Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 20 novembre 2024

Le bel exemple de Giorgia Meloni

unnamed.jpg

Jean-Gilles Malliarakis, L'Insolent cliquez ici

Ce 19 novembre votre chroniqueur était convié à un colloque amical à propos des réalisations du gouvernement italien, dit de centre droit, présidé depuis 2022.

Conscient que les deux autres intervenants, Gabriel Adinolfi et Gérard Boulanger seraient infiniment mieux informés que moi de l'actualité politique italienne et souligneraient à juste titre la pertinence de l'action de cette équipe et cette coalition, au pouvoir à Rome depuis maintenant 25 mois, j'avais donc rédigé un texte que mes amis lecteurs, et sans doute aussi quelques adversaires, trouveront ici.

Le diable se cache toujours dans les détails, disent les Anglais.


Je m'efforcerai donc pour ma part de ne pas m'y attarder et de m'attacher surtout à quelques grands traits, qui me semblent dignes d'être évoqués, sachant qu'aucune expérience politique n'est susceptible d'être transposée d'un pays à l'autre, même quand il s'agit de deux nations aussi anciennement familières, que la France et l'Italie.

I. Au plan politique intérieur, le gouvernement Meloni formé en octobre 2022, a d'ores et déjà réussi à mettre de l'ordre dans un environnement traditionnellement instable.

Il est parvenu à ouvrir un certain nombre de chantiers nationaux. Celui de la santé mérite, par exemple, qu'on s'attarde parce qu'il illustre bien la différence de situation entre nos deux pays. En France, nous payons trop cher la sécurité sociale monopoliste et la médecine d'État ce qui paradoxalement conduit à la dégradation lente de nos systèmes de soins engoncés dans une bureaucratie qui absorbe près de 35 % du personnel hospitalier. Nous avons dans l'Hexagone, dans tous les domaines, besoin de moins d'État.

En Italie, les gouvernements successifs ont laissé se dévaloriser la médecine de ville comme l'hôpital public, au point que le Bel Paese est le 25e pays sur 27 en nombre de lits d'hôpitaux. C'est une des questions que la coalition de centre droit s'attache à résoudre.

D'une façon générale l'Italie aspire, depuis l'unification du royaume au XIXe siècle, et l'installation de sa capitale à Rome, à plus de centralisation, plus d'unité, plus d'investissements dans le Mezzogiorno, plus d'État, là où la France aurait plutôt besoin d'une véritable décentralisation, ce que le général De Gaulle lui-même avait annoncé, sans succès hélas, dans son discours de Lyon d'avril 1969.

Mais Rome nous donne aussi un autre exemple : celui d'un patriotisme parfaitement soucieux de la défense de l'Europe et de la création d'un pilier européen de l'OTAN, aspiration constante de sa stratégie. Il s'est écoulé 70 ans depuis le rejet de la CED en août 1954, l'année de Dien Bien Phu et de la Toussaint rouge, par une coalition hétéroclite manipulée par l'URSS, au sein du parlement français. Mais, aujourd'hui, cette question se révèle à nouveau plus urgente et plus cruciale que jamais.

Le gouvernement de Rome, que les commentateurs agréés donnaient, au départ pour condamné à l'isolement est parvenu, au contraire à consolider progressivement la position du pays dans les institutions européennes. Sur le plan monétaire il obtient un relatif succès dans la lutte contre l'inflation, ce que l'Italie n'avait pratiquement jamais connu depuis la seconde guerre mondiale, le chômage ne se situant qu'au taux de 7%.

Rome a enfin réussi à reprendre en main le flux migratoire, sachant que la démographie italienne requiert provisoirement une certaine quantité de main d'œuvre immigrée légale. Les chiffres sont éloquents car le flux d'immigrés illégaux a grandement reculé, plus de 60 %.

Tout cela on doit en reconnaître le mérite avant tout à Giorgia Meloni et à personne d'autre.

II. Or, c'est bien son parcours qui est exemplaire. Retenons quelques images : la plus ancienne, celle d'une jeune et souriante lectrice de Tolkien, dont elle se revendique aujourd'hui encore ; plus récente, celle de la présidente du G7, qu'elle sut réunir à Kiev en février et où on la voit portant résolument sa gerbe aux combattants de l'Ukraine libre et européenne ; celle enfin qui la montre entre le président albanais et le premier ministre britannique affirmant un programme de gestion externalisée de l'immigration.

Cette petite bonne femme, 47 ans, 1m63, avec ses yeux bleus rieurs et ses tailleurs roses c'est avant tout une militante.

En 2014, elle succède à Ignazio La Russa à la tête de Fratelli d'Italia. Ce nom de parti n'est autre que celui de l'hymne national qu'on ne peut jamais entendre sans émotion, porteur de tout le romantisme du Risorgimento, de l'esprit de Garibaldi et de la révolution européenne des nationalités. Comme me le disait Hubert Saint-Julien, "quand on est un nationaliste français on est toujours quelque part un nationaliste italien".

En 2020 elle prend la présidence des conservateurs européens.

Fidélité limpide au courant que représentait dans ma jeunesse le Mouvement Social Italien, dont nous aimions la flamme tricolore.

Diplômée de langues étrangères, elle parle couramment l'anglais, le français et l'espagnol espagnol. De 2004 à 2006, elle avait travaillé à ce titre au bon vieux quotidien Secolo d'Italia.

Tout cela représente un parcours rectiligne.

Le camarade Alain Robert me le rappelait récemment. Ayant toujours coopéré avec le MSI depuis l'époque de l'Eurodroite, dont lui-même dirigeait la branche française en liaison avec Giorgio Almirante, rénovateur de la Destra Nazionale, il avait pu voir monter la jeune militante Giorgia Meloni,  issue des mêmes rangs.

Lorsqu'elle prend les rênes de Fratelli d'Italia le parti est au plus bas. À l'issue des élections générales italiennes de 2013, deux mois après la création officielle du sigle, il venait d'obtenir 66.000 voix, soit 2 % des suffrages, zéro sénateur et neuf députés. C'est seulement par dérogation que ces 9 élus obtiennent de former un groupe, opposé au gouvernement Letta, 10 mois en 2013, puis Renzi en 2014. Aujourd'hui, son parti pèse 30 % des voix, en hausse régulière. Et, c'est flanquée de ses alliés les fédéralistes de la Ligue et les berlusconiens de Forza Italia, que la coalition dite de centre droit détient actuellement la majorité dans les deux chambres élues au scrutin proportionnel.

Giorgia Meloni avait eu le culot d'être la seule à refuser de se rallier au gouvernement du banquier technocrate Draghi en 2021, 67e combinaison de la république italienne, soutenue par tous les autres partis, formule qui dura 18 mois.

Son parcours à elle en fait déjà l'un des chefs de gouvernements les plus durables depuis 1946, alors que tout le monde la disait vouée à un effondrement rapide. Celle dont on prédisait, fin 2022, la mise en quarantaine au sein de l'Union européenne, sut obtenir immédiatement, face à la crise migratoire de Lampedusa le soutien d'Ursula von der Leyen.

C'est une femme indépendante ; mère d'un enfant, elle ne s'est jamais marié, ayant rompu après 10 ans de vie commune avec son compagnon volage en 2023. Or, le point politique important c'est qu'elle a le courage civique de défendre, issue elle-même d'un famille chaotique, de soutenir la famille traditionnelle en soulignant que le taux de natalité de l'Italie est aujourd'hui de 6 pour 1000, le plus faible d'Europe, le taux de fécondité de ce pays étant évalué à 1,2 contre 1,8 en France immigrées comprises.

Meloni n'obtient pas que des victoires : ainsi aux élections régionales de Sardaigne, d'Ombrie ou d'Émilie-Romagne on a vu l'emporter le parti démocrate, c'est-à-dire le centre gauche. Or, le point intéressant est qu'elle sait gérer ce genre de d'insuccès, souvent liés au recul local de ses alliés du centre-droit, Ligue et Forza Italia. Meloni : « J'espère une collaboration constructive » écrit-elle au nouveau gouverneur de l'Émilie-Romagne lui-même un adversaire de gauche, dont elle sait saluer l'élection.

Mais globalement, aux élections européennes de juin 2024, elle gagne des voix passant de 26 %, son score de 2022, à plus 28 % des suffrages, là où les autres gouvernements reculaient, aussi bien Scholz en Allemagne que Macron en France.

Ces succès elle ne les doit pas seulement à ses talents, dans le pays où la science politique est née ; elle les doit à la force, à la sincérité et à la cohérence de ses convictions.

C'est bien cet exemple que l'ensemble des droites françaises gagneraient à méditer.

NDLR SN : sur le MSI lire le Cahier d'Histoire du nationalisme n°11 cliquez ici

10:20 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.