dimanche, 25 février 2024
Crise agricole… les masques tombent, le roi est nu.
Bernard Germain
Hier j’avais terminé mon article peu avant 12 H 30, alors que Macron discutait à l’étage avec quelques dizaines de représentants des différentes structures agricoles tout en m’interrogeant sur le fait de savoir si Macron allait « déambuler » ou pas dans le salon. Sachant que dans le contexte du moment, « déambuler » aurait constitué une énorme provocation vis à vis des agriculteurs.
Le suspense n’a pas duré longtemps. Macron, le président à l’égo surdimensionné est allé « déambuler » comme si de rien n’était, mais nous allons y revenir. Pour l’instant, reprenons le déroulement de cette matinée.
Avant ce débat avec quelques dizaines d’agriculteurs choisis par les organisations professionnelles, il y en avait eu un autre moment des plus instructifs, à propos du « grand débat » qui a fait pschittt. Une question revenait en boucle : « Macron et ses services ont-ils invité ou pas les « soulèvements de la terre », cette organisation « éco-terroriste » dont le gouvernement a demandé la dissolution, refusée finalement par le Conseil d’État ? »
Macron, manifestement hors de lui, a fait aux journaliste tout un numéro pour affirmer que jamais cette organisation n’avait été invitée, ajoutant que cela l’avait mis « dans une colère que vous n’imaginez pas ».
Les journalistes en sont restés pantois, car sur leurs smartphones ils regardaient tous les messages de l’Élysée annonçant l’invitation des soulèvements de la terre, ceux qui, à Sainte-Soline (79), avaient envoyé plus de cinquante gendarmes à l’hôpital et détruit de nombreux véhicules des forces de l’ordre et des installations agricoles.
Les journalistes étaient tous absolument perplexes. Comment peut-on mentir avec un tel aplomb en niant la plus incontestable réalité ?
Hier soir les soulèvements de la terre ont donné le coup de grâce à Macron en confirmant avoir bien été invités au grand débat.
C’est donc officiel, Macron ment comme il respire et sa parole n’est donc pas crédible.
Et ses engagements, sont-ils plus crédibles ?
Pour répondre à cette question, revenons sur la tenue de l’échange à l’étage avec les représentants syndicaux qui a suivi l’incident sur les soulèvement de la terre. On retiendra de ce « mini débat » quelques éléments :
- Macron est arrivé en chemise, manches relevées, comme un homme qui a tombé la veste pour « faire le coup de poing ». Sa posture en disait long sur ce qu’il avait en tête.
- Il s’est adressé à son auditoire de manière incroyablement agressive et avec un vocabulaire indigne d’un président de la république. Exigeant d’un interlocuteur qu’il enlève son tee-shirt (« Paysan sans président ») et « engueulant » vertement ceux qui avaient le malheur de dire ce qu’ils ne voulaient pas entendre (« si vous dites que l’agriculture est morte alors ce n’est pas la peine de perdre notre temps à discuter, on ferme tout de suite le magasin »). Un relationnel ou les interlocuteurs n’étaient que des enfants pour Macron et lui le sachant tirait les oreilles de ceux qui ne comprenaient pas.
- Et puis il a promis, beaucoup promis, en saoulant d’arguments et de chiffres des interlocuteurs peu habitués à cette pratique dans laquelle Macron lui excelle, avec un débit oral impressionnant. Reste qu’il a donné rendez-vous aux agriculteurs dans 3 semaines et affirmé que dès lundi matin dans tous les départements de France la situation des entreprises les plus en difficulté sur le plan financier serait étudiée et des mesures décidées immédiatement pour apporter de la trésorerie à ces exploitations agricoles. Donc dès aujourd’hui et dans trois semaines, les agriculteurs vont savoir à quoi s’en tenir.
Attendre trois semaines, c’est long lorsqu’on est confronté à une situation comme celle d’hier, mais en réalité c’est extrêmement court. Les agriculteurs, qui patientent depuis des années, ne vont pas s’interroger longtemps avant de savoir quoi penser des promesses du président.
Quant au président lui-même, dans trois semaines tout le monde va pouvoir dire ce que valent la parole et les engagements de Macron. Et cela aura des conséquences pour toutes les catégories de Français. En ce sens, la crise agricole actuelle fait qu’il y aura un avant et un après salon de l’agriculture.
Si Macron a menti (comme avec les soulèvements de la terre), c’en sera fini de la crédibilité du président et de ses engagements. Faire un peu plus de trois ans lorsque plus personne ne vous croit ni ne vous respecte, ça va être long, très long. Sans doute impossible sans que des mouvements sociaux de très grande ampleur ne viennent gravement perturber la vie du pays et peu être même abréger le quinquennat… qui sait ?
Mais reprenons le récit de cette journée. Il est resté enfermé dans les étages du bâtiment 1 jusqu’à environ 14 H 00, puis de manière simultanée, le salon a été ouvert au public -mais pas le bâtiment n°1, celui où se trouvent les animaux, et c’est justement au rez-de-chaussée de ce bâtiment qu’il est apparu entouré d’une armée de policiers et de gardes du corps… dans un hall sans public avec seulement les exposants.
Totalement surréaliste. Du jamais vu.
Il a inauguré le salon en coupant le ruban, sous les huées des professionnels du hall 1, maintenus à distance par la police.
Puis, il a commencé son tour des stands « comme si de rien n’était » pour terminer son parcours après 12 H 30 de présence, donc son battre son record de présence sur place (14 H 30) réalisé lors d’un salon agricole précédent.
Au final, quelles leçons politiques peut-on tirer des évènements de ce samedi 24 février ?
- Tout d’abord que la crise agricole va avoir des répercussions sur la marche de toute la société française. Cette crise n’est surtout pas uniquement agricole. Ce que nous voyons éclaire tous les Français.
- Macron est vraiment apparu pour ce qu’il est : un homme à l’égo surdimensionné, ne supportant pas la contradiction, méprisant ouvertement tous ceux qui le contestent et capable de mentir comme un arracheur de dents. Il est apparu pour ce qu’il est : un homme détestable. Le roi est nu…
- Macron est aussi apparu comme un homme qui n’a que faire de la démocratie. Son peuple est opposé à ce qu’il entend mettre en œuvre ? Aucune importance, lui est le sachant. C’est donc ce qu’il a décidé qui s’appliquera sans tenir compte de l’opinion de tous les incultes et bas de plafond que sont les Français. Et face à ces gens, l’emploi outrancier de la force publique ne lui pose aucun problème.
- Macron a beaucoup promis et, de ce point de vue, il est au pied du mur. S’il a menti aux agriculteurs et que dans trois semaines ils constatent qu’ils ont été abusés par un « bonimenteur » -fut-il le locataire de l’Élysée- cela changera définitivement la relation entre le président, son peuple et toutes les professions. Ce sera un véritable tournant qui rendra très longue la fin du quinquennat… s’il arrive à le finir.
Et puis il y a cette petite musique qui a commencé à se faire entendre. Une petite musique qui risque de laisser de profondes traces tellement elle est odieuse.
Macron a cru intelligent et surtout utile de déclarer que ces incidents au salon étaient le résultat de l’action du RN afin de le mettre en difficulté et de dresser les agriculteurs et le peuple contre lui.
Le fameux… « c’est à cause de l’extrême droite ». Pitoyable et intellectuellement au niveau des racines des pâquerettes !
Non, Monsieur Macron, la crise agricole actuelle n’est pas un complot de l’extrême droite.
Il s’agit du résultat de l’action obstinée de l’Europe, depuis de très longues années, qui veut détruire l’agriculture française notamment.
Vous pouvez raconter toutes les histoires que vous voulez, il va falloir répondre à certaines questions, et vite :
- Oui ou non, allez-vous laisser l’Ukraine envahir et déséquilibrer nos marchés avec leurs poulets et leurs céréales notamment ?
- Oui ou non, allez-vous laisser les accords signés avec la Nouvelle-Zelande ruiner nos marchés agricoles ou en demander l’annulation?
- Oui ou non, allez-vous demander l’arrêt pur et simple des négociations avec le Mercosur ?
- Oui ou non, allez-vous exiger que les normes imposées aux agriculteurs français soient imposées à tous les produits agricoles importés en France ?
- Oui ou non, allez donner des ordres pour que cesse cette avalanche de normes « écologiques » qui rendent quasi impossible le travail de nos agriculteurs ?
- Oui ou non allez-vous faire en sorte que les agriculteurs aient la possibilité de vivre dignement de leur travail en mettant au pas les énormes centrales d’achat qui se sont restructurées au plan européen pour échapper à nos réglementations ?
Jusqu’à preuve du contraire, le RN n’est pour rien dans la réalité et la pertinence de toutes ces questions. Les gens sont moins bêtes que vous ne le pensez et malgré vos tentatives pour désigner des boucs émissaires qui ne sont pour rien dans ces affaires, vous ne pourrez éviter de devoir assumer vos responsabilités.
Le président pourra faire tous les discours, toutes les promesses qu’il veut, il lui faudra répondre aux questions listées ci-dessus. Et il le sait, c’est là que les vrais problèmes commencent.
Car, ces questions, c’est à Bruxelles que se trouvent les réponses. Là où siège son ami Pascal Canfin président de la commission environnement à Bruxelles. C’est ce triste sire qui a signé le « Green deal » (pour « être le premier continent neutre pour le climat ») et en conduit la mise en œuvre pour le plus grand malheur de nos agriculteurs.
Il y a une maxime que Macron devrait méditer :
« On peut tromper tout le monde une fois, on peut tromper quelqu’un tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps ».
Macron ne sait pas encore, mais il va l’apprendre assez rapidement.
Quant au RN, Jordan Bardella sera au salon de l’agriculture aujourd’hui. Nous verrons bien l’accueil qui lui sera réservé.
Pour ce qui me concerne, je mets une petite pièce que le mauvais numéro de Macron hier (c’est à cause du RN) contribuera à ce que l’accueil soit assez chaleureux.
Pour le commander cliquez ici
22:17 Publié dans Bernard Germain | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.