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dimanche, 29 décembre 2019

En guise de bonne année...

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Le billet de Patrick Parment

 Tous les journaux en attestent, preuve qu’il doit y avoir un fond de vérité : Emmanuel Macron est de plus en plus seul dans l’exercice du pouvoir et donc déconnecté des réalités. Un de ses interlocuteurs privilégié, nous apprend Le Parisien, en fait foi : « Je n’appelle plus ? Ca ne sert à rien, c’est même contre productif. Il n’écoute personne ». Ce n’est pas la première fois que la presse note que sous la Vème République, le pouvoir isole totalement le président qui est de moins en moins en contact avec les réalités au fur et à mesure que le temps de son mandat s’écoule.  Tous en ont fait l’expérience de Giscard à Macron. C’est dire s’il y a un problème, car la tâche première d’un président c’est justement de répondre aux attentes des gouvernés, à savoir le peuple.

Une fois de plus se vérifie l’axiome maurrassien de la dichotomie entre le pays légal et le pays réel. La Vème République est, dans le genre, un cas de figure. L’unique exception à cette règle est Georges Pompidou qui, malade, a laissé Michel Jobert prendre la direction des opérations. Avec bonheur.

Le projet de réforme des retraites est un bon exemple de cécité. Même  les économistes version Madame Soleil – Attali, Cohen, Piketty, etc – et les intellectuels des cavernes qui le soutiennent chantent en chœur que cette réforme n’a pas été préparée. Normal que ça coince. Mais à cela une raison majeure : Macron, hormis les riches du capitalisme financier à qui il a fait de nombreux cadeaux fiscaux, ne sait pas à qui il s’adresse. Le peuple français, notion très opaque à ses yeux, il ne le connaît pas.

D’ailleurs, parlons-en du peuple français. De quoi s’agit-il ? Au sortir de mes lectures de Christophe Guilluy 1, de Jérôme Fourquet 2, Jean-Claude Michéa3 et de quelques autres, ce que l’on ose appeler le peuple français est plutôt une mosaïque. Trois France cohabitent : celle des riches, celle des classes moyennes et celle des immigrés. Il est bien évident que le peuple français réside à 99% dans ces classes moyennes laborieuses, face à cette classe des riches sans intérêt car sans autre ambition que celle de faire du fric – les Arnault, Pinault et consorts – ce qui n’empêche pas certains d’entre eux d’être lucides pour la bonne raison qu’ils savent à qui ils doivent leur bonne fortune.

Concernant les immigrés, on se gardera bien de les mettre tous dans le même panier. Une grande majorité d’en eux apprécie de vivre en paix dans un pays de droit, même s’ils subissent les assauts d’un islamisme conquérant. Parmi eux, beaucoup travaillent et cotisent à la sécu. Cette frange de l’immigration ne demande qu’à s’intégrer et s’intègre en quittant les ghettos des banlieues des grandes villes. Mais une grande majorité d’entre eux sont sans travail, pour la bonne raison qu’il n’y en a pas – en raison aussi de leur manque de qualification – et cèdent donc aux sirènes de l’islamisme quand ce n’est pas aux trafics divers et variés. Faute de courage, notre classe politique n’a jamais abordé de front les problèmes que pose l’immigration, régulière ou pas. Merci messieurs.

Enfin, il y a le peuple français, le seul, le vrai, celui dont les lignées se perdent dans la nuit des temps. Sans oublier une frange d’immigrés européens récente – Polonais, Italiens, Espagnols, etc. – qui sont venus chercher du travail, en ont trouvé et ont fondé des familles qui au fil du temps sont devenus parfaitement « franchouillardes ». Cette France-là est encore majoritaire, malgré les dix millions d’allogènes extra-européens. Cette France-là, c’est bien celle des Gilets jaunes, celle qu’ignorent superbement Macron et l’ensemble de la classe politique, de droite comme de gauche. Droite dite républicaine et toute la gauche – PCF inclus – ont perdu tout contact avec le peuple et le monde ouvrier jusqu’aux syndicats dépassés par une base qui se radicalise. Et, c’est ce monde ouvrier, cette France du travail qui s’abstient de voter tant elle en a ras-le-bol de l’inanité de la classe politique et de ses promesses non tenues. Ras-le-bol de se faire enfumer.

Or, l’une des grandes responsables de cette situation, c’est la Constitution de cette Vème République, taillée sur mesure pour un général rancunier.  Son unique héritage, c’est bien ce foutoir qu’instaure une telle Constitution qui, amendée et rafistolée au fil du temps, demeure une parfaite épure d’irresponsabilité en concentrant le pouvoir entre les mains d’un seul homme. On voit ce que cela donne !

On n’est pas sorti du marasme et on n’en sortira pas, à mon avis, dans la quiétude et l’intelligence. En attendant, force est d’admettre qu’il n’y a personne à l’horizon pour nous sortir du pétrin. Faute de mieux, et pour manifester leur mauvaise humeur, de nombreux Français s’en remettent au Rassemblement national – premier parti de France -  dont la fille n’est malheureusement pas à la hauteur du père. Qu’elle a zigouillé. Mais, ça, les Français le savent. Nous aussi, et c’est bien là notre drame.

Une phrase d’Henry de Montherlant dans Le 13ème César, résume bien la situation dans laquelle nous sommes. Parlant de la mort de Caton, il écrit : « Il regarde à droite, il regarde à gauche, il regarde en haut, il regarde en bas et il ne voit que l’horreur. C’est le drame d’un peuple à un moment donné, il n’y a personne. »

Bonne année quand même.

(*) 1 – Le crépuscule de la France d’en hautNo Society, Flammarion 2016 et 2018

2- L’archipel français, Le Seuil

3- Notre ennemi, le capital et Le loup dans la bergerie, Flammarion 2016 et 2018

17:57 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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