vendredi, 31 mai 2024
ENTRETIEN PUBLIÉ AUJOURD'HUI DANS OUEST-FRANCE. Marion Maréchal : « Je veux une triple frontière contre les clandestins »
Texte publié dans Ouest-France cliquez ici
La tête de liste Reconquête espère créer la surprise lors des élections européennes du dimanche 9 juin. « Cette triple frontière sera nécessaire pour dissuader, bloquer et expulser les clandestins », dit-elle
Quelle est la proposition phare de votre programme ?
La « triple frontière », pour dissuader, bloquer et expulser les clandestins. Une première frontière hors du territoire de l’Union, qui prendra la forme d’accords avec les pays de départ où nous ouvrirons des centres pour examiner les demandes d’asile. Une frontière européenne, avec la mise en place d’un blocus militaire naval en Méditerranée et le financement des murs demandés par les pays confrontés aux afflux de migrants. Une frontière nationale, basée sur la fin de la libre circulation des extra-Européens au sein de l’espace Schengen, la suppression de la directive sur le regroupement familial et la mise sous condition de l’aide au développement, réservée aux seuls pays qui accepteront de reprendre leurs ressortissants expulsés.
Comment organiserez-vous les contrôles au sein de l’espace Schengen ?
Nous avions des frontières nationales avant 1985. Il reste des barrières physiques à chaque point d’entrée sur le territoire national. On peut y restaurer des contrôles, avec des files rapides réservées aux Européens, qui n’auront qu’à montrer leur passeport, et des dispositifs facilitant le passage des transfrontaliers, type télépéage ou reconnaissance automatique des immatriculations. Mais les non Européens ne pourront plus passer d’un État à un autre sans visa et contrôle de celui-ci à chaque frontière.
Comment comptez-vous mobiliser vos électeurs le 9 juin ?
D’abord en leur rappelant qu’il n’y a pas de vote perdu ou inutile, puisque c’est la seule élection à la proportionnelle intégrale à un tour que nous ayons en France. Toutes les listes qui feront plus de 5 % auront des élus. Le seul vote utile le 9 juin, c’est de voter pour le parti qui défend le mieux vos convictions, avec le plus de force et de courage. C’est d’autant plus important que pour la première fois, la coalition qui dirige l’Union depuis des décennies (l’alliance des LR, des socialistes et désormais des Macronistes) peut être renversée. Le groupe, qui peut devenir la force centrale de cette recomposition à droite, est le nôtre, celui des conservateurs et réformistes européens (ECR), avec nos dix-sept alliés européens.
C’est un triple saccage : écologique, social et économique.
Vous pourriez siéger avec le Rassemblement national, une fois élue ?
Le groupe du Rassemblement national (Identité et Démocratie) est en train d’exploser et le RN cherche sans doute de nouvelles alliances européennes. Mais l’hypothèse d’un groupe unique est très loin de nous, même s’il est évident que nous pourrions être amenés à avoir des votes en commun, demain, au Parlement européen.
Si une partie du PPE veut rompre son alliance avec la gauche, mais certainement pas avec Ursula von der Leyen. Elle a fait cette déclaration parce qu’elle a désespérément besoin d’appuis pour rester présidente de la Commission européenne. Mais personne chez nous n’acceptera de travailler avec elle. Nous voulons, au contraire, qu’elle parte !
Quels sont les trois sujets qui préoccupent les gens que vous rencontrez ?
L’immigration revient toujours, avec les deux corollaires que sont l’insécurité et l’islamisation. La question des défaillances d’entreprises, qui battent des records, aussi. Les Français remplissent leur feuille d’impôts en ce moment. Beaucoup ont le sentiment de vivre dans un enfer fiscal, où les classes moyennes payent en permanence pour combler le tonneau des Danaïdes de l’immigration et de l’assistanat.
Il faut sortir du marché européen de l’électricité ?
Oui. Si on veut baisser la facture, alourdie par 30 % de taxes franco-françaises, il faut réorienter les financements vers un grand plan du nucléaire. Le problème, c’est qu’Emmanuel Macron défend la directive européenne prévoyant de faire monter la part des énergies renouvelables à 42 % de la production électrique de l’Union. Il prépare plus de cinquante projets de parcs éoliens maritimes qui vont massacrer nos côtes.
Que pensez-vous de la fin de la mise sur le marché des moteurs thermiques neufs en 2035 ?
C’est une décision absurde et hypocrite. On va remplacer une dépendance pétrolière par une dépendance minière encore plus critique, puisque 85 % des terres rares sont détenues par la Chine. On va donner un avantage considérable à son industrie automobile, qui a déjà dix ans d’avance sur nous, et menacer 100 000 emplois en France. C’est un triple saccage : écologique, social et économique.
Quelle réforme de la Politique agricole commune défendrez-vous si vous êtes élue ?
Je souhaite remplacer l’objectif de verdissement de la Pac par un objectif de souveraineté alimentaire. Développer un modèle qui soit beaucoup plus incitatif que contraignant. Je souhaite que les écorégimes, qui sont aujourd’hui marginaux, deviennent le modèle : plus vous êtes vertueux, plus vous serez aidés. Mais les incitations à la conversion à l’agriculture biologique doivent être revues. On a poussé massivement les agriculteurs vers le bio, pour des raisons idéologiques, mais beaucoup d’entre eux sont obligés de « détransitionner » parce qu’il n’y a pas de marché. Ils n’arrivent plus à en vivre. Les agriculteurs ne veulent ni l’aumône, ni l’assistanat, ni une économie administrée. Ce qu’ils demandent, c’est qu’on les laisse bosser. Ils devraient être prioritaires sur certains marchés, comme la restauration collective.
Êtes-vous favorable à la remise en cause des accords de libre-échange ?
Je souhaite qu’il y ait un état des lieux de ces traités, afin d’en tirer le bilan et de les remettre en cause si nécessaire. Je n’ai pas de dogmes en économie. Je ne considère pas que le libre-échange est bon ou mauvais par nature : on doit défendre nos intérêts, ceux de nos entreprises et nos agriculteurs. Il faut surtout sortir de la naïveté commerciale. La guerre économique est extrêmement violente, notamment avec les États-Unis et la Chine. On ne peut plus se permettre d’être les éternels dindons de la farce.
Le Pacte vert européen est-il à revoir ?
Ses objectifs sont à remettre en cause. Réduire 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030, par rapport à la situation de 1990, est irréalisable. Sauf à organiser la décroissance agricole et industrielle. Une hypothèse que je combats car cela entraînerait une hausse des importations, et donc davantage de pollution. Ce Pacte vert est également injuste car en 1990, la France était deux fois plus vertueuse que l’Allemagne grâce à son parc nucléaire. Et pour autant, on lui donne les mêmes objectifs qu’outre-Rhin. La France, c’est 1 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, l’Europe est entre 7 et 9, et pourtant on cherche toujours à nous culpabiliser.
Je suis contre l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne
Quelle est votre position sur l’Ukraine ?
Je suis contre son intégration dans l’Union, au même titre que toute nouvelle forme d’élargissement aujourd’hui. Faire rentrer neuf nouveaux pays, cela signifierait les intégrer automatiquement au marché commun, ce qui aggraverait la concurrence intra-européenne et entraînerait la mort de l’agriculture française. L’Ukraine, par exemple, c’est 200 € de salaire minimum. Ce sont des exploitations grandes comme le Jura…
Et face à la guerre ?
Je souhaite que la compétence diplomatique reste nationale. Ce n’est pas à l’Union de s’en occuper, au même titre que les questions de défense. Je condamne, évidemment, l’agression russe. Je soutiens l’aide logistique, humanitaire, financière à l’Ukraine. Mais la France ne doit en aucun cas s’impliquer dans le conflit comme cobelligérante, au détriment de sa propre sécurité. Notre armée est en mauvais état.
Vous en appelez donc à une politique française de défense…
Contribuer à la défense du continent passe par le renforcement de l’armée française. Nous militons pour que 3 % de notre Produit intérieur brut soient réservés à la défense, pour des commandes publiques ambitieuses, pour des relocalisations de filières stratégiques sur le territoire national. Il est impératif, en matière de défense, de produire et d’acheter français et européen. Au cours des deux dernières années, 80 % du matériel militaire acheté en Europe était extra-européen. L’Alliance atlantique ne peut être qu’un complément. C’est d’abord à l’Europe d’assurer sa propre sécurité.
Faut-il reconnaître l’État palestinien ?
J’ai toujours défendu l’idée d’avoir deux États. Maintenant, les conditions ne sont pas réunies pour une reconnaissance. Si on fait cela, on crée, de fait, un état islamiste. On donne le pouvoir au Hamas qui veut la destruction d’Israël. Le Hamas est aussi une menace pour la France. C’est une branche des Frères musulmans revendiquant la conquête islamiste de l’Europe. Je compte d’ailleurs me battre pour faire interdire la présence de cette confrérie et ses ramifications dans l’ensemble du territoire européen.
Si j’avais voulu retourner au RN, je l’aurais déjà fait !
Vous êtes sous le coup de plusieurs plaintes, après vos propos sur le Festival de Cannes et le prix d’interprétation féminine remis à une actrice transgenre. Vous assumez ?
Je dis ce que je pense et ne vais pas me laisser intimider par ces menaces judiciaires. Aujourd’hui, l’activisme transgenre, qui est du militantisme politique, est une idéologie dangereuse, en particulier auprès de nos enfants. Chacun est libre de vouloir ressembler à une femme. Par contre, je refuse de me plier à l’obligation de dire qu’un homme est une femme et une femme un homme. Je ne juge pas les modes de vie, je m’attache à la réalité biologique.
Qu’espérez-vous le 9 juin ?
Je suis optimiste. Les sondages nous donnent déjà six à huit élus et je sais que nous créerons la surprise. Je demande aux électeurs de droite de voter pour des élus courageux, qui ne les trahiront pas, et de nous donner leur vote pour battre les islamogauchistes de La France insoumise.
Après ce scrutin, continuerez-vous le combat politique chez Reconquête ou au RN ?
Si j’avais voulu retourner au RN, je l’aurais déjà fait ! Au sein de Reconquête, je peux défendre ce en quoi je crois profondément : la défense de notre civilisation et de ses racines chrétiennes, le refus de l’islamisation, le travail et le mérite plutôt que l’assistanat et l’enfer fiscal, nos valeurs et nos familles face à la folie woke et l’activisme LGBT.
09:45 Publié dans Européennes 2024, Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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