 25 ans, et en blesse un autre, Mounir Boujaer, 26 ans. Antoine Granomort, qui a depuis été révoqué de la police pour escroquerie, explique avoir agi en état de légitime défense. Pourtant, selon le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France, le rapport d'expertise balistique et criminalistique daté du 25 mars et remis à la juge d'instruction parisienne, Nathalie Dutartre, contredit la version jusqu'ici établie à partir des témoignages de Granomort et d'autres personnes présentes sur place le soir du drame.

 

Retour sur les faits. À la fin du match PSG/Tel-Aviv ce soir-là, Antoine Granomort, employé à la police régionale des transports, se trouve dans un véhicule de police banalisé. Il intervient alors pour défendre un supporter de confession juive menacé par des ultras du PSG. Selon sa version des faits, après avoir annoncé sa fonction de policier et vidé sa bombe lacrymogène, il aurait été bousculé par un groupe de supporters hostiles. Ce n'est qu'une fois à terre, ayant perdu ses lunettes, qu'il aurait tiré sur «la grosse masse» au-dessus de lui. La balle transperce Mounir Boujaer, grièvement blessé, et atteint mortellement Julien Quemener. Antoine Granomort a été placé sous le statut de témoin assisté dans cette affaire.

 

La thèse de la légitime défense contestée

 

Si plusieurs témoignages, dont celui du jeune supporter juif, ont confirmé l'état de légitime défense, Mounir Boujaer conteste cette version et affirme que le policier aurait tiré debout. Les conclusions du rapport révélées jeudi tendraient à prouver que la trajectoire du tir, telle que reconstituée par les experts, ne correspond pas à la version d'Antoine Granomort. Sa version «correspond à un tir effectué nettement de bas en haut, atteignant la victime à l'abdomen. Elle est incompatible avec les constatations médicales, les trajets intracorporels des projectiles dans les corps des victimes, atteintes à la poitrine, étant nettement orientés de haut en bas», expliquent les experts cités par Le Parisien. Autrement dit, au moment du tir, l'arme était située au-dessus de l'impact dans le corps des victimes. Si ces dernières étaient debout, le policier devait aussi l’être.

 

«Ces conclusions permettent de contester la thèse de la légitime défense», explique déjà Me Gilbert Collard, l'avocat de Mounir Boujaer, dans Le Parisien-Aujourd'hui en France. De son côté, l'avocate d'Antoine Granomort, Me Florence Rault, ironise sur le travail des experts : «J'étais à la reconstitution. (Ils) ont travaillé avec une pelote de laine rouge ! Je ne remets pas en cause leur compétence, mais je m'interroge sur la fiabilité d'une expertise réalisée avec des moyens dérisoires». Et l’avocate d’annoncer son souhait d’une nouvelle expertise.

 

Jérôme Bouin

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