Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 05 décembre 2024

Haro sur les faillis de l’arc républicain !

 

unnamed.jpg

Entretien avec Philippe Randa, directeur du site de la réinformation européenne Eurolibertés.

(Propos recueillis par Guirec Sèvres)

Le gouvernement de Michel Barnier a donc été censuré ; sa chute était-elle inévitable ?

Dans un premier temps, non, je ne l’imaginais pas. Je pensais que tout le monde faisait monter les enchères comme toujours dans ces cas-là (c’était également l’avis de la Fondation Polémia), mais que des compromis de dernières minutes seraient trouvés. Compromis de façade, puisque l’enjeu était avant tout l’assurance qu’aurait pu obtenir Marine Le Pen de ne pas être déclaré inéligible en mars prochain dans le procès des faux assistants parlementaires de son mouvement au Parlement européen. Le reste n’étant que politicaillerie et tambouille parlementaire pour distraire la galerie.

S’il n’y a pas eu de compromis, cela signifie que les actuels dirigeants français n’ont plus aucun pouvoir sur les Juges ; ce qui a toujours été le cas auparavant, non ?

À l’évidence et cela prouve que leur isolement n’est donc pas seulement électoral. On peut également en tirer la conclusion que cette caste au pouvoir depuis 50 ans – l’ex-UMPS devenu Macronie et acoquinée aux derniers des Mohicans ex-républicains autour de Laurent Wauquiez depuis la dissolution de l’Assemblée nationale de juin dernier – redouterait par dessus tout l’arrivée de Marine Le Pen et du RN aux Affaires. Non pas pour leur supposées diaboliques idées extrêmo-fascistoïdo-nazisto-racisto-antisémites auxquelles ne croient plus que les plus débiles de nos compatriotes (ça peut faire encore un peu de monde !), mais pour les vilains cadavres, notamment de corruptions, que ce parti qui n’a jamais eu de responsabilités dans les Affaires Publiques, pourraient découvrir dans les placards de Matignon et de l’Élysée…

Et plus sûrement encore parce que l’arrivée du RN aux Affaires signifieraient la perte de leurs dernières prébendes politiques, postes et autres avantages sonnants et trébuchants que se partagent tous les faillis de l’arc républicain ou « partis de gouvernement » comme ils aiment tant s’auto-proclamer. Harpagon ne craignait rien tant que perdre sa cassette : ces gens-là ne redoutent rien tant que d’être éjectés de leur juteuse sinécure politique.

Comment expliquer le mépris de Michel Barnier pour Marine Le Pen, qui est contraire à ses intérêts puisqu’elle tenait la survie de son gouvernement entre ses mains ?

Pendant cinquante ans, « ces gens-là » dont Michel Barnier est un des plus représentatifs, ont méprisés les dirigeants du Front national d’abord, leurs héritiers du Rassemblement national désormais… C’est leur ADN politique ou, si vous préférez, leur unique logiciel. Ils n’en possèdent pas d’autres, n’envisagent même pas qu’il puisse en exister d’autres. Ils font penser à ces descendants de la noblesse française qui n’ont plus que leur particule en commun avec leurs glorieux aïeux, mais sont persuadés qu’ils sont toujours, eux aussi, d’une essence supérieure.

Le monde change, mais les dinosaures de l’UMPS, comme tous les has-been, ne peuvent pas le comprendre. Dans un précédent entretien, j’avais parlé de Matignon comme un bâton de maréchal pour la fin de carrière politique de Michel Barnier et comme une occasion quasi-inespérée d’être ministre pour des Bruno Retailleau ou consorts.

La chute de ce gouvernement va ouvrir les mêmes perspectives pour d’autres qui sont déjà dans les starting blocks, n’en doutez pas. Avant, les hommes politiques faisaient des « carrières de ministres » ; désormais, la plupart se contentent d’« interims de ministères. »

Cette France devenue ingouvernable est le fait de l’invraisemblable dissolution décidée par Emmanuel Macron l’été dernier ; Qu’est-ce qui lui a pris ? 

Quand Jacques Chirac, influencé par Dominique de Villepin, avait prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale en 1997, il espérait que son camp allait gagner les élections. C’était jouable, même si le résultat a été contraire à ses espérances.

En juin dernier, lorsqu’Emmanuel Macron prend la même décision, personne n’envisageait que son camp puisse l’emporter… Une explication est qu’il espérait sans doute que le Rassemblement national obtienne la majorité parlementaire et accède à Matignon, persuadé qu’il décevrait les Français, d’autant que l’Élysée aurait alors entravé autant que faire se peut son action…

Un an plus tard, son locataire aurait à nouveau dissout l’Assemblée en expliquant que les Français avaient voulu le RN et constatés son incompétence. Emmanuel Macron pouvait alors espérer retrouver une majorité parlementaire pour finir en beauté son mandat.

Mais le RN n’a pas obtenu la majorité et trois blocs se sont constitués, empêchant toute majorité de gouvernement…

Gabriel Attal avait été nommé Premier ministre pour faire barrage au Rassemblement national, mais il a totalement échoué à cela, Jordan Bardella sortant grand vainqueur des élections européennes : Emmanuel Macron le lui a fait payer en l’évinçant de Matignon ; mal lui en pris car son « petit frère » comme il l’avait nommé s’est aussitôt vengé en appelant, à l’instar de tous les autres partis – de l’extrême gauche aux Républicains (hormis l’ex président Éric Ciotti) – à faire barrage au RN qui a seulement réussi à (presque) doubler ses élus, mais loin d’atteindre la majorité parlementaire.

Emmanuel Macron a donc constaté qu’il était totalement isolé en son palais élyséen. Il n’avait d’autres choix que de nommer un « has been » sensé être capable de négocier avec les uns ou les autres. Ce qui n’a pas été le cas.  Mauvaise pioche. Si bonne pioche il y a !

Emmanuel Macron n’est donc pas Machiavel ?

Un ami médecin m’affirme qu’il présente tous les symptômes du cocaïnomane qui perd toutes notions des réalités quand il est chargé et devient alors incontrôlable, se croyant tout puisant ; un président « jupitérien » comme certains observateurs avaient qualifié l’actuel locataire de l’Élysée lors de son premier mandat…

Ou alors, plus simplement, outré par ceux qui lui tournent le dos et qu’il estime être ses obligés, comme un petit enfant coléreux qui casse ses « jouets », il se venge d’eux… et au passage de ces Français qui le tiennent majoritairement désormais en si piètre estime, mais ça, peu lui chaut, finalement.

15:55 Publié dans Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.