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dimanche, 06 décembre 2015

Lapidons le père Benoit !

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Mon Père, vous déconnâtes grave ! Vous avez consterné l’Express, le Figaro, les théologiens sourcilleux des réseaux sociaux et Mgr Barbarin, primat des Gaules. Certaines personnes sont nauséabondes, vous, c’est presque pire, vous êtes consternant. On vous accuse d’avoir mis sur le même pied les victimes du Bataclan et leurs assassins. Et l’on espère que Notre Sainte Mère l’Eglise catholique romaine vous trouvera l’une de ces niches de punition dont elle a le secret, entre le purgatoire et l’enfer de Dante.

Vous deviez pourtant savoir, mon Père, qu’il faut beaucoup de prudence avec les morts : aut bonum, aut nihil, en dire du bien ou rien, conseillait l’ancien précepte. Les Français reprochèrent moins à Raymond Poincaré d’avoir, avec les autres dirigeants européens dépassés (déjà), envoyé un continent au suicide en 1914, que d’avoir ri en 1917 dans un cimetière de poilus. Sans doute existe-t-il quelques rares grâces d’Etat. François Hollande, l’homme qui rit dans les friches industrielles, le chef de guerre qui n’a rien prévu ni su éviter, se fait une cote de popularité pas possible sur le cadavre des cent trente malheureux qu’il n’a pas su protéger. Sans doute : mais vous n’êtes pas de gauche, mon père, ni croque-mort !

Vous auriez dû savoir aussi qu’on n’est pas jugé sur ce qu’on écrit, mais sur ce que vos ennemis comprennent. Ayant commis la faute de vous lire, il m’a semblé que votre cible est l’esprit animant les vides jumeaux qui s’affrontent sous le nom d’islamisme et d’occident post moderne. Bon sujet, puisqu’il m’a inspiré voilà quinze ans un livre inspiré de Bridget Jones, le journal d’Oussama Ben L., que je recommande vivement au lecteur.

Hélas, vous avez commis plusieurs péchés complémentaires : non content de viser le diable, ce qui après tout peut se comprendre chez un prêtre catholique, vous avez attaqué bille en tête le principat des bisounours. Cela, c’est grave. Les réseaux sociaux n’ont pas apprécié que vous rapprochiez les cent trente morts du 13 novembres des 600 bébés que l’on avorte chaque jour en France. Ils ont couiné ! Rien à voir ! Horrible ! Crétin ! Ils vous reprochent d’avoir osé poser le problème moral de l’occident. Sur quelle morale et quelle métaphysique fonde-t-il ses actes ? En quoi tirer des missiles vaut-il mieux que décapiter ? Pourquoi porter le voile est-il pire que marier des homosexuels ? Si prendre la vie innocente est un crime, est-il plus satisfaisant de le faire à la kalachnikov ou à l’aspirateur ? Ces questions sont dérangeantes. Les bisounours sont des animaux sensibles, ils ne supportent pas de ne pas avoir toujours raison, la force qu’ils emploient est toujours légitime, celle de leurs ennemis toujours illégitime, ils sont toujours victimes de la violence des autre, ils ne sont jamais coupables, jamais violents, ils sont toujours justes. Donc vous les embêtez avec des questions qui pourraient les perturber s’ils les examinaient.

Et puis j’en suis désolé pour vous, mon Père, mais vous n’aviez pas le droit de les poser, et cela pour une raison toute simple, c’est qu’elles ont été tranchées une bonne fois pour toutes par Jacques Chirac (Loué soit son saint nom) quand il a dit : « Il n’y a rien au-dessus de la loi civile ». Là est la borne ultime de notre réflexion, de notre métaphysique et de notre religion. Voilà pourquoi, mon Père, je ne vous fais pas mon compliment. Si j’avais une pierre sous la main, je participerais bien à votre lapidation.

NDLR : Martin Peltier à la 9e Journée de Synthèse nationale le 11 octobre dernier.


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13:05 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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