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jeudi, 15 avril 2021

Les désaccords d’Evian

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Etienne Defay

C’est l’histoire d'un ven­deur d'eau qui avait oublié que les musulmans de France étaient en plein ramadan. Ce mardi, la personne chargée du compte Twitter de la marque Evian postait un message demandant si tout le monde avait bien bu un litre d'eau aujourd'hui. Il n'en fallait pas plus pour déchaîner les mu­sulmans du réseau social accusant la marque d'islamophobie manifeste. Comment peut-il oser demander si tout le monde a bu aujourd'hui alors que les croyants n'avaient pas le droit de boire ? Devant le torrent d'insultes et de menaces, et plutôt que d'assumer sa question, la marque a présenté ses ex­cuses.On serait presque tenté de penser que Pilate s'était lavé les mains avec de l'eau d'Evian spécialement importée par galère.

Cette affaire est anodine mais elle révèle deux choses : premièrement, la France tout entière est censée se mettre au pas du ramadan. Les entreprises et les citoyens sont priés de s'abstenir de parler 'de nourriture ou d'eau en public de peur d'exciter la susceptibilité de ses ha­bitants musulmans. Deuxièmement, elle démontre la force de frappe de ces mêmes musulmans capables de faire faire demi-tour à n'importe qui. Elle est révélatrice de la peur qui paralyse l’opinion dès qu’il s’agit de cette frange de la population. Un tag sur une mosquée ? Le ministre de l’Intérieur se déplace. Pour les catholiques, il faut au minimum une église qui brûle pour espérer voir un ministre arriver.

A vrai dire, depuis plusieurs mois, le climat est irrespirable. Pas à cause d'une supposée et délirante islamophobie d'Etat comme aime à le prétendre la France Insoumise pour raisons électo­rales évidentes, mais bien à cause de cette montée en puissance d'un isla­misme grimpant maquillé en indigé­nisme. Ne serait-ce que l'annonce de la sortie d'un album de slam interprété par Tariq Ramadan. Un exercice artis­tique douteux qui voit l'ex-meilleur ami musulman de la gauche parisienne déclarer « Vous allez perdre vos pri­vilèges et votre identité. Vous serez sauvagement remplacés ». Tout un programme. Dans ce climat irrespirable ponctué de violences gratuites (qui a parlé de Christophe, 45 ans, égorgé au bas de son immeuble dans le Nord ?), de séparatisme avéré et d'attaques ter­roristes, la France parvient encore à être prise en otage par une supposée islamophobie. Qui parmi les musul­mans dénonce cette supercherie ? Dans le concert de pleureuses, heureusement certaines réactions de bon sens comme Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris qui a estime sur RTL qu'il n'y a « pas du tout » un climat anti-musulmans en France.

Il y a quelque chose de fascinant d'ailleurs à voir les journalistes chercher frénétiquement des figures médiatiques de l'islam affmner la paix et la modé­ration sur une antenne ou une chaîne de télévision. Une fois que vous avez invité plusieurs fois l'imam Chal­ghoumi, vous tournez vite en rond. Le débat sur le séparatisme a montré un sursaut français léger, l'affaire des mos­quées de Strasbourg a fait tweeter tout le monde, mais derrière, rien. La conquête se poursuit. La seule chose que demande la France, c'est qu'elle se fasse en douceur.

Source : Présent 15/04/2021

10:48 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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