jeudi, 13 juin 2024
La France a plus que jamais besoin de Reconquête et d’Éric Zemmour
Pierre Cassen Riposte laïque cliquez ici
La dissolution opérée par Macron, sans doute, comme je le disais dès dimanche soir, pour des calculs politiciens sordides, qui consistent à souhaiter la victoire du RN en 2024 pour mieux le discréditer en 2027, continue à opérer des déflagrations dans le paysage politique français.
D’abord, chacun a pu constater que la belle gauche morale, qui continue à imposer le cordon sanitaire à ses adversaires politiques, en jouant sur la rue, s’émancipe des beaux principes qu’elle impose à la droite, et sans vergogne s’allie, y compris avec les Insoumis, qu’elle qualifiait d’antisémites la veille, quand il s’agit de sauver des postes et leur boutique.
Chacun a pu avoir la confirmation que les notables LR sont de véritables traîtres à la France, et préfèrent conserver leurs petits avantages boutiquiers, se vendre à Emmanuel Macron, plutôt que d’avoir le courage d’Éric Ciotti, et de penser aux intérêts du pays, en rompant avec le piège de Mitterrand, imposant la division de la droite au nom de principes moraux à géométrie variable. C’est sans doute la première fois dans l’histoire qu’en toute illégalité, un président est destitué par un bureau politique auquel il ne participe pas, et le droit, ou pas, de disposer de l’investiture LR sera tranché dans les heures qui viennent par les juges.
Mais l’explosion en direct de LR, qui était inévitable, se conjugue à celle, tout aussi dévastatrice, de Reconquête. Chacun suit les différents rebondissements, depuis dimanche, que les fins connaisseurs de la vie politique avaient un peu anticipé en regardant le déroulement de la campagne européenne. Chacun voyait bien qu’il y avait deux campagnes de Reconquête, celle de Marion Maréchal, et celle d’Éric Zemmour et de Sarah Knafo. Les plus optimises espéraient qu’elles étaient complémentaires, et que chacun jouait un rôle. Les plus pessimistes craignaient que la différence stratégique, assumée publiquement par les protagonistes, sur l’attitude à adopter par rapport au RN, ne finisse tragiquement.
Chacun a remarqué que dimanche soir, Éric Zemmour a paru apprendre que Marion allait rencontrer toutes les composantes de la droite, pour parvenir à jouer de sa personnalité pour imposer, dans un contexte exceptionnel, l’union à laquelle tout le monde aspire pour gagner le 30 juin et surtout le 7 juillet. Les observateurs ont noté qu’alors que Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu applaudissaient cette annonce de Marion à tout rompre, Éric restait stoïque, sans doute parce qu’il avait l’impression que le président était contourné par la vice-présidente.
Chacun avait compris en écoutant lundi soir Éric Zemmour sur CNews qu’il laissait entendre qu’il avait eu beaucoup de mal à avoir des informations de la part de Marion sur les négociations qu’elle avait entamées. Il avait affirmé d’autre part, sentant que sa personnalité servait de prétexte au RN pour justifier le maintien de la division, qu’il ne demandait rien, qu’il n’entendait pas exiger un poste de député ni de ministre en cas de victoire. Rappelons que cet entretien a dépassé les records, à CNews, avec 1,2 million de téléspectateurs, preuve que la parole d’Éric est toujours attendue avec impatience.
Chacun avait pris acte de l’humiliation infligée à Marion qui, reçue la veille par Jordan Bardella et Marine Le Pen, avait annoncé qu’une alliance était possible, mais seulement avec ceux qui, à Reconquête, n’avaient pas attaqué le parti, et absolument pas avec Éric Zemmour et ses amis. Le lendemain, tout tombait à l’eau. Alors qu’Éric Ciotti annonçait avoir passé un accord politique avec le RN, alors que se dessinait une véritable union des droites, montrant que le RN voulait être l’élément moteur d’une alliance qui devait mener le bloc national, le camp patriotique au pouvoir, Jordan et Marion changeaient leur fusil d’épaule et annonçaient qu’aucun accord ne se ferait avec Reconquête, que ce soit avec les amis d’Éric Zemmour ou ceux de Marion Maréchal. Celle-ci prenait acte de son échec, annonçait sa volonté de demeurer à R! et de travailler au Parlement européen pour honorer son élection et celle de ses colistiers.
Prenant acte de cette situation, par ailleurs catastrophique pour R!, Éric Zemmour décida donc, tout en étant conscient de la difficulté de la situation, de présenter des candidats dans les 577 circonscriptions, pour que le parti continue d’exister. De nombreux militants de Reconquête rencontrés craignaient tous que, dans un contexte où l’espoir d’une victoire du RN le 30 juin et le 7 juillet était immense, les conséquences du vote utile ne soient ravageuses pour les scores des candidats. Mais le piège de la direction du Rassemblement national, qui n’a jamais caché sa volonté d’éradiquer Reconquête, se refermait sur la direction de ce parti.
C’est alors que le coup de poignard se produisit. Marion, entourée des autres élus européens de Reconquête, à l’exception de Sarah Knafo, annonça soutenir les candidats uniques de la coalition des droites (d’où Reconquête était exclu) et qualifiait de candidatures de division la présence des listes Reconquête annoncées par Éric, suite au refus du RN d’intégrer son parti dans l’union. Bien sûr, Marion a par ailleurs négocié, dans son coin, des places dans la coalition pour quelques-uns de ses amis. cliquez ici
Dès lors, la rupture était inévitable, et elle fut consommée hier soir, sur BFM, où Eric, blessé et meurtri, eut des mots très violents à l’égard de Marion et de ce qu’il appela la trahison la plus rapide de l’histoire.
Cette situation, dramatique, appelle plusieurs commentaires. D’abord, sur le terrain, il n’est pas certain que la direction de Reconquête aura les moyens d’imposer des candidatures partout. Ainsi, en Bretagne, la direction régionale a fait savoir qu’elle soutenait la démarche de Marion, et s’opposait au fait de présenter des candidats. Des remontées confirment que la situation est identique dans d’autres lieux. Éric Zemmour et Sarah Knafo vont donc devoir exclure du parti non seulement Marion Maréchal, Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu, mais aussi tous ceux qui se rallieront à la démarche de Marion.
Il restera, bien sûr, des fidèles à Éric. Jean Messiha, dans un message particulièrement violent contre Marion, affirme sa fidélité à Éric, et appelle de ses vœux à la poursuite de l’aventure Reconquête. cliquez ici
La réalité est pourtant fort simple. Marion, qui a mené une campagne exceptionnelle, a des ambitions, tout à fait respectables, au service de la France, et elle n’entend pas traverser le désert avec Éric Zemmour – qu’elle a rejoint quand le parti était à 20 % dans les sondages – mais veut rejoindre le RN et écrire l’histoire avec lui. Et il est probable qu’elle entraînera de nombreux cadres du parti, qui auront l’impression d’être dans une impasse, et auront envie, eux aussi, de participer à l’aventure de 2024, mais surtout à celle de 2027, dans un esprit de futurs gagnants.
Bien sûr, Reconquête sortira très affaibli de cette aventure. Il n’est pas question de reprendre la vieille formule stalinienne affirmant que “Le parti se renforce en s’épurant”. C’est une période très difficile que va traverser Éric Zemmour, qui en était conscient, hier soir, dans son entretien à Reconquête, évoquant une possible longue traversée du désert.
Mais nul ne peut oublier le formidable espoir qu’Éric Zemmour a fait jaillir, les meeting extraordinaires qu’il a mis en place, la ferveur des participants, et la qualité d’une campagne exceptionnelle, menée grâce à lui et ceux qui l’ont rejoint. C’est parce qu’Éric avait toutes les chances d’arriver au deuxième tour que tout le système, tous les partis, Rassemblement national en tête, les médias, mais aussi la justice ont commencé à s’acharner contre sa candidature, et à tout faire pour qu’il ne puisse pas mener une campagne normale, comme celle des autres candidats.
C’est grâce à Reconquête, qui a su mettre en avant des thèmes que les autres candidats voulaient occulter, que le Rassemblement national, qui a refusé dès 2022 toute union avec Éric Zemmour, a pu avoir 89 députés. C’est parce qu’Éric Zemmmour a libéré la parole sur l’islamisation de la France et le Grand remplacement que Jordan Bardella a atteint ce dimanche 32 %.
J’ai adhéré à Reconquête dès le départ, alors que je n’avais plus été membre d’un parti depuis 1985. J’étais convaincu qu’Éric Zemmour pouvait être élu en 2022, et nous avons même écrit un livre sur ce sujet avec Jacques Guillemain. Sans l’existence de Reconquête, nous n’aurions pas gagné à Callac, ni mené les combats contre l’invasion migratoire de nos campagnes dans d’autres lieux, notamment à Saint-Brevin. Mais j’ai vu alors les premiers signes inquiétants de la direction, quand elle a voulu nous intimer l’ordre de diviser la résistance patriote, sur le terrain, au nom de la respectabilité du parti. Bien sûr, avec Bernard Germain, nous avons refusé ces consignes diviseuses et imposé l’unité sur le terrain. Un cadre de la direction de Reconquête a cru bon de me le faire payer en annulant grossièrement une réunion publique où une fédération du parti m’avait invité. J’en ai tiré les conclusions, et ai dit à Éric Zemmour que je quittais son parti, tout en lui maintenant ma confiance et mon amitié. Mais là n’est pas l’essentiel, même si cet épisode et l’éviction de quelques cadres de qualité du parti, ainsi qu’une centralisation exaspérante, étaient tout autant de signaux inquiétants.
Reconquête gardait des équipes militantes exceptionnelles sur le terrain mais manquait d’électeurs. Le RN, c’est le contraire. Peu de militants, mais beaucoup d’électeurs. Marine Le Pen aurait pu, comme savaient le faire les socialistes avec les communistes, utiliser intelligemment cette existence pour apparaître plus modérée, plus rassurante, tout en sachant faire les alliances nécessaires pour gagner les combats politiques qui se préparent, et surtout armer la France pour lutter contre sa disparition qui se profile. Elle a préféré utiliser Marion, dans un contexte particulier, pour détruire le parti d’Éric Zemmour et son président. Elle espère que Reconquête ne se relèvera pas de cette épreuve, et retrouver le monopole du camp patriote. Chacun jugera de la pertinence de cette démarche, et l’attitude de Marion qui, manifestement, n’a pas envie de traverser le désert avec Reconquête mais veut revenir dans le jeu et se rapprocher du RN. Éric l’a accusée de trahison. Vis-à-vis de Reconquête, il a raison, mais Marion n’a pas trahi la France, elle a poignardé sans vergogne le parti qu’elle a rejoint tardivement. Elle fondera probablement un micro-parti, qui lui permettra une transition avant de revenir dans le giron familial.
Triste épisode, qui, bien sûr, laissera des traces qui mettront du temps à s’effacer. D’un parti de masse, qui avait atteint 140.000 adhérents en moins d’un an, et conservé 100.000 adhérents la deuxième année, Reconquête va devenir, durant quelque temps, un parti aux effectifs et aux ambitions beaucoup plus modestes. Mais la France a besoin de ce parti, et surtout de la personnalité exceptionnelle d’Éric Zemmour, qui avouait lui-même hier qu’il n’était pas un politicien, pas un grand calculateur, pas un homme méfiant mais quelqu’un qui défendait des idées et faisait confiance, naturellement, à ceux qui voulaient travailler avec lui pour mener ce combat.
Il incarne une parole libre et une fraîcheur indispensable à la France qui ne veut pas mourir. Sarah Knafo a montré également de belles qualités. J’ignore quels sera l’avenir de Reconquête, mais je continuerai à voter avec mon cœur pour ce parti, et avec raison pour le RN, sans hésitation mais aussi sans illusion.
Je précise que c’est ma position et qu’elle peut ne pas être partagé par l’ensemble des rédacteurs de Riposte Laïque où la liberté de parole est totale dans ce contexte difficile pour le camp patriote.
12:46 Publié dans Législatives 2024, Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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