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mardi, 28 juin 2022

Tocsin

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Jean-Michel Salvator

C’est un scénario qui semble aujourd’hui inimaginable en France en plein été. L’Allemagne pourrait manquer de gaz cet hiver. Notre voisin dépend pour 35 % de sa consommation du gaz russe. Or Vladimir Poutine a ordonné de réduire drastiquement les livraisons. Impossible de compenser avec d’autres pays producteurs ou avec d’autres énergies. Si les importations russes baissaient encore, l’Allemagne risque d’être à sec de gaz cet automne pour faire tourner son économie et chauffer sa population. Berlin n’exclut pas de fermer des usines avec les conséquences sociales qu’on imagine. « Ce serait catastrophique. Nous ne parlons pas de deux jours ou de deux semaines, mais d’une longue période », expliquait le ministre de l’Économie Robert Habeck la semaine dernière.

La crise qui menace est d’une gravité exceptionnelle. On en a peu parlé parce que les Français avaient la tête ailleurs avec les législatives. Notre situation est aussi moins critique grâce au nucléaire. Mais l’inquiétude monte sur nos ressources. D’abord, parce que la moitié de nos centrales sont en ce moment à l’arrêt pour révision. Ensuite, parce que la sécheresse complique la production d’électricité des barrages hydrauliques. Enfin, parce que nous sommes très en retard sur le renouvelable : nous produisons quatre fois moins d’énergie solaire éolienne que l’Allemagne. Élisabeth Borne a bien demandé aux administrations et aux entreprises de réduire leur consommation de 10 % il y a quelques jours. Mais ce sont bien les dirigeants des trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie qui ont déclenché une prise de conscience en sonnant le tocsin. Ils se font pressants quand ils demandent aux Français de réduire leur consommation : « L’effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte », insistent ces trois responsables qui sont en temps normal de redoutables concurrents. Faut-il que la situation soit préoccupante. Pour faire face, la France comme d’autres pays européens (l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas) vont rouvrir provisoirement leurs centrales à charbon dont le bilan carbone est exécrable. Une décision sacrilège. Mais a-t-on le choix ?

Source : édito du Parisien 28/6/2022

02:05 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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