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samedi, 13 juin 2020

Il y a un an, la revue Synthèse nationale publiait un grand entretien avec Jean Raspail

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Avec « Le Camp des Saints », paru en 1973, il fut l’un des premiers à sonner le tocsin...

UNE RENCONTRE AVEC JEAN RASPAIL

Propos recueillis par

Clotaire de La Rue et Klara Von Kustniz

Notre amie Klara Von Kusniz, qui contribue à l’excellent site « Nous sommes partout », diri­geait, lors de la 7journée régionale de Synthèse nationale qui s’est tenue à Nieppe (près de Lille) le 26 avril 2019, la table-ronde sur la culture. Il fut beaucoup ques­tion des grands écrivains qui ont marqué, et qui marqueront pour toujours, l’histoire de la droite de conviction. Parmi ceux-ci, bien évidemment, il y a Jean Raspail. Avec Clo­taire de La Rue, Klara est donc allée à sa rencontre...

La famille des Pikkendorff traverse toute votre œuvre. Y a-t-il encore des Pikkendorff à notre époque, des gens capables de « suivre leurs propres pas » ?

Jean Raspail : Oui, il y en a de plus en plus car nous sommes arrivés à un tel stade de déclin que les Pikkendorff  ne peuvent qu’émerger. Ce sont des gens qui veulent réagir contre le déclin de l’Occident. J’en suis un, j’en connais beaucoup d’autres. A titre d’exemple, Philippe de Villiers est un Pikkendorff. Ce sont des gens qui disent « je ne cède plus ! ». Ils se caractérisent par une certaine attitude, une courtoisie, une intelligence, une culture et bien sûr une religion. Un de mes livres qui raconte l’histoire de la reine Zara, Hourrah Zara, fondatrice de la dynastie, va d’ailleurs être réédité fin septembre chez Albin Michel sous le titre Les Pikkendorf. J’avais donné le nom de Zara à mon personnage sans savoir qu’une marque de prêt à porter portait ce nom, ce qui est plutôt amusant.

La famille des Pikkendorff étend sa culture, son influence et ses qualités sur toute l’Europe, la France, l’Allemagne et même l’Angleterre et joue un rôle important dans le monde. Ils sont à l’image de l’Europe, ils sont le reflet fidèle des valeurs européennes. Ce sont des aristocrates et leur saga raconte l’histoire de l’Europe qui repose sur des vérités historiques. Certains sont réels d’ailleurs mais je ne vous dirai pas lesquels…

Pourtant, je n’écris pas dans le but de faire passer des messages ou d’échafauder des théories ; j’écris avec les tripes, je me défoule, je monte sur mon cheval et je ne sais pas où je vais comme les sept cavaliers de mon œuvre qui partent sans savoir où ils vont. Il y a une incertitude dans le travail d’écriture comme il y en a une dans le destin de l’Europe. Les cavaliers et les auteurs voyagent vers l’avenir sur l’ordre de leur souverain et ne savent pas où le vent et la plume les mènent.

Je pense qu’un jour, tout le monde enfourchera un cheval et partira, en tous cas, ceux qui en ont le courage et ce jour là verra la renaissance. Je suis moins pessimiste qu’avant.

Lorsque nous observons notre monde moderne, nous avons le sentiment qu’un voile gris s’est posé sur l’Occident. Les derniers hommes libres ont-ils encore une chance de ne pas être étouffés par ce voile gris ?

J.R. : Leur chance, c’est l’isolat. C’est un mot d’ethnographie et cela désigne une tribu, un peuple, une petite ou grande nation menacée et ces groupes, qui ont conscience qu’ils ne tiendront pas face à la menace, décident de partir, de déménager vers un lieu difficile d’accès où ils seront isolés et se protègeront. C’est arrivé en Amazonie, en Afrique : s’isoler et se cacher pour survivre. En Occident, des isolats ont déjà commencé sans le savoir pour réagir contre la menace. Des groupes ont commencé mais n’ont peut-être pas encore conscience qu’ils peuvent aller plus loin pour préserver leur culture.

La Manif Pour Tous, par exemple, c’est un début d’isolat. Les scouts sont un isolat. Ils sont de plus en plus nombreux ; le recrutement est exponentiel dans les fédérations indépendantes. J’écrirais bien un livre sur le scoutisme, c’est un sujet passionnant. Près de Versailles, je suis allée à une fête du scoutisme et j’ai rencontré des tas de gens, des familles qui étaient là uniquement pour se rencontrer autour de leurs valeurs. On m’a demandé un discours, forcément, et je leur ai dit « Vous rendez un grand service à la France, vous êtes un isolat. » Et finalement, lorsque les isolats ont des relations entre eux, ils reforment une nation.

L’isolat est en effet une solution de survie pour notre civilisation mais face aux dangers qui menacent, répression républicaine, immigration de masse, n’y a-t-il pas un risque de repli et de refus total du monde qui nous entoure ?

Il faut être clair, le danger principal qui nous menace, c’est le problème africain. Le monde moderne peut bien continuer à fonctionner, les isolats ne sont pas des partis politiques et ne craignent rien des gouvernements en place. Leurs membres sont liés de l’intérieur par ce qui leur est commun et rien n’y fait. Ce sont des idées cachées, souterraines mais qui existent et se transmettent dans le groupe. Ce sont des ilots de résistance. Prenons l’exemple du Bastion social, la république peut bien dissoudre l’association mais les idées communes restent et le groupe se reconstituera d’une manière ou d’une autre. Regardez Robert Ménard à Béziers, c’est un isolat à lui tout seul ! Et les biterrois suivent. C’est un exemple à suivre.

Les isolats sont vraiment la seule solution, ils se créent lentement mais sûrement. Si cela n’arrive pas d’ici 2060 environ - c’est notre horizon au regard de l’immigration massive -, la situation sera définitive et nous irons inéluctablement vers une guerre raciale. Vous savez, je ne pourrai jamais considérer un quelconque étranger - mahométan de préférence - comme un de mes compatriotes. Tout nous sépare, tradition, culture, histoire, religion. Dieu a créé les nations, ce n’est pas par hasard. C’est une mer-veilleuse preuve de la façon dont l’homme peut vivre en commun et créer des choses extraordinaires. Les zoulous, par exemple, étaient une vraie nation, on pouvait traiter avec eux, avoir des échanges car ils avaient une civilisation. La civilisation, c’est une dignité. Beaucoup de petits peuples que j’ai rencontrés ont cette dignité et ils sont de vraies nations.

Dans son roman « Qui se souvient des Hommes... », paru en 1986, Jean Raspail raconte les derniers des Alakalufs.

Je suis le dernier à avoir côtoyé les Alakalufs, une ethnie disparue de la Terre de Feu. Ils étaient une vraie nation et ils ont entièrement disparu. C’était une civilisation de marins extraordinaires, ils savaient tout faire, naviguer sans boussole, fabriquer des cordages ; ils vivaient sur leur bateau avec leur famille autour d’un foyer de braises qui ne devait jamais s’éteindre. Et un jour, Magellan est arrivé avec ses caravelles somptueuses et les Alakalufs ont été littéralement lessivés par cette vision. Ils se sont dévalorisés et ont perdu tout courage au point que les femmes ont commencé à refuser de faire des enfants. Voilà ce qui risque de nous arriver si nous ne réagissons pas. J’ai rencontré les deux dernières femmes de ce peuple, puis celle qui est resté la dernière et qui m’a dit : « c’est terrible, je n’ai plus personne avec qui parler ma langue. » Voilà ce qu’on va devenir si nous manquons de courage.

Le courage serait peut-être déjà d’avoir la volonté de changer de régime. Vous évoquiez dans votre ouvrage Sire la possibilité d’une restauration de la monarchie ? Quelle monarchie, une monarchie absolue ?

J.R. : A part au temps des Mérovingiens ou des Carolingiens, la monarchie n’a jamais été réellement absolue. Le roi a toujours été aidé par des conseillers. De même, l’idée de monarque de droit divin est une rare stupidité. Il n’y a pas de roi de droit divin, il y a la grâce divine qui se promène sur les hommes et qui peut décider de se poser sur une famille royale en Europe. Et voilà pourquoi on sacre les rois, Le sacre est le symbole de la grâce divine. Sans sacre, la monarchie foire complètement, regardez les Pays-Bas.

Dans deux mois va sortir un de mes ouvrages intitulé Le roi est mort, vive le roi. Ce sera peut-être l’occasion pour les monarchistes d’arrêter de se disputer entre eux. Leur attitude est un véritable scandale. Ils se disputent pour tout, pour savoir qui est l’héritier légitime, pour organiser les commémorations. Ils sont ridicules.

Le 21 janvier 1993, pour la commémoration de l’assassinat de Louis XVI, j’avais organisé une grande manifestation unitaire sur la place de la Concorde, commémoration interdite aux politiques, pas de récupération possible. Des gens sont venus du monde entier, imaginez 100 000 personnes chantant le Notre Père pour l’âme du roi ! Naturellement, la république avait interdit la manifestation.

Le 21 janvier 1993 les monarchistes français commémoraient le bi-centenaire de l’assassinat de Louis XVI.

La veille, je suis convoqué par le préfet de police qui me demande de changer la date ! On ne change pas la date de la mort de Louis XVI ! Il m’a ensuite demandé de changer le lieu de la manifestation. Mais on ne change pas le lieu de la mort du roi ! Il y a une symbolique à respecter. Le matin même de la manifestation, la police est venue et elle a tout ravagé, détruit toutes nos installations, bouclé le quartier. Et finalement, à la dernière minute, la cérémonie devait avoir lieu à 10 h 16, à l’heure exacte à laquelle la tête de Louis XVI est tombée, François Mitterrand envoie un message à la commissaire du 8e arrondissement qui vient me voir et s’excuse platement : « M. Raspail, le président a autorisé la manifestation ». Mitterrand avait au moins le sens de l’Etat et de la continuité historique, contrairement à ceux qui lui ont succédé.

N’avez-vous pas le sentiment que l’Occident est entré dans l’ère du renoncement, comme vous l’aviez prédit dans Le Camp des Saints ?

J.R. : Totalement, l’Occident a complètement renoncé à se défendre. Parce que la défense ne pourra qu’être violente. Il faudra des lois violentes et inhumaines. Comment peut-on faire ? Tirer sur des gens ? Les laisser mourir ? Je n’ai pas de solution, réellement. Je pense que si aucune défense n’est envisagée sérieusement, nous aurons inexorablement une terrible guerre raciale. Pourtant, il y a des possibilités : en 1946, des populations entières ont été déplacées et cela s’est passé à peu près bien. Les Pieds-Noirs ont été rapatriés, des millions de gens peuvent être déplacés pacifiquement, encore faut-il une volonté. Sans cela, ce sera la guerre.

Mais à l’heure du Big Other triomphant, du grand humanisme et des lois liberticides, sans réaction de l’Occident, quel sera notre avenir ?

J.R. : On peut dire que sans cette solution, l’Occident est foutu.

Vous avez dit à plusieurs reprises que le salut de la France, le salut  de l’Europe, viendrait des moines. Pouvez-vous vous expliquer à ce sujet ?

J.R. : Les moines sont en communication directe avec Dieu, ils sont en quelque sorte l’internet vers le divin et ils nous redistribuent la grâce. Leur Foi, leur croyance sont énormes. Ils ont toujours été là. Ils ont sauvé la culture romaine contre les barbares. Quand on va chez eux, on est immédiatement réconforté. Ils sont toujours là à travers le temps et l’histoire. Les moines sont des bases. Pour les catholiques en tous cas. Mais beaucoup de non-catholiques vont aussi se recueillir dans les monastères. Les moines nous défendront. Ils nous défendront par tous les moyens.

Et la Patagonie dans tout ça ?

J.R. : La Patagonie est un isolat qui s’est fait tout seul. J’ai été ébloui par les indiens du sud et par l’aventure d’Antoine de Tounens le premier roi de Patagonie et moi, Jean Raspail, consul général de Patagonie, je me déclare éternellement fidèle au souverain. La Patagonie, c’est un jeu, c’est le jeu du roi. Nous sommes tous des enfants, sans cela nous ne serions pas des hommes. Un jeu très sérieux, comme la guerre. Le jeu se construit tout seul. Nous avons une chancellerie, des vice-consuls dans le monde entier et des milliers de sujets. Je dis bien « sujets ». Celui qui demande à être « citoyen » de Patagonie est éjecté impitoyablement. Finalement, la Patagonie, c’est une France de substitut pour ceux qui en ont assez de l’état actuel de la France. Beaucoup de généraux sont sujets patagons ainsi que beaucoup de jeunes saint-cyriens. Dans ce jeu, tout est vrai ou virtuel. Nous venons de créer un régiment de cavalerie et c’est un colonel adjoint de la garde républicaine qui le commande mais nous n’avons pas de chevaux bien sûr !  
 

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22:06 Publié dans Nous avions un camarade... | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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