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mardi, 28 octobre 2014

Ukraine : la démocratie inutile La partition entérinée par les urnes

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Jean Bonnevey

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Si l’on en croit nos médias, une vague pro-occidentale a déferlé sur l'Ukraine.  Le problème c’est qu’elle n’a pas plus de sens que la vague pro-russe qui a submergé la Crimée. En fait le pouvoir de Kiev a organisé des élections pour se conforter, mais en se confortant il a également renforcé la partition de fait entre les deux Ukraine.

Faite voter en temps de guerre des régions acquises et non pas la totalité de la population, c’est une drôle de conception tout de même de l’unité du pays et de la démocratie représentative. Les sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote, dont les chiffres ont été rendus publics à leur fermeture, donnaient environ 70 % des voix aux cinq mouvements pro-occidentaux, pour certains aux tonalités nationalistes. Ils devront se partager le pouvoir, aucun d'eux ne se détachant largement. Selon les résultats portant sur 10 % des circonscriptions, le Bloc Petro Porochenko du chef de l'État arrive comme prévu en tête avec 21,9 % des suffrages, suivi du Front populaire du Premier ministre Arseni Iatseniouk (21,6 %).

Le scrutin, au taux de participation limité à 53 %, est toutefois marqué par le maintien d'anciens alliés de l'ex-président pro-russe Viktor Ianoukovitch, à l'inverse du Parti communiste menacé, événement historique, de disparaître de l'Assemblée. Aucune majorité des partis démocratiques donc mais une victoire des pro-occidentaux dont certains à tendance fasciste comme personne ne le nie et le maintien d’une minorité favorable à une synergie avec la Russie, minorité massivement majoritaire dans les territoires qui n’ont pas voté.

La victoire du Bloc Petro Porochenko est moins large que prévue, tandis que les scores du Front populaire et de Samopomitch (13 % selon les sondages), parti composé de jeunes représentants de la société civile et de combattants revenus de l'Est, ont surpris. En revanche, avec près de 8 %, le Bloc d'opposition, regroupant plusieurs figures de l'ancien Parti des régions de Viktor Ianoukovitch, dépasse ce seuil. Suivent le Parti radical du populiste Oleg Liachko (6 %), les nationalistes et radicaux de Svoboda (6 %) et le parti Batkivchtchina de l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko (6 %). À Donetsk, principal fief des rebelles, les habitants ont ignoré les élections et attendent celles que les séparatistes prévoient d'organiser le 2 novembre.

Nos médias parleront-ils alors de vague pro-russe, sans doute pas et pourtant il s’agit de la même chose. C’est à dire de l'utilisation de la démocratie comme confirmation des choix divergents d’une population dans un pays qui n’est plus unitaire mais bien divisé de fait comme le prouvent les urnes.

Encore une fois il faut être pragmatique et, au-delà de l’idéologie, accepter de séparer pour éviter le pire ceux qui ne veulent pas ou ne veulent plus vivre ensemble.

09:38 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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