lundi, 08 juillet 2024
Tribune libre : Hold-up électoral.
Décidément, les seconds tours ne réussissent pas au Rassemblement National. On savait dès les résultats du premier tour, avant même la constitution de l'alliance entre le bloc des gauches et celui de la Macronie, que la majorité absolue ne serait pas atteinte par le RN. Mais tout le monde a fait "comme si", le Système par calcul cynique pour faire monter les enchères, le RN par enivrement du pouvoir. Après la mise en place de l'alliance entre le Nouveau Front Populaire et le bloc du Centre, l'arithmétique pouvait cependant laisser espérer au RN un étiage compris entre 200 et 230 élus. Las, on en est très loin après ce second tour, le RN comptant finalement 143 députés. Certes, le parti engrange une cinquantaine de parlementaires supplémentaires par rapport à la mandature précédente et peut se targuer de constituer le premier groupe à l'Assemblée nationale. Mais politiquement, c'est un revers cuisant, une humiliation laissant les électeurs du mouvement national amers, sonnés, désabusés et surtout volés. L'alliance entre les trotskistes et les capitalistes apatrides, la puissante charge médiatique anti RN ont parfaitement fonctionné, aidé en cela par une campagne brouillonne et caméléonesque du parti de Jordan Bardella. Que l'on songe par exemple à la binationalité ou à l'abattage rituel...
Le bloc des gauches multicolores arrive en tête, mais à plus de cent sièges de la majorité absolue et alors que le compte à rebours de la lutte finale entre anciens complices a débuté dès dimanche soir à 20h05.
À l'arrivée, c'est Emmanuel Macron qui tire les marrons du feu. Le bloc centriste parvient à sauver les meubles en se classant second, alignant 163 députés, résultat qui est loin d'être ridicule. Macron avait dit avoir dégoupillé une grenade dans les jambes de ses adversaires et cela a fonctionné : le paysage politique est éparpillé façon puzzle, fragmenté, divisé, pour le plus grand profit du... président de la République. La grenade avait été extraite du stock bien avant les Européennes... Le naufrage de la France va donc se poursuivre, dans l'allégresse des uns et l'inconscience des autres. La ligne de flottaison, notamment au plan budgétaire et financier, ne sera bientôt plus visible. Ce ne sont pourtant pas les signaux de détresse qui auront manqué depuis quarante ans !
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