dimanche, 13 mars 2016
Un entretien entre Franck Abed et Emmanuel Albach sur le livre "Beyrouth 1976 des Français aux côtés des Phalangistes"
Au milieu des années 70 une guerre terrible éclata au Liban. Celle-ci opposait les diverses milices musulmanes aux Phalanges chrétiennes alors dirigées par Béchir Gemayel. Elle ensanglantera le pays du Cèdre pendant de nombreuses années. Aujourd’hui encore le Liban garde les séquelles de ce terrible conflit.
A Paris, un groupe d’étudiants est scandalisé par la lâcheté du gouvernement giscardien qui refuse d’intervenir pour soutenir les chrétiens menacés. Ils décident de sauver l’honneur de la France et partent se battre, les armes à la main, à Beyrouth. L’un d’entre eux, Stéphane ZANETTACI n’en reviendra jamais. A ce sujet, je vous conseille d’écouter la chanson « Occident en avant ».
Emmanuel ALBACH fut l’un des deux premiers Français à se rendre sur les champs de batailles libanais. Après avoir lu son livre passionnant et intéressant, j’ai voulu en savoir plus. Voilà la raison de cet entretien qui j’espère en réveillera certains…
Franck ABED
Franck ABED : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter en quelques mots ?
Emmanuel ALBACH : Je suis un ancien militant des Groupes Action Jeunesse et le fils d’un ancien membre de l’OAS. Dans la famille on a le sens du devoir, et l’on est prêt à se battre pour la patrie et pour l’honneur du drapeau, même quand on ne nous l’a pas demandé. J’ai fait aussi les langues’ 0 (arabe littéral et parler du machrek) et ai été journaliste pendant quinze ans, dès mon retour du Liban. Aujourd’hui je fais tout autre chose, mais je suis obligé de me montrer discret par égard à l’entreprise qui m’emploie.
Pour quelles raisons vouloir publier votre expérience au Liban plus de trois décennies après les faits, alors que l’ouvrage avait été écrit dès votre retour en France à la fin des années 70 ?
J’ai toujours eu un carnet et un stylo en poche, et j’avais pris des notes, au fil des jours. Rien d’un journal, mais suffisamment pour me permettre de construire un ensemble presque cohérent dès 1977-78. Et puis j’ai laissé dormir ce texte avant de le mettre une première fois en forme à la fin des années 90, mais ce n’était pas très achevé. Je l’ai soumis à un ou deux copains éditeurs, le temps de me faire pirater pas mal de choses par un imposteur dont je tairai le nom mais que vous reconnaîtrez probablement. Je l’écrase de mon mépris. Puis je suis parti vivre à l’étranger. En 2011, quand la guerre a éclaté en Syrie, j’ai assez vite compris ce qui se dessinait et ce qui menaçait les chrétiens là-bas. Malheureusement ceux-là, au contraire des chrétiens du Liban, n’ont pas de tradition de résistance armée. Ils sont livrés depuis des siècles au bon vouloir des musulmans locaux. Bref, j’ai compris alors qu’il était vraiment temps de témoigner et que je trouve un éditeur. Mais tous avaient peur de se faire taxer d’islamophobie. Roland Hélie (Synthèse Nationale) ne s’en soucie guère, lui ! C’est comme moi, un vieux militant !
Avec le recul, regrettez-vous votre engagement ? Si c’était à refaire, le referiez-vous ?
Aucun regret ! Et je suis prêt à y retourner ! Je crois d’ailleurs que cette fois je serais plus efficace qu’en 1976…
Vous êtes partis de France pour aider des Jeunes Chrétiens dans leur combat. Le christianisme était-il un élément fondamental de votre vie au moment où vous avez fait ce choix important ?
Emmanuel ALBACH : Honnêtement, même si je suis d’une famille catholique et pratiquante, en 1976 j’étais issu d’une mouvance nationaliste-révolutionnaire où l’on ne faisait pas grand cas de ce christianisme gnangnan ou marxisant que l’on nous infligeait depuis Vatican II. Ma motivation était, en quelque sorte, de sauver l’honneur de la France qui faillait à son devoir en ne se portant pas au secours des chrétiens du Liban. C’était une tache de plus sur le drapeau dont je ne voulais pas. Cela dit, une fois là-bas j’ai rencontré des chrétiens de combat (c’est le cas de le dire) animés d’une foi magnifique et communicative. Grâce à eux, j’ai retrouvé le Christ et je ne l’ai plus quitté.
D’une manière plus générale, comment expliquez-vous le peu de virilité qui frappe la jeunesse catholique de France ?
Le sang des Français est un sang magnifique. J’ai pleinement confiance qu’il peut à tout moment révéler sa force et son courage. Il suffit simplement de dire bien fort : « Les gars, les filles, le courage est à la mode ! Risquer son sang pour le Christ et pour la France, quoi de plus exaltant ? Quoi de plus chrétien ?» Faites leur entonner le chant des Chouans : « Les bleus sont là, le canon gronde… ». Nous le chantions la nuit, pour nous donner du courage. Ditesleur, à ces jeunes catholiques, que défendre l’honneur du Christ donne le droit imprescriptible de se battre, et que se préparer à combattre est légitime, et même un devoir chrétien quand il s’agit de sa foi et de son pays. On ne donne à ses malheureux catholiques, pour seul idéal, que les ONG et la « gloire » de faire la bonniche en Afrique dans les programmes d’aide de l’ONU…On ferait mieux de leur parler de Godefroy de Bouillon, ou des Cristeros, ce serait plus d’actualité !
S’il n’y avait qu’un seul enseignement à tirer de votre expérience libanaise, quel serait-il ?
N’attendez pas que l’on vous donne l’ordre ou une autorisation officielle ! N’ayez pas peur que l’on vous taxe d’extrémisme ! Quand ils font cela, ils vous disent seulement que vous dérangez leur ordre établi, qui n’est qu’un chaos moral. Le Christ aime ceux qui sont prêts à tout risquer pour lui : le confort, la vie tranquille de shopping, de vacances, de ciné, de soirées-télé, et parfois aussi la vie…
Comprenez-vous aujourd’hui le désir de certains jeunes de vouloir faire la guerre ? Ne sont-ils pas leurrés par une vision trop romanesque de l’activité guerrière ?
La France est une vieille nation guerrière qui s’est couverte de gloire en maintes occasions. Si elle n’avait pas su faire souvent la guerre, elle n’existerait plus depuis longtemps. Les nations aussi peuvent mourir, vous savez? Un jour, à Jérusalem, le rédacteur en chef d’un grand quotidien israélien me demandait, à mon avis, pendant combien d’années ils allaient devoir se battre avant de se faire accepter dans la région. J’ai éclaté de rire ! « Mille ans, lui ai-je dit ! Au moins ! Nous, en France, nous nous battons contre nos voisins depuis bien plus longtemps que cela. Alors vous… » Les seules nations qui échappent à l’esclavage, à la soumission, sont celles qui se battent : « Il n’y a pas de liberté pour celui qui refuse de combattre. » Donc, il faut se battre, et il faut rendre à nos jeunes le goût de se battre pour rejeter la soumission. Et puis, ils vont avoir à le faire, c’est inéluctable. Cela dit, si vous faisiez allusion aux jeunes qui veulent s’engager en Syrie, moi je suis en l’occurrence très réservé. Je ne fais pas crédit de grand-chose aux Kurdes. Et je me garderai bien de dépendre d’eux. Mais évidemment les chrétiens de Syrie n’ont guère le choix. Au Liban, même si le danger était probablement plus grand, au moins nous savions aux côtés de qui nous combattions.
Suite aux invasions migratoires qui se déroulent en Europe, comment voyez-vous l’avenir de notre continent ?
Je l’ai indiqué ci-dessus : il faut se préparer au combat. Les Européens vivent dans le culte de l’immobilier, mais leur immobilier ne vaudra plus grand-chose quand eux et leurs enfants seront égorgés, et leurs filles violées. Cela vous paraît exagéré ? Voyez comment à Oran, en juillet 1962, les gentils voisins musulmans avec lesquels on cohabitait pacifiquement depuis des générations, ont débarqué soudain chez les chrétiens pour se saisir des appartements, des maisons, et des commerces, tandis que le FLN égorgeant à qui mieux-mieux, et enlevait des centaines de femmes et jeunes filles. Et demandez aux Libanais : ils savent bien eux, qu’il n’y a pas d’exemple dans toute l’Histoire de cohabitation pacifique, durable, avec les musulmans (et que l’on ne me ressorte pas l’épisode mythique des royaumes arabes d’Espagne : les chrétiens y étaient régulièrement persécutés !) Si vous voulez vivre avec eux, il faudra vous habituez à vivre l’arme à portée de main. En vous montrant aussi chatouilleux que les musulmans sur votre honneur et sur le respect qui vous est dû, alors vous pourrez vivre comme des chrétiens du Liban, et être en guerre « civile » tous les cinquante ans. Sinon, vous finirez en dhimmi. Ou alors il faut se libérer pour de bon…
Quel sera le mot de la fin ?
Je suis heureux d’avoir mérité la Médaille du Combattant Kataëb que m’a remise (ainsi qu’à mes camarades), Sammy Gemayel en août 2014 à Bickfaya, et je serai fier de la laisser à mes enfants. Elle vaut à mes yeux mille, cent mille de cette Légion d’honneur galvaudée qu’on jette en pluie sur la caste politico-médiatique. « Et comme les honneurs foisonnent quand l’honneur manque ! » rappelait Flaubert.
Propos recueillis par Franck Abed le 9 mars 2016
Les entretiens de Franck Abed cliquez ici
Beyrouth 1976 des Français aux côtés des Phalangistes, Emmanuel Albach, Les Bouquins de Synthèse nationale, décembre 2015, 260 pages, 22 €. En vente à Synthèse nationale 116, rue de Charenton 75012 Paris (ajouter 3 € pour le port, correspondance uniquement) ou en cliquant ici
15:21 Publié dans Les entretiens avec Franck Abed | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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