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mercredi, 30 mars 2016

De l’abjection à la désinformation

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Dr Bernard Plouvier

S’il faut en croire les media aux ordres, l’Europe occidentale ne court qu’un seul péril, à Paris, Bruxelles, Prague, Bratislava, Cologne, Dresde etc. : le populisme, l’hydre fasciste !

On aurait pu penser que le terrorisme islamique et ses commanditaires et agents de logistique - soit des centaines d’imams et d’oulémas gueulant leur haine de l’infidèle tous les vendredis soirs dans des mosquées sises en terres européennes, et des milliers de sympathisants des cités à majorité musulmane - formaient un authentique péril pour notre vie publique. Nenni !

On aurait pu s’interroger sur l’immense 5e Colonne des musulmans au sein des armées et des polices d’Europe… certains officiers se souviennent de la fraternisation des musulmans d’une unité française avec la très peu fiable population d’Afghanistan. Non, derechef !

L’unique péril, ce sont quelques dizaines de courageux patriotes manifestant leur rejet d’une immigration-invasion, programmée de Washington & de New York, pour mieux dominer, asservir, ruiner une Europe trop inventive.

Or cette technique du rideau de fumée, de la désinformation absurde n’est pas neuve. Nos glorieux socialistes friqués, associés aux écologistes mondains & bourgeois, lisent et relisent le grand modèle : le coup médiatique du 6 février 1934… de l’Élysée et de Matignon, parviennent, aux éditeurs de vieux textes, des commandes de livres consacrés à ce grand classique de l’abjection politique !        

Les auteurs de manuels d’histoire à usage scolaire et universitaire le proclament tous, qui ne peuvent ni se tromper ni nous tromper : dans la soirée du 6 février 1934, la police parisienne, par son loyalisme et sa fermeté, a mâté une « émeute fasciste visant à renverser la République ».

Il existe toutefois un petit ennui, minime on le reconnaît volontiers : cette description des faits est fausse de A à Z, comme c’est bien souvent le cas de la narration historique contemporaine établie par les valets du Pouvoir.

La République serait belle s’il n’y avait tant de politiciens corrompus et ces tristes sires d’agents corrupteurs. C’est ce que pensent quotidiennement, depuis janvier 1934, les patriotes, notamment ceux qui ont défendu le territoire national durant les combats de la Grande Guerre, ces hommes dont Clemenceau disait à la Chambre en 1918 : « Ils ont des droits sur nous »… et ce politicien médiocre, qui jamais n’eut la fibre sociale, se garda bien de faire voter les lois qui eussent haussé les Anciens Combattants au niveau de protection sociale des Teutons vaincus, mais auraient irrité les véritables maîtres du régime : financiers, entrepreneurs et négociants de haut vol.

Depuis la retraite, en 1929, pour cause de maladie incurable et invalidante du grand Raymond Poincaré, l’État français va mal. Les puissances d’argent, pour un temps bridées par ce véritable homme d’État, ont repris les commandes et le peuple, qui conserve encore un grand fonds de bon sens (la télévision n’est pas encore inventée), sent confusément que rien ne va plus à la direction apparente des affaires publiques.  

Le « suicide », pour le moins fort curieux, constaté le 8 janvier 1934, de la canaille Alexandre Stavisky, ouvertement protégé par divers politiciens et hauts-fonctionnaires, génère d’acides commentaires sur les corrompus et les corrupteurs et rappelle aux plus âgés de bien tristes souvenirs.

On évoque de nouveau la faillite retentissante, en 1930, du banquier véreux Albert Oustric, les crapuleries bien connues de Marthe Hanau (arrêtée en 1928) ou du banquier Karl Blumenstein, l’homme des faux titres hongrois, mis hors d’état de nuire en 1927. Dans tous les cas (et il en existe bien d’autres à l’époque), ces scandales financiers, qui engloutissent les économies d’actionnaires-gogos, impliquent de nombreux députés, sénateurs et ministres, ainsi que des directeurs de journaux.

L’affaire Stavisky paraît plus grave encore aux patriotes : l’administration judiciaire est gravement compromise et pas seulement les habituelles canailles politiciennes et journalistiques. C’est même le procureur général près la Cour d’appel de Paris, beau-frère de M. le Président du conseil des ministres, Camille Chautemps, qui est accusé de complicité active.

Le 28 janvier, Chautemps remet au Président de la République, Albert Lebrun, la démission de son « ministère d’insalubrité publique » (comme on l’écrit dans Le Figaro du même jour, qui ne passe guère pour avoir jamais été une feuille d’exaltés). Que les âmes sensibles se rassurent immédiatement, l’honorable politicien radical, cacique de la Franc-maçonnerie, redeviendra ministre dès juin 1935 et même de nouveau Président du Conseil sous le Front populaire.

Arrive Édouard Daladier, précédé d’une réputation d’honnête homme, qui ne l’empêche nullement d’intriguer pour faire obtenir une fort belle situation à son fils, du moins ne l’a-t-il pas fait auprès de l’escroc Oustric, à la notable différence de Léon Blum. Daladier a confié l’Intérieur à un politicien radical et franc-maçon Eugène Frot, un homme décidé à se faire un nom et à passer pour un « soutien du régime » (il votera les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940).    

Dans la soirée du 6 février, alors que pérorent les députés au Palais-Bourbon, manifestent séparément les membres de deux cortèges, dont les slogans antiparlementaires sont identiques : celui des communistes, assez peu fourni, et l’énorme cortège disparate formé des Croix de Feu, tous Anciens Combattants et pour certains d’entre eux sortis mutilés des combats de la Grande Guerre, et d’agitateurs de la Ligue monarchiste d’Action française (dont quelques-uns sont armés).

Les députés prennent peur, car ils apprennent que le principal cortège, celui des Anciens Combattants qui ont l’expérience de la guerre, se dirige vers la Chambre. Le ministre Frot obtient de Daladier, dépassé par les événements comme il le sera toute sa vie, l’autorisation de tir pour la police parisienne et les gardes mobiles.

C’est ainsi que, tandis que plusieurs dizaines d’honorables députés fuient le Palais par l’arrière du bâtiment, les « forces de l’ordre » tuent ou blessent de l’Ancien Combattant et du mutilé de guerre. Avant de suivre le gouvernement dans la démission, Frot donne le ton aux journalistes gouvernementaux (et à travers eux aux historiens académiques et universitaires) : la police a sauvé la République et la Démocratie, face à des « émeutiers fascistes ».

L’appellation « fasciste » réveille les communistes, qui se dissocient aussitôt du mouvement de contestation antiparlementaire. Le 10 février, ils défilent main dans la main avec les parlementaires socialistes et radicaux, ceux-là même qu’ils traînaient dans la boue quatre jours plus tôt. Cette « manifestation Antifa » du 10 février1934 sera, rétrospectivement, considérée par les historiens bien élevés comme « l’acte fondateur du Front Populaire »… un front commun dont Joseph Staline ne veut pas entendre parler jusqu’à l’été de 1935. Jacques Doriot l’apprend à ses dépens, qui est chassé du PCF sur l’ordre des maîtres du Komintern, pour avoir proposé au printemps de 1934 ce que Staline ordonnera de faire l’été de 1935 : « Avant l’heure, c’est pas l’heure » !

Quant aux politiciens et hauts fonctionnaires qui ont protégé Stavisky, il ne leur arrivera rien : il est inutile au lecteur émotif de s’inquiéter, la « Démocratie » est bonne fille ! En revanche, un magistrat trop zélé disparaît.

Le 20 février, le conseiller à la Cour d’appel de Paris Albert Prince, chargé du dossier Stavisky, est assassiné. Certes, la Sûreté Générale – par définition aux ordres du gouvernement - tente d’accréditer la version du suicide. Cela n’est guère évident pour un cadavre ligoté et attaché à des rails de chemin de fer… mais il existe encore des auteurs assez bien élevés pour évoquer un « doute » quant à la mort de cet honnête juriste. Le dossier Stavisky, établi par le conseiller Prince, disparaît fort opportunément et la mort du magistrat est définitivement classée dans la rubrique des suicides.

Le nouveau pantin au ministère de l’Intérieur, Albert Sarraut, radical et franc-maçon comme il se doit, félicite l’honnête policier qui a réglé ce ballet… Pierre Bonny y gagne la réputation de « premier flic de France », que lui attribue un autre membre du guignol ministériel, Henri Chéron. L’inspecteur principal Bonny, authentique canaille, est chassé de la police un an plus tard, devient un « privé » puis un agent français d’élite au service du SD-Gestapo, associé à Henri ‘’Lafont’’-Chamberlin.

De nos jours, policiers et agents de renseignements utilisent toujours de merveilleuses canailles et crapules perverses comme indicateurs, mais – fait nouveau – ils ont aussi à leur disposition au moins un courageux kamikaze qui n’a pas osé se faire exploser et qui gazouille à volonté. On s’adapte et on innove !  

Mais lorsque dans la Ve République française, agonisant dans l’abjection, la corruption, les affaires de fesses et surtout l’inefficacité des « chefs », des pitres ressortent l’argument éculé du « complot fasciste », l’honnête homme, vaguement teinté de culture historique, ne peut que sourire : on a trop souvent fait le coup aux Français. Il est temps pour nos bons « maîtres » de changer de registre et de considérer les véritables périls… on reconnaît que c’est difficile quand les emprunts d’État (et les caisses du Parti aux apparences du pouvoir) sont alimentés par des bienfaiteurs islamo-pétroliers.

12:14 Publié dans Tribune de Bernard Plouvier | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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